Les Dieux de New York
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Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux)

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Amy OrchentAmy Orchent


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MessageSujet: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptySam 26 Déc - 14:07







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Kitchen Nightmare after Christmas



Si mon spectacle doit faire des représentations jusqu’au Nouvel An, être parvenue à faire la première a déjà grandement diminué mon stress. Rien n’est parfait mais les gens ne le voient pas, tout se passe pour le mieux à leurs yeux. Lorsque je ne suis pas maquillée, les miens sont bien cernés. J’aurai le temps de me reposer quand les fêtes seront passées, quoi que je sente que cela risque d’être la mienne avec le nombre d’engagements que je n’ai pas tenus. Le hasard les rappelle à mon bon souvenir de manière plus ou moins humoristique, dépendant de l’engagement et des personnes impliquées.

Concernant Josh de Roncevaux, c’était la seconde fois que nous en venions à nous croiser sans que cela soit lié à notre projet commun : un cours de cuisine. La sienne, de cuisine, semble avoir énormément progressé puisqu’il est parvenu à ouvrir son propre restaurant ; tout du moins, il tenait un stand lors de la Fête des Caerwyn et j’ai utilisé les coordonnées de contact récupérées lors de l’organisation de celle-ci pour l’inviter à préparer de nouveaux échantillons de son talent, pour mon propre spectacle cette fois. Je n’ai rien récupéré en personne, ayant beaucoup trop d’autres choses à faire en même temps, mais j’ai tout de même noté son nom. Tout comme j’avais noté son stand, durant la fête suscitée. Si je n’ai pas réussi à le croiser durant ces deux occurrences, j’ai réussi à retrouver le numéro qu’il m’avait donné. Ce qui n’était pas une mince affaire, tant parce qu’il fallait le retrouver dans les restes du calpin que parce qu’il fallait retrouver le classeur contenant ceux-ci ! Très franchement, j’ai failli appeler sur le numéro de contact puis ensuite je me suis stressée toute seule sur l’impression que cela lui ferait. Afin de ne pas me sentir encore plus bête, je n’ai pas vérifié si les deux numéros étaient le même.

Toujours est-il qu’après un spectacle à la gloire de l’Oiseau Soleil, je suis allée voir quelqu’un que je soupçonne en être un pour quémander le prêt des cuisines de son hôtel afin de bénéficier d’un cours en leur sein. Evidemment, je n’ai pas fait mon spectacle dans le but de vénérer cette divinité, juste de faire un conte de noël différent et de justifier l’emploi de la fauconnerie comme toutes les galères que cela a entrainé, mais ce sont des détails que j’ai gardés pour moi. J’ai mis en avant mon envie d’apprendre et joué sur la bienveillance d’autrui pour qu’on accepte de me laisser faire, comme toujours. Ça a marché.

Voilà qui m’a conduit à être assise dans ma chambre d’hôtel, téléphone en main. Je me rappelle bien des consignes d’utilisation des cuisines de l’Hôtel de la Pyramide, qui tiennent du bon sens : ne pas faire cela lorsque les cuisiniers en ont besoin pour préparer les repas du restaurant et laisser ceux-ci inspecter une fois notre nettoyage fini. Cela ne devrait guère nous gêner et tant qu’on ne gêne pas nous tout ira bien. Reste à recontacter Mr de Roncevaux.

Un coup de téléphone à des heures impolies, mais où je suis enfin libre de mes propres activités, devrait suffire. Comme cela, si je me fais reprocher d’appeler "maintenant", je pourrais demander ce que ce "maintenant" signifie : à cette heure ou après tant de mois ? Je ne suis pas encore unanime avec moi-même quant à ce trait d’humour… en est-ce un ou est-ce une balle dans le pied ? Par compromis, je dirais une blague dans le pied. J’aime le concept, même si je n’ai pas envie de le tester immédiatement.

Après un sourire à ma propre ânerie, je compose le numéro et me compose moi aussi histoire de ne pas me décomposer. J’arrête la bande originale de L’Etrange Noël de Monsieur Jack, petite détente ironique, histoire qu’elle ne s’entende pas dans le combiné.

« Allô Monsieur de Roncevaux ? Amaranth Orchent a l’appareil. Je m’excuse de vous déranger à cette heure mais je voulais connaitre vos disponibilités pour un prochain cours de cuisine. Oh, et joyeux noël, aussi. Comment allez-vous ? »

Ça commence bien, je parle avec autant de cohérence que je pense. Dieux merci, ce n’est pas tant une question de stress que de fatigue.

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyDim 3 Jan - 10:13







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Kitchen Nightmare after Christmas


Une poignée de mois a filé depuis “LA” discussion avec mon faune préféré. Un rare échange avec celui qui n’aime pas se raconter et encore moins se dévoiler. La vie n’est point un long fleuve tranquille, aujourd’hui comme hier, et qu’importe quand était ce fameux hier. Certains trouvent des cailloux sur leur chemin, d’autres des Josh de Roncevaux… Et un caillou, j’en suis un beau dans la vie du ficus. Tout en rondeur d’âme, doux au touché, poli de politesse, chaud, résistant, résilient. Un caillou ne change pas d’avis, au pire il roule là où on le pousse.

J’ai roulé jusqu’à l’appartement en dessous de celui de Macsen, merci à la fortune des Caerwyn. Première étape de mon indépendance. Ce n’est pas le faune qui m’a poussé d’un étage, mais la gravité, celle de la logique, comme celle de Newton. Néanmoins, il n’est pas rare de me trouver encore chez lui, le soir à l’heure des repas. Raison officielle : je lui fais goûter mes essais culinaires et nous discutons de nos projets communs. Raison officieuse : je la joue Petit Prince et au Renard. Ça, je me suis bien gardé de le lui dire, toutefois, je ne lui fais pas l’affront de ne pas me voir venir. Nous avons trouvé nos marques dans ce lien d’amitié et de soutien improbables entre un faune et un humain. Je reste celui qui s’exprime le plus de nous deux, mais j’ai appris à lire ses silences.

Merwyn avait accepté de me lancer. Mécénat dont il semble être habitué, ou paiement d’une dette ? Difficile de savoir comment le père de Macsen interprète son aide à mon égard. Quoi qu’il en soit, je ne pouvais rêver mieux, sans vendre mon âme textuellement parlant. Le réseau de l’ancien maire m’a permis de reprendre un établissement en faillite non loin de l'Empire State Building. Si l’emplacement était de premier choix, la décoration et l’état général de la patente se trouvaient au sommet du mauvais goût et celui de la vétusté.

Les premiers mois furent rudes. Je menais deux chantiers de front, celui de la rénovation des lieux et celui de me faire connaître en tant que cuisinier français. Ne pouvant pas accueillir des convives au tout début, j’avais commencé par une activité traiteur. Là encore, Merwyn Caerwyn me fut d’une précieuse aide avec l’offre d’un stand en bonne place à son meeting électoral à Central Park. Si le résultat de la course à la mairie semblait connu d’avance, Merwyn n’en avait pas moins joué finement son départ et laissé une bonne impression à la population.

Je n’ai pas eu le temps de m’interroger sur son successeur, pas humain, semble-t-il à ce que j’ai compris des mots couverts des cercles que je fréquente grâce aux Caerwyn. Mes journées furent longues, mes nuits courtes. Malgré une fatigue persistante et un stress lié au lancement de mon activité, un projet où se jouait mon intégration dans ce siècle, je n’avais pas rompu mes visites à l’appartement au-dessus du mien. La boîte dans laquelle j’apportais mes invendus, ou mes essais, n’était qu’un prétexte pour se voir, échanger sur les actions de Merwyn quand cela pouvait me concerner et surtout proposer un énième nom à mon futur restaurant. Entre le pompeux « De Roncevaux », « La ballade de Roland », ou encore « Au cor gourmet », j’étais resté indécis.

Finalement, « La ballade de Roland » a ouvert ses portes il y a deux mois. Ma brigade initiale composée de moi-même en chef, d’un chef de partie et d’un commis, – tous deux débauchés du restaurant où je travaillais avant –, avait vu ses rangs s’étoffer de deux autres personnes pour gérer la salle. Ouvrir au public m’avait au final allégé la tâche : je n’avais plus à gérer les commandes.

(…)

Ce soir Macsen n’est pas chez lui, appelé non loin de là, dans l’appartement où il loge un humain qu’il a ramassé dans un caniveau ou ailleurs. J’ai blindé mon esprit et mon âme pour m’éviter de trop réfléchir à cette situation. M’extraire du troupeau demande des sacrifices moraux. Quand je me laisse aller à une légère ivresse, lorsque le restaurant est fermé et que je peux paresser dans mon salon à écouter Bach ou Saint-Saëns, je me prête des visions humanitaires sur le long terme : préserver mon espèce. La griserie passée, j’ai conscience de naviguer à vue.

Le début de semaine est une phase importante : celle des approvisionnements et de gestion des stocks. J’y consacre une partie de mon lundi qui est chômé à La Ballade. J’ai dû me familiariser avec un outil surprenant : l’ordinateur personnel. Heureusement que Macsen est patient. Avec le recul, mes premiers pas en informatique ont dû être risibles par la naïveté de mes questions. Toutefois, j’ai rapidement progressé, il suffit d’un esprit logique pour s’en sortir. J’ai cependant investi dans une imprimante : j’aime conserver des traces papier de mes transactions. Je trouve qu’un sceau de cire aux armoiries de ma famille a plus de classe qu’une signature électronique. Moins pratique, je l’admets et pourtant si élégant.

Je me réveille en sursaut, le dossier posé sur mon torse glisse au sol, vomissant ce qu’il contient. Il me faut une seconde pour comprendre que c’est mon téléphone qui sonne et non la porte d’entrée. Je me suis endormi sur ma comptabilité. Il n’est pas rare que je me réveille vers trois heures du matin, le corps perclus de douleurs, avachi sur le confortable fauteuil de mon bureau.

- De Roncevaux…

Je plisse les yeux, bâille et secoue la tête. Quelle est cette musique ? Encore de la publicité ? Je vais pour raccrocher quand une voix m’interpelle. Amaranth Orchent ? Le brouillard de ma cervelle m’empêche de visualiser cette personne. La mention de cours de cuisine crée une brèche dans mon apathie. C’est la ravissante demoiselle qui avait décortiqué chaque plat au restaurant où je trimais comme demi-clef de partie. Un palais suffisamment affûté pour avoir marqué ma mémoire.

- Bon Noël également, Miss.

Je me lève, terminant de laisser choir les papiers qui étaient restés accrochés dans les plis de mon pantalon. Je m’étire, réprime un bâillement, lorgne sur la box pour connaître l’heure. Pas si tard pour moi qui ai l’habitude de fermer les portes de La Ballade vers dix ou onze du soir. À l’autre bout de la conversation, la musique cesse. Je fais quelques pas pour me réveiller entièrement et me remémorer les détails de notre accord.

- Je suis disponible les dimanches et lundis, quand l’établissement que je viens d’ouvrir ferme ses portes.

Je m’interromps pour vider le fond de whisky qui s’évapore lentement dans le verre que j’ai abandonné à côté d’une pile de bordereaux de livraison.

