Les Dieux de New York
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⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé]

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Josh R. de RoncevauxJosh R. de Roncevaux


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Emploi/loisirs : Restaurateur - Cambrioleur


⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] Vide
MessageSujet: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyLun 17 Fév - 8:02


Josh & Amy
⚜ Les épices de la vie ⚜

Rien n’est acquis, comme bien des choses dans cette ville aux multiples facettes. De révélation en révélation, j’affine mon sentiment que nous, l’espèce humaine, sommes devenus des jouets, ou pire. Il m’a fallu prendre du recul, digérer l’information, car réagir par la colère ou l’agitation était vouée à une mort certaine, ou une damnation. Heureux celui qui ne sait pas ? Je n’irais pas jusque-là, mais il est évident que le joug est moins lourd quand on n’a pas conscience de le porter. Macsen m’avait fait remarquer que les divinités et autres êtres puissants étaient une minorité là où j’avais le sentiment d’être cerné par eux. La perception de son environnement dépend du poids qu’on pense avoir dans le monde dans lequel on vit. Et entre mon endormissement et mon réveil, presque un siècle après, mon influence s’est considérablement allégée.

Qu’ai-je pour moi ? Une épée qui coupe tout, divinités comprises. Mais encore faut-il avoir le temps de la dégainer. Puis détruire ce qui n’est qu’une simple enveloppe charnelle est vain. Durendal est reléguée à une arme de dissuasion et le cas échéant de défense. L’attaque martiale n’est pas une option, pas avec mes moyens présents. Mon deuxième atout est l’intelligence. Je n’ai pas comme « eux » un savoir incommensurable, mais je me souviens de ce que m’avait dit l’un de mes professeurs après que je me sois vanté de posséder l’une des bibliothèques les plus importantes de Paris. « Le savoir ne fait pas l’intelligence. » Je m’étais trouvé penaud, mon arrogance ratatinée. Avec un regard malicieux et bienveillant, il avait ajouté : « si le savoir représente les couleurs, l’intelligence est le pinceau. » Sans le pinceau et la main de l’artiste, les couleurs et le savoir restent dans un tube, inutiles.

Ma palette de couleur est restreinte aux teintes primaires, là où les divinités et autres casse-pieds immortels en possèdent plus de seize millions. Je ne changerai pas ce fait en une vie, c’est donc mon habileté à manier un pinceau que je dois affûter.

Poulpy au milieu des tracas qu’elle m’avait fait subir avait, sans le vouloir, je crois, semé une graine. Une idée qui avait tourné dans ma cervelle. Elle s’était polie lors de veilles à attendre un Macsen plus mystérieux que jamais. De cette semence étaient sorties deux minuscules feuilles qui représentaient l’une un projet de vie, l’autre un savoir-faire potentiel.

Pour ce projet, il me faut de l’aide, de l’argent, un investisseur, un réseau. J’ai quelque part dans un coffre à Genève une petite fortune en or. Reste à savoir si cet or est encore accessible, les Suisses sont habitués aux revenants, mais est-ce que cet or a encore un intérêt bancaire, une valeur pécuniaire ? J’ai branché le Ficus sur cette affaire, avec à la clé une rencontre avec Merwyn Caerwyn. Ce vieux saule tordu ne me doit-il pas tout simplement ma vie pour une querelle qui nous dépassait tous les deux d’un bon millénaire ? J’espère bien pouvoir ouvrir un jour mon établissement. Pas dans les zones excentrées, mais bien là où la faune friquée et huppée de la ville se réunit pour se divertir et se sustenter de mets raffinés. Pigeonner son pigeon aussi.

Et puisqu’on parle de pigeons, je repose sur une plaque huilée, le dixième que je viens de préparer, reste une trentaine qui patiente sans un bruit que je remplace leurs viscères par une farce à base de fromage blanc et d’aromates.

— Roncevaux ! Arrêtez de baillera aux corneilles !
— Ce sont des pigeons, Chef !

Je secoue ma main en prise avec de minuscules intestins particulièrement collants. Geste malheureux qui fait voler la bisaille pour la projeter dans une marmite quelques mètres plus loin où mijote un risotto végane. Je grimace, lève la main pour interpeller le chef de parti qui m’ignore superbement : je suis le bleu, le commis. Je n’imaginai pas commencer en haut de l’échelle, mais pas non plus aussi bas. Je soupire, reviens à mes volatiles, aujourd’hui les véganes auront un léger apport en protéines, ça leur donnera un peu de couleur.

(…)

J’ai accéléré le mouvement, c’est la principale difficulté que je rencontre : cuisiner pour des amis, ce n’est pas la même chose que pour une horde de clients tout affamés. Un dernier regard à travers la vitre qui sépare la brigade de la salle de restaurant puis j’attrape un cousin de Vaillant (*) pour lui caresser les tripes avec tendresse.

(…)

Le chef m’a félicité, les pigeons ont été très appréciés et s’enquière de ce que j’ai changé dans la recette qu’il m’avait demandé de suivre.

— Tout. Je m’en suis tenu à une recette de famille.

Une valeur sûre qui prend ses racines dans la France des rois. Ce petit succès me vaut une belle engueulade et d’aider le chef pâtissier submergé à dresser ses assiettes. Je tente de donner une touche personnelle à chaque part et dessine au jus de framboise nombre de fleurs, de cœurs et d’oiseaux stylisés.

— T’emballe pas Picasso !
— Van Gogh…
— Hein ?
— Van Gogh, car Picasso ne peignait pas ce genre de motif.
— Travaille…

(…)

C’est l’heure du nettoyage. Les derniers clients traînent avec un café et quelques biscuits que je trouve sans goût. Je ronge mon frein, faire ses preuves demande un peu de témérité, quelques mesures de persévérance et une pincée de chance. Je souris à une jolie fille derrière la vitre. Le chef nous demande de faire abstraction de cette vitrine qui garantit au client que tout est bien cuisiné sur place, seulement j’aime avoir un retour sur mon travail. Le biscuit ne semble pas plaire à la demoiselle, j’incline la tête et, du regard, désigne le pâtissier.

— Roncevaux ! Arrêtez de faire le joli cœur et terminez cette vaisselle.
— Chef, oui chef.



(*):

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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyVen 28 Fév - 4:46


Josh & Amy
⚜ Les épices de la vie ⚜

Installée sur l’un des canapés de cuir, j’écoute le serveur me proposer le menu classique ou le végan ; question qui m’arrête un instant, me paraissant saugrenue. Vêtu de son uniforme, il se tient à côté de la table de bois, en miroir avec le guéridon qui éclaire le tout. Collant couleur chair croisés d’aise, je suis habillée d’une robe courte aux lignes et triangles blancs et bleus au-dessous d’une sous-veste croisée et fermée d’un nœud papillon au niveau de l’épaule gauche. Malgré cet apparat, comme le chignon bas et torsadé qui l’accompagne et me protège la nuque, je ne suis pas ici pour un rendez-vous. Cela a surpris les hôtesses d’accueil, même si la justification est simple. Depuis le Cataclysme, mon régime alimentaire a été composé d’aliments locaux et était donc relativement limité. J’ai envie de gouter de nouvelles choses. Quoi de mieux qu’un restaurant gastronomique, chose qu’on ne doit plus trouver qu’à New York, pour cela ? Menu classique donc.

Seize étapes pour 315$, rien de moins de part et d’autre :
Cheddar, savoureux cookie noir et blanc avec de la pomme ;
Huître, glacée à l’oseille des bois, au sarrasin et à la mignonette ;
Canneberge, avec betteraves, fromage de chèvre et carvi ;
Oursin, crème anglaise aux calmars, pétoncles et pommes ;
Esturgeon, fumé avec le crumble de bagel, les cornichons et le caviar, accompagné d’un sabayon à la ciboulette ;
Foie gras, poêlé à l’artichaud, dattes et châtaigne d'eau ;
Carotte, tartare avec pain de seigle et condiments ;
Homard, poché aux poireaux, oignon noir et bisque de crustacés ;
Salsifis, rôti au blé boulgour, jambon mangalitsa et noisettes ;
Pigeon rôti au tardivo et à l’amande de marcona, braisé au foie gras et à la pomme de terre ;
Salade, bretzel, moutarde et raisins ;
Malt, crème d'œufs à la vanille et aux seltz ;
Poire, pochée au miel et au gland ;
Earl Grey, cheesecake au lait de brebis, miel et citron ;
Bretzel, chocolat recouvert de sel de mer ;
Chocolate, doux cookie noir et blanc avec de l'abricot.

Je dois avouer que l’écoute du Pigeon me fait sourire plus que tout le reste, l’oiseau semblant une incongruité. Cependant, je reste ouverte d’esprit, et de la bouche du fait, venant justement ici pour tester. La viande n’est pas devenue étrangère à mon régime alimentaire du fait de la région isolée dans laquelle j’ai grandi, les grands espaces permettant l’élevage comme la chasse. Néanmoins, elle restait l’affaire de fête et tuer un animal n’était donc pas chose si commune. Plus rare encore dans les montagnes, les poissons et autres fruits de mer sont une vraie curiosité ; plus d’une douzaine d’années que je n’en ai pas mangé, pour peu que j’en ai mangé un jour. Ce n’est pas le cas du homard, de l’oursin ou de l’esturgeon, mais celui de l’huitre et du caviar. Quant à la bisque… on verra bien. Pour ne pas dire qu’on goutera bien.

N'ayant aucune étape à sauter, le serveur se contente de prendre ma boisson et s’en retourne tranquillement. Toujours plus de clients arrivent pour le service de midi trente et je les observe tout autant pour essayer de desceller chez certains cette fascination que déclenchent les divinités. J’ai été instruite sur les émotions que leur simple présence fait naitre, concevant parfaitement qu’on puisse être captivé par la seule entrée d’un individu dans une pièce. Son standing est celui d’une statue, d’une œuvre d’art, puis, lorsqu’il se met à bouger, son aura croit encore, ses mouvements hypnotisent. Sand m’avait parlé d’effets similaires lors de la brève époque où j’ai voulu devenir mannequin, comme beaucoup de jeunes filles je suppose, et sur le fait que ce charisme pouvait être acquis. Je me doute qu’il soit inné, et supérieur, chez les déités. Je considère également que cela porte atteinte à leur discrétion, à tort ou à raison. Seule ma propre expérience me le dira.

Après avoir parcouru la salle, j’en passe à la baie vitrée qui l’accompagne. C’est d’autant plus aisé que je suis à son côté, d’autant plus logique qu’on regarde toujours au loin avant de regarder de près. Difficile de savoir si c’est la méfiance ou la curiosité qui a poussé à ouvrir les regards des clients sur les cuisines, même s’il est tout à fait possible que ce soit une initiative du restaurant lui-même ou de son architecte afin de se donner une originalité via la transparence. Une chose qui tendra à être réclamée ailleurs, je pense. Après, si j’ai demandé à être au plus près, ce n’est pas par crainte mais bien par intérêt. Je veux observer, je veux apprendre. Si je n’en suis pas à m’allonger sur le canapé et poser ma tête sur son dossier ou ses accoudoirs pour regarder intensément, n’ayant plus l’âge de le faire, l’idée me vient et le regard est là. A défaut de déité dans la salle, ou dans la cuisine d’ailleurs, j’ai tout de même quelque chose à étudier.

Les chefs patrouillent dans les allées où leurs subordonnés s’affairent à cuisiner les plats. Avec neuf plats n’étant pas végan dans le menu classique, je suppose vingt-sept stands différents avec chacun son cuisinier. Je ne saurais tout voir de là où je suis mais j’en vois suffisamment pour apprendre. Également, je considère une certaine symétrie avec la salle de service, composée d’une trentaine de tables selon moi. Peut-être d’une quarantaine, auquel cas la symétrie ne tient plus mais c’est secret. Je n’irai pas jusqu’à dire que, dans le doute, je considère que j’ai raison mais il y a de ça. Entre autres choses.

L’une desdites autres choses est une viande qui n’a pas eu la décence d’arrêter de bouger quand elle est morte : elle tente de s’envoler mais, malheureusement pour elle, il lui manque les ailes pour le faire correctement. J’accorde un son de cloche à cette tripaille qui fait un vol en cloche pour atterrir dans une soupière qui n’a pas encore eue la sienne, de cloche toujours. Le coupable, un trentenaire d’environ ma taille et à la chevelure sombre, lève la main. Dans une justice exemplaire, son chef l’ignore. Cela semble aller à l’employé qui, espérant sans doute le rester, retourne à sa préparation. Je comprends qu’on préfère s’occuper d’oiseaux que d’en recevoir les noms.

