Les Dieux de New York
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A Princess Story {Libre, One Shot}

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AuteurMessage
Humaine de (Bonne) Compagnie
Amy OrchentAmy Orchent


Messages : 54
Emploi/loisirs : Multiples...


Feuille de personnage
Phobie: Etre damnée
Ambition secrète: En découvrir plus sur les divinités

A Princess Story {Libre, One Shot} Vide
MessageSujet: A Princess Story {Libre, One Shot} A Princess Story {Libre, One Shot} EmptySam 29 Fév - 14:20


A Princess Story
Conte postmoderne par Amy Orchent


La structure du morceau est aussi marquée que reconnaissable, un commencement classique avec un morceau classique. Si ma main gauche pianote des arpèges, le motif développé par ma main droite imite l’écriture. Je rédige avec un la mineur en guise de stylo, chantant sans mot le début d’une histoire que tout le monde a déjà entendu ; le début, l’histoire, le morceau.

Je me demande si le centre Thèbes renvoie à la ville égyptienne ou à la grecque. La première, de son nom local Ouaset, était apparue au Paléolithique moyen et avait connu sa renommée du XXIIe au XXe siècle avant JC avec la fondation de la XIe dynastie. La seconde, elle, datait du XXIIe siècle avant JC et avait été l’une des principales cités de la Grèce antique avec Sparte et Athènes. Plusieurs millénaires d’histoire de part et d’autre, sachant que l’égyptienne continuait d’exister en tant que Louxor et que la grecque était devenue un centre industriel et commercial reliant Athènes à Thessalonique. Si l’on pourrait s’attendre à ce que ce soit la Thèbes grecque, plus connues des occidentaux, qui inspire le centre, celui-ci ne se trouve pas si éloigné de l’Hôtel de la Pyramide et l’implication d’un dieu égyptien dans ses coulisses n’est pas impossible. Même s’il faut reconnaitre aux grecs une plus grande capacité à faire la fête, jamais ils n’ont égalé les capacités de constructeurs des égyptiens. Or le centre Thèbes est aussi colossal que magnifique.

L’amphithéâtre est digne des plus grandes salles de théâtre et d’opéra, avec ses confortables rangées de sièges réparties entre les U des étages et des balcons, décorés de frises et de sculptures, pour se réunir sur le parterre devant la scène. J’aurai espéré que cette architecture me donne quelques indices mais c’est celle d’un théâtre à l’italienne, chose qui peut sembler étrange dans un site nommé d’après les grecs ou les égyptiens mais s’explique simplement : elle diffère des gigantesques structures antiques par ses dimensions plus modestes qui permettent au public de percevoir plus en finesse le jeu des artistes et l’interprétation des œuvres musicales. Moins un divertissement du peuple que d’une population plus éduquée, une élite ; chose s’inscrivant dans la mentalité de la New York actuelle. Je me demande combien de cette élite réelle se trouve au sein des balcons.

Comme le veut le style architectural né au XVIe siècle, la scène est surélevée par rapport à la salle avec un plancher légèrement incliné vers le public. A l’extérieur, sur la partie la plus proche des coulisses, un panneau de décor présent un ciel d’azur qui échappe aux ombres. Celles-ci, en plus des naturelles, sont produites par les panneaux suivants, aux trois quarts de la scène. L’imitation de la pierre et les arches occupées tour à tour par des fenêtres et des statues d’instrumentistes forment le plan en coupe d’une tour, un nouvel ovale venant fermer celui de la pièce. Outre le mobilier d’une chambre, ce loft médiéval a pour centre, et partie plus remarquable, un grand piano à double clavier, un classique et l’autre de synthétiseur. C’est là que je me tiens, rangée dans une robe fourreau verte couverte de pierres brillantes des bretelles jusqu’aux genoux. Après cela, le soyeux tissu émeraude délaisse la fonction de mouler ma silhouette pour préférer la légèreté d’une jupe pouvant voler au rythme de mes mouvements. La chaleur des projecteurs fait briller ma robe comme ma chevelure, toutes deux en contrastes, et donne à ma peau une teinte dorée presque divine. Mes cheveux entrelacés dégagent une partie de mon visage et la quasi-totalité de mon buste, bombé, alors que je continue mon écriture musicale sur le premier clavier.