- La cuisine de l’Hôtel de la Pyramide doit tourner non-stop. Cela nous laisse des créneaux soit tôt le matin ou l’après-midi entre leurs deux services. De préférence pas le matin le dimanche, car je ferme souvent tard le samedi soir.

L’avantage des portables est qu’on n’est pas limité par le câble de connexion. J’ai filé à la salle de bain. Une fois raccroché, je m’accorderai une brève douche avant d’aller me coucher.

- Et je suis toujours ravi et emballé à l’idée de ce cours, mademoiselle Orchent.

J’ai su que de son côté, elle était aussi bien occupée avec ses spectacles. Je serais bien allé à son dernier évènement si cela ne correspondait pas à un maximum d’activité au restaurant.



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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyMer 13 Jan - 5:56







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Kitchen Nightmare after Christmas


Le "De Roncevaux" est dit avec un sursaut d’énergie qui culmine au bâillement qui le suit, m’apprenant que ma blague dans le pied n’est drôle que pour moi et douloureuse pour les deux partis. Je ne sais pas si c’est une réussite du coup. En revanche, la suite en est une. La magie de Noël rattrape presque le coup, même si ce n’était pas dit comme une diversion dans l’intention c’est la première impression que ça me fait une fois la réponse obtenue.

« Je suis disponible les dimanches et lundis, quand l’établissement que je viens d’ouvrir ferme ses portes. »

Mon sourire, mis à mal par ma compétence précédente et à peine restauré par ma réussite qui l’a suivie, croit un petit peu. C’est positif que le cuisinier rebelle ait enfin réussit son objectif que d’avoir mené sa révolution ailleurs. Je n’ai pas le temps de partager quelque félicitation que ce soit tout de suite, cependant, car l’éveillé poursuit sur sa lancée : l’énoncé d’une information qui m’a déjà été communiquée et celle d’une autre qui est partagée. Je dirais même plus : éviter le matin tout cours m’irait. Enfin, je dirais… je tairais.

« Si vous pensez avoir le temps pour votre cours, l’entre-service se déroule de 14h à 18h. Il y a parfois des débordements, afin d’assurer la satisfaction des clients, mais ceux-ci n’occupent que rarement la totalité des cuisines. Les dimanche 3 janvier et lundi 4 janvier, à 14h toujours, ne conviendraient parfaitement. »

Une fois le rendez-vous acté, je m’apprête à faire la discussion avant de me dire que les blagues les plus courtes sont les meilleures et que je ne devrais pas casser les pieds trop longtemps du fait.

« Merci beaucoup et bonne année d’avance, dis-je histoire de compenser le bon Noël de retard. Bonne nuit également. »

Je prends un instant avant de raccrocher, en me disant que commencer par ce dernier point aurait surement été une bonne idée. Histoire de positiver, j’avais été cohérente durant toute ma discussion. Pauvre Josh de Roncevaux.

[…]

Si vendredi a été la dernière date de mon spectacle, samedi a été celle des retours chiffrés. En faire un troisième va être un cauchemar. Le moral en a pris un sacré coup. Je n’arrive pas à savoir si j’ai été trop ambitieuse ou pas assez. Je n’arrive pas à savoir si le problème venait du manque de communication ou de l’effort demandé au public, qui devait venir braver le froid pour voir un spectacle auquel il n’est pas habitué. Comme toujours, la réalité doit être entre tout cela, des nuances de gris plus que du manichéisme monochrome. Faire n’est pas suffisant, quand bien même c’est déjà difficile. Je pense devoir beaucoup apprendre d’Atara, chose qui attendra que je la revoie pour honorer mon engagement envers son établissement. Je dirais bien que j’espère me changer les idées mais mon esprit ne fonctionne pas comme ça. Je vais tâcher de me concentrer, comme toujours.

Je suis ponctuelle à l’heure de mon rendez-vous, ce qui est bien heureux puisqu’il se trouve au sous-sol de l’hôtel où je réside. La Pyramide, à l’instar des grands manoirs européens et d’un certain nombre de grands hôtels eux-mêmes basés sur ce principe, réserve sa partie visible à ses clients et résidents. Tout ce qui est nécessaire à son bon fonctionnement et où s’activent ses employés se trouve donc en coulisse, dans les sous-sols. Le gain de place et de sobriété est souvent incroyable, quoi que la seconde ne soit guère différente de celle du reste de l’hôtel.

Les cuisines de la Pyramide sont immenses et tellement équipées que j’en atteins les limites de ma connaissance dans le domaine. Leurs ustensiles métalliques comme leur propreté rend le décor assez cru sous la lumière artificielle mais les beiges nuancent cela tandis que les accessoires noirs et dorés le contrebalancent. Pour ma part, je m’occupe l’esprit à faire diffusion lumineuse avec le tablier blanc que le culot m’a permis d’obtenir des réserves du personnel, attendant que Selim, l’un des membres du service, accompagne Josh de Roncevaux jusqu’ici. Il nous servira de chaperon, assisté en cela d’une bonne chaise, de son téléphone portable et de ses écouteurs. Il doit avoir la trentaine et, pour avoir discuté avec lui, a une philosophie assez intéressante : la gestion de l’effort. Il aime le travail bien fait mais sait que les gens les plus chiants ne seront pas les plus reconnaissant ainsi s’investit-il d’autant plus que l’on est bienveillant avec lui. Je ne sais pas comment prendre son intention de retrait du coup…

Je me reconcentre dans ma fuite d’idées noires à coup d’éclairage diffus lorsque les doubles portes menant aux escaliers s’ouvrent, me redressant et bougeant un instant la tête afin de ramener ma queue de cheval basse et frisée dans mon dos.

« Bonjour Monsieur de Roncevaux, commence-je avec un sourire, avant de le tourner vers notre surveillant. Merci beaucoup Selim. »

Celui-ci répond avec un sourire avant d’aller trouver ses assistants pour une pause, qui explique peut-être le retrait suscité, et j’en reviens à mon professeur de la journée.

« Les fêtes se sont-elles bien passées ? »

La fatigue de mes traits doit répondre pour moi, moins perceptible au niveau des yeux où le maquillage la dissimule qu’à celui des joues creusées, me vieillissant.

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyMer 3 Fév - 12:20


Kitchen Nightmare after Christmas


Je réprime un bâillement, opte d’instinct pour le lundi à 14h dans le choix proposé. Ce qui me laissera le dimanche en sas de décompression. Faire le mariole dans la cuisine d’un autre est une chose, quand vous êtes votre propre patron, les engueulades avec soi-même sont fréquentes, de quoi vous faire passer pour un schizophrène. Et il y a bien une chose que je ne souhaite pas, c’est d’effrayer la jeune femme. Vu son activité professionnelle, il est important qu’elle conserve la bonne opinion qu’elle a pu se faire de ma personne au point de me demander un cours.

Un blanc s’installe où c’est normalement à Miss Orchent d’enchaîner par une salutation d’usage. Celles-ci arrivent après une hésitation que mon cerveau trop fatigué refuse d’analyser.

- Bonne nuit, Mademoiselle.

La conversation close, je pose mon portable sur sa base. Il se rechargera dans la salle de bain, loin de ma tête. J’ai lu des études peu réjouissantes sur les méfaits des ondes émises trop près de la cervelle. Dénonces alarmistes ou prévisions futuristes, prudence est mère de sûreté comme radotait tante Berte. Ce n’était pas son vrai nom, mais un surnom donné par mon père à la suite d’une histoire scabreuse apprise un soir où mon paternel s’était laissé aller aux confidences après un cognac de trop.

Il n’y a pas si longtemps dans mon espace temporel, cet objet était rarissime, limité à quelques nantis dont ma personne. Seulement, à l’époque, les rares communications se passaient plutôt en journée. L’appareil, un PTT 24 à cadran, trônait sur mon bureau, à l’opposé de ma chambre. Je ne comprends pas le malaise des gens dès qu’ils sont à plus de cinq mètres de leur téléphone. Quelles craintes ont-ils à rater un message, puisqu’il y a cette fonctionnalité magique du message sur répondeur. Comme ceux qui vérifient régulièrement qu’ils n’ont pas une notification, alors que l’engin vibre quand cela arrive. Et quand bien même on le raterait, où est le drame de ne pas être disponible quelques heures ?

L’usage du temps est la grande différence entre mon temps et celui d’aujourd’hui. Là où on s’agaçait pour une journée de retard, ce seuil de tolérance s’est réduit une peau de chagrin. On vous en veut pour une minute d’attente. L’impatience et la frénésie ont changé le comportement des gens. Tout doit aller vite. Vite et bien. Un pari audacieux, mais destructeur. Je l’ai bien saisi dans mon étude de marcher sur la restauration. Un repas de cinq hures n’est plus envisageable. Les rations gastronomiques se sont réduites à des bouchées dégustatrices. L’homme moderne ne se donne pas le temps d’un gavage lent et savoureux. S’adapter pour survivre. Moins de nourriture pour plus de dressage. Aujourd’hui, on mange autant avec les yeux et le nez que par la bouche. Je m’effondre sur mon lit, les cheveux encore humides de la douche brûlante et rapide qui a eu le mérite de délier mes muscles contractés par l’intensité de mon activité journalière.

(…)

La pyramide est un bâtiment imposant. Je suis passé par le hall d’entrée, l’accès du personnel est contraint par un lecteur de badges. J’ai craint, dans un premier temps, me faire rabrouer. Ma mallette de couteau passe difficilement pour autre chose que ce qu’elle est et certainement pas ces maroquineries rectangulaires qu’ont certains hommes d’affaires. Quoique le papier devienne rare et les mallettes se portent maintenant à l’épaule abritant un computeur et parfois un stylo coincé dans un bloc note. Dans vingt ans, les gens ne sauront plus écrire.

Orchant semble être le sésame. Il est évident que loger ici nécessite une belle trésorerie. Ladite trésorerie permettant tous les caprices d’une fille de nantis. Je ne juge point, ce fut ma situation avant qu’un ficus taiseux bouleverse le cours de ma vie. Je suis un dénommé Selim dans les coulisses de l’hôtel. Nous empruntons un ascenseur qui nous descend dans les profondeurs de la construction. Rien d’obscur cependant, le blanc des cloisons contraste avec un carrelage à grands carreaux gris d’une propreté rigoureuse. Un arrêt au vestiaire me permet de me soulager de ma veste et de la troquer contre une autre de coton noir et col Mao aux couleurs de mon enseigne. Le cor sur mon cœur entouré de la mention « La ballade de Roland » en lettres anglaises fait tiquer Selim. Je lui offre un sourire contrit, arguant que je n’en possède pas de neutre.

Puis, nous traversons les sempiternelles portes battantes à hublots de toute cuisine qui se veut d’importance. Un coup d’œil circulaire m’imprègne de l’ordonnancement des lieux. Isolé derrière une large baie : « le frigo », appelé ainsi pour sa température hivernale de 11° dédié aux entrées et aux desserts. Quatre monte-plats alignés au cordeau trônent au médian de l’immense salle. Miss Orchant tablier blanc sur le poitrail, en authentique moussaillon de cuisine. Les pianos alignés en domino aux hottes argent, casseroles cuivre et plan de travail acier. Le beige des portes des rangements adoucit le rendu de cette salle aussi aseptisée qu’une salle d’opération. Les salamandres sont encore rougies de l’effort qui vient à peine de prendre fin. La brigade est partie se reposer, les plongeurs ont pris le relais dans une annexe attenante.