[…]

Le cheddar m’est apporté sur une assiette à thé, occupant le centre, et je le goute. D’une certaine manière, c’est un hors d’œuvre. D’une autre, c’est un hors sujet. Appeler par un nom de fromage un cookie noir et blanc avec de la pomme, c’est presque ésotérique. Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être. Après, comme on dit : "Si ton fromage ressemble à du brebis, que ça sent comme du brebis et que ça a le goût de brebis… mais que Chuck Norris te dit que c’est du chèvre, c’est du chèvre." Le pouvoir des mots et de l’association d’idée déplacée !

L’huître arrive peu après, cuisinée sur son 31. Cependant, il n’y a que 29 jours ce mois-ci et je redécouvre que les fruits de mer ne sont pas ma tasse de thé. Dit comme ça, c’est d’une logique implacable. Le goût acidulé rajouté par la plante potentiellement toxique ne suffit pas à changer mes goûts personnels et je n’en rajouterai pas histoire d’éviter d’atteindre la dose orale problématique. Le sarrasin, lui, est une saveur bien plus familière ; bien que difficile à cultiver dans les alpes, mon père était grand consommateur de cette céréale. Enfin, pseudo-céréale comme j’aimais le lui rappeler pour mon plaisir et son déplaisir, puisque ne faisait pas partie des céréales d’un point de vue botanique mais étant consommé comme tel. Enfin, les épices de la mignonette, à savoir muscade, coriandre, gingembre et clous de girofle si ma mémoire gustative est bonne, le sont elles aussi ; bonnes. Presque de quoi sauver mon problème avec les fruits de mer, qui ne sont d’ailleurs pas non-plus des fruits mais on n’est plus à ça prêt. Heureusement que c’est une bouchée dégustation et pas un plat entier.

La canneberge, elle, est nouvelle ; contrairement aux betteraves, au fromage de chèvre et au carvi. Si les trois derniers faisaient partis de mon alimentation courante, trop courante concernant le fromage qu’en mauvaise montagnarde je n’apprécie guère, la première est une nouveauté qui, heureusement, constitue le cœur de cette étape de la dégustation. De quoi faire passer l’Huître en beauté et me motiver à en refaire par moi-même, fromage en moins.

L’oursin arrive et même l’incongruité de la crème anglaise aux calmars, pétoncles et pommes ne sait vraiment taire mon appréhension d’un autre pas-fruit de mer. D’autant que les pétoncles sont aussi du "mauvais" bord, que les calmars s’attaquent au navire et que l’océan beige m’est plus familier du sucré. J’aime les pommes mais à ce point… Je ne me suis jamais sentie aussi chrétienne : Dieu aurait dû penser à cette recette pour passer l’envie à Adam et Eve de faire le péché originel.

Alors que nous sommes à deux partout, arrive l’esturgeon. Comme dit, les poissons et moi ça fait longtemps mais, histoire de partir du bon pied, je pars sur le crumble de bagel ; pas que le poisson sente mauvais, le fumé sent même très bon, mais un petit pain aux fruits c’est une valeur sure. Les cornichons aussi ; apparemment, j’aime ça depuis avant ma naissance. Durant sa grossesse, ma mère n’avait pas d’envie de fraises mais de cornichons… je suis moins délicate que j’en ai l’air. Ce qui n’est pas difficile, indiscutablement. Le caviar, c’est meilleur que ça en a l’air ; ce qui n’est pas difficile non plus. Le sabayon, les origines italiennes comme la simplicité de fabrication et le fait que mes parents ne soient pas regardant sur l’alcool, m’est assez familier aussi même si jamais l’idée d’y mettre de la ciboulette ne me serait venue. Ça donne un côté sucré-salé, je trouve, mais ce n’est pas désagréable. Comme l’esturgeon en lui-même, une bonne surprise ! Surtout avec les cornichons.

Le foie gras aussi se la joue sucré-salé mais ça reste une valeur toute aussi sure que le pain aux fruits. Il n’y a pas tellement à en dire du fait, je pense être capable d’en refaire. Je ne doute pas trouver tous les ingrédients ici.

La carotte s’assumerait presque si elle n’avait pas, elle aussi, un arrière-gout sucré-salé. Avec beaucoup de retard, je réalise enfin le thème de cette dégustation ! La sauce tartare est sympathique, dommage que je ne puisse identifier toutes les saveurs et n’ai pu observer sa préparation. C’était un moyen simple d’assaisonner, littéralement, un aliment tout simple. Il faudra que je mène un interrogatoire sur l’un des cuisiniers, ou que je revienne manger à une autre place. Sauf si je n’en croise pas ou si j’oublie.

Le homard signifie un retour aux fruits de mer et poireaux comme oignon noir ne me détournent pas du renfort de crustacés ; d’autant qu’ils jouent du mystère. Après, comme pour beaucoup de choses dans la vie, le meilleur moyen de s’y mettre c’est de se jeter à l’eau sans réfléchir. Le homard peut témoigner ! Je me faire rire toute seule, ce qui doit faire bizarre considérant que je me tiens devant mon assiette, mais l’humour, surtout noir comme l’oignon ci-présent, est une excellente défense. On ne gagne cependant jamais en jouant uniquement sur la défensive alors j’attaque le met.

« Salsifis ! »

Je tente de prendre la voix la plus grave que je puisse et me retient d’imiter un burgonde à l’embonpoint inversement proportionnel au quotient intellectuel, passant déjà suffisamment pour une folle comme ça. Familière dans la culture comme dans la consommation, il n’y a que la cuisson et l’accompagnement pour réellement la sublimer. En sucré-salé, forcément, et j’adore, complètement ! Encore une recette que je referais.

Le pigeon me laisse une fois de plus perplexe. Sa préparation ne m’a pas semblée suivre sa présentation. C’est le cuisinier jouant à faire voler la volaille qui se chargeait de cette dégustation-là et il m’a semblé le farcir au fromage blanc et à plus d’herbes et d’aromates que je n’arrive à identifier. Après, comme on l’a déjà dit, "Si ton fromage ressemble à du brebis, que ça sent comme du brebis et que ça a le goût de brebis… mais que Chuck Norris te dit que c’est du chèvre, c’est du chèvre." C’est donc un pigeon rôti au tardivo et à l’amande de marcona, braisé au foie gras et à la pomme de terre. C’est bon, c’est le principal non ? Reste que pour refaire le plat, cela devient tout un mystère.

Cette histoire reste en suspens, interrompue par la salade préparée à la suite. Elle est assez simple, avec sa pâtisserie typique de la Suisse du nord, son condiment et son accompagnement fruitier ; un vrai cette fois, non des fruits de mer. Cette étape fait du bien, la salade aidant à tasser tout ce qui est passé avant et à se raffranchir tandis que ses compagnons lui donnent un goût meilleur que cette verdure, même si elle m’aurait suffi. Après, vu le prix, heureusement qu’ils ne se limitent pas à ce qui aurait suffi. Heureusement aussi, l’histoire ne reste pas en suspens bien longtemps car, alors que je mange en détaillant la cuisine, je peux voir le chef ignorant changer son qualificatif pour ravi en s’adressant au cuisinier des pigeons. Comme je ne peux entendre ce qu’ils disent et n’ai jamais été douée pour lire sur les lèvres, surtout en langue étrangère, je me contente de leur langage corporel. Il change assez vite et, visiblement, le préposé aux oiseaux en a obtenu les noms et se fait congédier… même si ce n’est pas bien loin. Sans doute a-t-il commis un impair envers ses pairs qui ne peuvent se permettre de changer le sens de leur remerciement durant un service. Difficile de savoir si c’est à cause du pigeon volant ou du pigeon fondant, peut-être même des deux. Le pigeonnier va se faire pigeonner après avoir pigeonné les pigeons de son restaurant, ça c’est de la préparation !

Cette considération ne m’aide pas à m’y retrouver dans les étapes du repas mais je remercie la salade pour m’aider à les tasser. Si je m’attendais au malt comme à un digestif, c’est une crème céréalière sucrée-salée. Pas particulièrement léger, plutôt bon cependant. Un petit déjeuner en fin de repas, je dirais. Car ça sent la fin de repas : nombre des cuisines sont en train d’être nettoyées et les plats qui s’y préparent encore ont des airs de desserts. Je parviens assez facilement à retrouver le pigeonnier, désormais pâtissier. Voire plus si affinité.

Arrive ensuite la poire au miel et au gland, aussi rafraichissante et légère que la salade, si ce n’est plus ; moins d’accompagnement. Less is More, off course. Cela aussi sera facile à refaire. Genre dans une semaine, quand j’aurai fini de tour digérer… la bonne blague, mon métabolisme aura tout traité d’ici demain. Chose qui signifie que la préparation du spectacle de cet après-midi va être sportive. Surtout que je reste perplexe à placer les fruits en dessert, ou s’approchant, puisqu’ils se digèrent plus vite que le reste et commencent à fermenter dans le ventre du fait ; si cela ira bien de pair avec le malt, j’ai plutôt pour habitude de les manger en entrée. Ou seuls, en guise de collation. Différence culturelle je suppose.

Tout comme celle de nommer un cheesecake comme un thé. Dans cette dissertation qui constitue mon repas, cela raccroche aux réflexions sur les fruits de mer. Et Chuck Norris. Entre autres. Tristement, comme pour le foie gras, il n’y a pas tant de commentaire à faire puisque j’aime sans découvrir.

Le second bretzel à le rôle principal cette fois, toujours dans les tons sucrés-salé puisqu’enrobé de chocolat et recouvert de sel de mer. Franchement, je n’aurai pas dit comme ça et je me terrais donc. C’est bon et pas trop compliqué à refaire, j’approuve.

La salle m’apprend que l’étape suivante est de nouveau un biscuit, la cuisine que c’est la dernière. Conclure en revenant à l’introduction, la meilleure manière de faire sentir inconsciemment la fin de l’aventure. En celle-ci, je croise le regard bleu du pigeonnier-pâtissier qui me sourit. Je le lui rends, par réflexe d’abord puis par souvenir de ses mésaventures ensuite. C’est la première fois que j’ai l’occasion de détailler son visage, sculpté à l’instar du mien et dont front, yeux puis menton m’apprennent une réflexion par l’intelligence et l’émotion. Interrompue lorsque m’est déposé le chocolate, "doux cookie noir et blanc avec de l'abricot", j’en reviens à mon affaire. Comme l’a théorisé Aristote dans la Poétique, la conclusion est ce qui importe le plus. Toujours. Partout. C’est le dernier souvenir qu’on garde de toute l’expérience, celui qui sera le plus vif et conséquemment le plus important. Servir un biscuit surgelé en entrée n’est pas problématique, pas même remarquable je dirais. En faire de même en dessert dessert tout le reste, justement ! La décoration a un sens artistique prononcé mais ne sauvera pas le cookie. Après une heure trente de voyage gustatif, c’est décevant. J’en soupire nasalement, histoire de le cacher.

A défaut d’avoir prise des notes, je suis capable de faire un retour que je considère comme constructif lorsque celui-ci m’est demandé. C’est de la merde. Non, je plaisante : pour commencer par le début et la fin, les deux cookies sont une bonne idée puisqu’ils ferment la boucle mais Aristote et tout ça. Pour le reste, alors…

[…]

Le meilleur moyen de savoir quelque chose, à mon sens, est de le demander. Du bon sens, non ? Ainsi, mon retour fait et mon pourboire donné, je me permets de réclamer une entrevue avec l’un des cuisiniers. Je n’ai ni oublié le tartare de la carotte ni le mystère du pigeon et dois avoir une bonne heure devant moi avant mon rendez-vous au Centre Thèbes. Sac à main de cuir noir paré de dorure à sa place, je me tiens debout sur mes chaussures ouvertes à talon et attends patiemment que quelqu’un me soit présenté. Ou que j’en attrape un au vol, dépendant de l’opportunité.
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Josh R. de RoncevauxJosh R. de Roncevaux


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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyMar 10 Mar - 7:38


Josh & Amy
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Le nettoyage, la tâche la plus ingrate du métier. J’espère ne pas m’y attarder plus que nécessaire, toutefois c’est un passage nécessaire et salutaire, déjà pour être économe dans ses gestes, ne pas salir plus que nécessaire, optimiser l’impacte de chacun sur le travail de l’autre. Je note déjà les dysfonctionnements, mépris d’un côté du chef qui ne voit que son nombril et use une casserole par assiette, et de l’autre l’étourdi qui ne planifie rien.

La cuisine est envahie pas un brouillard de vapeur où les voix s’interpellent. La fin du service qui approche pointe dans les notes joyeuses et les blagues qui fusent. Le pâtissier se prend une mémorable branlée : trop de retours négatifs sur son biscuit.

