Les Dieux de New York
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Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ]

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Merwyn CaerwynMerwyn Caerwyn


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MessageSujet: Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] EmptyLun 24 Fév - 17:54

Le monde changeait. Après la destruction, le chaos embraserait longtemps les terres humaines. Ils revenaient aux querelles ancestrales, à celles des dieux qui avaient fini par rejoindre la légende, des êtres venus d’un autre monde. Chassés par l’évolution des croyances ou, plus certainement, par un mage très puissant qui, pour des raisons encore très mal étudiées, avait provoqué la persécution de tous les êtres surnaturels. Dieu, l’Entité suprême de deux millénaires avait, en réalité, régné sur une très courte période. D’autres prétendaient qu’il s’agissait plutôt d’un complot. En tout cas, les sorciers les plus puissants et les immortels eux-mêmes n’avaient jamais pu confirmer son existence. Ses buts flous, son absence éternelle, n’avaient pas sauvé la planète bleue d’un retour au panthéon païen. Les divinités revenaient plus fortes, plus matures qu’en ces temps primitifs où leurs colères homériques et caprices passagers avaient contribué à leur chute. Les hommes étaient devenus bien trop orgueilleux, hélas, pour vénérer des avatars marqués par le sceau de la démesure. A présent, ils avaient pris des masques, abandonné les rituels, adopté les singeries politiques, et cherchaient, chacun à leur façon, à guider les hommes. Loki, parfaite incarnation de la démence, avait profité du désordre pour s’emparer du siège municipal quelques années plus tôt. Ses objectifs critiquables, soufflés par la passion, lui avaient valu un grand nombre d’ennemis, bien au-delà du cercle nordique, puisque toutes les divinités jouaient sur le même terrain désormais. Fidèle au caractère décrit dans la légende, il avait peu à peu laissé une trop grande confiance dévorer la rouerie des débuts. Il avait confondu les époques, imaginé qu’une exécution publique servirait ses intérêts. Grave et grossière erreur. Elisa s’y était opposée. D’autres avaient ourdi une conspiration en secret. Loki s’était fait avoir comme un débutant. Aussi incroyable que cela pût paraître pour un cerveau aussi retors que Merwyn, le dieu n’avait, semblait-il, pas songé un seul instant que de nombreux complots se formeraient pour briser la fête, cercle anti-magie actif ou pas.

Suite à ces événements aussi tristes que navrants, la vie reprenait un cours presque tranquille. La place de maire était vacante, chacun feignait de ne pas se sentir concerné, mais il flottait une tension terrible dans les bureaux, derrière chaque sourire, bonjour, au revoir. Quelque chose dont ils seraient tous acteurs se mettait en place. Merwyn laissait les choses s’installer. Il n’avait jamais fait que suivre la vague, en théorie, même si, plus qu’un esquif porté par le courant, il était en réalité ce tronc d’arbre qui, en s’écrasant ‘accidentellement’ sur le lit d’une rivière, créait de nouveaux coudes, d’autres flux. Il montrait une indifférence presque agaçante sur le brûlant sujet qui enflammait les médias, donnait l’impression de n’avoir absolument aucun avis, voire de ne rien comprendre. « Vous savez, ces histoires me dépassent un peu », disait-il volontiers avec un grand sourire lorsque la clientèle d’habitués du bistro du coin auquel il se rendait parfois le midi ou le soir pour prendre une pinte et mesurer la tension essayait de le prendre à parti. Ils l’aimaient bien, les gens du bistrot, cet avocat gallois et débonnaire, toujours d’accord avec tout le monde.

Et, enfin, après quelques jours de patience, la « patronne » avait fini par le convoquer en fin de journée dans son bureau pour parler de « choses importantes » dont il devinait par avance la teneure. Outre cette sombre histoire de destitution, il devait lui donner quelques nouvelles de l’Europe. Après deux longs mois de silence, un mail de son fils était enfin arrivé. Talfryn faisait du mieux qu’il pouvait. Il prenait toujours de grands risques en quittant les profondeurs des forêts d’Est pour s’aventurer dans les cybercafés miteux de villages à moitié civilisés, mais où les religion chrétienne était encore si forte, qu’il serait massacré par une foule en délire si on découvrait ses jambes caprines. Heureusement, sa couverture ne l’avait encore jamais trompé. Il se faisait passer pour un britannique original, une sorte de baba itinérant habillé en sarouel chamarré et coiffé de bonnets trop larges. Cette histoire l’avait fait beaucoup rire la première fois.