Mon regard revient sur ma cliente parée pour le cours. J’apprécie ses cheveux disciplinés par une simple et efficace queue de cheval.

- Miss Orchent, répondis-je à son salut, la tête légèrement inclinée.

Mon guide s’en va rejoindre des collègues encore présents dans la pièce. Je suppose que nous serons sous une bienveillante surveillance. Je conçois la précaution, un néophyte pourrait faire des dégâts sur pareille installation. J’avise une desserte à proximité d’un évier.

- Les fêtes se sont-elles bien passées ?
- Enrichissantes !

Je laisse flotter le doute sur le sens de l’adjectif tandis que je nettoie l’extérieur de ma mallette à couteau. C’est pour le geste et les yeux de notre garde-chiourme, car ce soin est inutile. Je ne l’ai posé nulle part depuis que je l’ai nettoyée avant de venir. Le point hygiène effectuée, j’ouvre la mallette et me saisis du menu que je vais proposer à mademoiselle Orchant.

- L’idée n’est pas tant le produit préparé, mais la technique, dis-je en lui tendant un ensemble de feuillets protégés par une chemise transparente.

J’écris plus vite que je ne frappe sur un clavier. C’est donc avec mon écriture légèrement inclinée vers la droite, aux hampes marquées qu’Amy prend connaissance de la leçon du jour. La première page donne le menu avec ce que je souhaite traiter comme techniques, suivent les recettes à proprement parler.

Pétoncles et sabayon citronné
(Cuisson de chaire gorgée d’eau – gestion d’une émulsion lait avec un liquide acide)
Poulet basilic et pointe d’asperge
(Viande blanche = viande souvent sèche, astuce pour diminuer l’odeur désagréable des urines après la consommation d’asperge)
Cannelé de Bordeaux
(Travail sur l’appareil lait – sucre – œuf – farine)


- J’ai appelé le gérant pour qu’il nous mette les ingrédients nécessaires à disposition. La facture est à la fin. Comme convenu, je laisse à votre entière discrétion compléter cette somme avec ce que vous estimerez de la qualité de mon enseignement.

D’ailleurs, j’aperçois une carte de visite pliée en deux posée sur une console qui nous a été réservée. En quelques mots, cela m’indique un réfrigérateur et quelques placards où je peux me servir pour l’épicerie d’usage à condition de ranger proprement derrière moi.

- Nous allons nous poser sur ces postes de travail contiguës.

Chaque cuisinier a tout à portée de mains en quelques pas. D’un côté le chaud, de l’autre un espace de préparation. De part et d’autre d’une travée assez large pour ne pas se marcher dessus, mais pas trop pour éviter au personnel des kilomètres de piétinement un plan de travail avec lesdits placards, de l’autre les pianos surmontés de hottes aspirantes et des batteries de casseroles. Un évier sépare les postes de travail de travail côté préparation, un empilement de fours suit la même logique côté cuisson. J’écoute les premières impressions de ma cliente, tout en sortant de quoi faire l’appareil des cannelés.

- Nous allons commencer par le dessert, car il y a un temps de repos pour la pâte. Des questions ?



Dernière édition par Josh R. de Roncevaux le Ven 19 Fév - 11:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyDim 14 Fév - 13:29







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Kitchen Nightmare after Christmas

Josh de Roncevaux commence par inspecter les cuisines du regard, chose qui me permet d’en faire de même de lui sans qu’il ne le voit. "La ballade de Roland" est un sigle qui ne m’est pas familier mais une seconde de bug est suffisante à ce que mon esprit me dise que c’est probablement le nom de son restaurant. Pourquoi ? Je l’ignore. C’est plus dur à déduire que le symbole qui l’accompagne, lequel doit être lié à ladite ballade. Il faudra que je pense, entre autres, à lui demander d’où tout cela vient. Mon enseignant du jour en fait de même, venir, et salut de la voix comme de la tête.

Je ne sais pas comment comprendre son "enrichissantes" concernant les fêtes, sans doute du fait de tant de polysémie, mais je ne m’en formalise pas autant que de la mallette à couteaux qu’il nettoie. Une petite voix dans ma tête me dit que c’était une bonne chose de faire ce cours en terrain connu, une autre lui répond que c’est normal pour sa profession. La troisième n’en a rien à foutre car ce n’est un danger ni dans l’intention ni dans les possibilités : j’ai toujours ma bague d’alliage sertie d’une opale à l’annulaire.

De la main baguée, je récupère le menu qu’il sort de son armurerie et le consulte en même temps qu’il me parle. Les plats ne sont accompagnés que d’une brève annotation et, sans connaitre la recette de base, ses astuces ne me permettraient pas de la faire ; leur but étant surement de me permettre de mieux la faire. Après, l’idée n’est pas tant le produit préparé que la technique, logique. Nous ne sommes pas là pour déguster, pas dans ce sens-là tout du moins, mais pour apprendre. Si le résultat ne me satisfait pas, je n’aurai qu’à retravailler par moi-même. C’est possible de le faire avec la cuisine, contrairement à un spectacle, car les proches à qui on la partage peuvent plus difficilement fuir. Après, mes proches sont loin et mon spectacle tout autant… J’inspire profondément.

Monsieur de Roncevaux a déjà vu à ce qu’on nous apporte les ingrédients et de savoir que la facture est à la fin me fait légèrement sourire. J’ignore si je vais continuer à pouvoir vivre comme je le fais ; j’aurai toujours un toit ici mais peut-être que mon premier échec professionnel va m’encourager à faire plus attention avec mon patrimoine. L’échec m’assagirait-il ?

C’est avec cette question en tête que je regarde mon enseignant s’en aller un instant avant de mener la danse en signifiant les postes. J’acquiesce et obtempère rapidement.

« Nous allons commencer par le dessert, car il y a un temps de repos pour la pâte. Des questions ?

- Hors sujet, quelques-unes. Dans celui-ci, non : j’attends les instructions. Dans les deux, êtes-vous capable de suivre deux conversations en alternance ? »

C’est une belle manière de demander si j’ai le droit de faire mon hors sujet sous réserve que je reste en le sujet, en somme.

« Sinon, il n’y a qu’au poulet que j’ai déjà touché, les deux autres sont inédites. Là d’où je viens, élever des poules était beaucoup plus facile que des coquillages. Pour la pâtisserie, elle n’était pas une priorité mais j’y ai un peu touché. Mon grand regret c’était les chocolats mais bon, ça dépendait trop de l’importation pour en faire. »

Fermant la bouche et l’esprit aux souvenirs, je me tiens droite devant Josh de Roncevaux et entreprends de mimiquer ses gestes : ce qui commence par sortir ce qu’il a sorti, non sans vérifier qu’il ne l’ait pas sortie pour deux.

« Si vous voulez des moyens de me dire de me taire, mes ainés en ont trouvé des beaux. J’aime particulièrement le "on est en retard sur notre retard" et "Amy.". »

J’essaie au mieux de faire sentir le "point" qui n’est pas dit dans la manière de s’adresser à moi, tant pour que Josh de Roncevaux comprenne bien le ton que pour que je m’interrompe seule.

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Josh R. de RoncevauxJosh R. de Roncevaux


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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyVen 19 Fév - 13:55


Kitchen Nightmare after Christmas


La réponse de Miss Orchent souligne, si besoin n’était, sa complexité. Femme de précision et de détails, elle semble incapable à se tenir à une unique activité à la fois. Je n’ai pas l’audace de souligner le caractère très féminin de ce trait de caractère. Aborder plusieurs sujets de front, quand on a été chef d’entreprise, n’est pas un problème. Cependant, la cuisine ne souffre pas de distraction sans s’en mordre les doigts, ou plus précisément de se les couper. Nonobstant, il ne s’agit pas là de pourvoir à une salle de convives affamés.

- Faites dont.

Cela ne peut pas être pire que dans un salon parisien où trois charmantes jeunes femmes vous parlent en même temps. Je suis surpris qu’elle n’ait jamais cuisiné de coquillages. S’il est vrai que la Suisse brille par une absence d’accès à la mer, je n’en avais pas moins dégusté de somptueux plateaux de fruits de mer à Berne. L’évocation du chocolat l’autocensure. Je ne semble pas être le seul à avoir la nostalgie facile. Le silence est précaire, la remarque de mon élève me tire un sourire.

- Si vous voulez des moyens de me dire de me taire, mes aînés en ont trouvé des beaux. J’aime particulièrement le "on est en retard sur notre retard" et "Amy.".
- « Joshua » a le même effet sur moi. « En retard sur notre retard… » jolie formule.

Je sors cul-de-poule, jattes, casseroles, fouet, spatule en bois et tamis d’un côté et les ingrédients de l’autre, soit des œufs, du lait, du beurre, de la farine et de l’extrait de vanille… artificielle. L’effondrement du monde oblige à des concessions et force l’imagination pour revisiter les recettes du passé. Quand Amy est prête de son côté, je lance les hostilités en cassant les œufs d’une seule main.

- Vous pouvez écarter la coquille à deux mains, si vous craignez de lâcher un débris. On mélange comme une omelette et on réserve.

J’allume un gaz ensuite et fais chauffer la portion adéquate de lait.

- L’astuce pour que le lait ne s’échappe pas de la casserole est de poser une spatule en bois dessus. Il est possible aussi de poser une cuillère à soupe dans le fond de la casserole. Mais c’est moins pratique ensuite quand on verse le lait.

Au liquide qui commence à chauffer, j’ajoute le beurre coupé en morceau et l’extrait de vanille. Les gaz coupés, nous mélangeons la farine au sucre dans un cul de poule. J’explique l’intérêt d’un tel récipient à mon élève du jour. Les œufs battus trouvent leur place, arrive la délicate manœuvre de verser le lait bouillant dans l’appareil, sans se brûler, sans faire de grumeaux.

- Il faut y aller lentement et remuer continuellement.

Je demande à Amy d’attendre que j’aie fini avant de commencer. Quand j’estime ma pâte lisse et homogène, je me place derrière mon élève pour guider ses gestes et éventuellement l’aider à tenir la casserole de cuivre. Amy est un peu plus petite que moi, ce qui me permet une bonne observation par-dessus son épaule.



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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyDim 14 Mar - 14:12







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Kitchen Nightmare after Christmas

Plutôt que de me répondre simplement, Josh de Roncevaux me donne la permission de parler sur plusieurs fronts. Cela me va même si je tique un instant. Court. Ensuite je repars, comme d’habitude. J’en donne une, d’habitude, et mon interlocuteur me répond avec un sourire : son nom est aussi un très bon ta-gueule tandis que la formule de Célestine lui plait.