— J’ai une recette de sablés bretons qui pourraient…

Un pigeon pourrait voler sans ses plumes, que personne n’y porterait attention. Je ne suis encore personne ici, je dois prouver ma valeur. Je reste confiant dans mes capacités, j’ai un palais affûté et l’éducation qui va avec le monde du plaisir gustatif. Ma part de vaisselle et plans de travail récurés, je me fais attraper pour ranger ce qu’un livreur précoce nous apporte. La fatigue commence à se faire sentir sur mes épaules, j’ai le geste moins lest, presque mou il faut l’avouer. Je n’ai jamais autant trimé de ma vie, pas sur le plan physique du moins, car dans mes affaires passées, je n’avais jamais compté mes heures.

(…)

Le vestiaire, mon peu de rang me permet de sortir enfin. Dernière remontrance sur mon audace de ne pas avoir suivi le menu au pied de la lettre suivie d’une punition qui ne me semble pas en être une : aller expliquer mon pigeon pigeonné.

— Les amandes sur de la viande…
— Il suffit, allez donc rattraper votre bourde. C’est le moment de jouer au joli cœur, Roncevaux !
— Mais chef, c’est certain que d’un point de vue gustatif l’ama…
— Exécution !

Son air est sévère, pourtant je lis de la malice dans son regard, ou est-ce ce que j’espère y voir. On n’envoie pas un boulet discutailler avec la clientèle. Sauf que là, je poserai bien mes fesses quelques parts, je reprends mon service dans quatre heures.

Je prends donc la direction de la salle et non de la porte de service. Une part de fatigue s’envole quand je constate qui attend des explications : c’est la demoiselle qui mâchait le dernier cookie sans grande conviction. J’ai à la main un exemplaire des menus. Si je sais tout ce que nous servons, je ne connais réellement le détail que de la moitié des plats, suppose sur le quart suivant et reste ignorant du dernier quart non issu de la cuisine européenne que je connais.

Je détaille discrètement la jeune femme. Seule, ce qui annonce un caractère trempé et un fin gourmet affirmé. Vêtue avec recherche sans clinquant inutile, une classe discrète et subtile tout en gardant une audace sur le choix des motifs de sa robe. Ne m’étant pas préparé à devoir paraître de ce côté-ci du restaurant, ma tenue professionnelle a laissé place à un jean simple, un t-shirt blanc et un polo anthracite que j’ai piqué à Macsen. Ma paire de baskets jure sur le velours feutré du tapis du hall d’entrée.

— Bonjour mademoiselle. Josh de Roncevaux, demi-chef de partie rôtisseur. Navré de ma tenue, un livreur est venu plus tôt que prévu et accapare le chef et le second de cuisine.

J’agite la carte et montre les quelques profonds fauteuils disposés devant le pupitre du maître d’hôtel pour faire patienter les clients. Ma galanterie cache surtout les crampes de mes cuisses, cinq heures debout se sentent notamment au niveau des rotules.

— Dites-moi quels points je peux éclaircir pour vous ?

J’ai posé la carte devant la demoiselle sur la table basse avant de m’asseoir avec un sentiment de quasi-béatitude. Le fauteuil est si moelleux que je pourrais m’y endormir… si s’avachir de la sorte était autorisé dans un tel établissement. Un regard vers le maître d’hôtel : c'est inenvisageable.

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Amy OrchentAmy Orchent


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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyMar 17 Mar - 7:04


Josh & Amy
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Le serveur s’étant occupé de moi ne s’en revient pas faire les présentations, pas plus que le cuisinier s’étant occupé du, ou plutôt ayant supervisé le, repas ne se présente. Le visage qui s’approche est néanmoins familier, par le fait du hasard et du regard plus qu’autre chose. L’expression de fatigue, compréhensible, s’efface un peu derrière un je-ne-sais-quoi, plus ineffable cette fois. On se regarde, sa tenue m’en apprenant plus sur lui que l’uniforme précédent. Le jean comme les baskets sont des classiques de la classe moyenne tandis que le combiné t-shirt et polo tend à indiquer la moyenne-supérieure, mélangeant une volonté de confort avec le réflexe de paraitre bien dans son corps ; sportif. Les couleurs, jeans forcément sur le bas mais surtout blanches et grises presque noires sur le haut, laissent comprendre un intérêt harmonique. Logique considérant une réflexion cérébro-émotionnelle. Logique aussi considérant son milieu professionnel comme sa position dans la hiérarchie. Position rappelée par le menu qu’il tient en main, ne l’ayant en mémoire, un détail qui me renseigne également sur sa main directrice. La mienne se déleste de ma pochette en cuir en la faisant passer à sa partenaire, en prévision d’une poignée de main qui n’arrive jamais.

Surprenant. Tout comme le nom à particule. A l’inverse du rang, quoi qu’il soit aussi pâtissier d’après mes observations, ou de l’explication quant à l’absence du sommet : la hiérarchie à mieux à faire. Littéralement.

« Bonjour, Amy Orchent, réponds-je avec un sourire accueillant, consciente que mon nom de famille peut lui être familier s’il est d’origine française comme son nom de famille le suggère ; les entreprises Orchent couvraient nombre de domaines sur le vieux continent, dont les banques mais également quelques médias et musées. Je vous suis. »

Bête et disciplinée, je marche un pas après lui en direction de l’entrée et des sièges d’attente dont l’usage va être détourné.

« Dites-moi quels points je peux éclaircir pour vous, demande-t-il alors qu’il dépose la carte puis son postérieur avec un soulagement croissant ; suffisamment croissant pour qu’un regard d’un autre supérieur le remette à sa place.

- La hiérarchie c’est comme la gravité : c’est toujours celui au-dessous qui ramasse, murmure-je avec connivence avant de reprendre plus fort et d’accompagner mes paroles de désignations sur le menu. De deux choses l’une, si vous me permettez une question ou deux. J’ignore si vous l’avez vu, cependant j’ai pris le temps d’observer vos cuisines. Votre préparation du pigeon m’a échappée, d’une certaine manière, de même que celle de la carotte sauce tartare. »

Mon introduction est terminée, même si je ne m’attends pas à ce que mon interlocuteur suive les doubles sens de mon observation et de la certaine manière dont sa préparation du pigeon m’a échappée ; d’autant qu’elle lui a échappé aussi, comme elle a échappé à son supérieur. Aparté mis à part, loin de moi l’idée de remettre en question l’intelligence du demi-chef. Seulement, même pour les personnes entières, cela prend parfois un temps afin de me comprendre. En pensant à cela…

« Evidemment, je comprendrais que vous ne puissiez parler des recettes de votre restaurant. Si je ne m’abuse et au risque de le faire, abuser, je crois que cela nous laisserait tout de même une certaine liberté pour parler de votre préparation. »

Je ne suis pas certaine de ce que je dis mais les indices pointent dans cette direction : mon observation de sa recette, sa réprimande par son supérieur, peut-être même sa présence ici. Aussi, s’il est vrai qu’on obtient plus facilement en demandant poliment, une arme à la main, qu’en demandant juste poliment… je ne suis pas certaine que mon sourire compte comme une arme. J’hésite à pousser un peu plus loin la conversation. S’il est fort possible que mes demandes mettent monsieur de Roncevaux en porte-à-faux, force est de constater qu’il le fait très bien tout seul. S’il est fort possible que mes demandent gênent son repos, force est de constater que ses collègues le font très bien tous ensembles. S’il est fort possible que cette discussion lui soit agréable, force est de constater que c’est tant mieux pour lui et moi. Ce qui est sûr, c’est je force.
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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyLun 23 Mar - 16:42


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- La hiérarchie c’est comme la gravité : c’est toujours celui au-dessous qui ramasse, murmure la belle.

J’incline légèrement la tête, signifiant en silence mon accord sur ce point.

- De deux choses l’une, si vous me permettez une question ou deux. J’ignore si vous l’avez vu, cependant j’ai pris le temps d’observer vos cuisines. Votre préparation du pigeon m’a échappée, d’une certaine manière, de même que celle de la carotte sauce tartare.

Le pigeon… Je suis fautif, comment expliquer cela. Quant à la carotte sauce tartare...

- Évidemment, je comprendrais que vous ne puissiez parler des recettes de votre restaurant. Si je ne m’abuse et au risque de le faire, abuser, je crois que cela nous laisserait tout de même une certaine liberté pour parler de votre préparation.

Je souris à mademoiselle Orchent, elle révèle ce que sa gestuelle laisse transparaître d’elle : une femme audacieuse.

- Je pourrais vous réciter une recette, cela ne signifie pas que vous pourriez la reprendre chez vous. La cuisine ne consiste pas dans un simple assemblage d’ingrédient, je laisse cela à la chimie. Évidemment pour les plats les plus simples, ce n’est pas pareil, mais ce n’est point la ligne de conduite de la maison.

Je reprends le menu et lis les intitulés des plats qui la rendent curieuse.

- Commençons par le pigeon rôti au tardivo et à l’amande de marcona, braisé au foie gras et à la pomme de terre. Je plaide coupable, je suis en charge des volailles et mon avis personnel a pris le dessus sur la carte.

J’offre un sourire contrit. J’espère qu’elle ne demandera pas un dédommagement pour ce plat qui n’était pas celui attendu.

- Il y a fort à parier que demain je rentre dans le rang, cependant je vous explique ma perception de ce qui est proposé à nos clients. Notez que je ne désavoue pas le Chef, disons que je suis une ligne plus traditionnelle, là où il se veut un peu avant-gardiste.

Je me retourne afin de voir si ledit chef se trouve dans les parages ou l’une des commères de la salle, mais chacun est bien occupé à terminer son service pour sortir que de s’intéresser à ce que je peux dire à la cliente. Une bonne chose, car je vais pouvoir être franc.

- « Pigeon rôti au tardivo et à l’amande de marcona, braisé au foie gras et à la pomme de terre. » La première anomalie réside à marier un oiseau ansériformes, palmipède donc, à un qui ne l’est pas. De là, le gras du canard noie la saveur fine du pigeon. L’amande de marcona… Je suis peut-être sectaire, mais les fruits à coques sont à réserver aux poissons et aux desserts. La saveur de l’amande et celle du pigeon ont la même finesse, l’effet s’annule. Je n’ai rien contre le tardivo et la pomme de terre, sauf que je n’aime pas l’amertume du tardivo.

Je grimace un peu, un cuisinier n’est pas censé censurer sa palette de saveur en fonction de ses affinités, mais il est très difficile d’équilibrer un plat avec un goût que l’on n’apprécie pas.

- Ce que vous avez eu dans votre assiette est une recette familiale qui vient des Pyrénées. La préparation pourrait paraître basique : une farce de fromage blanc, de la sarriette et de l’origan. Pas de thym ni de romarin trop fort en parfum, du sel et du poivre. Cette farce est là pour une principale raison : éviter le dessèchement. D’ailleurs, je la retire et ne sers que la chaire. L’astuce pour la texture particulière est de littéralement masser le pigeon avec de l’huile d’olive. C’est une technique courante sur les gallinacés comme les poulets, les perdrix, etc. En accompagnement, j’ai gardé la pomme de terre assaisonnée avec les mêmes aromates que la viande pour être raccord. Je pourrai vous montrer, mais pas ici bien évidement.

Je laisse le temps à mademoiselle Orchent d’assimiler ce que je viens de dire et de réagir.

- Quant à « La carotte, tartare avec pain de seigle et condiments », je suis moins libre de m’exprimer, car contrairement au pigeon je ne suis pas propriétaire de la recette. Ce qui vous a peut-être surprise est le miel sans l’émulsion du tartare.

Je plisse le nez, là aussi je ne suis pas d’accord. Ils auraient dû le préciser sur la carte. Je profite de l’instant où la cliente consulte la carte à la recherche d’une éventuelle question pour la détailler. Elle possède un visage harmonieux, son maquillage est discret, mais soigné vu son teint de pêche parfait. Je me demande ce qu’elle fait dans la vie. Une activité lucrative pour avoir les moyens de se payer un tel repas. Macsen m’avait fait la leçon : Non, New York ne grouillait pas de divinités et les « créatures » ne possédaient pas que des points forts, mais aussi des points faibles.

Aux côtés de cette demoiselle, je ne sens pas d’attraction incommensurable, et elle n’abuse pas de polysémie. Non que je n’imagine pas une concentration de Léviathan et autre poulpe agaçant, mais c’est toujours ça de constaté. Elle est aussi plus expressive que le Ficus, ce qui la raye des faunes. Le raccourci est rapide, mais pour fréquenter un demi-faune depuis mon réveil, je suis presque certain qu’elle n’est pas faite de ce bois. Les statistiques poussant vers l’humain, je me dis qu’il est toujours bien d’élargir le cercle de mes connaissances.

- Ai-je répondu à toutes vos interrogations ? Puis-je vous aider en quoi que soit d’autre ?




