âge •• 26 anspouvoirs •• altération de la mémoire (effacer ou modifier les souvenirs d'une personne), dématérialisation (se téléporter aux Enfers et en tout lieu qu'il a déjà visité ou qui est à portée de vue et capacité de le faire par étapes, en commençant par disparaître complètement ou partiellement), attraction (pouvoir basé sur des phéromones magiques, faire éprouver aux autres une attirance physique totalement irrationnelle à son endroit - ce pouvoir n'est jamais complètement éteint, mais il peut être amplifié au besoin), combustion (capacité d'enflammer son corps, sans douleur permanente, capacité d'enflammer une personne ou un objet en lui touchant) qualités •• drôle, divertissant, intelligent, créatif, affectueux, sociable, curieux, fidèledéfauts •• menteur, hypocrite, instable, colérique, sautes d'humeur, crises de démence, masochiste, sadique, rancunier, obsessifhabitudes •• passer du temps avec Olivia, ennuyer Tristan et Irene, acheter des babioles à Lydia, faire des coiffures débiles à sa plus jeune soeur, adorer sa maman, torturer des chasseurs de créatures magiques, coucher avec n'importe qui, fouiller dans les affaires des autres, observer les autresapparence •• de grandeur moyenne, larges épaules, musculature moyenne, belle gueule, cheveux châtains, teint plutôt clair, yeux vairons (un bleu, un bleu et brun) _________________________________________
QUI ES-TU?
Je déposai soigneusement les tranches de viande dans le plateau en argent en sifflotant avec bonne humeur. Très peu de sang mouilla le métal, car la créature qui se retrouvait maintenant en trop de morceaux pour les compter avait été drainée. Son sang - du moins, celui qui ne s'était répandu pas sur le sol, sur la table de ma petite boucherie ou encore sur moi - reposait maintenant dans un grand seau. Je sortis en emportant le plateau, le sourire aux lèvres. J'aimais bien cuisiner pour ma famille.
-Tristan! C'est prêt!
Je n'eus droit qu'à quelques syllabes et j'essayai de me persuader qu'elles étaient la preuve d'une grande reconnaissance. Drainer du sang n'était pas une tâche dont je raffolais, même avec tous les outils dont un démon moderne disposait. Comme à son habitude, mon frère ne leva pas les yeux de sur ce qu'il était en train de lire. Je ne m'intéressai pas au sujet qui l'absorbait à ce point : Tristan et moi avions peu en commun. Je le trouvais trop rigide et il me faisait régulièrement comprendre que je lui usais les nerfs. Néanmoins, il était mon grand frère et je l'admirais. Il était intelligent à un point plutôt inquiétant, ce qui était une grande qualité chez un vampire. Surtout un vampire qui souhaitait rester longtemps en vie.
-Tu veux bien avertir Lydia quand tu auras terminé?
-...Lydia?
-Oui, Lydia : NOTRE SOEUR. Tu as grandi avec elle… Tu devrais la connaître! Elle a les cheveux châtains, des yeux qui s'illuminent quand elle est fâchée et une tendance à se transformer en louve quand on la contrarie. Tu vois qui?
Oh! mais que voyais-je? Était-ce enfin un regard dirigé vers moi? Le grand vampire supérieur daignait m'accorder son attention et il était indéniable que cet effort lui coûtait beaucoup. J'avais dérangé Son altesse dans sa lecture pour lui offrir de quoi se nourrir, honte à moi!
-Quand tu auras terminé, dis-je en désignant la pièce de laquelle je venais de sortir d'un mouvement de tête, avertis Lydia.
Mon frère déposa son livre en soupirant et se leva.
-Je l'avise à toutes les fois. Je ne vois pas pourquoi tu tiens à me le rappeler encore aujourd'hui.
Tristan, Tristan… Si pratique et logique! Et surtout, si chiant.
-Tu sais que me retenir d'ajouter des laxatifs au sang que je te prépare AVEC AMOUR m'est chaque fois plus difficile?
Ma menace si peu voilée réussit au moins à le faire sourire. Lorsque nous n'étions pas en train de rivaliser pour obtenir les grâces de maman, nos petites disputes m'amusaient. J'aimais beaucoup qu'on m'accorde de l'attention, presque autant que j'aimais observer les gens et fouiller dans leurs affaires. Tristan adorait qu'on lui fiche la paix. C'était justement l'une des raisons pourquoi nous ne nous entendions que sommairement.
Je me téléportai devant les quartiers de Lydia, ne faisant pas confiance à mon frère pour lui communiquer que je lui avais laissé de succulents os à se mettre sous la dent et, aussi, parce qu'imaginer le grand Tristan prendre de son précieux temps pour jouer les messagers alors que l'information qu'il possédait avait déjà été partagée m'amusait terriblement. Mon frère n'était pas spécialement tête en l'air, mais il oubliait les choses qui n'étaient pas assez importantes à ses yeux. Je me demandais d'ailleurs parfois s'il lui arrivait de m'oublier.