Ne trouvant rien à ajouter, je me contente de regarder le cuisinier sortir matériel et ingrédients. Dois-je me servir dans ce qu’il sort ou en faire de même ? S’il y a pour un il y a pour deux alors s’est sans gêne que je prendre le risque de le gêner. Chose qui s’annonce dure à faire dès qu’il me démontre son habilité à casser des œufs. Comment décrire ma manière de le faire ? Disons qu’on a l’impression que j’ai peur de casser l’œuf quand j’essais de le faire. Plein de petits coups sur le plan de travail, histoire d’avoir une ligne médiane sur la largeur aussi longue que possible, avant de finalement l’ouvrir. Je me suis déjà faite qualifier d’écureuil pour cela, d’ailleurs. Heureusement que je n’ai pas la même tendance à oublier où est-ce que je range les trucs…

« Je ne crains pas de lâcher un débris, commence-je avec amusement pendant mon petit travail de "précision". J’ai la petite cuillère ! »

Monsieur de Roncevaux passe à la suite des opérations que je n’ai pas finie la mienne. C’est sûr que quand on casse un œuf d’une seule main, ça va plus vite. Quand on a le talent et l’expérience aussi. Expérience qu’il partage avec le conseil de la spatule, que je connaissais déjà grâce à mon expérience quasi-étudiante en pâtes. Cela étant je ne connaissais pas la cuillère à soupe au fond tout en envisageant parfaitement l’éclaboussant désagrément de fin.

« Je me souviens que la première fois que j’ai cuisiné un truc, je suis allée voir mon père, toute fière, pour lui dire "regarde, c’est le meilleur plat que j’ai fait". Après qu’il y ait gouté, j’ai ajouté, pensive, "dommage que ça veut pas dire qu’il est bon". »

Je ne sais plus quel âge j’avais. Je dirais sept ou huit : suffisamment pour être fière de mon truc et fière de la connerie que j’allais faire avec avant même de la faire. Evidemment, j’ai fait ça à mon père et pas à ma mère ; pas bête la bête. Disciplinée, cependant : je suis les gestes et les consignes avec applications. Il faut y aller lentement, je trouve que je m’en sors bien. Il faut remuer continuellement, ça passe aussi. Il faut attendre, ça passe moins. Je regarde mon second œuf.

« Vous venez de lui donner cinq minutes à vivre. Ou à presque vivre, techniquement. »

Niveau estimation temporelle, j’ai généralement le compas dans l’œil. Ça n’aide pas à viser. C’est donc quelques instants plus tard que j’achève mon second œuf pour commencer, Josh de Roncevaux dans le dos, à refaire ce qu’il a fait. Evidemment, cet obstacle à ma concentration m’amène à délester un bout de coquille avec le reste et à aller donc chercher le renfort précédemment énoncé. Alors que la cuillère chasse l’intru, l’annulaire bagué se contracte un instant pour qu’une discrète magie me simplifie la vie. Comme l’ustensile est dans l’autre main, je ne me stresse pas que mon professeur ait pu voir quoi que ce soit. Logique lorsque l’on triche.

« Petit détail qui peut avoir une grande importance. Lorsque j’ai fait les premiers secours pour la seconde fois, on a souligné mon indélicatesse lorsqu’il s’agit d’insister. Je dis ça pour que le lentement ne soit pas trop bourrin. »

L’est-il ? L’est-il pas ? Monsieur de Roncevaux me le dira. Lorsque j’en arrive à la casserole, ma bague m’aide encore afin de la manipuler avec plus de précision ; et une facilité étonnante, du fait. Plus encore que pour une personne habituée à manipuler son corps, évidemment.

« Vous en êtes venu comment à la cuisine ? »

C’est une question bête mais la réponse m’intéresse, histoire de comprendre pourquoi il en est là. Cela doit le passionner pour monter son restaurant et donner des cours ; le premier peut se passer dans le second comme le troisième mais tous en même temps, c’est déjà plus improbable. De plus, toute information est bonne à prendre et j’aimerai éviter de ne parler que de moi tout le long. Pas que je n’en sois pas capable mais, justement, j’en suis capable.

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptySam 3 Avr - 15:46


Kitchen Nightmare after Christmas


Miss Orchant est pertinente autant qu’impertinente. C’est une demoiselle rafraîchissante dans le bon sens du terme. Légère, le verbe aisé, parfois perché, elle me rappelle nombre de jeunes filles issues de la bourgeoisie qui s’immisçaient dans les affaires d’hommes comme fumer tel un pompier, boire plus que de raison, conduire une traction avant ou porter des pantalons. Une avant-garde féministe qui, si j’en crois les manuels d’histoire, peinait il y a peu encore à se hisser égale aux hommes. À mon époque, elles agissaient comme les hommes, maintenant elles étalent leur intelligence et vivacité d’esprit comme un reste de confiture sur une biscotte trop grande. Elles en sont encore à prouver.

Macsen m’avait fait quelques remarques quant à un décalage notoire de mes a priori, colorés des années folles, à ceux en vigueur aujourd’hui. Le ficus avait eu la justesse de souligner une évolution de cette facette bien humaine et non sa disparition. Les mœurs changent au gré de l’histoire, mais restent subjectives, quelle que soit l’époque. Pour le dire simplement, Macsen me suggère que je ne suis pas encore en phase avec cette époque qui est la mienne maintenant.

Amy babille à côté de moi. L’effort n’est pas de l’écouter, mais de ne pas l’échauder d’une maladresse machiste. Car il est clair que je la perçois un peu comme une petite fille de riche capricieuse. N’est-ce pas cela que de réserver les cuisines du Pyramide pour un cours particulier ? Je ne m’en plains pas, côtoyer ce monde-là est toujours bon pour les affaires, voire la vie privée.

- Petit détail qui peut avoir une grande importance. Lorsque j’ai fait les premiers secours pour la seconde fois, on a souligné mon indélicatesse lorsqu’il s’agit d’insister. Je dis ça pour que le lentement ne soit pas trop bourrin.
- Je vous dirai quand accélérer au besoin.

Miss Orchent, hésitante au début, semble trouver ses marques : ses gestes deviennent plus assurés, plus précis. Soit elle apprend vite, soit elle est dotée d’une excellente dextérité. Un atout en cuisine.

- Vous en êtes venu comment à la cuisine ?
- Le grand chambardement de la brèche a causé un arrêt net de mon ancienne activité et je savais cuisiner. Une activité d’épicurien.

Je réserve de côté les deux saladiers avec la pâte pour les cannelés. Elle prendra en texture le temps que nous cuisinions le reste. Je devine ma cliente curieuse de la nature de mon ancien métier. Un peu par jeu, je la laisse mariner, la pousser à la question. Je garde un visage avenant, ouvert aux interrogations.

- Nous allons nous occuper du poulet au basilic.

Je sors du réfrigérateur les quatre cuisses que j’avais commandées et le beurre. J’ajoute sur le plan de travail le bouquet de basilic.

- Nous allons réaliser une pommade que l’on viendra infiltrer sous la peau du poulet. Cela permet de parfumer la viande tout en créant un croustillant sur le dessus.

Sur une planche, je hache le basilic avec un couteau de chef, celui avec une lame arrondie qui permet des mouvements oscillants. J’invite Amy à faire de même de son côté. Je la regarde un moment, mes mains toujours à leur tâche. Je pose mon couteau et m’approche pour la conseiller.

- Vous serez plus efficace en tenant le couteau ainsi.

Je ne lui précise pas que ma dextérité avec un couteau ou n’importe quelle arme blanche me vient de Durendale. Depuis que je possède cette épée légendaire, je pourrais fermer les yeux : jamais je ne me couperais. Il faudrait une aide similaire à mon élève pour s’élever à mon niveau.

- Maintenant, on va réduire le beurre en pommade puis lui incorporer l’aromate. Des questions ? Quelles qu’elles soient…

Je tends une perche.
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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptySam 17 Avr - 8:33







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Kitchen Nightmare after Christmas

Monsieur de Roncevaux me dira d’accélérer au besoin. Bien. J’étais sur le fait d’y aller plus doucement, dans le sens bourrin, mais visiblement il maitrisera la force par la vitesse. Serait-ce cela la subtilité ? Je garde le commentaire pour moi en me demandant si cela n’aurait pas fait un trait d’humour valable. Après, il est temps de lui renvoyer un peu la balle plutôt que de monologuer.

La venue en cuisine de Monsieur de Roncevaux est due à la Brèche. Sans surprise, celle-ci a été néfaste et remis au goût du jour des compétences plus, disons, essentielles à la survie. Chasse, pêche et tradition comme on dit de part chez moi. Cela étant, l’activité épicurienne est un peu plus que de la simple cuisine : elle vise à atteindre le bonheur. Pour Josh ? Pour les autres ? D’une pierre deux coups ? En tout cas, l’ascendant philosophique est intéressant comme explicatif : il aime ça, il le fait. D’ailleurs, en parlait d’une pierre deux coups, nous nous attaquons au poulet.

Je laisse le chef jouer le commis et sortir le carré de cuisse de la volaille citée précédemment en me demandant s’il s’agit bien de poulet ou de pigeon. Il faut bien admettre qu’avec la taille atteinte par certains volatiles métropolitains, on pourrait confondre.

« Nous allons réaliser une pommade que l’on viendra infiltrer sous la peau du poulet. Cela permet de parfumer la viande tout en créant un croustillant sur le dessus. »

Pommade beurre-basilic, j’acquiesce. Va-t-on se parfumer les mains aussi ? C’est mieux que de se les couper. J’observe une nouvelle fois le talent de Josh de Roncevaux avec un couteau, toujours impressionnée, puis m’y mets aussi lorsqu’il m’y invite. Je n’ai pas l’esprit de compétition mais je fais tout de même de mon mieux pour émuler le geste, trichant toujours un peu. On va pas se mentir, l’aspect suisse ressort pas mal quand je coupe quelque chose : j’ai plus de temps que de doigts alors je prends mon premier pour pas perdre les seconds.

D’après Monsieur de Roncevaux, je serais plus efficace en tenant le couteau d’une certaine manière. Effectivement. Je le serais encore plus en ne le tenant pas tout court et je ne pense pas cela pour signifier la délégation à quelqu’un d’autre !

« Maintenant, on va réduire le beurre en pommade puis lui incorporer l’aromate. Des questions ? Quelles qu’elles soient…

- Toujours, dis-je avec un sourire alors que je tâche de faire sa méthode de coupe. Vous êtes épicurien de philosophie ou c’était juste une manière de parler ? »

Alors que je le fais, parler, Selim s’y met aussi pour nous signifier qu’il se permet une "petite pause". Ainsi, il s’en retourne à l’extérieur des cuisines et j’en fais de même vers lui, afin de lui répondre. Cependant, ma réponse ne vient jamais alors que je m’interromps après un réflexe.

La conne.

J’accuserai ma fatigue. J’accuserai mon stress. J’accuserai le manque de concentration vis-à-vis des arrières pensés toujours à mon spectacle. J’accuserai même Josh de Roncevaux, si j’avais de la mauvaise foi.

Je me suis tournée, le couteau a suivi.

Mes mains aussi donc il n’y aurait pas le supplément sanguin à la sauce, ce qui n’aurait pas vraiment été un gros problème ; quoi que je ne sois pas particulièrement fan de me couper, surtout avec un couteau particulièrement affuté.

Je me suis tournée, le couteau a suivi, les lamelles de basilic aussi.

J’aimerai pouvoir dire "c’est pas grave, on recommence" et voir si Monsieur de Roncevaux n’a pas anticipé le problème d’une telle étourderie de ma part. Cependant, c’est grave, j’ai créé un problème et nous allons tous les deux en avoir un à cause de l’étourderie de ma part.