Trois minutes s’écoulent puis la musique termine de le faire. Saisissant des feuilles invisibles, je me relis.

« Il était une fois,
Dans un pays lointain,
Une jeune fille en émois,
Dans un donjon ancien.
»

Avec douceur, j’en reviens à mon premier clavier.


« Where have all the good men gone,
And where are all the gods ?
Where's the street-wise Hercules
To fight the rising odds ?
Isn't there a white knight upon a fiery steed ?
Late at night I toss and turn and dream of what I need…
»

Je change de clavier alors que les statues s’animent dans leurs alcôves.

« I need a hero !
I'm holding out for a hero 'til the end of the night.
He's gotta be strong,
And he's gotta be fast,
And he's gotta be fresh from the fight.
I need a hero !
I'm holding out for a hero 'til the morning light !
He's gotta be sure !
And it's gotta be soon !
And he's gotta be larger than life, larger than life…
»

Il n’y a personne pour danser. Chacun d’entre nous reste à sa place, à l’exception du violon ; absent même lors de son bref solo.

« Somewhere after midnight,
In my wildest fantasy,
Somewhere just beyond my reach
Someone reaching back for me !
Racing on the thunder and rising with the heat,
It's gonna take a superman to sweep me off my feet !
»

Verront-ils l’ombre se dessiner au loin sur le ciel bleuté ? Il y a en une de chaque côté, afin que chacun puisse la voir. Cependant, il faut décrocher les yeux de cet orchestre et de sa princesse qui s’y donnent à cœur-joie !

« Up where the mountains meet the heavens above,
Out where the lightning splits the sea,
I could swear that there's someone somewhere watching me !
Through the wind end the chill and the rain,
And the storm and the flood,
I can feel his approach like the fire in my blood !
»

Les statues reprennent les derniers mots, les ombres se dressent un peu plus. Le violon redevient seul, pour un plus long moment. Pour ma part, je reste rêveuse, mon sourire s’étendant jusqu’à mon micro de joue, jusqu’à ce qu’il me faille reprendre de plus belle.

« I need a hero !
I'm holding out for a hero 'til the morning light.
And he's gotta be sure,
And it's gotta be soon,
And he's gotta be larger than life !
»

Je continue de rêver quelques instants encore, doucement, joyeusement. Puis la rêverie devient songe, le sourire se fane. L’espoir vacille. Puis s’enflamme à nouveau.

« ’Cause he's gotta be strong,
And he's gotta be fast,
And he's gotta be fresh from the fight.
I need a hero !
»

Brusquement, je me lève de mon siège en un cri muet, en une pose d’appel. Brusquement, les lumières s’éteignent. La tour est enténébrée, laissant des formes aussi indistinctes que celles du public s’y agiter puis s’y immobiliser. Je me rassois.


Je recommence à pianoter, plus doucement cette fois. L’éclat est passé, même si un autre s’en vient.

Au piano dépond le violon. Invisible, imaginaire, et pourtant toujours plus présent. Nos échanges se mélangent, notre correspondance s’intensifie. Toujours douce. Toujours harmonieuse. Toujours passionnée ; une passion qui croit sans jamais devenir brutale, sage comme un rêve de jeune fille.

Une lumière revient, délicate. Elle éclaire l’horizon, non pas sur scène mais entre les rangées de sièges, prêt de la porte d’entrée principale.

