Les Dieux de New York
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Adieux prometteurs [Terminé]

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Christian C. ReaverChristian C. Reaver


Messages : 476
Emploi/loisirs : À la tête d'une grande agence de rencontres


Feuille de personnage
Phobie: Mal paraître
Ambition secrète: Être aimé.

Adieux prometteurs [Terminé] Vide
MessageSujet: Adieux prometteurs [Terminé] Adieux prometteurs [Terminé] EmptyJeu 23 Avr - 19:45

Assis bien droit, je signai les papiers devant moi. Je devais rester digne, malgré la situation. Quelques minutes encore et cette histoire serait derrière moi. Toute ma vie avec Psyché serait derrière moi. J'en avais rêvé tellement longtemps, j'aurais dû jubiler. J'avais imaginé des dizaines de scénarios de comment je me débarrassais enfin d'elle. Dans aucun, elle ne choisissait calmement de partir, et avec le sourire.

Je n'aimais plus ma femme, depuis si longtemps. J'avais mis notre amour sur le compte de la magie, et je m'étais justifié la suite de notre relation comme une condamnation à laquelle je ne pouvais pas échapper au risque de tout perdre. Une cage ouverte sur le vide. Je n'avais jamais été fan de me lancer vers l'inconnu. En gardant Psyché, je pouvais me raccrocher à ce que je connaissais et que je savais faire fonctionner. En imaginant toutes les manières de la jeter, je me rassurais sur mon contrôle sur ma vie, mais sans prendre de risques. Être malheureux avec elle m'offrait la sécurité. Être libre ne venait avec aucune garantie sur mon bonheur. Ni sur rien.

Psyché était arrivée de bonne humeur à notre rendez-vous, en tenue plus sexy que ce qu’elle portait habituellement, probablement pour jouer sur ma nervosité, mais aucune tactique bizarre n’allait me faire changer d’avis. J’avais envisagé la possibilité que son offre de gérer l’entreprise ensemble malgré notre rupture soit un moyen de conserver mon attention. C’était une raison de plus pour refuser.  J'avais choisi de vendre mes parts de l'agence à Psyché. L'argent n'était pas un problème quand on faisait partie de l'un des panthéons les plus puissants, donc je ne m’en faisais pas pour les profits que je risquais de manquer, même si je les avais évoqués par principe. J’avais besoin de nouveaux défis et d’une coupure nette. Je ne pouvais pas continuer sans elle et avec elle en même temps. Il me fallait un équilibre. Je signais en même temps que le divorce l’abandon de mes responsabilités dans l’agence.

Je n’avais pas de projets précis pour l’avenir. J’avais surtout envie de moins me prendre la tête. Je voulais retrouver le plaisir de l’époque de ma vie de jeune dieu célibataire lançant des flèches d’amour sans s’encombrer de chiffres, de dossiers et de finances. J’avais besoin de m’amuser davantage, de m’en faire moins. Des siècles auprès de Psyché à essayer d’éteindre les conflits avec les autres dieux, de me justifier et de la contenir, et j’en arrivais à abandonner. À être abandonné.

Psyché se dépêcha à fuir une fois mes précieuses signatures récoltées, m’adressant à peine la parole. Comme si tout avait été dit. Elle ne m’avait pourtant rien expliqué clairement. Il n’y avait rien à dire, m’avait-elle laissé comprendre. Nos discussions depuis l’annonce de son intention de me quitter avaient tourné autour de l’agence et des finances. J’avais essayé quelques fois de la faire parler, mais elle s’était mise en colère et avait été d’une sécheresse que je n’aurais pas imaginé chez elle. «J’en ai assez fait pour toi, Cupidon.» Après des siècles à profiter de mon statut, elle ne manquait pas de culot. J’avais plusieurs fois eu droit à ses réactions mordantes par le passé, mais elle finissait toujours par revenir à la raison. Cette fois-ci, son entêtement durait sur des semaines, soutenu autant dans la colère que dans le calme.

De toute manière, la situation était facile à expliquer : maintenant qu’elle avait retrouvé ses semblables, les humains, elle se sentait à sa place. La vie que je lui avais offerte ne lui suffisait plus, ni moi. Elle gardait les avantages et me jetait. Je n’avais ni envie de me battre pour elle ni envie de me battre tout court. C’était peut-être ce qu’elle attendait, après comment j’avais rampé devant Jupiter pour lui obtenir puissance et immortalité et comment j’avais ruiné ma relation avec ma mère. Elle projetait peut-être même de revenir vers moi plus tard, comptant sur nos siècles d’amour avant la brèche pour me manipuler. Pour moi, la page était cependant définitivement tournée. Je n’avais pas su partir, mais on ne me ferait jamais revenir.