Je me suis tournée, le couteau a suivi, les lamelles de basilic aussi.

Je déchante, elles ne le font pas. Elles restent là, à niveau de couteau, sans plus aucun support autre que le réflexe de les rattraper. Sans les mains.

Je déchante, elles le font finalement. Les lamelles tombent sur le plan de travail et je tourne me regard, d’une froideur inhabituelle, vers Josh de Roncevaux.

A-t-il vu ?

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyMer 21 Avr - 15:56


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Mes mains s’occupent à malaxer le beurre, cela demande un peu de temps. L’erreur serait de s’aider de la chaleur d’un four à basse température, ou encore de ce four magique qu’ils nomment micro-ondes. Griller les étapes en cuisine ne donne pas forcément quelque chose de mauvais, mais cela sera du dîner de ménagère, un entre-deux qui n’a pas lieu d’être ici. Le beurre ramolli, je réduis le basilic en fines lamelles au couteau. Un regard vers mon élève me montre qu’elle suit mon rythme. Elle saisit ma perche en me demandant de préciser le fond de ma pensée sur le terme que j’ai précédemment employé : épicurien.

Je vais pour lui répondre que je suis le stéréotype même du Français. Une affection pour le gustatif de qualité doublée d’une curiosité à apprendre et aussi comprendre pourquoi il faut peu de choses pour transformer quelque chose de banal à délicieux et inversement. Seulement, je suis pris de court par Selim qui semble s’ennuyer de nous surveiller et nous annonce prendre une pause. J’espère fortement qu’il prendra son temps.

Selim est vite occulté par une anomalie : ce qui lévite et qui ne le devrait pas. En un autre temps, j’aurais souri, cherché la malice et le tour de prestidigitation. De ce gros détail, de plus anodins reviennent flotter à mon esprit comme sa façon légère de tenir le couteau un poil plus tôt, un geste que j’avais corrigé… pour rien, semble-t-il.

Les fragments de feuilles de basilic tombent, mais ce n’est pas l’automne. La gravité a repris son droit quand Miss Orchant reprend ses esprits. Un frisson glacé court sur mon échine. Sensation désagréable, car j’ai plutôt chaud sous ma veste de cuisine. Je ne réagis pas vraiment lorsque la tricheuse s’inquiète de s’être trahie. Une variété d’émotion me traverse. Lassitude pour ce monde qui se rajoute des pouvoirs alors que la technologie fait déjà tout à la place des gens ruinant la vivacité du cerveau et l’agilité des mains. Inquiétude quant à la nature de la demoiselle près de moi. Je sais d’expérience et à mes dépens que les démons les plus tordus se cachent derrière de belles apparences. Quelle horrible créature se planque sous le joli minois de la Suissesse ? Pendant tout ce temps, mes mains n’ont lâché ni couteau ni bouquet d’aromates, toujours actives.

Le ficus m’avait pourtant affirmé qu’ILS n’étaient qu’une poignée parmi des milliers et des milliers de personnes. Suis-je naïf de commencer à penser que je LES attire ? Un vent de colère balaie mes premières réactions avec, en tête de mes griefs non la crainte d’une créature supérieure, mais le ressenti de tous professeurs devant la tricherie, ou peut-être la fainéantise dans le cas de ma cliente. Comment savoir ? Je force mes mains à stopper leur travail et pose tout à plat non sans un tintement pour le couteau d’office. Un soupir, les mains en éventail sur l’inox du plan de travail, j’ouvre ma bouche.

- Vous êtes quoi exactement ?

Ce n’est pas ce que j’envisageais de dire ! J’aurais pu a minima prononcer un « qui » au lieu de ce « quoi » qui reflète parfaitement ma pensée sur la pseudo minorité de cette ville. J’avais l’intention de remarquer que mon cours n’avait aucun sens sans une pratique honnête des gestes dévoilés. D'autres mots m'ont échappés. Je me redresse, mes mains glissent sur l’inox laissant une marque de buée là où elles étaient posées.

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptySam 8 Mai - 10:07







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Kitchen Nightmare after Christmas

Josh de Roncevaux reste là et je ne parviens à saisir toutes les émotions de son visage, là où le mien brime les miennes. S’il continue d’agir à côté, je ne le fais pas. Je l’aurais fait si ses multiples réactions n’avaient pas été la réponse suscitée. Il n’est plus question de philosophie. Il est question d’autre chose. Une autre chose qui m’inquiète à mon tour.

Josh de Roncevaux reste là et je ne parviens à saisir toutes les émotions de son visage, là où le mien brime les miennes. S’il continue d’agir à côté, je ne le fais pas. Je suis trop occupé à appréhender le fait qu’il ne cherche pas à comprendre, pas à s’étonner. Il n’est pas question d’avoir trahi, il est question de s’être trahi. Ce qui, mine ne rien, est moins grave si on y pense. Plus compliqué à gérer, puisqu’il ne peut y avoir de déni de part et d’autre, mais moins grave.

Enfin, j’espère.

La colère chasse le mélange chez mon professeur et son habilité au couteau, comme celui qui me tient en main, me semble plus menaçante. Ni lui ni moi ne pouvons nous montrer dangereux envers l’autre en un tel lieu, pour des raisons de complications, et j’ai surement plus de chance d’atteindre autrui qu’autrui de me retourner la politesse… mais je stresse.

Josh de Roncevaux s’immobilise enfin et ma main baguée dépose le couteau qu’elle tient en signe d’apaisement face à sa colère ; une tromperie de plus mais j’ai pas franchement d’autre idée là.

Un soupire de sa part, un levé de sourcils de la mienne.

Une prise d’appui manuelle de sa part, une variation d’appui pédestre de la mienne.

Il parle. J’écoute.

Le quoi est l’important. L’exactement vient ensuite mais c’est bien le quoi qui heurte le plus. Point positif, il sait pour les espèces parahumaines. Je n’ai fait que me trahir, pas le monde caché. Point négatif, ça va être compliqué de le convaincre de mon humanité. Point à définir, je peux lui retourner la question même si j’ai déjà quelques déductions. Bonne vision de jour et absence d’inconfort, cela élimine le vampire. Approche sans souci des objets en argent, donc pas lycanthrope. Je pourrais continuer ainsi un moment.

« Enchantée, réponds-je avec une littérale demi-vérité. Je suis une sorte de sorcière en solde. »

Profitant du fait que le seul témoin s’en est allé ailleurs, je lève ma main et les portes d’entrée de la cuisine se bloquent bruyamment.

« Manipulation de la matière. Parfois un peu trop facile à maitriser, on le fait involontairement. »

Connement serait plus exacte mais je reste d’un inhabituel sérieux. Les choses sont sérieuses. Evidemment, elles le seraient beaucoup plus s’il n’était pas un initié au monde caché ; merci ma Chance c’est le cas. Ou j’en suis un, de cas, et on viendra s’occuper du mien, de cas toujours, si je me trompe et dévoile la vérité à un non-initié. Cependant, le quoi comme la réaction m’ont confirmé qu’il l’est, initié, et si j’en suis au niveau de ne plus interpréter les choses à ce point-là… j’en sais rien. Restons optimiste, si je me fais tuer par ma propre bêtise Merwyn Caerwyn n’aura pas à se déplacer pour le faire. Evidemment, qu’il ne sache rien de tout cela, ce qu’il devait craindre, est préférable. Sans parler de mes parents. Célestine serait désolée de savoir qu’elle avait eu raison : je ne suis pas prête. Je ne le suis jamais et cela ne m’empêche pas de m’en sortir, d’ordinaire. Après, la situation n’est pas ordinaire et je me perds. Le stress, la fatigue, tout ça.

« Je dois admettre, outre ma bêtise, que je ne parviens pas à vous localiser sur le spectre parahumain. Je tendrais donc vers un sorcier. J’ai bon ? »

Ma main baguée est toujours dressée, maintenant les portes fermées et prête à jouer les cheffes d’orchestre dans cette cuisine qui ne manque pas d’objets aptes à s’envoler. Cela étant, histoire de déguiser la pause, j’envois mon autre main soutenir le coude de la première. Avec mon appui sur une jambe plus que l’autre, je suis sensée avoir l’aide de posséder une confiance en moi bien supérieure à la réalité. Le cerveau, dont je remercie le retour parmi nous, sait que la situation est sous contrôle. L’inexpérience est cependant là.

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyMar 11 Mai - 15:10


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- Enchantée, me répond-elle. Elle se fout de ma gueule ? La forêt des Caerwyn pouvait se parer de ce qualificatif tant qu’on n’avait pas conscience qu’il n’y avait aucune magie derrière les racines qui se levaient pour vous faire un croche-patte, mais juste des êtres snobes et farceurs. Je suis une sorte de sorcière en solde.

J’ai encore du mal avec cette partie de la grande farce qui m’a été dévoilée depuis mon voyage en pays de Galles et mon arrivée dans ce New York du futur. Un avenir que personne n’aurait eu l’idée d’imaginer en 1933. On s’était débarrassé de la religion et de toute forme d’êtres supérieurs, et voilà que le panthéon débarquait sur terre, ainsi que les mythes et légendes prenaient vie.

Une sorcière au rabais ? Les portes qui se bloquent avec fracas me font douter du niveau de rabais de sa magie ou ce qui en tient lieu.

- Manipulation de la matière. Parfois un peu trop facile à maîtriser, on le fait involontairement.

Télékinésie, donc. « Facile à manipuler ? » Est-ce un avertissement ? Une mise en garde contre tout ce qui pourrait me couper ou m’assommer dans cette cuisine aux ustensiles affûtés. Sa posture, en garde, la main en l’air me laisse le penser. Drôle de façon de tenir sa main d’ailleurs, peu conventionnelle. Son pouvoir passerait-il par-là ? Je remarque le bijou. Le rabais serait-il dans ce bijou ? Un pouvoir acheté et non inné ? L’idée est rassurante, une bague, ça se confisque. Je ne dis toujours rien, mon élève ne semble pas avoir besoin de relance pour s’épancher.

- Je dois admettre, outre ma bêtise, que je ne parviens pas à vous localiser sur le spectre parahumain. Je tendrais donc vers un sorcier. J’ai bon ?

Je lève un sourcil, moi sorcier ? La bonne blague ! Sa position, somme toute, menaçante m’agace. Depuis mon réveil, j’ai décidé de ne plus me laisser faire.

- Non ! Je suis un chevalier, affirmé-je comme si c'était une race puissante et en laissant Durendal apparaître dans ma main. Quatre-vingt-dix centimètres, ça surpasse tout ce que cette cuisine peut compter de couteaux. Josh Rolland de Roncevaux. Même pour une Suissesse comme vous, ce nom devrait évoquer une période de l’Histoire particulière de la France. Celle avec un grand H, une époque où votre confédération n’existait pas.

Dans un geste lent, je lève mon épée et pointe la main baguée.

- Vous rangez votre jouet dans votre poche, je range le mien et on travaille sans tricherie.