Au piano dépond le violon. Le prince de bleu et de blanc vêtu le manipule alors qu’il avance parmi les rangs des spectateurs, toujours plus prêt de la princesse de vert et de rouge. Les notes s’accélèrent, l’émerveillement aussi. On se regarde, on se sourit. Ses yeux bleus sont intenses, sa pilosité brune courte encadre son visage grâce en renfort de barbe et moustache. Son sourire est fin, charmeur, là où le mien est enfantin, s’étendant non seulement jusqu’à mes yeux mais dressant la pulpeuse lèvre inférieure comme une scène pour mes blanches dents supérieures. Sous les sons et lumières qui s’élèvent, notre rencontre.

Notre répétition s’envole toujours plus, nos regards s’accrochent sans plus aucune considération pour le public. Le morceau est pour nous, nous seuls. Les pieds du prince sont comme ceux d’une ballerine, venant se poser avec délicatesse à mon côté lorsqu’il a escaladé cette haute tour qu’est la scène. Les choses sont à leur place.

Un mouvement, un regard, alors que l’on continue de jouer, de discuter, de se répondre, de s’aimer.

Et cela continue, quelques minutes encore. Un moment hors du temps. Hors de l’espace. Pourtant, ancré en eux. Un tout.

Puis, lorsqu’il s’arrête, je me lève vivement et prends ses joues de mes mains avant de l’embrasser passionnément.


« Ooh, baby, do you know what that's worth ?
Ooh heaven is a place on earth.
They say in heaven love comes first,
We'll make heaven a place on earth.
Ooh heaven is a place on earth…
»

Précipitamment, je me rassois pour en revenir à mon clavier. Le prince, lui, pose son violon sur le piano et commence à danser. J’étouffe un rire à ma conception du romantisme via une danse des années 80. Les statues, elles aussi, s’animent.

« When the night falls down,
I wait for you
And you come around.
And the world's alive
With the sound of kids
On the street outside…
»

Dansant entre le public et moi, le prince leur adresse des regards et me permet d’en faire autant. L’amusement est là, de part et d’autre.

« When you walk into the room,
You pull me close and we start to move,
And we're spinning with the stars above,
And you lift me up in a wave of love.
»

Il me regarde, me sourit, repart vers le public.

« Ooh, baby, do you know what that's worth ?
Ooh heaven is a place on earth.
They say in heaven love comes first,
We'll make heaven a place on earth.
Ooh heaven is a place on earth…
»

Il s’éloigne, joue de l’espace, de l’attention.

« When I feel alone,
I reach for you
And you bring me home.
When I'm lost at sea,
I hear your voice
And it carries me.
»

Il s’arrête, m’invite à danser et reprend. Sur mon siège, je me trémousse de mon mieux.

« In this world we're just beginning
To understand the miracle of living,
Baby I was afraid before
But I'm not afraid anymore !
»

Je me lève, penchée pour pianoter mais dansante. Il entreprend de faire le tour de la tour et de la scène.

« Ooh, baby, do you know what that's worth ?
Ooh heaven is a place on earth.
They say in heaven love comes first,
We'll make heaven a place on earth.
Ooh heaven is a place on earth…
»

Puis revient vers moi, prenant son temps, prenant l’attention.

« In this world we're just beginning
To understand the miracle of living,
Baby I was afraid before
But I'm not afraid anymore !
»

Nous sommes à nouveau aussi face à face que la présence d’un public et d’un piano nous le permet, échangeant des regards ravis.

« Ooh, baby, do you know what that's worth ?
Ooh heaven is a place on earth.
They say in heaven love comes first,
We'll make heaven a place on earth.
Ooh heaven is a place on earth…
»

Sons et lumières s’abaissent progressivement jusqu’à se taire, laissant une nouvelle pénombre.


Quelques notes de piano, incertaines. Une réponse du violon, cassante. Un silence.

Doucement, je parle, les lumières parlent. La scène se sonorise et s’éclaire. Tout vibre lorsque le violon répond, lorsque le prince me tourne le dos. Le dialogue, la tentative. Dans le son, dans la lumière. Entre nous. Chaque note du violon, chaque pas, le fait s’avancer et refluer vers moi, se tournant et se retournant. Penchée, je m’inquiète. Levé, il s’agite.