Après avoir bouclé son dernier dossier de la journée, le demi-faune éteignit enfin son ordinateur, machine infernale dont il ne pouvait plus se passer après y avoir résisté des décennies, et attrapa une bouteille de bière dans son frigo personnel. Même s’il se contentait d’aller frapper au bureau d’à côté, il détestait l’idée de venir les mains vides. Chez les celtes, savoir bien recevoir et être un invité de qualité étaient des principes presque sacrés. Gare à celui qui brisait les règles de l’hospitalité. Certaines affaires étaient allées très loin. Dans sa plus ancienne jeunesse, on faisait encore tomber des têtes pour ce genre de choses – et en abusant un peu d’eau-de-vie. Ils étaient comme ça les gallois, bons vivants au point d’en devenir parfois trop consanguins. Il tenait entre ses mains le fût d’un siècle de savoir-faire. Merwyn continuait de vivre de ses produits dans une banlieue éloignée. Malgré tous ses efforts, il n’arrivait pas à se faire à la nourriture fade, insipide, des supermarchés. L’intérêt des humains pour les fast-foods et les plats sous-vides le dépassait. Les pauvres n’avaient aucune idée de toute la saveur que l’industrie agro-alimentaire retirait aux aliments d’années en années. Et le constat était encore plus triste à New-York qu’à Londres.
C’est donc avec une bière brassée par ses soins qu’il frappa doucement la porte avant de la pousser du bout de l’index. La précaution était presque comique, puisqu’il n’avait pas attendu la réponse de la fausse jeune femme. Un sourire léger plaqué sur ses lèvres excusait son outrecuidance.

- L’heure m’a annoncé qu’il était temps pour moi de fermer les dossiers et sacrifier la sévérité à l’alcool. – Il présenta sa bouteille en restant sur le seuil. – Qu’en est-il pour vous ?


Dernière édition par Merwyn Caerwyn le Mar 8 Avr - 14:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] EmptyLun 17 Mar - 20:40

J'étais hors de moi depuis des jours. Oh, en apparences, j'étais la même qu'à l'habitude. Tous s'accrochaient à mes sourires et buvaient mes paroles confiantes avec reconnaissance et admiration. Je me montrais calme, sûre de moi et tout à fait confiante quant à l'avenir...Bref, rien dans mon attitude ne laissait présumer à quel point j'avais envie d'ouvrir une nouvelle brèche pour aller m'enfermer toute seule dans le fond des ruines de l'Olympe avec la ferme intention de ne laisser personne me suivre.

Mon plan n'avait pas fonctionné et je blâmais silencieusement tout le monde. À chacun de mes alliés, je n'avais dit que des paroles encourageantes et multiplié les remerciements. À Matt Fowl, entre autres, j'avais laissé entendre que je comprenais qu'il n'ait pas pris de risques comme Loki était difficile à atteindre au moment où il l'avait rejoint, ce qui n'était pas complètement faux. Je trouvais juste que le démon n'ait pas attaqué le maire alors qu'il n'était pas certain de parvenir à le maîtriser. Après tout, Fowl n'était pas un dieu et, de ce fait, il était moins puissant que n'importe lequel d'entre nous. S'il avait fallu que Loki le capture et le fasse parler, il aurait compris l'ampleur de la menace que je représentais pour lui et je savais qu'en cas d'attaque surprise sur ma personne, il aurait nettement l'avantage, et ce, malgré ma prudence. Ce que je n'arrivais toujours pas à accepter, et je n'en avais rien dit à mon allié démoniaque, c'était le temps précieux qu'il avait perdu avant de se lancer à la poursuite de Loki. J'avais fouillé son esprit et vu que sa motivation avait été la sécurité de Gabrielle, mais je lui avais bien dit que je ne laisserais pas Vénus mourir....bien que, sur le moment, dans la panique suscitée par la seconde vague d'explosions, je n'avais pas pensé à elle. Je n'en étais pas fière, mais je ne pouvais me mentir à ce sujet.

J'en voulais donc à Matt Fowl d'avoir laissé ses sentiments prendre le dessus au moment où New York avait le plus besoin de lui. Je détestais spécialement mon mari d'avoir été loin de moi, ce jour-là. Il me semblait que sa présence aurait pu tout changer en ma faveur. Seulement, comme à son habitude, Zeus ne s'était pas soucié du bien ou du mal qui pouvait m'arriver et avait choisi son propre confort avant mes sentiments. J'étais aussi en colère contre Vénus, bien que je sache que cette colère était injustifiée à son égard. Une partie de moi la tenait responsable du comportement de celui qui n'était pas arrivé à assassiner le maire. Je savais l'amour qu'il lui portait et je ne saisissais pas comment celui-ci avait pu nous nuire à ce point...et, en même temps, j'aurais voulu que mon mari démontre des sentiments de cette intensité pour moi. D'ailleurs, pour ce qui était de l'intensité, j'étais aussi fâchée contre Justin Blackburn parce qu'il avait terni ce respect froid et bien brossé que j'avais à son égard en tenant des propos déplacés me concernant et en posant des questions auxquelles je n'avais pas été heureuse de répondre. Je ne savais pas très bien comment gérer ce malaise qu'il avait fait naître chez moi. Tout le monde m'énervait donc depuis cette exécution.