-Ly', tu as une surprise de prête. Le lapin aux longues dents est supposé t'avertir quand il aura terminé sa part, mais tu le connais…
-Merci, me répondit une toute petite voix.
Je ne m'éternisai pas. Ces derniers jours, Lydia était dans une phase de nervosité avancée et je savais que seule la solitude et Olivia parvenaient à la calmer. Les os à grignoter promettaient de ne pas nuire non plus. C'était d'ailleurs pourquoi j'avais pris le temps de choisir un grand mâle à la forte carrure : pour augmenter le format du cadeau pour ma grande sœur lycan.
J'évitai soigneusement les lieux occupés par notre sœur aînée. Je savais qu'elle n'approuvait pas mes techniques de cuisine… tout comme mes techniques de torture. Maman m'avait enseigné à torturer physiquement et psychologiquement, mais je n'étais pas très doué pour la manipulation. Je m'enflammais trop vite ou je m'impliquais trop profondément. Irene ne voyait pas l'intérêt de simplement blesser le corps d'une personne. C'était une démone redoutable parce qu'elle pouvait détruire un ennemi sans même le frôler. Je ne savais pas si elle tenait ce don de ses origines de Felidae ou si c'était un talent particulier chez elle.
Notre famille était très spéciale. Maman voulait bâtir une grande famille composée d'enfants tous différents les uns des autres. Sa première grossesse lui avait montré le sens de sa vie, disait-elle. Celui-ci était la maternité. Comme ses deux premières filles étaient des hybrides, seulement à moitié démones, maman avait décidé que tous ses enfants le seraient aussi. Ainsi, elle évitait de tomber dans la préférence clichée d'un enfant qui serait un démon pur. Cinq ans après la naissance d'Irene et Iris, elle était tombée enceinte pour la deuxième fois d'un lycan – j'avais entendu Irene et Tristan raconter qu'elle aurait simplement dû éviter cette race de dingues incontrôlables – et avait mis au monde Lydia.
Si la mort d'Iris n'était jamais survenue, Lydia serait certainement une personne merveilleuse aujourd'hui. Elle aurait probablement appris à bien contrôler ses transformations et ses émotions. Elle ne ferait plus de crises et ne se couperait plus du monde en s'enfermant dans la noirceur de sa petite partie des Enfers qu'elle transformait régulièrement en fonction de ses humeurs. Il ne m'arriverait peut-être même plus de passer près de sa porte et de l'entendre pleurer toute seule. J'adorais Lydia. Je savais qu'Irene me trouvait inconscient de ne pas la craindre, mais j'étais persuadé qu'elle ne pourrait jamais me faire de mal. Après tout, elle n'avait que six ans quand elle avait attaqué Iris… Tous les enfants de cet âge font des bêtises, non? Imaginez une enfant à moitié lycan, suffisamment pour se transformer en bête féroce, mais pas assez pour détenir un contrôle instinctif sur le monstre. Maman lui avait pardonné, mais pas Irene, et je ne savais pas à qui donner raison. Je n'avais pas connu Iris. Je ne savais d'elle que ce que sa jumelle m'avait raconté, souvent à demi-mots, et de rares fois après avoir beaucoup bu. Si ce n'était pas de maman, elle aurait tué Lydia depuis bien longtemps.
Je n'étais pas plus proche de Lydia que d'Irene mais, si la Felidae décidait de s'en prendre à la lycan, je serais du côté de cette dernière. Je n'accepterais pas qu'on fasse du mal à l'un des nôtres, et ce, même si l'attaque venait de l'intérieur. En fait, je savais que je serais toujours du côté de la personne à défendre. J'aimais ma famille, j'aimais ce clan que maman avait créé.
Après Lydia, maman avait mis au monde Tristan, qui était à moitié vampire. Elle avait attendu que sa plus jeune fille ait vingt ans avant de mettre au monde un nouvel enfant. De cette façon, elle pouvait mieux se concentrer sur l'éducation de son plus récent rejeton et éviter les accidents, comme ce qui était arrivé à Iris. Ensuite, elle avait eu Olivia. Justement, sa maison était le dernier arrêt que j'avais à faire.
J'entrai chez ma sœur sans m'annoncer. Elle était au courant de ma venue et, de toute façon, elle connaissait ma tendance à surgir à n'importe quel moment. Je zigzaguai entre les meubles colorés pour apporter mon plateau sur la table basse du salon, laquelle avait deux pattes plantées dans le sol blanc et lustré et deux autres s'enfonçant dans l'immense étendue d'eau qui traversait la partie des Enfers qui appartenait à Olivia. La majorité du mobilier était recouverte de coquillages ou autres décorations de la mer. Nous avions tous une maison ou un appartement sur terre, avec les humains, et ces demeures avaient une apparence à peu près normale. Nos quartiers dans les Enfers avaient un style plus étonnant… Enfin, surtout ceux d'Olivia.
-The pizza man is here, baby!