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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyMar 24 Mar - 10:46


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L’assentiment à mon murmure est encore plus silencieux que lui, ne s’accompagnant d’un sourire. Monsieur de Roncevaux me laisse le temps de finir puis me l’accorde, plus sensible à mon intelligence qu’à mon humour ; ça me va, même si je juge que les deux vont de pair. Une paire qui me fait considérer la réponse du demi-chef de la manière suivante : s’il est indiscutable qu’il ait raison quand au fait que la cuisine ne consiste pas dans un simple assemblage d’ingrédients, quoi qu’elle soit pour moi de la chimie appliquée, il est plus discutable que je ne pourrais la reprendre chez moi. Mon intelligence me permettra de retenir la récitation et mon humour de réitérer mes essais malgré mes échecs jusqu’à ce que le plat soit mangeable voire bon ! Plutôt que de discuter, cependant, j’en rajouterai une couche considérant que j’en tiens une.

Après avoir laissé monsieur de Roncevaux reprendre le menu pour se rafraîchir la mémoire le concernant, je l’écoute avec d’autant plus d’attention qu’il y a du défi désormais. Le changement de sourire de son côté m’apprend qu’il est différent chez lui que chez moi : je n’ai aucune culpabilité à espionner comme je le fais là où lui se malaise, malgré la joie affichée, de ses actions précédentes. Les regrette-t-il ? "Il y a fort à parier que demain il rentre dans le rang". Mais. Il y a toujours un mais car "en mai(s) fait ce qu’il te plait". Licence poétique. Après nous sommes toujours en février, donc il faut faire attention où on met les pieds. C’est ce que fait le demi-chef, vérifiant sans doute que l’entier ou d’autres parties ne soient pas de la nôtre, de partie, après avoir expliqué ses différences philosophiques. De mon côté, j’ouvre ma pochette de cuir pour en sortir petit calepin et critérium. Un traditionnaliste donc, sous les ordres d’un avant-gardiste… traditionnellement c’est plutôt l’inverse qui pose des problèmes. Après, on peut aussi considérer que toutes les configurations non conforment peuvent en poser, si tant est que les autres ne le puissent pas. Cependant, pour en revenir à nos pigeons…

« "Pigeon rôti au tardivo et à l’amande de marcona, braisé au foie gras et à la pomme de terre", cite-t-il alors que je dépasse des pages de croquis, certaines datant de ce midi. La première anomalie réside à marier un oiseau ansériforme, palmipède donc, à un qui ne l’est pas. De là, le gras du canard noie la saveur fine du pigeon. »

Mieux faudrait-il s’en tenir à du canard, donc, afin que le foie retrouve sa place plutôt que ne se la joue alcoolique. Où, tel que je l’écris de mon écriture étonnement freestyle :

Anomalie
→ pigeon canard
→ gras du canard le noie
→ canard + foie de canard = canard entier ?

« L’amande de marcona… Je suis peut-être sectaire, mais les fruits à coques sont à réserver aux poissons et aux desserts. La saveur de l’amande et celle du pigeon ont la même finesse, l’effet s’annule. Je n’ai rien contre le tardivo et la pomme de terre, sauf que je n’aime pas l’amertume du tardivo. »

Sectaire = fruits à coques réservés
→ poissons
→ desserts
Saveur
→ amande
→ pigeon
→ même finesse
→ effet s’annule
tardivo + pomme de terre

Je détourner les yeux un instant mon professeur de celui-ci, d’instant, afin de regarder ma carte mentale et de rayer la dernière note, puisque tardivo et pomme de terre n’aboutissent qu’à un hors sujet. Pas de "mais", cette fois, mais une grimace qui me fait vivement relever les yeux vers celui qui l’a fait alors qu’il ne l’a pas fait ; la grimace et le "mais".

Monsieur de Roncevaux poursuit à l’oral et j’en fais de même à l’écrit. Il m’apprend que j’ai goûté une recette familiale des Pyrénées, ce qui me déclenche un rictus amusé ; je suis traitresse aux Alpes ! Evidemment, il faut relativiser : la concurrence Pyrénées-Alpes n’a pas tellement de sens pour une suissesse, on est assez limités niveau Pyrénées dans mon pays, mais je suis allée suffisamment dans les alpes françaises pour voir sa jeunesse maintenir cette rivalité… tant qu’elle ne croisait personne venant de là-bas. Personnellement, je considère qu’il y a de partout des choses à prendre et des choses à laisser. En l’occurrence, le pigeon pyrénéen est à prendre et je l’apprends. Ça aurait pu faire un bon jeu de mots à l’oral mais ça se limitera à des tentatives à la casserole.

Pigeon Pyrénéen
→ Farce
→ fromage blanc
→ sarriette
→ origan
→ sel
→ poivre
→ évite le dessèchement
/!\ penser à la retirer avant de servir /!\
→ Astuce
→ masser le pigeon avec de l’huile d’olive
→ technique courante sur les gallinacés comme les poulets, les perdrix, etc.
→ Accompagnement
→ pomme de terre
→ assaisonnée avec les mêmes aromates que la viande
→ pour être raccord


Heureusement que j’écris vite et n’ai pas de schéma à faire… quoi qu’ils n’iraient pas beaucoup plus lentement non plus. Le principal dans mes notes c’est que je me comprenne. D’ailleurs, si niveau me comprendre ça passe, niveau comprendre monsieur de Roncevaux… il pourrait me montrer mais pas ici bien évidement ? Ça veut dire quoi ça ?

Je le regarde avec les sourcils relevés et les yeux grands ouverts, me donnant le temps de réfléchir à une réponse plus construite que "en plus de m’avoir expliqué qu’on ne fait pas confiance aux gens qu’on ne connait pas, mes parents m’ont appris à me défendre et m’ont filé les outils pour le faire". Face à ma réflexion, mentale vu que je m’abstiens de la faire partager, monsieur de Roncevaux reprend : la carotte tartare avec pain de seigle et condiments, je m’assois dessus. Sur ce point, rien d’imprévu. Enfin, si, la supposition quant à ma propre surprise.

« Je comprends vite mais faut m’expliquer longtemps, le thème sucré-salé m’a mis un temps à monter au cerveau. »

Là où lui a plissé le nez à la fin de ces mots, j’en fais de même des lèvres à la fin des miens. Cependant, cela vacille : je me rends compte que je viens possiblement de dire que toute l’explication précédente est potentiellement à refaire et donc que j’ai joué contre mon camp dans la surprise qui a servie d’ouverture à l’exposé. Pas que ça soit problématique mais c’est plutôt ironique. J’aurai bien aimé qu’il y ait de l’ironie dans les paroles de monsieur de Roncevaux également, concernant le fait qu’il puisse me montrer, mais cela ne semble pas être le cas. Ce qui nous laisse un silence à nouveau. Je ne m’inquiète pas de mettre du temps à trouver une réponse, ayant d’une part mes notes à vérifier, d’autre part le menu qui m’est revenu et d’une troisième la conscience qu’il n’exigera pas de réponse de suite et préfèrera relancer lui-même la conversation s’il voit qu’aucune ne vient. Je suis donc aussi tranquillisée là-dessus que perturbée par sa proposition.

Chose qui m’amène à fuir son regard lorsque je remarque qu’il me détaille. De la gêne ? Pas réellement. Je suis habituée à ce qu’on me regarde. Moins à ce qu’on me fasse des avances. D’où que je ne sache pas les reconnaitre et m’embrouille seule sur ce qui est possiblement pour lui un point de détail. La perfection est dans les détails or la perfection n’existe pas donc le syllogisme m’encourage à croire que je me prends la tête pour rien. Sauf que je suis perfectionniste.

« Ai-je répondu à toutes vos interrogations, finit-il par demander faute d’avoir de réponse de ma part. Puis-je vous aider en quoi que soit d’autre ? »

Je prends un instant de réflexion, regardant mes notes, avant de revenir à lui.

« Vous avez dit que vous le pourriez via des cours de cuisine, réponds-je aimablement, non sans rediriger le sens de sa phrase afin de l’y limiter et d’assurer mes arrières. Cela vous arrive souvent d’enseigner ainsi ? »

On va pas se mentir et essayer de lui mentir, avec le calepin sur les genoux je peux difficilement lui dire que je ne suis pas intéressée par l’apprentissage. Tout refus serait donc personnel et sans doute pris ainsi. Bon, c’est pas ce qui serait le plus problématique non plus mais, sans doute par gentillesse, je n’ai pas envie d’envoyer bouler un mec qui veut m’aider même s’il est intrusif ce faisant. L’investigation est donc un moyen de gagner temps et informations. Je ne me sens pas menacée, plutôt imprudente.

« Par curiosité, combien prendriez-vous de l’heure ? »

Sans connaitre l’opulence passée, l’argent n’est pas quelque chose qui me manque. Moins par réussite personnelle que par générosité familiale, point qui me travaille également considérant que je suis ici pour prendre mon indépendance entre autres choses, mais cela changera avec le spectacle. J’espère. J’y crois. Après, ma question est moins d’ordre pécunier que destinée à éclairer les intérêts de monsieur de Roncevaux.
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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyMer 1 Avr - 9:57


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La Miss a pris des notes rapides et aériennes dans leur disposition. Elle sent le pragmatisme à plein nez, et une propension pour les arbres de causes à effets. Un esprit logique donc habite cette jolie tête. À mon époque, rares étaient les femmes qui se permettaient une intelligence, même si je crois avoir fréquenté la plus illustre d’entre elles en la personne de Marie Curie. Elle avait balayé tous mes préjugés en la matière. Ce n’est pas demain que le Roncevaux deviendra une unité.

Je l’observe ajuster ses notes. J’espère ne pas avoir fait mauvaise impression. Chaque contact que je peux espérer dans ce milieu professionnel est autant de points d’ancrage dans ma future entreprise. Rome ne s’est pas construite en un jour et si Miss Amy Orchant apprécie mes réponses, voire leurs qualités, peut-être parlera-t-elle autour d’elle de ce restaurant et de ce demi-chef de partie qui sort du lot. Enfin, voilà où vont mes espoirs en cet instant.

- Vous avez dit que vous le pourriez via des cours de cuisine. Cela vous arrive souvent d’enseigner ainsi ?

Elle me prend au dépourvu. Parti sur ma lancée, l’habitude du grand éloquent que je suis, je n’ai pas calculé les retombées. J’incline la tête doucement. Quand la parole fait défaut, c’est le geste qui prend la suite. Mes entraînements avec mon illustre paternel dans les salons mondains des capitales européennes me servent enfin à autre chose que de ne pas faire d’impair à l’étiquette. Ma proposition était spontanée, conduite par sa prise de note assidue.

Dix secondes, c’est le temps au-delà duquel il devient impoli de ne pas répondre. Dix secondes pour échafauder une nouvelle opportunité professionnelle. D’aucuns seraient en panique, mais le métier de l’import-export m’a vu jouer quelques fortunes sur une décision à prendre presque du tac au tac.

- Oui, je peux donner des cours particuliers de cuisine. Quant à l’habitude, disons que je m’entraîne sur mon colocataire qui est un cas… difficile.

Doux euphémisme… manger révèle pour Macsen presque uniquement d’un besoin primaire et vital. Je mets son hérésie sur le compte qu’il est gallois de naissance. Le plaisir de la chair sans sexe. Pas certain que ce maudit faune me comprenne un jour.

- Par curiosité, combien prendriez-vous de l’heure ?

Nouvelle pose où je prends surtout le soin de vérifier qu’aucune oreille indiscrète ne traîne avant de me concentrer à nouveau sur ma potentielle cliente. Sa gestuelle me dit qu’elle n’est pas très sereine quant à cette entreprise et les rues de New York pas assez sûres pour donner tort à ses hésitations.

- J’imagine prendre un peu plus que mon taux horaire actuel qui est de vingt dollars. Toutefois, comme ce serait la première fois que je me lancerais en conditions réelles, je propose que pour ce premier cours vous me donniez ce que vous estimerez ce que cela vaudra.

Je suis honnête sur mon ancienneté dans ce domaine, au risque fort de la faire fuir. Tradition familiale qui se résume à un mot : honneur, de là découle toute une façon d’être. Je désigne son calepin.

- Vous permettez ? Je vais vous écrire mes coordonnées. Je ne me vexerai pas si vous m’appelez en numéro masqué.

Je désherbe d’emblée les écueils en la laissant maîtresse de futures retrouvailles ou pas. Au bas de ses notes que je relie rapidement, j’inscris mon nom et mon téléphone d’une écriture plus habituée à tenir un stylo plume qu’un bille.


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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyVen 3 Avr - 8:55


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J’avais dit que j’en rajouterai une couche considérant que j’en tiens une : non seulement je me prends au dépourvu toute seule avec cette histoire de suspicion de rendez-vous mais en plus je prends au dépourvu le suspect en reformulant la compréhension que je n’ai pas ! C’est dire si ça commence bien. L’inclinaison de la tête de monsieur de Roncevaux est prise comme un acquiescement, après tout nous n’en sommes plus là dans la mécompréhension réciproque. Encore que j’arrive à être parfaitement compréhensible de mon côté, c’est monsieur de Roncevaux qui ne l’est pas ; parfaitement compréhensible, de mon côté toujours. Je le comprends, d’ordinaire c’est l’inverse. Vous comprenez ?