La dispute s’en va et vient, s’accroit et se calme, comme lui, là où je suis accrochée à mon drame.

Les statues finissent par s’animer discrètement. Le prince revient, nous jouons ensemble. Les sourires reviennent. Puis repartent. Je finis par avoir un hoquet de sanglots, une répétition que j’accompagne du corps sans libérer ma voix.

Les choses s’amplifient, s’enveniment. On se fait face, on se détourne. On essaye de se parler, on essaye de s’écouter. Essaye.

Les choses s’amplifient, s’enveniment. On se fait face, on se détourne. On essaye de se parler, on essaye de s’écouter. Essaye.

Il finit par monopoliser la conversation, je me ratatine. Je finis par avoir un hoquet de sanglots, une répétition que j’accompagne du corps sans libérer ma voix. Puis viennent les pleurs chauds, réguliers.

Il se calme, me parle, m’explique. Puis c’est la fin.

Les lumières continuent de nous regarder crument. Lui s’est assis les bras croisés, vers les coulisses. Moi je reste immobile, face au public. Mes larmes luisent sont les feux des projecteurs. Mes yeux sont clos.


Il me bien une quinzaine de secondes de larmes et de notes pour que je réussisse à rouvrir la bouche.

« Where are those happy days, they seem so hard to find…
I tried to reach for you, but you have closed your mind…
Whatever happened to our love ?
I wish I understood…
It used to be so nice, it used to be so good…
»

Le prince, épaules basses, finit par être le seul élément humain à rester immobile.

« So when you're near me, darling can't you hear me S. O. S. ?
The love you gave me, nothing else can save me S. O. S. !
When you're gone,
How can I even try to go on ?
When you're gone,
Though I try how can I carry on ?
»

Immobile.

« You seem so far away though you are standing near…
You made me feel alive, but something died I fear…
I really tried to make it out.
I wish I understood…
What happened to our love, it used to be so good.
»

Immobile.

« So when you're near me, darling can't you hear me S. O. S. ?
The love you gave me, nothing else can save me S. O. S. !
When you're gone,
How can I even try to go on ?
When you're gone,
Though I try how can I carry on ?
»

D’un geste de la main par-dessus son épaule, il me congédie sans un regard.

« So when you're near me, darling can't you hear me S. O. S. ?
And the love you gave me, nothing else can save me S. O. S. !
When you're gone,
How can I even try to go on ?
When you're gone,
Though I try how can I carry on ?
When you're gone,
How can I even try to go on ?
When you're gone,
Though I try how can I carry on ?
»

Lassé, il se lève et s’en va, faisant mourir mes notes de piano.

Noir.

Long.

Les lumières renaissantes ne font plus scintiller mes larmes, essuyées à l’abri de la nuit, mais joignent mes ombres à celles qui m’entourent. La tour et ses alcôves, statues incluses, restent dissimulées dans la pénombre.

Seul reste le ciel azur. Seul reste le piano. Seule reste la princesse. Seule sur scène. Seule face au public, au monde.


Des notes répétitives, apaisantes. L’idéal pour me remettre des émotions précédentes.

L’écoulement du temps. Une respiration.

Puis la passion revient, d’un coup. Les choses se complexifient. Le recul advient. Je ferme les yeux, profite et fais profiter. Le sourire n’est pas là. La paix, en revanche. Il suffit de se laisser porter. Durant plus de quatre minutes, j’invite à le faire.

J’aurai énormément à dire sur cette partie du spectacle, le choix de cette partition. Sa concurrence avec une autre du même compositeur, après que j’ai terminé la troisième sélection et fait la première répétition. Les doutes sont encore présents dans mon esprit, "et si ?" interminables, cependant l’invitation à la paix m’apaise. Peut-être est-ce pour cela que j’ai choisi se morceau, par rapport à son frère.