Je retirai mes vêtements et entrai dans l'eau. Je fus un instant captivé par le sang qui se décollait de ma peau au contact de l'eau, s'échappant à la manière d'une douce fumée sous-marine. C'est le moment exact où je reçus une gigantesque vague en plein visage.
-Bonjour toi aussi, Olivia.
Un rire proche de l'hystérie me répondit dans mon dos. Je me retournai en arrosant le plus possible ma sœur la plus jolie. Olivia était une sirène et, comme toutes ses semblables, elle était physiquement parfaite. Elle jouait la jolie fille stupide, mais c'était une personne stratégique, brillante. Elle était folle, aussi, ce qui me plaisait énormément.
-J'avais TELLEMENT hâte que tu arrives!
Après m'avoir serré contre elle, elle se jeta sur la nourriture.
-Si tes fans sur terre te voyaient te gaver ainsi… Tss, tss…
Les sirènes qui ne mangeaient pas de chair humaine se retrouvaient affaiblies et affadies. Il n'y avait qu'à voir à quel point ma sœur resplendissait pour deviner la base de son alimentation. Elle attrapait souvent ses repas elle-même, mais il m'arrivait de lui apporter les restants des personnes que je torturais. J'aimais ne rien gaspiller : le sang allait à Tristan, les os étaient pour Lydia et j'offrais la viande à Olivia.
-Au menu aujourd'hui : boxeur amateur apprenti chasseur de créatures magiques.
Je nageai un peu en laissant ma sœur se gaver, non sans lui tirer un peu les nageoires pour l'ennuyer. Nous allions passer quelques heures ensemble et j'avais hâte de lui raconter que j'avais menacé Tristan de lui faire avaler des laxatifs. Nous aimions tellement nous moquer de lui ensemble… de lui et d'Irene. Ils étaient aussi sérieux et soporifiques que nous étions divertissants et joyeux. Enfin… nous restions des démons. Notre joie n'était jamais complètement innocente.
Maman m'avait offert de passer la soirée avec moi. Avec moi tout seul. J'étais toujours transporté en de telles occasions. Olivia allait prendre soin de notre plus jeune sœur et je me retrouverais avec ma maman juste pour moi. Je prenais assez mal l'arrivée de notre nouvelle sœur. Je l'aimais, bien sûr, mais elle me volait mon titre de plus jeune de la famille et exigeait beaucoup d'attention de la part de maman. De plus, elle était à demi déesse, ce que je trouvais franchement plus cool qu'à demi faune, comme moi. Je me donnais encore quelques années pour l'apprécier à sa juste valeur, comme j'y arrivais avec mon frère et mes autres sœurs. J'étais cependant bien ennuyé que maman ne veuille pas nous dire de quel dieu notre sœur était l'enfant… et une partie de moi ne pouvait rejeter complètement l'idée qu'elle ait confié cette information à Tristan alors qu'elle me la cachait. Peut-être n'étais-je que jaloux, ce qui m'arrivait souvent quand il était question de maman et Tristan, mais je sentais qu'ils partageaient des secrets qui m'étaient interdits.
Une fois qu'Olivia eut fait disparaître la viande humaine que je lui avait apportée, je revins près d'elle, silencieux. J'observai la longue tresse un peu décoiffée qui traînait sur son épaule en cherchant mes mots. Je sentis sa main dans la mienne.
-Pas besoin de prendre mille chemins, Alistair. Ça fait trois fois que tu viens me voir, toujours avec une excuse différente, sans jamais me dire ce qui te trotte dans la tête. Si tu as fait une bêtise, ou si j'en ai fait une et que tu es fâché, tu peux me le dire.
Je défis le nœud au bout de sa tresse.
-Je suis allé voir mon père. En vrai.
-OH MON DIEU ALISTAIR! Il est comment? Il a dit quoi? Raconte-moi tout!
-Je ne lui ai pas parlé… Je suis juste allé dans un bar et je l'ai observé. Il a l'air cool. Je vais peut-être lui parler la prochaine fois...
J'avais un peu honte maintenant d'avoir fait tout un plat d'un truc si minime. Et d'avoir manqué de courage au point de rester dans l'ombre. Je n'avais pas l'habitude de me cacher. Je fonçais.Seulement, rencontrer mon père, qui ne savait même pas que j'étais son fils – une habitude de maman –, me stressait énormément. J'en avais longuement parlé avec Olivia, depuis que je connaissais son identité, et je repoussais encore le moment de lui parler. Et s'il me trouvait débile?
-Alors, tu vas tout me raconter de ce que tu as pu observer, me dit-elle en sortant de l'eau, ce qui transforma sa queue écaillée en deux longues jambes bien humaines qu'elle habilla d'une jupe jaune qui avait été déposée tout près. Je veux tous les détails. N'en oublie pas un seul, Alistair!
Personne en ce monde ne chassait aussi vite et aussi facilement mes émotions négatives. Olivia était parfaite, merveilleuse! Ce serait vraiment injuste pour le reste de ma famille de dire qu'elle était ma sœur préférée, mais étais-je une personne juste?