Je ne compte pas les secondes mais vais me permettre de vous épargner le raisonnement mental qui les occupe. Ou pas d’ailleurs : si monsieur de Roncevaux ne sait quoi répondre, et nécessite un temps de concentration à la recherche de cela, c’est d’une part qu’il ne s’attendait pas à la question, d’autre part qu’il n’a pas grande idée de la réponse et que celle-ci est donc qu’il ne lui arrive pas souvent d’enseigner ainsi. Voilà de quoi me faire plisser les yeux de suspicion. Qu’on ne s’attende pas à ce que je vais dire, cela fait parti de mes qualités. Qu’on n’enseigne pas souvent ainsi et propose tout de même à une inconnue de le faire, cela fait parti des raisons le rendant suspect. Qu’on soit surpris par mes conneries entraine un temps de latence de quelques secondes. Qu’on doive réfléchir à ses propres propos entraine un temps de latence de quelques secondes. Monsieur de Roncevaux les prend et moi aussi, du fait. Est-il impoli de faire durer ce silence ? Une seule idée : c’est hors sujet.

« Oui, je peux donner des cours particuliers de cuisine, reprend-t-il pour me ramener dans le sujet. Quant à l’habitude, disons que je m’entraîne sur mon colocataire qui est un cas… difficile. »

Mon expression de suspicion se maintient. J’estime notre niveau de communication normal, puisqu’il me confirme n’avoir pas abordé la chose comme un cours de cuisine ; tout en étant prêt à le faire. Ainsi ai-je la maternité de l’idée, je réclamerai des droits d’auteure et ils seront élevés vu comme je suis perchée. Je refuse toute complicité dans son expérimentation sur des animaux cependant, sauf s’ils sont consentants et cela nous amène à son colocataire. Monsieur de Roncevaux a un colocataire, difficile culinairement, et cela offre pas mal de possibilités sur sa situation. C’est un colocataire, non une colocataire, et cela peut s’expliquer par sa situation financière et un immobilier qui ne doit pas être donné. Je ne ferais pas genre j’en sais quelque chose, dans le domaine de la colocation comme celui de l’immobilier. Cela étant, ça rend la possibilité de dissimulation de mon adresse en acceptant d’apprendre de lui chez lui encore moins enviable ; sachant qu’elle n’est déjà guère enviable de base, il n’y a qu’un esprit tordu comme le mien pour se dire qu’il est plus sécuritaire de dissimuler son adresse d’un inconnu en allant chez ledit inconnu. Niveau instinct de survie, on n’est pas très loin du hamster nain. Heureusement pour moi, ma seconde question lui réclame encore de penser et me laisse l’occasion d’en faire de même, tout en l’observant observer.

Monsieur de Roncevaux imagine prendre un peu plus que vingt dollars de l’heure ; pareillement, je n’ai aucune idée de l’ordre de grandeur que cela représente. Je sais juste que la politesse des pourboires, consistant à reverser 10% de la note au serveur, signifie que chaque serveur se fait une douzaine de dollars de plus par table… et par personne respectant cette tradition. Plus important encore, ce sera la première fois que le demi-chef se lancera dans un cours de cuisine entier ; ainsi pourrai-je payer ce que je voudrais. Je n’arrive pas à savoir si c’est très commerçant de sa part ou pas du tout ; d’un autre côté, je m’en moque complètement. Ça sent bizarre.

Monsieur de Roncevaux enchaine en demandant du geste ma prise de note et expliquant des mots sont intentions. Enfin, son intention envers ma prise de note. Son intention envers toute cette histoire reste à déterminer, même si je lui donne calepin et critérium.

« Les américains ont investi six cent millions de dollar dans le stylo qui fonctionne dans l’espace, les russes y sont allés avec un crayon gris. »

Je ne sais plus où j’ai lu ça et je suis sûre que monsieur de Roncevaux en aura quelque chose à faire… mais bon, c’était l’anecdote qui me vient par association d’idée. Si cela peut détendre l’atmosphère, la blague n’en est que plus drôle. Atmosphère, espace, tout ça ; je sors tout de suite ou je reste imprudente encore un peu ? Considérant qu’il part du principe que je l’appellerai, en numéro masqué ou non, j’hésite. Enfin, j’hésiterai même sans cela puisque ses réponses donnent du grain à moudre au moulin à paroles qui me sert de cerveau. Il faut cependant reconnaitre que tout et n’importe quoi donne du grain à moudre et que c’est comme ça que je fais ma tambouille ; il en ressort toujours quelque chose.

« Vous appelez en numéro masqué pour vous inviter chez moi, j’adore votre instinct de survie, avoue-je sans ironie, me sentant d’autant plus concernée que c’est moi qui suis sensée entreprendre l’action et que j’ai déjà convenu mon propre niveau dans le domaine. Cela étant, je ne suis pas certaine de l’accès à la cuisine de ma résidence. D’ailleurs, je ne suis pas certaine qu’ils laisseront y cuisiner un extérieur non plus. »

Il va sans dire que la suite que je loue à l’Hôtel de la Pyramide dispose de sa propre cuisine. Cependant, l’idée est justement d’éviter de ramener un inconnu dans ce qui se rapproche le plus d’un chez moi ici. Le vrai problème étant qu’en disant cela, j’ai créé une incohérence : n’ai-je pas déjà énoncée ma capacité à cuisiner précédemment ?

« Je me permettrai de demander. »

Voilà qui résout le problème. Le personnel de l’hôtel de la pyramide est habitué à mes questions inhabituelles et mes requêtes improbables, même si tous ses membres ne les prennent pas forcément de bonne grâce. Afin de garder une ambiance bonne enfant, je me permets d’agir comme tel, une bonne enfant, et vais donc toujours demander à ceux qui disent oui plutôt qu’à ceux qui n’aiment pas. Cela étant, pour les bonnes grâces de ceux qui m’en font profiter, je vais enquêter un peu plus avant de mettre cette aventure en branle.

« Votre pause commence-t-elle bientôt ? Il y a pas mal de cafés à proximité et faire plus ample connaissance m’aidera peut-être à argumenter pour qu’on vous laisse entrer. »

Comme pour les cuisines du Pyramide, un lieu public est un lieu plus sécurisé que son propre appartement lorsqu’il s’agit d’y interagir avec des inconnus. Même quand l’idée est de les connaitre. Ce qui me fait réaliser que je continue de jouer contre mon camp d’ailleurs, puisque c’est moi qui propose le rendez-vous redouté. Tâchons de rester professionnelle afin qu’il en fasse de même. A rajouter une couche parce qu’on en tient une on finit par oublier que ça ne sent pas toujours bon ; tant qu’on ne tape pas dessus on évite de trop s’emmerder et je vais garder ça en tête pour ne pas finir par être dedans jusqu’au cou. Amen.
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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyMar 14 Avr - 5:42


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- Vous appelez en numéro masqué pour vous inviter chez moi, j’adore votre instinct de survie. Cela étant, je ne suis pas certaine de l’accès à la cuisine de ma résidence. D’ailleurs, je ne suis pas certaine qu’ils laisseront y cuisiner un extérieur non plus.

J’ai le sentiment d’avoir été un peu trop rapide dans cette transaction. Mon tempérament méditerranéen me joue des tours dans cette ville américaine où se serrer la main est considéré comme étant familier ou très protocolaire, tout comme les relations hommes – femmes : toujours laisser une porte ouverte, ou garder un témoin pour ne pas être accusé à tort de harcèlement. À croire que le démon sommeille dans chaque homme, ou plus sûrement la faute aux avocats qui ont lancé une course aux précédents avec des indemnisations mirobolantes devant des crimes surexploités. Dans les vieux journaux que je lis pour rattraper mon retard, je me souviens d’un type qui avait plaidé sa nationalité française en guise de défense. Ce qui avait été considéré comme malvenu aux États-Unis était culturel dans le pays aux mille fromages. Je retiens mon souffle, ce pays procédurier m’effraie parfois avec ce bulldozer de justice où un homme tombe, non à cause de ses crimes, mais à cause du jeu de langue de la partie adverse. Il me faut plus que quelques mois pour intégrer tous les codes sociétaux comme une seconde peau. Je n’aime pas cela, car c’est au final renier mes origines, mais c’est un impondérable si je veux pouvoir jouir de ma liberté.

-  Je me permettrai de demander.

Je me permets de respirer.

- Votre pause commence-t-elle bientôt ? Il y a pas mal de cafés à proximité et faire plus ample connaissance m’aidera peut-être à argumenter pour qu’on vous laisse entrer.

Mon sourire revient, Miss Orchamp réclame ma compagnie. Sa question est directive. Mais elle a le droit de ce risque : c’est une dame. Entre rentrer à l’appartement et aller discuter dans un café, mon choix est vite établi.

- À vrai dire, je suis déjà en pause. Que diriez-vous de la brasserie italienne à l’angle de la rue ? À cette heure-ci, ils ont terminé le service du midi, il est donc tout à fait possible d’y déguster une boisson chaude et une pâtisserie, bien que j’imagine votre ventre repu.

Je me redresse, hésite à tendre une main pour aider la demoiselle, puis agi. Elle n’est après tout, par originaire de ce continent qui ne distingue pas la galanterie de la mauvaise drague. Sur le trottoir, j’adapte ma foulée à celle de la jeune femme.

- Si vous avez l’accord pour faire travailler un professionnel hors établissement dans la cuisine dont vous avez la jouissance, il faudra me faire un bref inventaire de ce qu’il s’y trouve pour adapter le cours. Je viendrais avec ma mallette de couteaux et autres ustensiles personnels.

Quelques pas plus loin, je tiens la porte du « Dolce Vita » à la jolie demoiselle. Je la laisse choisir l’endroit où elle préfère se poser et m’assieds sur le siège lui faisant face. Une serveuse s’enquiert de nos désirs. J’opte pour un latté avec une part de panettone. Quand elle se retire avec nos deux commandes, j’embraye la conversation. Miss Orchamp avait évoqué l’idée de mieux nous connaître, j’en dévoile donc un peu plus sur moi afin d’expliquer le pourquoi du comment j’en suis à donner mon premier cours de cuisine.

- Avant la brèche, j’étais dans l’import-export en France. Mon entreprise s’est effondrée avec le monde. Le changement de continent et un métier qui est revenu aux mains d’une minorité qui s’est trouvée au bon endroit au bon moment, font que j’ai changé mon fusil d’épaule. Il ne sert à rien de courir après des chimères. J’ai pu bénéficier d’un bilan de compétence un peu impromptu qui m’a ouvert les yeux sur mes capacités et mes goûts. Comme le laisse entendre la particule de mon nom, je suis issue d’une famille aisée fière d’une longue tradition, dont entre autres la cuisine française.



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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyMer 15 Avr - 15:10


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Je ne suis pas la seule à beaucoup réfléchir après mes propres paroles, monsieur de Roncevaux en fait tout autant. D’ailleurs, autant a-t-il été indifférent à mon anecdote, autant est-il légèrement différent à mon incertitude : il la partage et semble la redouter. Ce que je ne comprends pas, pour changer. Ce que je comprends bien, pour changer aussi, c’est cette apnée que je perce d’un simple ajout à ma déclaration précédente. Est-ce si important que cela qu’on se retrouve près de chez moi ? Ça sent bizarre, toujours.

Et comme je mets mon nez où il ne faut pas lorsque ça sent bizarre, ce qui fait que je mets mon nez où il ne faut pas au carré mathématiquement, monsieur de Roncevaux en vient à sourire. Bon signe ? Je ne sais pas. Au moins, sa réponse ne tarde pas. C’est à mon tour d’être retenue, même s’il s’agit plutôt d’être interrompue.

Comment ça, il est déjà en pause ?

Il est venu me voir sur mon temps de pause alors que ses supérieurs étaient occupés ? Soit il est gentil, dans les deux sens du terme, soit il est étrange. Dans tous les cas, il est exploité. Dans le premier, j’empathie. Dans le second, j’en pâtie. Dans les deux, cela se poursuit par une proposition et un trait d’humour. C’est bien ce dernier qui me redessine un fin sourire, le reste étant à considérer et traité comme tel.

« Va bene. »

Je le regarde se redresser et hésiter puis m’en reviens à mon calepin pour entreprendre de le ranger. Une fois ma pochette de cuir close, j’accepte la main qui m’est de tendue pour la première fois ; une poignée de main m’aurait portant apportée de précieuses informations, même si je me fais confiance pour avoir cogité de la manière précédente quoi qu’il soit arrivé.