Après avoir un peu discuté avec mon avocat, je sortis. Premier rayon de soleil sans Psyché. Ou pas. Son rire me fit tourner la tête et la chercher du regard. Un peu plus loin, elle raccrochait, le sourire aux lèvres. Avec qui parlait-elle? Un amant? Ce n’était plus de mes affaires. Je l’observai monter dans un taxi, soupirai et marchai jusqu’à ma voiture. Raph m’avait envoyé un texto de soutien, et sa gentillesse me fit du bien. Je n’étais pas complètement seul. Je lui répondis, rangeai mon téléphone et démarrai la voiture. Direction le bureau de mon père pour boire à ma liberté retrouvée.
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Peach P. SambergPeach P. Samberg


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Emploi/loisirs : Directrice et représentante de l'agence Samberg, membre d'une importante association culturelle de N


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Phobie: L'ennui
Ambition secrète:

Adieux prometteurs [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Adieux prometteurs [Terminé] Adieux prometteurs [Terminé] EmptyJeu 23 Avr - 20:43

Cupidon n’a pas été difficile à convaincre, même s’il m’a mollement avancé des arguments nuls. Je sais sur quels terrains il va reculer et comment attaquer pour qu’il abandonne vite. J’ai pris soin de lui faire voir tous les angles compliqués d’une gestion à deux de notre agence. Comme il est incapable de nuance ou de réflexion détaillée, il a pris peur et a choisi de tout me laisser. Je ne veux pas m’encombrer de sa présence, encore moins de ses avis. Je m’occupais déjà de tout. Enfin, de tout ce qui rapportait.

Notre divorce ne changera probablement rien financièrement pour l’agence. Les gens s’inscrivent rarement sur une appli de rencontres parce qu’ils croient y trouver le même amour que le couple qui a lancé la compagnie, peu importe ce qu’en pense mon futur ex-mari. Ils veulent baiser. Surtout les hommes. Notre rupture risque surtout d’attirer l’attention sur notre couple, puis sur nos affaires, puis directement sur l’appli. J’ai fait une déclaration la semaine dernière, dans une entrevue, comme quoi notre appli sert justement aux gens célibataires, nouvellement ou non. De toute manière, si de nouvelles applis en profitent pour nous voler trop de clients, je les ferai fermer. Un peu de piratage et de mauvaise pub feront l’affaire pour les couler, comme pour toutes celles que j’ai retirées du jeu ces dernières années. Sans Cupidon, je pense pouvoir augmenter encore davantage les profits, que ce soit par la visibilité de l’appli ou par tout ce que je magouille derrière et dont il n’a jamais été au courant.

J’entre dans le bureau avec mon avocate. Cupidon est déjà là, assis comme un premier de classe avec sa chemise bien repassée et son sourire forcé. Ça me rend triste. Je lui souris exagérément. Je les salue, son avocat et lui. Nous passons une éternité sur les termes du contrat. J’écoute à moitié. J’ai lu les documents, mes avocats ont lu les documents. Ça ne m’intéresse plus d’en parler. Je joue avec la couture du bas de ma robe, avec mes cheveux, avec mon stylo, encore avec mes cheveux. Les avocats font des blagues, je ris sans sourire vraiment. Je veux partir et ne plus sentir le regard de Cupidon sur toute ma personne.

Ai-je été heureuse avec lui? Je n’ai pas toujours été malheureuse, ou du moins pas autant, pas avec désespoir comme depuis notre passage par la brèche. Peut-être parce que je n’avais aucune autre option. Nos débuts ont été difficiles et ces dernières années ont achevé ma volonté, mais ce sont des siècles à devoir pencher la tête en portant les responsabilités les moins gratifiantes qui ont eu le plus de poids dans ma décision. Des siècles à fermer les yeux, j’en acceptais la faute et j’en avais payé le prix en étouffant durant toutes ces années. J’avais cru que l’amour excusait tout, que l’attachement à une personne ne pouvait s’effriter que quand on arrêtait de l’entretenir et que toutes les difficultés pouvaient être surmontées avec le temps. Mais certaines choses meurent et il ne faut pas les retenir.

Vient enfin le temps de signer. Je me précipite sur les papiers. J’avais choisi mon nom de famille, Samberg, un peu au hasard en passant la brèche, parce qu’il fallait un passé à mon identité de femme mariée. Mon prénom était un peu une blague. Qui donne un fruit pour prénom à son enfant? C'était le sérieux avec lequel je prenais mon existence, il y a treize ans. Je me tape encore aujourd'hui les jeux de mots des hommes d'affaires qui s'amusent toujours à ne pas me prendre au sérieux.

Je glisse rapidement les papiers de l’autre côté de la table. Cupidon les fixe pendant aussi longtemps que notre mariage. Je retiens un soupir de soulagement quand il pose enfin le stylo sur sa ligne. Une seule discussion de plus avec lui me serait intolérable.

Nos avocats finissent de trier et séparer les documents. Je salue poliment Cupidon et les avocats et je pars. C’est terminé. Je devrais me sentir soulagée, heureuse. Ou alors l’inverse? Je ne ressens rien. La fin de notre union est arrivée beaucoup trop tard, il ne me reste peut-être plus rien à vivre à ce sujet.

Je retire mon veston rouge, agencé aux délicates roses de ma robe noire, en sors mon téléphone et pose le vêtement sur mon bras. J’écris à une amie d’un club littéraire que je la rejoindrai bientôt au cocktail de lancement du livre de son épouse. Elle m’appelle. Je regarde le téléphone sonner trois fois. Je réponds en feignant la bonne humeur, comme si je ne souhaitais pas tuer chaque personne qui téléphone quand je lui écris un message. Elle me demande de passer chercher plus de vin chez un ami à elle. Je blague sur ma première rencontre avec un homme en tant que célibataire. Elle est mal à l’aise, elle se force à rire. Ça me fait du bien, je ris. Je lui promets d’arriver vite et je raccroche.

Je monte dans un taxi. J’envoie quelques messages en chemin. Les prochaines semaines seront riches en rendez-vous pour réorganiser l’agence et faire oublier Cupidon. Je compte cependant sur la bonne volonté de chacun pour me préférer.
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Adieux prometteurs [Terminé]

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