Pour l’enchainement qu’il me permet, aussi.


Je suis seule à jouer au début mais bien vite rejointe. Une légère brume tombe du plafond, accompagnée d’instruments et de voix.

« One day, one night, one moment,
My dreams could be, tomorrow.
One step, one fall, one falter,
East or west, over earth or by ocean.
One way to be my journey,
This way could be my book of days.

O la go la, mo thuras,
An bealach fada romham.
O oiche go hoiche, mo thuras,
Na scealta nach mbeidh a choich.

No day, no night, no moment,
Can hold me back from trying.
I'll flag, I'll fall, I'll falter,
I'll find my day may be,
Far and away,
Far and away.
»

Sous les feux des projecteurs, la brume fait naitre nombre d’arc en ciel autour de moi. L’instant est toujours plus magique.

« One day, one night, one moment,
With a dream to believe in.
One step, one fall, one falter,
And a new earth across a wide ocean.
This way became my journey,
This day ends together,
Far and away.
»

Je disparais dans les particules d’eau et de couleurs.

« This day ends together,
Far and away.
Far and away.
»


Le morceau est connu. Alors que la brume redescend et se dissipe au contact du sol, les notes montent à nouveau. Le violon revient. Invisible, à nouveau. Peut-être est-il, lui aussi, dans la brume. Peut-être est-il, à nouveau, dissimulé au sein du public. Nos échanges se poursuivent, quelque soit la réponse. S’intensifient, encore.

Il apparait enfin. Doux, beau comme au premier jour. Il descend du plafond cette fois, porté par des ailes angéliques. Il chasse la brume à son approche. La tour émerge, toujours plus. Le prince touche terre sur le premier point où elle a disparu. Dans sa danse, il continue de la chasser. Dans son avance, il révèle le décor, tournant comme un doux tourbillon. Une à une, les alcôves sont dévoilées. Un à un, les musiciens et le chœur sont dévoilés. Seul le piano signifie encore ma présence. Ça et le centre du semi-tourbillon, l’objectif de cette coquille d’escargot, que forme la chorégraphie du prince violoniste.

Il s’approche, me dévoile après plusieurs minutes de danse. Le prince de bleu et de blanc vêtu fait face à la princesse de vert et de rouge. Je suis toujours fascinée par lui. Les notes s’accélèrent, l’émerveillement aussi. On se regarde, on se sourit. Ses yeux bleus sont intenses, sa pilosité brune courte encadre son visage grâce en renfort de barbe et moustache. Son sourire est fin, charmeur, là où le mien est enfantin, s’étendant non seulement jusqu’à mes yeux mais dressant la pulpeuse lèvre inférieure comme une scène pour mes blanches dents supérieures. Sous les sons et lumières qui s’élèvent, nos retrouvailles.

Notre répétition s’envole toujours plus, nos regards s’accrochent sans plus aucune considération pour le public. Le morceau est pour nous, nous seuls. Les pieds du prince sont comme ceux d’une ballerine, venant se poser avec cette délicatesse à mon côté lorsqu’il est descendu des cieux. Les choses sont à leur place.

Pourtant, le morceau continue.

Une lourdeur. Un apprentissage. Une intensité qu’il n’y avait pas la première fois. Cela dure deux bonnes minutes. Du suspens, j’espère. Nos lèvres se rapprochent toujours plus…


Puis une note, qui sonne comme fausse, et sa suite. Puis je me lève, délaissant mon piano pour mon assaut.