Un signe de main à l’hôte d’accueil lui signale que je suis prête à m’en allé, l’amenant à commander qu’on me rapporte mon manteau. S’il est frère de mon blanc par sa coupe et son matériau, l’actuel est noir ; mais cependant tout aussi beau. Afin que le spectacle continue, je le porte en cape alors que je marche au côté de monsieur de Roncevaux jusqu’à la sortie de l’immeuble et encore au-delà.

J’ai la foulée longue, rapide du fait, cependant interrompue avec régularité. Si je marche plus vite et agilement que les passants, je n’ai pas leur empressement et ne force jamais le passage. Même envers les pigeons, quand bien même le repas précédent et le demi-chef présent témoignent de ma supériorité dans la chaine alimentaire. Je m’émerveille toujours de les voir attendre au passage piéton d’ailleurs, même si c’est stupide et me fait le paraitre probablement.

« Si vous avez l’accord pour faire travailler un professionnel hors établissement dans la cuisine dont vous avez la jouissance, il faudra me faire un bref inventaire de ce qu’il s’y trouve pour adapter le cours, reprend-t-il durant la marche, me conduisant à faire marcher mon esprit autant que mon corps dans une recherche de souvenirs. Je viendrais avec ma mallette de couteaux et autres ustensiles personnels.

- Je vous mettrais en relation avec le chef, dis-je pour contourner mon problème de rangement mémoriel. Il aura des consignes à vous donner et connait son lieu mieux que moi. »

Entre autres choses. Je ne vais pas faire genre je connais la cuisine de la Pyramide : j’ai dû y aller, cependant je ne l’ai jamais dessinée ni observée en détail. Me souvenir de tout ce qui s’y trouve, autrement qu’en disant "tout", est au-delà de ma portée. Je ne m’en formalise pas vraiment. L’absence de poursuite à la discussion pourrait être problématique s’il n’était pas évident que mon attention se porte sur les mille et une choses qui m’attirent le regard, m’assaillent l’audition et m’agressent l’odorat. S’il y a moins de vie en ville qu’en forêt, la seconde a une harmonie que je ne sais trouver à la première. Cela étant, le trajet n’est guère long.

La brasserie italienne est parée d’un nom qui me fait sourire ; on pourrait le dire cliché mais j’y préfèrerais le terme "typique" tout en rappelant que si les clichés le sont devenus, clichés, c’est par déconsidération ou abus de leur statu de classiques. Or, on ne devient pas classique sans raison. Comme la galanterie : ceux qui la disent dépassée, ou sexiste, ne savent surement pas l’apprécier. Pour ma part, j’acquiesce avec un sourire de gratitude envers monsieur de Roncevaux.

L’hésitation se fait ensuite quant à rester près de la ville et de son agitation ou à fuir tout cela dans l’une des tables du fond. L’hésitation est donc brève. Je me déleste de mon manteau avant de m’assoir sur une banquette, volontairement dos au mur. Là où monsieur de Roncevaux se dévoile amateur de café au lait, j’opte pour un bicerin et interroge sur la possibilité de l’accompagner de gianduiotto ; quitte à rouler, autant le faire bien ! Finalement, je me contenterai du premier. Sans doute est-ce déjà trop même si je serais malade dans la nuit. Je suis habituée à avoir du mauvais repos, cela ne me gêne pas tant que cela ne gêne pas mes activités.

La discussion avec monsieur de Roncevaux se fait à son sujet : import-export en France, pré-Brèche, avec suffisamment de succès pour atterrir ici, post-Brèche. A moins qu’il n’ait été ici lors de ladite Brèche et qu’il y soit resté, conscient qu’il n’y avait plus grand-chose pour l’attendre de l’autre côté. Cela ne m’attriste pas particulièrement de savoir qu’il a "tout perdu" durant le cataclysme, après tout c’est le cas de la majorité. Cela m’intéresse plus particulièrement de savoir qu’il a réussi à rebondir dans son métier actuel du fait de son appartenance à une minorité capable de l’accomplir. Au bon endroit au bon moment, cela fait parfois tout.

"Il ne sert à rien de courir après des chimères", me dit-il. Je grimace légèrement à cette idée, triste.

« J’ai pu bénéficier d’un bilan de compétence un peu impromptu qui m’a ouvert les yeux sur mes capacités et mes goûts, continue-t-il, attirant mon attention et ma curiosité. Comme le laisse entendre la particule de mon nom, je suis issue d’une famille aisée fière d’une longue tradition, dont entre autres la cuisine française.

- D’accord. »

Classe moyenne supérieure à cause des circonstances, plutôt tendance bourgeoise lorsqu’il était en France. Ou plus exactement noble, même si cela a perdu beaucoup de sens après la Révolution et la récupération du pouvoir et des attributs par la bourgeoisie. Import-export, cela explique son aspect entreprenant et sa tendance à sauter sur les occasions ; impossible de dire combien de contrats a-t-il obtenu au bagou. La méthode marche plutôt bien, je suis pratiquante aussi.

« Je suppose que votre passage par la demi-chefferie n’est que temporaire. Outre les désaccords culinaires avec votre supérieur, vous avez l’âme d’un entrepreneur. »

Est-ce cela dont il s’agit ? Impressionner du beau monde pour tirer son épingle du jeu ? Ce serait non seulement compréhensible mais également rassurant. Je suis une bourgeoise qui peut lui permettre d’accéder à un réseau et possiblement d’évoluer pour ses compétences et aspirations, non pour celles d’un chef déjà installé qui, qui plus est, n’est pas dans la même ligne culinaire que lui.

« Je vous souhaite bonne chance, même si elle semble vous avoir déjà souri, et bon courage, même si vous ne semblez pas en manquer. »

Il m’a parlé de l’implication du hasard dans sa décision d’être cuisinier et m’a prouvé sa volonté dans sa décision d’être professeur de cuisine. J’ignore s’il me croit bien positionnée dans la société newyorkaise mais je conçois que je le sois plus que lui par mon seul héritage. L’aiderai-je ? Probablement pas. Je ne vois pas comment et surtout j’en suis moi-même à chercher à percer, quand bien même nous ne sommes en concurrence. Après, je ne considère pas comme une aide de le payer pour les éventuels cours de cuisine, seulement ceux-ci resteront limités s’ils ne s’adressent qu’à moi. Or je n’ai pas tellement de connaissances à qui le recommander et j’aspire à savoir faire ce qu’il fait, donc à pouvoir potentiellement l’enseigner.

« Pourriez-vous me parler plus en détail de votre bilan de compétence, s’il-vous-plait ? »

Je suis curieuse de l’étendue de celles qu’il possède, et des ramifications que cela aura vis-à-vis de sa propre personne. A défaut de prendre des notes, mon attention est focalisée sur celle-ci.
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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyDim 26 Avr - 10:03


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- Je suppose que votre passage par la demi-chefferie n’est que temporaire. Outre les désaccords culinaires avec votre supérieur, vous avez l’âme d’un entrepreneur.
- Prouver ses compétences est moins hasardeux dans ce domaine qu’une publicité basée sur rien de concret. Au risque de paraître arrogant, je suis certain de mes acquis. Tout à l’heure, j’ai dévié de la recette du restaurant, une faute professionnelle en soi, mais une faute volontaire. Après une remontée de bretelles, le chef a reconnu la qualité gustative de mon mets. J’ai la prétention de penser qu’entre malus et bonus, je sors gagnant de ce duel. Après-demain, il me demandera mon avis sur le menu, à moins que je sois déjà loin dans un établissement concurrent. Le mien peut-être. L’avenir appartient aux audacieux, mademoiselle Orchamp.
- Je vous souhaite bonne chance, même si elle semble vous avoir déjà souri, et bon courage, même si vous ne semblez pas en manquer.

Je souris à ses encouragements, avale une gorgée de mon latte, puis enfourne un morceau de gâteau. Je n’arrive pas à cerner la place que cette jolie fille occupe dans la société. Simple fille de riche qui profite de l’argent de papa pour se la couler douce ou… Ou quoi ? Je regarde ses mains parfaitement soignées. Je l’imagine mal sur un poste de direction ou quelque chose y avoisinant. Sa curiosité culinaire me souffle qu’elle ne passe pas son temps le nez plongé dans les comptes d’une entreprise. C’est une hédoniste, il le faut pour dépenser autant d’argent dans un menu gargantuesque. Elle a analysé chaque plat, noté les défaillances. C’est une perfectionniste.

- Pourriez-vous me parler plus en détail de votre bilan de compétence, s’il-vous-plait ?

La question me prend au dépourvu. Je soupire, hausse les sourcils. Bilan de compétence était une métaphore pour une rencontre avec un être qui ne joue que par ce biais, le pouvoir des tournures de phrases et autres artifices grammaticaux.

- Disons que cela s’est passé dans une situation de circonstance que je garderai pour moi. Je cherchais ma voie, une autre que celle inaccessible pour l’instant de l’import-export. J’ai été mis en échec par cette compétence que je possède en cuisine. C’était un peu comme buter sur un livre que vous saviez posséder, mais qui était oublié sur le sol. Voyez cela comme un déclic.

La porte de l’établissement s’ouvre sur une horde de nanas qui parlent fort de leurs précédents achats et du salon de massage où elles semblent avoir rendez-vous en soirée. L’une d’elles semble être le centre d’attraction des autres. La plus boudinée du lot, forte d’un courage de groupe, clame au serveur qui vient vers elles que son amie enterre sa vie de jeune fille et qu’il lui faut des suppléments extravagants de chantilly. Voilà la cause de cette bouée abdominale peu seyante. La future épouse rit, alors que ses yeux de biche ne sont que panique.

- Je me demande ce qu’elle craint le plus : le programme que lui ont concocté des amis ou l’engagement qu’elle s’apprête à prendre.

Je détourne mon regard pour observer ma potentielle élève. Si ce cours doit avoir lieu, je ne doute pas du degré d’exigence qui sera le sien. Même si je lui laisse toute la discrétion sur le montant qu’elle évaluera de ma prestation. J’aime les challenges et me réjouis d’avance d’y être. J’ai été bien disert sur ma personne, à mon tour de me montrer curieux.

- À part décortiquer au rayon laser le menu gastronomique d’un restaurant renommé que faites-vous dans la vie ?

Pas d’alliance à son annulaire, pas d’engagement comme celui de la biche égarée qui rit bien trop fort pour être à l’aise à l’autre bout de la brasserie.

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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyDim 26 Avr - 15:10


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J’ai fait mouche avec ma supposition, entrainant une réponse aussi immédiate que détaillée ; réponse que j’écoute avec intérêt, ne grimaçant qu’à la fin. Effectivement, prouver ses compétences en cuisine est plus aisé qu’en art. Effectivement, la confiance en soit peut vite tourner à l’arrogance mais je n’irais pas jusqu’à juger de la limite présentement. L’argumentation qui s’en suit argumente, justement, et c’est en effet une opportunité que je n’aurai pas réellement vue. J’apprécie cependant le fait de transformer ses erreurs en réussites, que cela soit par en apprendre ou en créant des opportunités grâce à elles ; Merwyn Caerwyn doit m’en être témoin. Cela étant, je peux également céder à la prétention, comme monsieur de Roncevaux. Son pari portera-t-il ses fruits et son supérieur le considèrera-t-il d’avantage ? Ou l’inverse se produira-t-il et, effectivement, le demi-chef ira poursuivre son activité ailleurs ? Il semble avoir prévu les deux possibilités, et celles qui les sépare. Cela doit être très rassurant d’avoir la possibilité de retrouver immédiatement un emploi après la perte du précédent, là où je m’engage dans une vie où je devrais les trouver les uns après les autres au milieu d’une concurrence féroce. Je suis néanmoins d’accord avec le fait que l’avenir appartienne aux audacieux, même si le "mademoiselle Orchamp" me casse juste après.

Je réponds tout de même par mes souhaits, consciente qu’une opportunité ne devrait tarder quant à le rattraper, et ils sont appréciés. Puis je poursuis la discussion et attaque ma boisson en un relai avec monsieur de Roncevaux, que je perturbe une fois encore. Il soupire, hausse les sourcils ; déplaisante expérience, il semble. Peut-être une erreur transformée en victoire ? J’acquiesce avec douceur à la déclaration d’une vie privée, plus que compréhensive du sentiment. Je considère la recherche puis les difficultés que doivent présenter l’import-export actuellement. Merwyn Caerwyn m’a exposé que la puissance de New York lui a permis de rouvrir les marchés de la ville ainsi je ne doute pas de l’existence d’agents de ce domaine. Cependant, considérant la fragilité du système international et les dégâts faits par le cataclysme, je me doute que l’importation n’est pas un marché d’enfant de cœur. Il y a une raison pour laquelle la ville a été autant armée dès la fin 2008, après qu’elle ait réussi à assurer sa propre stabilité et à être reconnue comme indépendante par le et les reste(s) du monde.