Durendal s’adapte à ma paume et à la force de mon bras, comme si elle avait été forgée pour moi. Amy se reflète sur sa lame miroir de type fulham. L’adresse que Durendal me confère me transforme en bretteur expert. Pouvoir dérisoire devant une divinité, mais contre une sorcière qui se dit en solde… Je ne souris pas ni ne grimace, mon regard ne quitte pas celui d’Amy. Elle a ouvert les hostilités la première en claquant les portes et en se tenant prête à m’assassiner avec ce qui traîne. Je ne me suis jamais battu contre une femme. Il paraît que les temps ont changé et que les sexes sont désormais à égalité.

Alors champ de bataille, ou on reprend le travail sans artifice ?

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptySam 15 Mai - 6:34







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Kitchen Nightmare after Christmas

Vraisemblablement, mon qualificatif d’enchantée n’enchante pas Josh de Roncevaux. L’explication qui l’accompagne ne dédramatise en rien, ni n’apaise la colère. La prochaine fois, je mentirais complètement : quitte à être jouer les apprenties sorcières, autant en être une vraie. Pourquoi mon égo ne m’a-t-il pas dit cela plus tôt ?

Le blocage des portes, destiné à éviter une interruption d’un Selim aux mains propres, n’est pas mieux accueilli par mon vis-à-vis. Le prend-t-il pour une démonstration de force ? Oups… D’autant que je fais la paonne derrière pour, ce coup-ci, me montrer assurée ; ce qui peut être intimidant. Après, Josh de Roncevaux semble plutôt agacé.

Enfin, la supposition quant à sa nature de sorcier entraine une réaction toute aussi imprévue.

« Non ! Je suis un chevalier ! »

Je ne ris pas car, si le ton y est, il ajoute un petit détail qui ne prête pas à rire : nonante centimètres d’acier tout aussi enchanté que moi. Et, probablement, beaucoup plus tranchant. Il faut réellement que je parvienne au renforcement psychique…

Josh Rolland de Roncevaux, même pour une Suissesse comme moi… alors certes c’était marqué dessus mais j’ai pas lu l’entièreté de la notice. J’ai pas non plus l’inventaire des reliques médiévales qui n’appartiennent pas aux collections familiales ; ou celles desdites collections qui ont survécu à la Brèche. De toute façon, on ne peut pas se préparer à l’imprévisible ; juste à être surprise. Est-ce que cela compte comme de la mauvaise foi ? Dans tous les cas, je n’ai pas envie de savoir si je peux manipuler son arme à l’instar du reste ou si elle est protégée ; enfin si, j’ai envie de le savoir, mais pas dans ces conditions.

« Vous rangez votre jouet dans votre poche, je range le mien et on travaille sans tricherie. »

J’ai besoin d’un instant pour comprendre, pourtant l’épée me désigne l’objet de la demande plutôt clairement. Je prends une grande inspiration, épuisée. Règle numéro une de la magie : quand tu fais un truc avec la main droite, tu t’assures que les spectateurs regardent la gauche. Mon reflet vacille dans la lame alors que je vacille moi-même, ayant l’honnête impression de ne rien être capable de réussir. Il me reste au moins cinq jours à tenir avec mon spectacle, je vais y arriver. Il me reste une heure à tenir avec cette confrontation, je vais y arriver. Je ne suis pas capable de tout foirer, même si j’ai déjà bien commencé. Après, je peux encore éviter le cauchemar en cuisine après noël…

Je n’arrive pas à savoir si Josh Rolland de Roncevaux préfère cela mais c’est probable ; tant par le caractère qu’il a démontré que par le fait que la situation soit verrouillée pour tout combat non accidentel. Or, il n’y a pas de coupe-chou capable de trancher de la cruche au niveau du sien dans ces lieux. Mine de rien, ma préparation a fait le taff.

Un sourire coupable, enfantin, accompagne mes mots.

« Bien vu. L’enchantement protège me protège des influences extérieures. »

Dieux, je sais que je suis pas particulièrement dans votre camp mais je suis une bonne flagorneuse alors faites qu’il ne croit pas à une nouvelle tromperie. Mes mains s’en vont, crispées, jusqu’au niveau de mon bassin. La seconde saisit la bague mais n’entreprend pas de la retirer avant que l’épée ne soit pointée vers autre chose ; ou, mieux, retournée à l’éther. J’ôte l’anneau lentement, moins par méfiance que par appréhension. Je ferme les yeux et l’enlève. L’intérieur de l’anneau n’est guère poli : il n’a pas été enlevé souvent. Il fait parti de moi, de mon identité ; une protection, certes, mais également une partie de mon lien avec la matière, la réalité. Lorsque mes parents m’ont demandé de choisir un objet magique pour me protéger, en supplément de l’enchantement, j’aurai pu prendre beaucoup de choses dans la collection du manoir. Ce n’était pas une question de me protéger aussi des humains qui m’a amené à choisir la bague de télékinésie. C’était une question de lier la matière et ma volonté, de pouvoir agir sur la réalité comme je le fais dans mes spectacles. Ainsi, non seulement je me sens "nue", vulnérable, sans lui mais je me sens également incomplète. Pourtant, ma bague est dans ma poche.

« C’est quand même pratique l’invocation, reprends-je en me lavant les mains. C’est vous qui êtes enchanté ou l’artefact a une volonté propre ? »

Plus rien ne se dresse entre Selim est nous mais il n’est pas encore de retour, notre face à face n’ayant pas duré.

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyJeu 20 Mai - 17:42


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Miss Orchent ressemble plus à une enfant prise en faute qu’à une dangereuse sorcière. La pointe de mon épée fléchit passant d’une quinte à une octave. Je note l’explication sur les caractéristiques du jonc qu’elle porte au doigt : une protection contre les influences extérieures. J’aurais bien besoin d’un tel accessoire. Je suis encore néophyte en la matière et montrer ses lacunes peut vite devenir préjudiciable.
Ne pas montrer ses faiblesses, ou laisser croire à une vulnérabilité seulement si on ne l’est pas. On appelle ça de la ruse, ou plutôt une stratégie.
Amy esquisse le geste d’ôter son enchantement sans aller jusqu’à la fin de son action. Je desserre la pression de ma main sur la fusée de Durendal. L’épée se fait plus légère à mesure que je relâche la pression, pour finir par se dématérialiser. Elle ne peut pas choir au sol, en plus de couper toute matière sur terre, en théorie, mais nous sommes en terre new-yorkaise… Elle me permet de ne jamais me retrouver désarmé. Un avantage certain en 1933, presque ridicule quand une simple bague peut faire voler tout ce qu’il y a de tranchant ou de piquant dans cette cuisine.
D’offensive, Durendal est passée dans la catégorie des armes défensives ou plutôt dissuasives. Une arme qu’on ne sort que pour l’exhiber. L’idée ne me déplaît pas. J’ai toujours préféré l’intelligence dans les combats qu'ils soient physiques ou non. Ça laisse moins de traces, ou pas quand on se trompe ou qu’on préjuge de ce qui se trouve en face.
Une arme de croisés contre des divinités, des démons et autres créatures à crocs, griffes ou incantations. Je suis un anachronisme dans toute sa splendeur.

Ma curiosité est certaine quant à savoir comment cette demoiselle s’est procurée ce bijou. Et le prix à concéder pour cela. Surtout le prix. J’ai cru comprendre que parfois, l’argent n’était pas la monnaie d’échange. Je regarde cette jolie dame : a-t-elle vendu son âme ? Cela serait un poil excessif pour ce numéro de cirque.

- C’est quand même pratique l’invocation. C’est vous qui êtes enchanté ou l’artefact a une volonté propre ?
- Je suis enchanté… de vous connaître un peu plus, Miss.

Je lui souris, lui montre du menton son plan de travail et les feuilles de basilic qui attendent d’être traités avec le respect qui s’impose. La punition de l’impertinente sera une dose de patience. Un don dont elle semble dépourvue pour user de magie à une tâche aussi basique.
Je reprends là où j’en étais. Le bruit de la lame de mon couteau qui hache ce vert tendre et odorant est rejoint par son cousin dans un rythme moins régulier.

- Faites attention à ne pas vous blesser.

Je ne raille pas, je préviens. Miss Orchent semble prompte à user d’artifices, non que je la suspecte d’être maladroite, mais simplement peu entraînée ni habituée à jouer du couteau sauf pour détailler son steak dans son assiette. La pommade de beurre parfumée prête, je montre comment décoller la peau du poulet de sa chair à l’aide de la pointe du couteau et de petits massages.

- N’ayez pas peur de caresser votre cuisse, celle du poulet bien sûr.

Elle attend ou doit s’interroger sur sa question restée en suspens : suis-je l’ensorceleur ou l’ensorcelé ? Je ne comble pas sa curiosité, mais comble le four de nos cuisses parfumées.

- Ainsi préparée, la peau sera succulente et la chair fondante et moelleuse. Passons aux asperges.

J’attrape les deux fagots préparés pour ce cours, lui en donne un et montre comment éplucher ces tiges fragiles sans les casser.

- L’astuce pour diminuer l’odeur de soufre des urines, c’est d’une part de changer l’eau à mi-cuisson et d’ajouter du bicarbonate à l’eau. Ce n’est pas la panacée, mais c’est mieux que rien.

Le son du couteau prend la suite de ma voix. J’attends que les précieuses tiges soient en train de cuire pour lever le suspens.

- Je n’ai aucune idée de l’origine de la magie qui entoure Durendal. Mais il semblerait qu’elle soit apparue dans la main d’un de Roncevaux quand il était utile que ça le soit. L’objet est lié à ma famille, ce n’est qu’un joli bout de métal bien équilibré dans les mains d’une tierce personne. De fait, elle ne peut m’être dérobée.

Je rafraîchis les asperges pour stopper la cuisson, et invite Amy à faire de même. Je garde pour moi l’excellence au maniement des armes blanches, quelles qu’elles soient que me procure Durendal. La vile tricheuse pourrait me retourner le compliment. Elle aurait raison. Mais aurait tout de même tort : je cuisinais bien avant d’avoir cette relique en ma possession.

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyDim 23 Mai - 11:21







amy_cu11.jpg

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Le drame est évité, à défaut du drama : l’épée s’en retourne au néant, ou plutôt à un lieu distant. Invocation et révocation, de quels autres charmes de la famille des téléportations Josh Roland de Roncevaux est-il capable ? Ou son épée est-elle capable ? Difficile d’avoir une réponse, il refuse de la donner avec une formulation qui me fait sourire ; quoi que sans me détendre réellement d’avantage. Le Chevalier me sourit et m’invite à reprendre là où nous en étions. J’ajouterai bien "comme si de rien était" mais c’est faux. Je suis néanmoins prête à le faire, les mains de nouveau au clair.

« Faites attention à ne pas vous blesser. »

Je ne prends pas ça comme une menace et m’interroge plutôt sur la provocation sous-entendue d’une prévenance bien entendue. Mon sourire change, plus incertain du fait de la réflexion, mais je préfère la prendre de bon ton. Les dégâts de ma bourde sont limités même si ma vision de leur amplitude l’est également. Accompagnant la patiente observation, je me concentre en partie sur la réflexion. Chevalier… les Ordres auraient peut-être pu avoir des liens magiques et des reliques, après tout l’une des condamnations pour celui du Temple était un patronage d’un démon autrefois divinité mésopotamienne si ma mémoire est bonne. Le problème étant que mes connaissances dans le domaine sont limitées. Je suis la plus jeune de ma lignée et donc la plus inexpérimentée. Parfois, j’appréhende que l’enquête sur les divinités ne soit qu’une excuse pour que j’accepte de quitter les miens et puisse accomplir le rêve égoïste qu’est ma carrière.