Je sursautai lorsqu'on frappa à ma porte. Toutes ces histoires de mairie, de dieu qui de prenait pour le roi du monde et de risque qu'il remonte jusqu'à moi me rendaient nerveuse. Je m'empressai de me plaquer un sourire au visage parce que personne ne devait voir en moi autre chose qu'une leader puissante et intelligente.


- L’heure m’a annoncé qu’il était temps pour moi de fermer les dossiers et sacrifier la sévérité à l’alcool.

Je sentis mon sourire se détendre en une expression plus naturelle, plus proche de ce dont j'avais vraiment l'air lorsque j'étais heureuse. Merwyn Caerwyn était l'un des rares alliés qui ne m'écorchaient pas les nerfs ces temps-ci.

– Qu’en est-il pour vous ?

- Je dois avouer que je n'aurais rien contre un verre. Les derniers jours ont été assez mouvementés.

Il n'y avait toujours pas de nouvelles du maire. Ni communiqué de presse, ni annonce officielle... On aurait dit qu'il était devenu un fantôme et je ne rêvais que de le chasser au fin fond d'un cimetière pour qu'il hante les pierres froides plutôt que New York.

-Nous pourrons en profiter pour discuter de vos manoeuvres auprès de nos alliés et futurs alliés en territoire européen, si vous en avez envie.

Je me levai pour désigner un fauteuil.
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MessageSujet: Re: Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] EmptyMar 8 Avr - 17:26

Malgré les troubles de ces dernières semaines, Elisa avait, comme lui, un sourire constamment plaqué sur les lèvres. Quoiqu’il la sentît parfois nerveuse, elle tenait bon, feignait de croire à l’efficacité de ses dernières stratégies. Elle n’avait pas le choix. Un chef de parti ne se trompait jamais, même lorsque tous les signes du monde s’évertuaient à pointer ses échecs. Tout était dans le discours, dans les petites victoires que l’on voulait bien accorder à son adversaire le temps de préparer un plus gros coup… Mais tirerait-elle les bonnes ficelles ? De ce qu’il avait pu observer, il manquait à la déesse une chose essentielle, de vrais soldats, des alliés entièrement dévoués à sa cause. Peu de personnes étaient capables de gérer les scénarios chaotiques. Il suffisait souvent d’un imprévu et l’ordre des priorités basculait sous l’effet de la panique et des sentiments. La manière dont les choses s’étaient déroulées prouvait que son entourage avait manqué d’efficacité. La panique générale, au lieu de justifier le cafouillage du plan, aurait dû ouvrir un chemin vers la victoire. Merwyn n’imaginait que trop bien à quel point Elisa devait maudire le monde entier derrière ses aménités convenues.

Pourtant, l’expatrié gallois gardait une parfaite neutralité. Il était décidé à ne pas s’engager sur le terrain dans l’immédiat. Il attendait une manière propice d’amener le sujet ou, à choisir, que la déesse le sollicite de sa propre initiative. Il n’était jamais bon de suivre ce genre d’affaire de trop près. Merwyn ne tenait pas à attirer les jalousies ou les curiosités sur lui. De plus, au cas où les choses tourneraient mal, il serait trop facile de l’impliquer dans un complot quelconque afin de donner un sens malveillant à son implication. Il ne faisait confiance à personne, surtout pas à ses amis. Un manipulateur né comme lui savait trop bien à quel point l’esprit humain s’influençait facilement. Dans son monde, il n’y avait ni bonnes, ni mauvaises intentions, juste des actions à interpréter de la façon la plus arrangeante possible.
Avec le plus grand sourire, il avança donc dans le bureau en déclarant d’une voix légère :

- Rien de tel qu’une bière bien fraîche pour retrouver des idées plus claires.