« At first I was afraid, I was petrified,
Kept thinkin’ I could never live without you by my side
But then I spent so many nights
Thinkin’ how you did me wrong
And I grew strong,
And I learned how to get along.
And so you’re back, from outer space,
I just walked in to find you here
With that sad look upon your face.
I should’ve changed that stupid lock,
I should’ve made you leave your key,
If I had known for just one second you’d be back to bother me.
Oh now go,
Walk out the door,
Cause just turn around now.
You’re not welcome anymore.
Weren’t you the one who tried to hurt me with goodbye ?
Did you think I’d crumble ?
Did you think I’d lay down and die ?
Oh no not I.
I will survive.
Oh as long as I know how to love,
I know I’ll stay alive.
I’ve got all my life to live,
I’ve got all my love to give.
And I’ll survive.
I will survive.
I will survive !
»

Décontenancé, le prince recule alors que son violon prend en importance. Il tente de me faire face. Mes gestes se vont plus amples, le repoussant toujours plus vers là où il est parti.

« It took all the strength I had not to fall apart,
Just trying hard to mend the pieces of my broken heart.
And I spent oh so many nights
Just feelin’ sorry for myself, I used to cry…
But now I hold my head up high
And you see me, somebody new.
I’m not that chained up little person still in love with you.
And so you felt like droppin’ in
And just expect me to be free
But now I’m savin’ all my lovin’ for someone who’s lovin’ me.
Oh now go,
Walk out the door.
Just turn around now,
You’re not welcoma anymore.
Weren’t you the one who tried to break me with goodbye ?
Did you think I’d crumble ?
Did you think I’d lay down and die ?
Oh no not I !
I will survive.
And as long as I know how to love,
I know I’ll stay alive.
I’ve got all my life to live,
I’ve got all my love to give,
And I’ll survive.
I, I, I will survive.
Oh !
»

Ayant repoussé le prince des mots et du geste, c’est à mon tour de m’en revenir jusqu’à mon piano. Chose que je ne fais pas sans me retourner encore, histoire de continuer d’adjoindre le geste à la parole.

« Oh now go,
Walk out the door.
Just turn around now.
You’re not welcome anymore.
Weren’t you the one who tried to crush me with goodbye ?
Did you think I’d crumble ?
Did you think I’d lay down and die ?
Oh no not I !
I will survive.
And as long as I know how to love,
I know I’ll stay alive.
I’ve got all my life to live,
I’ve got all my love to give,
And I’ll survive.
I will survive.
I will survive !
»

Je me rassieds, droite et digne.

« It took all the strength I had not to fall apart,
Just trying hard to mend the pieces of my broken heart.
And I spent oh so many nights
Just feelin’ sorry for myself, I used to cry…
But now I hold my head up high
And you see me, somebody new.
I’m not that chained up little person still in love with you.
And so you felt like droppin’ in
And just expect me to be free
But now I’m savin’ all my lovin’ for someone who’s lovin’ me.

Oh now go,
Walk out the door.
Just turn around now.
You’re not welcoma anymore.
Weren’t you the one who tried to break me with goodbye ?
Did you think I’d crumble ?
Did you think I’d lay down and die ?
Oh no not I !
I will survive.
And as long as I know how to love,
I know I’ll stay alive.
I’ve got all my life to live,
I’ve got all my love to give,
And I will survive.
I, I, I will survive !
»

Après avoir fait face encore quelques secondes, il s’en va, vaincu, alors que mes mots raisonnent et s’éloignent avec lui.

Réinstallée, je recommence à pianoter.


La structure du morceau est aussi marquée que reconnaissable, un commencement classique avec un morceau classique. Si ma main gauche pianote des arpèges, le motif développé par ma main droite imite l’écriture. Je rédige avec un la mineur en guise de stylo, chantant sans mot le début d’une histoire que tout le monde a déjà entendu ; le début, l’histoire, le morceau.