« Je comprends, réponds-je à l’histoire de voir cela comme un déclic, même si le fait d’être mis en échec par une compétence que l’on possède et qui nous permet d’en vivre m’est bien plus obscure. On m’a toujours encouragée à apprendre de mes erreurs et de mes échecs, je pense que vous avez une philosophie similaire. »

La conversation, comme toutes celles du café il me semble, est interrompue par l’entrée d’un groupe de jeunes femmes. Tout comme mon interlocuteur, et le reste des personnes présentes il me semble toujours, je leur accorde mon attention pour trouver des réponses. Quelques-unes viennent par le langage articulé complet, quoi que l’articulé puisse être débattu, mais la majorité m’en vient du langage corporel, comme souvent.

« Je me demande ce qu’elle craint le plus : le programme que lui ont concocté des amis ou l’engagement qu’elle s’apprête à prendre.

- Elle réagit à ce que font les autres et contient ses émotions, auxquelles lesdites autres ne prêtent guère attention. Elle est timide, dépassée, sans doute gentille ; d’où qu’elle ait trouvé mari et mené à bien un projet de mariage avant les autres. Projet qu’elle doit avoir planifié, contrairement à tout ceci. Je dirais donc qu’elle craint, tout au moins actuellement, plus le programme qu’elle ignore que celui qu’elle considère connaitre. Mais ce n’est qu’un avis. »

Je vois monsieur de Roncevaux observer et m’observer. Je suis curieuse de jusqu’où il est capable d’aller. Ainsi je donne une information en espérant recevoir son équivalente, chose qu’il semble attendre de moi également. Effectivement, je ne l’ai pas fait jusqu’ici. Il est rare que j’ai la présence d’esprit de donner de moi-même des informations équivalentes à celles que mes interlocuteurs m’ont donnée. Tout comme il est rare que j’ai la présence d’esprit d’en donner sur moi qui ne me soient pas explicitement demandées. Le pire étant, peut-être, qu’il est rare que j’ai la présence d’esprit de retourner les questions que l’on me pose à leur propriétaire. Difficile de savoir si c’est une question d’être tête-en-l’air ou superficielle, sans doute un peu des deux.

Je vois monsieur de Roncevaux observer et m’observer. Je vois son regard, sans doute par association d’idées avec l’élément perturbateur, s’attarder sur mes mains. Elles sont de pianistes, assez littéralement, et mon annulaire gauche supporte une bague faite d’un alliage métallique clair et sertie d’une opale bleutée. Elle est bien loin des chevalières de ma famille et de ses proches collaborateurs mais devrait me permettre de me protéger efficacement, qu’il s’agisse de créatures magiques ou de dangers humains. Je n’ai pas encore gagné le droit à une chevalière et ne l’aurait peut-être jamais.

« J’apprends, réponds-je quand à ce que je fais dans la vie, ramenant mes yeux vers celui à qui je m’adresse. Après, cela ne permettrait pas d’immigrer ici comme je l’ai fait. Mon projet est basé sur du spectacle vivant, j’ai d’ailleurs rendez-vous au centre Thèbes pour la préparation de mon premier conte postmoderne d’ici quarante-cinq minutes environ. A terme, mon objectif est pouvoir organiser les spectacles et des festivités de façon autonome, histoire de pouvoir toucher tant aux arts qu’à l’ingénierie. »

J’hésite à lui parler de ma famille, après tout il en a fait de même de son côté, puis me dit qu’il saura demander ce qui l’intéresse vraiment. Cela étant réglé, je réalise que, à parler de mon rendez-vous à venir, celui-ci, du fait du délai imparti, en ressemble davantage à un entretien d’embauche. Evidemment, tel que monsieur de Roncevaux l’a énoncé plus tôt, il n’a pas à prouver ses compétences. Seulement ses intentions.

« Si jamais vous finissez dans un restaurant pratiquant l’activité de traiteur, peut-être sera-t-on amené à se recroiser professionnellement. Chose qui me fait me demander : quel est votre intérêt dans le fait d’enseigner la cuisine ? »

Détailler ma pensée avec des suppositions ne ferait qu’orienter sa réponse alors je m’en abstiens. Désormais qu’il sait que notre temps ici est limité, monsieur de Roncevaux devrait s’adapter rapidement pour conserver son but. But dans lequel, au final, je peux être utile ; enfin, plus utile qu’à travers quelques heures d’enseignement. Effectivement, cette utilité risque de ne pas venir avant des mois voire des années, si jamais elle vient, mais l’avenir sourit aux audacieux comme il l’a dit. Ainsi, je pense qu’il va tenter cette piste, sous réserve que ce ne soit pas ce qu’il espérait dès le début ; profiter du réseau de quelqu’un de la classe supérieure. Le pire dans cette histoire est que je trouve cette hypothèse plus rassurante qu’un rendez-vous galant. Sans doute parce que cela nous éviterait une scène gênante. Enfin, plus gênante que de devoir expliquer que mon nom de famille se prononce de façon analogue à celui de Christine Ockrent.
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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyMar 5 Mai - 8:48


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-  J’apprends, me répond la belle.

Retour équivoque à ma question. Je doute qu’il existe encore des échanges internationaux au sein des Facs. Elle donne raison au fil de mes pensées en précisant qu’elle évolue dans le monde du spectacle. Ce point m’a d’ailleurs étonné, tant à notre passage à Londres pour attraper l’un des rares vols intercontinentaux encore disponibles, ou à mon arrivée à New York. La Terre a encaissé un cataclysme majeur, digne de celui à l’origine de l’extinction des dinosaures et l’homme entre autres infrastructures à redresser n’avait pas oublié l’art et le divertissement, surtout ce dernier.

Une vie à deux vitesses encore et toujours. Je doute que les producteurs qui approvisionnent le restaurant où je travaille aient le temps ou les moyens d’aller admirer le spectacle de Miss AuChant. Ce n’est point de sa faute, ni du leur, mais des cartes que l’on reçoit et du jeu que l’on en fait. Je souris en coin en pensant à mon propre jeu, il y a peu je croyais ne posséder qu’une carte, un bel atout en la personne de Macsen, mais Poulpy m’a fait réfléchir sur ma vie et mon destin. Mon libre arbitre aussi. Je possède bien plus de cartes que je ne pouvais l’espérer sans compter que je sais pouvoir piocher dans le propre jeu de Macsen.

Une partie des explications restent obscures pour mon niveau de connaissance loin d’être complètement mises à jour. De mon temps les artistes ne se préoccupaient pas de la régie et inversement. À se mêler de tout, nombre de métiers meurent, d’autres apparaissent, certes. Entre deux phrases, elle glisse un délai et un lieu : quarante-cinq minutes et le centre de Thèbes. Ce n’est pas la plus petite salle de spectacles de New York.

- Si jamais vous finissez dans un restaurant pratiquant l’activité de traiteur, peut-être sera-t-on amené à se recroiser professionnellement.
- Ou simplement votre envie de manger dans un restaurant.

Je l’imagine plus à m’être utile en venant tester mes plats avec des amis que de me proposer un contrat professionnel. Traiteur ? C’est un métier parallèle à celui de chef, mais il n’est pas inutile de posséder plusieurs cordes à son arc. J’acquiesce de manière évasive. Moi aussi j’apprends, ou j’écoute plutôt.

- Chose qui me fait me demander : quel est votre intérêt dans le fait d’enseigner la cuisine ?
- Constater à la source ce que les gens ont envie de manger. Seuls les chefs renommés peuvent prétendre imposer leur cuisine, je n’ai pas cette prétention.

Pas encore, pensé-je en lissant ma moustache avec les doigts pour vérifier qu'aucune miette ne s’y est pas égarée. Amy Auchant a tout de l’examinatrice, un trait de caractère, je suppose. Ses mots sont pesés au gramme près et elle écoute attentivement mes réponses qu’elles soient verbales ou corporelles. Je ne sais pas quelles conclusions elle tire de notre échange.

- En attendant que vous me contactiez pour ce cours de cuisine, n’hésitez pas à revenir manger là où je travaille, seule ou avec des amis.

J’appuie mon dernier propos d’un sourire amical. Je regarde ma montre, il me reste deux heures avant de reprendre mon service.

- J’ai du temps devant moi et marcher un peu me ferait le…
- Hum, hum…

Je m’interromps et regarde celle qui me coupe. C’est la future jeune mariée plus rouge qu’une pivoine. Je comprends son malaise à ses amies qui gloussent dans son dos comme des gallinacés.

- Je… J’ai…
- Je vous en prie, dites.
- Je-dois-faire-la-bise-à-tous-les-hommes-entre-vingt-et-quarante-ans-présents.
- …

- C’est un gage de… sa voix se meure en regardant du côté de ma compagne de table.
- J’avais compris.

Je m’essuie proprement les lèvres et me lève sous le regard, il me semble amusé, de l’artiste en musique moderne, pour me saisir de la main de la fiancée.

- Par respect pour celui qui va vous accompagner pour la vie, je m’en tiendrai à un acte galant. Et ça compte double ! dis-je un peu plus fort à la basse-cour qui caquette.

Sans quitter le regard de biche perdue de la dulcinée, j’applique mes lèvres sur le bout de ses doigts.

- Tous mes vœux de bonheur, Miss.

(…)

- Je vous propose de vous accompagner en flânant jusqu’au centre Thèbes, c’est dans la direction de Central Park où je pense m’asseoir sur un banc et contempler les pigeons et les moineaux avant de reprendre mon service.


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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyMer 6 Mai - 7:12


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Les observations de monsieur de Roncevaux à mon égard se teintent de surprise et d’incompréhension à mes réponses. N’ai-je pas l’air d’être du show business ? Tout à fait possible. Sans doute que je ne me montre pas assez perchée pour l’heure, plus occupée à une prudence qui m’a été rappelée à l’ordre. Je dirais bien que je me moque de ce dont j’ai l’air mais c’est faux : l’habit ne fait pas le moine mais il y contribue grandement. Mon habit fait bourgeoise et peut-être cela semble-t-il limitatif ; je renvois possiblement l’image d’une personne qui pourrait profiter de l’héritage familial pour vivre sans travailler, cependant c’est sans compter sur mes parents. Ils m’ont permis de faire tout ce que je voulais faire et m’auraient soutenue quoi que je veuille faire, cependant leur répondre "rien" m’aurait sans doute amené à recevoir cette même réponse. Et puis, avec toutes les portes qu’ils m’ont ouvertes, l’idée de ne rien faire m’est totalement étrangère. Je sombrerais.

Le sourire supérieur de monsieur de Roncevaux me ramène à lui et je poursuis sur des considérations plus professionnelles. Lorsqu’elles en reviennent à lui, il se permet de m’interrompre sur une idée qui n’est pas fausse : que j’aille manger dans son restaurant serait professionnel, pour lui. J’avais envisagé cela de mon point de vue mais il n’a pas tort du sien, de point de vue. Une considération qui me conduit à rester interrompue, comme buggée, quelques secondes avant de retrouver la pensée qui devait s’en suivre : ce que je me demandais, la conclusion de ma considération, enfin bref mon investigation sur ses intentions.

« Constater à la source ce que les gens ont envie de manger. Seuls les chefs renommés peuvent prétendre imposer leur cuisine, je n’ai pas cette prétention. »

Si j’étais à côté de la plaque l’instant précédent, je maintiens fermement ma position. Je comprends le raisonnement mais ne comprend pas en quoi apprendre aux autres à faire ce qu’il fait aidera monsieur de Roncevaux à savoir ce qu’ils veulent qu’on leur fasse. Je le regarde donc faire son geste digne avec sa moustache qui l’est un peu moins, sans trop savoir quoi répondre. C’est donc ça… je comprends mieux les gens qui ne me comprennent pas car, si je me comprends très bien, je ne comprends pas très bien mon interlocuteur pour le coup. C’est excellent. Rien que pour ça, je me dis que le cours de cuisine vaudrait la peine sous réserve qu’il n’en devienne pas une.

« En attendant que vous me contactiez pour ce cours de cuisine, n’hésitez pas à revenir manger là où je travaille, seule ou avec des amis. »

Il conclut d’un sourire amical, je réponds d’un sourire teinté de la pensée précédente : la peine. Outre que je n’ai pas encore de réels amis, plus des collègues pour qui j’ai beaucoup de sympathie, c’est en effet une nouvelle évidence qui m’est passée au-dessus de la tête. Rien qui ne changera ma vie, cependant, donc je ne m’en inquiète pas. Je ne suis pas seule considérant le temps passé à travailler. Et les imprévus comme celui-ci.