« N’ayez pas peur de caresser votre cuisse, poursuit Josh Roland de Roncevaux, occupé avec celle d’un oiseau et me faisant lui faire des yeux de chouette. Celle du poulet bien sûr. »

Evidemment. Evidemment que préparée à sa manière, "la peau sera succulente et la chair fondante et moelleuse". Je cherche un double sens, je n’en trouve pas. "Passons aux asperges", là j’en vois un.

Je ne sais pas si je dois continuer de ronger mon frein sur tous les fronts pendant qu’il me fait sa démonstration ou si je peux m’attaquer à la cuisse pendant qu’il s’occupe de mon cas. Heureusement, il me donne l’une des asperges et entreprends de l’éplucher ; un travail manifestement délicat. Qu’a-t-il répondu lorsque je lui ai parlé de ma tendance à l’indélicatesse ? Je ne me souviens plus. Après les feuilles de basilic, après mon échec, cela me semble bien parti – ou mal, selon le point de vue – pour que mon retard continue de s’accroitre.

"L’astuce pour diminuer l’odeur de soufre des urines" est à mon niveau de délicatesse et je la prends donc gravement, notant le changement et l’ajout nécessaires. "Ce n’est pas la panacée mais c’est mieux que rien", j’ai l’impression que ça résume mon succès présentement. Quand au maniement du couteau qui m’interpellait auparavant, je me doute que Josh Roland de Roncevaux a eu l’entrainement.

Il n’a aucune idée de l’origine de la magie qui entoure Durendal ; n’est-ce pas une histoire d’ange ? "Apparue dans la main d’un de Roncevaux quand il était utile que ça le soit"… donc l’épée a une volonté propre. J’ignore si on pourrait parler de conscience mais en tout cas la cognition me semble hors de propos. A tort ou à raison, évidemment. Liée à la famille, "qu’un joli bout de métal bien équilibré dans les mains d’une tierce personne". Conscience donc, ne serait-ce que de son possesseur et de l’emploi ou non de sa magie. Qu’elle ne puisse être dérobée explique cependant quelques petites choses.

J’acquiesce.

Josh Roland de Roncevaux rafraîchis les asperges et m’invite à faire de même, ce qui me fait remarquer que j’avais raison : je suis en retard. Pour ne pas dire que je me sens comme une attardée. Les asperges en paient le prix. Ce n’est pas de la colère. Ce n’est pas de l’amertume. C’est une constatation : sans le coup de pouce de mon annulaire, je n’ai pas suffisamment le coup de main pour ne pas couper ce que je tente d’éplucher. Je pose le fragment brisé au coté des lamelles de mon erreur. Je ferme les yeux un instant en retenant ma respiration. Je déglutis. Je repars.

Selim revient.

Se réinstalle.

Rien n’est arrivé pour lui. Le show doit continuer pour moi.

Mon visage se part d’un sourire et mes traits changent pour revenir à ce que je semble être. La contrariété de mon indélicatesse physique est prise avec une philosophie épicurienne : si ni les dieux ni la mort ne sont à craindre, l’échec et l’erreur ne sont rien de négatifs en eux-mêmes. De manière générale, ils sont la première étape avant de faire mieux ; ou moins pire mais c’est un équivalent.

« Je comprends l’héritage familial, dis-je alors que je tente de récupérer ce qui est récupérable dans mes légumes. De mon côté, on est plutôt "Savoir, Connaitre, Préserver". Ça se dérobe, certes, mais ça se transmet aussi. »

Information pour information, bonne foi pour bonne foi.

« Le côté suisse aime bien préserver. »

Cette fois, c’est plutôt humoristique : les contradictions de mon pays et de ses habitants m’amusent, or j’aime partager ce qui m’amuse. S’assoir sur ses possessions comme celles des autres pour pas qu’elles attrapent froid, chez nous c’est comme le chocolat : spécialité nationale. Tout comme prendre son temps… chose à laquelle je manque un peu du fait de mon retard. Les asperges partiellement expédiées dans l’eau, je m’en retourne au basilic et ne me demande pas réellement si je peux réutiliser les lamelles traitresses. Le plan de travail était propre, avant elles. Ce faisant, je me rappelle du bicarbonate à ajouter à l’eau et le fait donc avec un temps de retard avant de me reconcentrer sur la caresse de cuisse dans le sens du poil.

« Sans doute faudra-t-il qu’on compare les blasons, si vous avez le temps prochainement. Peut-être pas une fois le cours finit, ou si. J’en sais rien, si ce n’est que je dois être à central parc à 16h pour me préparer jusqu’aux 18. »

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyJeu 3 Juin - 11:55


Kitchen Nightmare after Christmas


C’est une Miss bien moins à l’aise qui massacre ses asperges non loin de moi. Le visage plus figé qu’auparavant, mon élève se concentre, à moins que cela ne soit l’inverse, stressée par l’amputation d’un don artificiel.

On tient à sa magie comme un drogué à son rail de coke. Le manque n’est pas physiologique, mais psychique. La possession d’un tel artefact est tentante dans ce monde de dangers sournois et perfides. Toutefois, je crois en l’équilibre pour qu’une vie, qu’un monde, un univers, ne s’écroule pas. Un gain devant être compensé par un mal. Ma vision est peut-être celle d’un chevalier naïf. Je sais bien que cette notion ne peut pas s’appliquer à l’individu, mais à un ensemble plus vaste. Cela valide les différences de pouvoirs et de richesses qui existent depuis la nuit des temps entre les êtres qui peuplent cette terre. Simplement, cela me semble plus vertueux de compenser, ou payer d’une manière ou d’une autre une faveur, une richesse gagnées non à la sueur de son front, mais grâce à un artifice.

On me donnerait cet anneau, je le prendrais. Je crois. Je ne sais pas.
Science sans conscience… Survivre sans conscience… Même combat ?

Le retour de l’employé de l’hôtel crève la bulle de mes pensées. Miss Orchent se pare d’un sourire que je sais artificiel. Le rendu est crédible, professionnel. Je fais de même, par mimétisme. Paraître, le négoce m’a rodé à cet exercice. La jeune femme enchaîne habilement la conversation, sans pour autant véritablement changer de sujet.

- De mon côté, on est plutôt "Savoir, Connaître, Préserver". Ça se dérobe, certes, mais ça se transmet aussi.
- Effectivement. C’est une belle devise.
- Le côté suisse aime bien préserver.

- Hum… Je n’aurais pas usé de ce verbe pour décrire les citoyens helvétiques.

Garder, thésauriser, conserver avant préserver. À moins qu’elle évoque les secrets bancaires. Je ne soulève pas la polémique, miss Orchent me semble avoir parlé sur le ton de l’humour.

- Sans doute faudra-t-il qu’on compare les blasons, si vous avez le temps prochainement. Peut-être pas une fois le cours finit, ou si. J’en sais rien, si ce n’est que je dois être à central parc à 16 h pour me préparer jusqu’aux 18.
- Ma famille n’a pas d’héraldique définie, même si Roland le Preux fut comte des Marches de Bretagne, comte palatin à la cour d’Herstal et Seigneur de Blaye. La faute à des origines trop anciennes, à l’instabilité du royaume de France qui a souvent fait bouger mes ancêtres, ou à une particule et un patronyme gagnés grâce à une légende.

Je réserve les asperges sur un torchon propre et sors les pétoncles du réfrigérateur. Je regarde dans le four, nos cuisses prennent une belle couleur dorée. J’ouvre la porte et les retourne avec une pince.

- Il est toujours préférable de manipuler une viande qui cuit sans la piquer, au risque de perdre son jus et de la déshydrater. Nous laissons les mollusques venir à température ambiante, pendant que nous remplissons les moules à cannelé.

Je dispose en symétrie sur nos plans de travail respectifs deux moules dans une matière qui était inconnue à mon époque : le silicone. De dubitatif, je suis devenu convaincu.

- Inutile de graisser. Par contre, ne remplissez pas plus haut que la moitié, car la pâte lève pendant la cuisson.

Je joins le geste à la parole et à l’aide d’une louche, je remplis les alvéoles d’un geste rapide et efficace. J’invite mon élève à faire de même. L’horaire est serré.

- Comment vous êtes-vous procuré votre artefact, si ce n’est pas indiscret ?

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyDim 27 Juin - 8:37







amy_cu11.jpg

Kitchen Nightmare after Christmas

Josh de Roncevaux m’accorde la beauté de la devise familiale. En revanche, il n’aurait pas usé du verbe "préserver" pour décrire mes concitoyens ; c’est plus politiquement correct que "n’a nous", ainsi que plus crédible si on évite l’image de l’enfant enserrant son truc en le disant. Quoi qu’avec l’image d’un seul enfant employant le pluriel, je me retrouve vite avec Gollum jeune… Enfin Bref. Mesurons les blasons plutôt que la connerie, histoire que ça soit constructif.

La famille de Roncevaux n’a pas d’héraldique définie, même si elle descend d’un "compte des Marches de Bretagne, compte palatin à la cour d’Herstal et Seigneur de Blaye". Ce qui fait tout de même un bon pédigré même si les asperges me sont plus faciles à conceptualiser ; notamment car, si je vois où se trouve la Bretagne, Herstal et Blaye me sont inconnus.

« La faute à des origines trop anciennes, à l’instabilité du royaume de France qui a souvent fait bouger mes ancêtres, ou à une particule et un patronyme gagnés grâce à une légende.

- Les légendes sont un mirage de vérité. Ont un mirage de vérité ? »

Je ne suis plus sûre. Peut-être les deux s’appliquent-ils. Les mollusques, qui succèdent aux asperges, sont à nouveau un sujet plus terre à terre quand bien même ils ont déjà été cueillis. Cependant, l’attention se doit d’être divisée en plusieurs sujet et les cuisses de poulet au four réclament leur part et s’accompagnent d’un conseil. Toujours mieux de manipuler sans piquer. Sans blesser, en somme. L’aparté mis à part, Josh de Roncevaux s’en revient aux pétoncles afin de les délaisser. Cela ne m’empêche pas de vérifier un instant s’il n’y a pas de moules parmi eux afin de les… je ne sais même pas quoi d’ailleurs, puisqu’on ne peut les canneler. Je mimique donc mon professeur du jour pour effectivement remplir le moule en silicone qu’il me temps, me sentant moi-même plutôt conne. Heureusement, il n’en sait rien.

« Inutile de graisser. Par contre, ne remplissez pas plus haut que la moitié, car la pâte lève pendant la cuisson.

- Est-ce donc pour cela qu’il faut toujours voir le verre à moitié plein ? »

Le trait d’humour l’est aussi, à moitié plein, mais je m’en satisfais avec optimisme. Remplir le moule à cannelé avec la louche est beaucoup plus facile que manier le couteau. La question qui s’en suit m’interrompt un instant néanmoins, sans grande conséquence cependant : un regard à Selim m’apprend qu’il garde son investissement précédent. Je ne sais même pas s’il a remarqué les ratés déposés sur mon plan de travail, ou s’il en a cure.