L’histoire aussi, tout le monde l’a déjà entendue. Probablement vue et vécue, également. Sans doute les spectateurs le savaient-ils déjà lorsqu’ils ont vu une publicité, lorsqu’ils ont acheté leurs billets, lorsqu’ils se sont installés dans la grande salle du centre Thèbes. Cela ne m’a pas empêché d’en donner ma version, de faire de mon mieux pour le faire. Et je conclus, là, au milieu de ce loft médiéval, derrière ce grand piano à double clavier. Et je conclus, là, rangée dans une robe fourreau verte couverte de pierres brillantes des bretelles jusqu’aux genoux. Et je conclus, là, la chaleur des projecteurs faisant briller ma robe comme ma chevelure et, désormais, les perles de sueur et de rosée qui constellent ma peau dorée. Mes cheveux entrelacés ont perdu de leur superbe. Mon buste a perdu de sa superbe. Seul mon sourire perdure, enfantin et s’étendant non seulement jusqu’à mes yeux mais dressant aussi la pulpeuse lèvre inférieure comme une scène pour mes blanches dents supérieures.

Trois minutes s’écoulent puis la musique termine de le faire. Je m’apprête à donner la conclusion de l’histoire quand les applaudissements commencent.

Mais ?

Après quelques instants à regarder les gradins enténébrés de mes yeux ronds, je choisis de continuer avec le sourire et clos les paupières.


Quelques notes lancées les yeux fermés. Quelques mots lancés les yeux fermés.

« First when there's nothing…
But a slow glowing dream…
That your fear seems to hide…
Deep inside your mind.
All alone I have cried…
Silent tears full of pride…
In a world made of steel,
Made of stone.
»

La joie revient. On s’y met tous.

« Well, I hear the music,
Close my eyes,
Feel the rhythm,
Wrap around,
Take a hold of my heart.

What a feeling !
Being's believing !
I can have it all
Now I'm dancing for my life.
Take your passion !
And make it happen !
Pictures come alive,
You can dance right through your life.
»

Les statues font un pas en avant, pour celles dont les instruments ne sont pas trop lourds tout du moins. Puis un autre, un troisième, en rythme. Je n’ai pas besoin de le voir pour le savoir. Les applaudissements se joignent, en rythme aussi.

« Now I hear the music,
Close my eyes,
I am rhythm,
In a flash…
It takes hold of my heart…

What a feeling !
Being's believing !
I can have it all
Now I'm dancing for my life.
Take your passion !
And make it happen !
Pictures come alive
Now I dancing through my life…
What a feeling…
»

Les statues terminent de se mettre à mon côté, joignant leurs voix à la mienne, au plus proche du public.

« What a feeling ! (I am music now !)
Being's believing ! (I am rhythm now !)
Pictures come alive
You can dance right through your life…
What a feeling… (I can really have it all !)
What a feeling… (Pictures come alive when I call !)
I can have it all. (I can really have it all !)
Have it all ! (Pictures come alive when I call !)
(Call, call, call, call, what a feeling !)
I can have it all ! (Being's believing !)
Being's believing ! (Take your passion !)
(Make it happen !) Make it happen !
(What a feeling…) What a feeling !
»

Nos voix se meurent et toutes les statues s’inclinent alors que je rouvre les yeux et lève les mains pour lancer les applaudissements.

Les lumières de la salle s’allument, éclaboussant les spectateurs et me permettant de savoir combien ils sont. Trop. Mon cœur bat la chamade à constater le monde venu nous voir pour cette première représentation. Tant de mains sonores, logiquement deux fois plus que de gens. Deux fois trop, donc. Pas que je m’en plaigne, cela dit : c’est juste impressionnant. Enfin, "juste", c’est impressionnant.

Me levant pour faire face, je suis rejointe par le prince au petit trot. Nous contournons le piano pour rejoindre le reste de notre équipe. On se prend la main pour nous incliner à notre tour et je lui broie les doigts de mon mieux. J’espère que ça ne se voit pas trop. Histoire d’en être sure, je lève la main gauche et replie pouce, majeur et annulaire, faisant les cornes du diable en guise de geste de victoire. Ça ne change rien à la crispation de mon sourire mais c’est mieux que rien. Non ?
NdA:
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A Princess Story {Libre, One Shot}

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