Monsieur de Roncevaux a du temps devant lui mais un nouvel imprévu s’en vient lui en réclamer. C’est la future mariée, dont la timidité est tournée en jeu par sa cour dans une récréation qui devrait bientôt nous être expliquée. Visiblement, j’avais raison sur mes suppositions ; et elle avait raison de craindre le plan qu’elle ne connait pas plus que celui qu’elle pense connaitre. Monsieur de Roncevaux tâche de la mettre à l’aise malgré les roucoulements sonores des instigatrices. Pour ma part, je détaille plus le charme de l’innocence et de la vulnérabilité. Charme qui, son aveu fait, tourne ses yeux vers moi. Suis-je sensée être jalouse ? Cela ferait sens : réclamer un écart de fidélité d’une personne casée avec une autre personne cherchant à le faire. Est-ce cruel ? L’innocence peut l’être, par ignorance. D’un autre côté, cela prouve que je ne suis pas la seule à percevoir ce rendez-vous comme galant. Chose qui, puisque l’habit ne fait pas le moine mais qu’il y contribue grandement et que les apparences sont parfois trompeuses donc généralement elles ne le sont pas, m’en ramène aux réflexions précédentes. Sachant que cela m’en rajoute une : peut-être que "constater à la source ce que les gens ont envie de manger" est une manière généralisée de se renseigner sur mes goûts personnels.

Guère le temps de m’y attarder cependant, monsieur de Roncevaux se lève pour participer au gage avec la même dignité que précédemment. Ça me fait sourire, expression croissante lorsque la réplique s’en vient : du respect et de la galanterie, ça compte double ! Plus un. Et le baise-main, même timide, c’est un plus !

« Tous mes vœux de bonheur, Miss. »

J’attends que l’action se termine pour interrompre à mon tour, histoire de rajouter un grain de sel qui est possiblement cruel par innocence comme précédemment.

« Et bonne chance. »

[…]

J’écoute la proposition de Josh de Roncevaux alors que je repasse mon manteau sur mes épaules.

« Je vous propose de vous accompagner en flânant jusqu’au centre Thèbes, c’est dans la direction de Central Park où je pense m’asseoir sur un banc et contempler les pigeons et les moineaux avant de reprendre mon service.

- A défaut d’import-export, vous chassez donc ce que vous cuisinez, réponds-je avec le sourire. J’approuve. »

La réponse vaut tant pour la blague, parce que je risque d’être la seule à approuver mon humour, que pour la proposition. La discussion m’a rassurée quand aux intentions de mon interlocuteur : il essaie de percer et saisie la moindre opportunité qu’il trouve pour se faire. Il est gentil et s’adapte à la société newyorkaise ; en somme, nous avons pas mal de points communs. Selon comme se passera le cours de cuisine, désormais assuré, peut-être pourrait-on devenir amis.

« Du coup, reprends-je une fois dans la rue, est-ce qu’un conte musical et chorégraphié vous intéresserait ? J’ai déjà demandé des places pour pouvoir inviter des gens, je peux vous en obtenir une également. »

Je me doute que le spectacle vivant n’est pas un loisir que monsieur de Roncevaux pratique souvent. Cependant, je pense qu’il est plus aisé à apprécier que les autres, justement parce qu’il est vivant. Combien de personnes redécouvrent les joies de théâtre et de l’opéra ? Certains semblent considérer que ce sont des arts et des spectacles du passé, inférieur à l’audiovisuel dont ils sont l’ancêtre. Personnellement, je vois cela comme avec l’évolution de la vie : il n’y a pas réellement de fossile vivant, tout le monde continue d’évoluer dans sa branche.

« Je vous demanderai juste votre avis après coup ; prouver ses compétences dans mon domaine se résume trop souvent à comparer le nombre d’entrées et de critiques. J’ignore où en sont les secondes à New York, là d’où je viens elles n’étaient pas vraiment réinstitutionnalisées, quand aux premières… je n’ai pas énormément de com’ autour de mon projet, c’est surtout une première occasion. Une démonstration de ce que je peux faire. »
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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyDim 17 Mai - 4:58


Josh & Amy
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-  À défaut d’import-export, vous chassez donc ce que vous cuisinez. J’approuve.

J’éclate d’un rire franc. La demoiselle n’est pas dénuée de malice. Je n’ai plus la position confortable de mon passé, mais l’avenir n’appartient-il pas aux audacieux ? Puis je suis français. L’emblème de mon pays n’est-il pas un coq qui se dresse avec panache les pattes sur un tas de fumier ? Qu’importe le lieu ou le milieu, l’important est d’y croire.

- Du coup, est-ce qu’un conte musical et chorégraphié vous intéresserait ? J’ai déjà demandé des places pour pouvoir inviter des gens, je peux vous en obtenir une également.
- Avec plaisir, cela me permettra de découvrir votre art que j’ignore. Je suis plutôt bon public et j’apprécie les nouvelles expériences.

Renouer avec les arts du spectacle n’est pas pour me déplaire. On apprend beaucoup d’un monde en regardant ses divertissements. Et si la télévision semble endormir les esprits avec des rediffusions, les spectacles en chair et en os offrent une autre dimension de l’amusement, certes peu accessibles à cause du prix des places.

- Je vous demanderai juste votre avis après coup ; prouver ses compétences dans mon domaine se résume trop souvent à comparer le nombre d’entrées et de critiques.
- Je vois ce à quoi vous faites allusion : la pure logique des chiffres qui n’offrent qu’une réponse sans âme. Je vous donnerai mon avis de néophyte.
- J’ignore où en sont les secondes à New York, là d’où je viens elles n’étaient pas vraiment réinstitutionnalisées, quant aux premières… je n’ai pas énormément de com’ autour de mon projet, c’est surtout une première occasion. Une démonstration de ce que je peux faire.
- Nous sommes un peu dans la même démarche, ma chère : montrer notre art et convaincre que l’on en vaut la peine.


J’offre mon bras à Amy. J’aime bien sa manière de penser. C’est une femme pragmatique. Je n’ai pas l’outrecuidance de penser paraître extraordinaire à ses yeux, mais je me plais à espérer avoir noué là un début d’amitié. Les rues de New York grouillent comme une fourmilière. Alors, marcher à deux de front comme si nous descendions les champs Élysée est une belle gageure qui alimente notre conversation sur le pourquoi de courir quand il est possible de marcher. Au final, c’est une poubelle qui tente de nous séparer. Ma main glisse sur son avant-bras pour crocheter ses doigts dans un fragile lien qu’il nous est impossible de tenir face à l’assaut de la foule.

- Je regrette Paris. Les gens y étaient moins pressés.

Nous sommes arrivés à l’intersection, où continuer de l’accompagner biaiserait le lien précédemment construit en autre chose de plus collant. Ce n’est pas ce que je cherche, même si comme tout homme je suis soumis aux besoins de ma nature. Toutefois, je ne suis pas encore plongé dans un désespoir qui me conduirait à risquer de sacrifier une amitié naissante.

- Vous permettez ?

J’ai intégré qu’aux États Unis, il fallait la permission de l’autre pour un contact physique. Les Anglos saxons sont loin de la spontanéité méditerranéenne. Je me saisis des doigts d’Amy et les effleure d’un chaste baiser. J’aime me démarquer, je la sais assez fine pour le comprendre.

- J’attends de vos nouvelles.


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MessageSujet: Re: ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] ⚜ Les épices de la vie ⚜ [Terminé] EmptyMar 19 Mai - 13:47


Josh & Amy
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Le rire franc de Josh de Roncevaux en ajoute à mon sourire. L’association d’idée extra-newyorkaise l’amuse, c’est bon à savoir. Peu de gens ici seraient capables de, voire prêts à, chasser un repas encore vivant. Franchement, je les comprends : la cueillette est tellement plus facile. La plus facile des trois, considérant que l’agriculture réclame beaucoup d’efforts et d’investissements. Cependant, toutes ces considérations sont aussi étrangères que je le suis. Une différence amenant la sympathie.

L’acceptation de Josh de Roncevaux à mon invitation implique désormais que je doive la négocier, ladite invitation. Rien qui ne soit difficile : je n’ai aucune famille qui puisse venir physiquement voir mon premier spectacle mais j’ai tout de même le privilège d’inviter des proches ; proches plus que limités actuellement, même si Merwyn Caerwyn en fait parti et que plus d’un gérant du centre Thèbes en est ravi. J’espère qu’ils ne lui pourriront pas sa soirée par flagornerie. Pour monsieur de Roncevaux, son absence d’influence devrait vite les détourner une fois qu’ils auront obtenu l’information, pour peu qu’ils la demandent, et lui pourra peut-être mettre à profit l’occasion pour… emmerder monsieur le Maire ? Ce ne sont pas des remerciements que je vais lui devoir à la fin mais des excuses !

A la fin également, monsieur de Roncevaux me donnera son avis de néophyte. Tous les avis sont bons à prendre tant qu’ils sont constructifs et l’inexpérience, de part son innocence, peut mettre en lumière des points que la connaissance ne considère pas. Surtout quand la connaissance s’attache à des points que mon expérience, ou inexpérience selon le point de vue, considère comme peu constructif. Avoir une note ne m’intéresse guère, savoir comment je peux m’améliorer est ce qui m’importe.

« Nous sommes un peu dans la même démarche, ma chère : montrer notre art et convaincre que l’on en vaut la peine.

- En effet. »

Josh de Roncevaux me tend son bras avec cette même galanterie dont il faisait preuve envers la future mariée, chose qui m’amène à le regarder un instant. Difficile de savoir s’il fait ça par habitude, même si je commence à le penser, ou par volonté d’être charmant. Dans un cas comme dans l’autre, est-ce que le crocheter ainsi aurait-il une signification dépassant la cordialité actuelle ? Possible. L’avenir sourit aux audacieux semble être son mantra, même si son audace peut tout aussi bien le conduire dans le mur. A ce titre, je dirais bien que son art est plus aisé à montrer que le mien mais ce n’est pas forcément le cas. D’être sous la tutelle d’un chef aux désaccords culturels est peut-être pire que d’avoir droit à un essai qu’on jugera sur les critères "objectifs" d’une réussite qui peut être fabriquée par une publicité et un markéting dont je n’ai pas disposé. D’un autre côté, au moins peut-on parfaitement comprendre ce que ressent l’autre, à défaut de le faire de ce qu’il dit. D’un troisième, peut-on se serrer les coudes ? Cela dépendra. L’affinité dans le travail est très importante, chose plutôt encourageante considérant ce premier rendez-vous, mais nous n’avons pas les mêmes domaines non plus. Après, comme il l’a souligné à raison, il me suffira de venir manger là où il travaille pour le soutenir. En plus de le payer grassement pour les cours de cuisine et de lui faire rencontrer accidentellement la seule personne d’influence que je connais actuellement. Personne que je ne comptais pas impliquer d’ailleurs, peut-être par égoïsme. Mon thé ! Enfin, celui de Merwyn mais comme il me fournit… et en parlant de fournir, j’accepte le bras de Josh. Si c’est gratuit, prends. Mais est-ce gratuit ?

Mes considérations pédestres finissent à la poubelle lorsque l’une d’elle remplace le crochetage par une empoignade qui elle-même ne survit pas à la foule newyorkaise.

« Je regrette Paris. Les gens y étaient moins pressés.

- Vous aimeriez la Suisse. On n’y connait pas le mot "pressé". »

Des rares fois où je suis passée à Paris, ses habitants me semblaient périodiquement pressés ; durant les heures de pointe, en somme. C’est le propre d’une métropole où la rue n’est qu’un lieu transitoire au sein duquel personne ne veut s’attarder. Comme les routes, expliquant les différentes manières de conduire. Afin de ne pas en sortir, de la route, je m’arrête lorsque Josh de Roncevaux en fait de même pour constater que notre séparation en arrive à sa fin.

Je me tourne alors vers mon interlocuteur en ramenant mes deux mains sur ma pochette, écoutant sa demande de permission avec un sourire amusé. Après le crochetage de bras et la prise de main, difficile de refuser le baise-main ; qui me prend d’ailleurs beaucoup moins de réflexion. Du respect et de la galanterie ça compte double, plus un pour le baise-main !

« J’attends de vos nouvelles.

- Vous en aurez bientôt. »

Serrer la main après un baise-main serait le baiser lui et lui faire la bise serait me baiser moi. Or donc, je me contente d’un acquiescement cordial, confiante.

Puis je me détourne et m’en vais vers le centre Thèbes. Je suis contente de cette rencontre et, une fois les malentendus possibles dissipés, peut-être pourra-t-on penser à une relation au-delà du professionnel. D’avoir la tête dans le guidon à dévaler la pente de mon boulot, je peinte à regarder sur les côtés. Cependant, plutôt que de chercher à s’avantager mutuellement dans nos entreprises malgré les différences de secteur, peut-être que simplement discuter sera suffisant. L’amitié se construit sur une décennie mais mon installation ici n’a pas de date butoir. Sachant aussi que Josh de Roncevaux serait le premier individu à rejoindre mes proches sans être au préalablement lié à ma famille ; une bonne chose ou une mauvaise, je ne sais pas. Cela dépendra surement de l’avancée de mon investigation.

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