« Savoir, Connaitre, Préserver ; voilà comment je me le suis procuré. Les Orchent utilisent les profits des entreprises familiales pour financer de l’archéologie et de la conservation. Ainsi, j’ai eu le droit à un "souvenir" lorsque je suis partie du nid. »

Une protection, plus exactement, mais je ne vois pas comment en parler innocemment.

« Je pourrais peut-être vous en parler plus avant, à un autre moment. »

Avant, il faudra que je demande la permission. A défaut de divinités, peut-être puis-je commencer à me lier avec les "bas échelons" de l’occultisme newyorkais. J’ignore ce que sait Josh de Roncevaux, cependant je sais que les humains ont souvent besoin de s’entraider et de s’allier lorsqu’on implique des créatures qui les dépassent sur tous les plans ; quoi qu’elles soient généralement disposées à s’alliées elles ainsi, avec ou sans la présence d’un commun ennemi. L’intérêt partagé suffit.

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptyMer 21 Juil - 17:26


Kitchen Nightmare after Christmas


- Savoir, Connaître, Préserver ; voilà comment je me le suis procuré. Les Orchent utilisent les profits des entreprises familiales pour financer de l’archéologie et de la conservation. Ainsi, j’ai eu le droit à un "souvenir" lorsque je suis partie du nid.

Je hoche la tête pour confirmer que je comprends l’origine de son artefact. Je réfléchis aux implications que cela a. Le grand chambardement n’est pas si vieux et je doute qu’à une époque où ce qu’il reste de l’humanité tente de survivre sans trop perdre en confort, et le relief de la terre totalement ravagé, qu’on ruine son temps et son énergie dans des fouilles archéologiques. Maintenir des lignes aériennes entre les villes qui ont survécu au ravage reste déjà impensable. Le corollaire à cet énoncé serrait que les Orchent aient été au courant pour la magie et peut-être du reste de la faune surnaturelle avant que les dieux viennent coller le bazar. S’il en est ainsi, pourquoi ma famille a-t-elle perdu cette connaissance ? Une once de jalousie me titille l’échine.

- Je pourrais peut-être vous en parler plus avant, à un autre moment.
- Je vous en saurai gré.

Évidemment ce n’est ni le lieu ni le moment. J’apprécie la proposition. D’autres m’auraient regardé de haut avec un sentiment de supériorité. C’est souvent ainsi dans les castes supérieures, chez les riches. À moins que ce soit une proposition en l’air. Je ne sais pas décrypter l’expression de la jeune femme.

L’heure tourne, j’ai accéléré le mouvement. Il ne reste plus grand-chose à faire. Nous saisissons les saint-jacques à feu vif. La réussite est dans la rapidité. Puis enfin, nous dressons les assiettes. Le rendu chez mon élève est à la mesure de sa tricherie initiale : manque de volume dans l’assiette, les aliments s’affaissent.

- Pas d’inquiétude ! Il vous manque seulement de la pratique. L’entraînement sur les gestes… sans bijou, glissé-je avec un clin d’œil amical.

Une partie de la brigade du restaurant arrive. Nous allons devoir leur laisser la place.

- Voulez-vous emporter ce que nous avons cuisiné ? Les ingrédients sont à votre charge.

Miss Orchent décline, elle a un emploi du temps chargé et ne souhaite pas s’encombrer de doggy bags.

- Si cela ne vous dérange pas, je vais récupérer cela et le donner au premier nécessiteux que je croiserais en retournant chez moi. Par respect, je n’aime pas le gaspillage.

Je m’affaire à nettoyer le plan de travail que j’ai utilisé, mon élève m’aide et s’occupe de son coin. Je transvase les deux repas dans deux boîtes compartimentées. Ça sera froid quand je les offrirai, Mais je doute que cela gêne celui ou celle qui aura la chance de croiser mon chemin.

(…)

Nous sommes dans le hall de l’hôtel. Je me tourne vers Amy. C’est elle qui a un impératif horaire. Je la laisse donc mener l’au revoir.

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MessageSujet: Re: Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux) EmptySam 31 Juil - 12:27







Delacorte_Theater_stage_viewed_from_aisle_M-N.jpg

Kitchen Nightmare after Christmas

Sans surprise, Josh de Roncevaux est intéressé par en apprendre plus sur les miens et moi. Non, plus : il m’en serait reconnaissant. Cela a beaucoup plus d’implications. Il n’y a pas que de la curiosité et l’intérêt habituel des gens à collaborer pour arriver à faire ensemble ce qu’ils échoueraient seuls. Reste à savoir quoi. Après tout, il peut m’être gré de la curiosité comme de la collaboration. Je crains être trop fatiguée pour faire des hypothèses cohérentes sur le sujet. De plus, j’ai suffisamment fait d’erreurs pour aujourd’hui ; qu’importe les sens que l’on applique à cette pensée.

La fin du cours de cuisine se fait en accélérée, chose qui me donne l’impression d’un dernier sprint avant la ligne d’arrivée. La tête de mon assiette est à l’instar de la mienne : manque de volume ainsi je m’en affaisse visage et épaule. Un sourire se fait cependant sur mes lèvres, compagnon d’un sourire nasal conscient qu’il ne s’agit-là que d’un essai. Je ferais mieux la prochaine fois. Josh de Roncevaux me le confirme : la pratique, l’entrainement, l’absence de tricherie… j’argumenterai bien sur le principe de la magie et de l’ingénierie pour rajouter un soupçon de mauvaise foi mais je m’en abstiens par fatigue comme vague souvenir d’une considération la concernant ; la mauvaise foi, pas la magie et l’ingénierie. Quoi que celles-ci aussi. Je tourne mon sourire vers celui qui marque sa connivence d’un demi-regard, puisqu’il fait un clin d’œil, et cligne des deux yeux avec une certaine lenteur légèrement féline. Le geste a sa signification également.

« Voulez-vous emporter ce que nous avons cuisiné ? Les ingrédients sont à votre charge.

Je n’aurais pas dit non mais je n’ai pas le nécessaire pour le faire réchauffer au parc et sans doute n’est-ce pas le lieu pour l’y manger de toute façon, surtout le soir tombé.

« Si cela ne vous dérange pas, je vais récupérer cela et le donner au premier nécessiteux que je croiserais en retournant chez moi. Par respect, je n’aime pas le gaspillage.

- Et vous avez raison. »

Je peine à comprendre comment on peut laisser les nécessiteux vivre, voire mourir, dans l’indifférence. Cela étant, je n’en ai jamais beaucoup croisé et n’en croise toujours pas énormément. C’est une question de vitesse de vie, je suppose : on n’a guère le temps d’aider lorsqu’on est soi-même en transit entre deux activités, deux engagements. Autrefois, l’isolement était également une explication : dans une ville, il y a tellement de gens qu’on cesse de considérer les étrangers comme tel. Après, j’aurai pensé que les difficultés du passé auraient changé cette mentalité. Je n’en sais rien et ne vais pas poser la question, surtout pas à quelqu’un qui continue de les considérer comme des gens justement. Et puis on a plus urgent à faire : le nettoyage. Je peux tricher si je le fais suffisamment discrètement ?

[…]

Nous sommes dans le hall de la Pyramide. Au-dessus de ses grandes portes vitrées se trouve la grande fenêtre allant jusqu’à son plafond, laissant pénétrer la lumière naturelle dans le spacieux espace.

Josh de Roncevaux me regarde. Je le regarde aussi, du coup. Mes cheveux sont désormais libres et le vêtement de cuisine a dévoilé un t-shirt à manches courtes désormais passé sous une écharpe également blanche et un long manteau gris.

J’ai un sourire gêné lorsque je comprends qu’il m’attend.

« Merci pour tout, commence-je en hésitant à m’excuser, chose que je tais tant les raisons de le faire me viennent à l’esprit ; depuis ma tricherie jusqu’à ma maladresse et à la nécessité de départ précoce. On se revoit bientôt ; un dimanche ou un lundi, lorsque votre resto est fermé. Je vous tiens au courant fonction de mon propre horaire. »

Je tenterai surement la recette de cuisine. Ou pas. Inutile de planifier cela, surtout si je n’ai pas le temps de m’exercer sur le délai. Le stress de cette histoire cède progressivement place à celui du spectacle.

« Bonne continuation. »

J’acquiesce en souriant avant de me dépêcher, consciente d’avoir la plus grande tendance à être en retard qu’en avance ; c’est plus facile, mine de rien. Je ne parle pas de l’occulte et de l’ésotérique, cela viendra. J’ai besoin d’informations avant. D’autorisations aussi. Je ne suis pas encore une initiée, juste une héritière.

[…]

Le temps de taxi jusqu’à Central Park m’a laissé celui de réfléchir.

Josh Rolland de Roncevaux. Durendal. « Il semblerait qu’elle soit apparue dans la main d’un de Roncevaux quand il était utile que ça le soit ». Invocable et révocable. « Qu’un joli bout de métal bien équilibré dans les mains d’une tierce personne ». Volonté propre. Est-ce elle-même qui entend et répond à l’appel de son porteur ou a-t-il des capacités héréditaires ? Famille sans héraldique définie malgré un héritable palatin. Paladin ? Je devrais en parler à Célestine, elle aura surement des choses à dire. Elle a toujours des choses à dire.

Dévoiler ma condition par inadvertance. Sans la chance de tomber sur un membre de la communauté occulte, j’aurai pu signer jusqu’à trois arrêts de morts. Le sien, le mien, celui du témoin. Qui sait si Selim n’a pas d’ailleurs signalé l’incident, s’il est lui-même conscient de la face cachée ; chose n’étant pas impossible si mes soupçons sur la Pyramide et son directeur s’avèrent vrais. Je devrais en parler à Célestine, elle aura surement des choses à dire. Elle a toujours des choses à dire.

[…]

Je parcours les allées en escalier du Delacorte Theater, m’accrochant aux rambardes blanches. Elles ne sont plus serties des panneaux réclamant de ne pas se lever ni de lever les bras pendant le spectacle.

Je m’assieds sur l’un des sièges d’un brun aussi sombre que le bois de la scène. Aucun n’est occupé.

Le théâtre en plein air de Central Park a 1.800 places, permettant pour certaines de voir le Turtle Pond en contrebas et le Belvedere Castle un peu plus loin. Je me sens seule, terriblement seule. Fatiguée.

Je me passe une main dans les cheveux, plissant les yeux et souriant avec une nervosité accumulée durant une semaine.

Je sors mon téléphone de mon autre main. Regarde sous l’horaire. Nous sommes le lundi 4 janvier. J’ai passé le dimanche 3 janvier à dormir, majoritairement. Je crois, je ne suis plus sure. Le samedi 2, lui, était le jour des retours chiffrés. En effet, le vendredi 1er était le dernier spectacle. A Christmas Story, spectacle surprise de Noël au Nouvel An. Une semaine de représentation seulement. Une semaine bien en deçà des chiffres escomptés.

Le moral en avait pris un coup et tout me revient dans la figure d’un autre, de coup. Je déglutis péniblement mais le sourire ne disparait pas. Le sourire ne doit jamais disparaitre.


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Kitchen Nightmare after Christmas {Josh de Roncevaux)

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