Il posa la bouteille sur la table et tira une chaise. Elisa évita aussi le sujet épineux de l’attentat en le lançant d’emblée sur ses nouvelles d’Europe. Il ne s’agissait que d’un prétexte, il s’en doutait et ne devait pas échouer à l’épreuve. Comme il l’avait laissé entendre à la jeune femme, le but de sa présence à New-York était de fonder un monde nouveau, plus adapté aux nouvelles problématiques que la faille dimensionnelle avait posé. L’arrivée massive d’êtres surnaturels puissants perturberait l’équilibre de la planète tant que les humains s’accrocheraient à leurs vieilles valeurs. Leur espèce ne dominait que par le nombre. Mais il était évident qu’une ère nouvelle s’ouvrait, où elle devrait bientôt apprendre à n’être rien de plus qu’une forme de vie intelligente parmi d’autres. Cependant, nombreuses étaient les créatures que les traditions trop primitives rendaient vulnérables. Silènes et Dryades, par exemple, avait toujours préféré la protection des forêts. Mais, quoiqu’ils aient eu plus de chance que les centaures, exterminés un millénaire plus tôt, ils restaient proches de l’extinction. Par l’intermédiaire de son fils, Merwyn faisait son possible pour convaincre ces civilisations sauvages de s’imposer un mode de vie plus sédentaire, de s’affirmer au lieu de fuir et vivre, comme des herbivores, dans la crainte constante du prédateur.

- J’ai justement reçu quelques nouvelles de mon fils ce matin. Le message est assez court, mais semble indiquer que les choses progressent de son côté. D’autres créatures des forêts balkaniques se sont jointes à leur groupe. Les plus jeunes, en particulier, semblent intéressés à l’idée de vivre dans un monde où ils n’auront plus à se cacher. Beaucoup ignoraient jusqu’à l’existence d’autres continents ou climats et, comme vous le savez, l’envie de découvrir un monde plus vaste qu’on ne le pensait est un excellent pas vers le développement de l’esprit. Je ne promets pas une évolution rapide… pas à l’échelle humaine j’entends, se reprit-il d’un air amusé. Mais toutes les morts de ces dernières années poussent au rassemblement. Les gens sont désespérés, ils ont besoin de s’accrocher à une voix nouvelle. Leur traumatisme actuel fait qu’ils ne souhaitent pas revenir vers des croyances épuisées, dont ils ont vu la destruction définitive. Il faudra les galvaniser dans ce sens. Bien sûr, les plus anciens continuent de résister. Je ne peux pas encore dire, à l’heure actuelle, s’ils ont une chance de faire beaucoup d’émules. A en croire les mots de Talfryn, ils sont très loin de remporter la majorité des suffrages.

Il avait parlé longuement, d’une voix claire et posée, afin de laisser à Elisa le temps de réfléchir à tous les éléments qu’il lui apportait. Après avoir passé un demi-siècle hors du temps, Merwyn se faisait l’étonnant défenseur de la modernité. Son existence paisible au domaine Caerwyn avait mis entre parenthèse la plupart de ses ambitions. Mais la chance avait tournée, sans surprise. Il reprenait donc son travail là où il l’avait laissé, quand aucune dryade ne faisait vibrer ses sens au-delà de toute mesure humaine.
Il débouchonna la bouteille, et en attendant les verres ajouta :

- Je ne doute pas que Talfryn soit un bon orateur. L’obligation de vivre trois ans caché dans un appartement londonien après la grande tempête, l’a beaucoup affecté. Il voulait sincèrement se trouver des amis capables de l’accepter là-bas, et il lui est pénible de ne pas pouvoir me contacter aussi facilement qu'il le voudrait.
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MessageSujet: Re: Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] EmptyMar 20 Mai - 20:11

La seule satisfaction que j'avais tirée de l'absence de Zeus lors de l'exécution publique avait été son inquiétude. Lorsque j'étais revenue, il avait fait semblant de rien, mais j'avais pu lire dans son esprit la panique que mon arrivée tardive avait générée chez lui. On l'avait averti avant que les médias ne s'emparent de l'évènement et ne le diffusent sur toutes les chaînes. En tant que chef de la police, il s'était rué sur les lieux sans avoir à fournir d'explication, mais n'y avait pas trouvé son épouse. Il ne savait pas qu'un autre homme s'était chargé de la mettre en sécurité. Puis, après des recherches infructueuses, il était parti à la maison, espérant m'y trouver saine au sauve.

Il n'avait pas pensé à aller vérifier à notre maison secrète dans le quartier Grey. C'était à cet endroit que je m'étais réfugiée avec Justin Blackburn, car nous possédions à cet endroit toutes sortes de produits permettant de soigner les corps humains. Blackburn avait été blessé en essayant de me protéger et j'avais voulu le soigner. Je n'avais pas vu de meilleure solution à la fois parce qu'il était lycan et parce qu'après les explosions, l'hôpital serait envahi de blessés et de malades imaginaires qui avaient besoin qu'on leur confirme que leur égratignure sur le coude ne mettait pas leur vie en danger.

Mon mari était donc à la maison plutôt qu'au poste de police lorsque j'étais revenue de ma tentative avortée de tuer Loki. Sa peur de me perdre m'avait beaucoup touchée et était un baume considérable sur cet échec cuisant. Toutefois, cela ne m'empêchait pas de lui en vouloir d'être resté à distance.

Merwyn me servait d'intermédiaire avec l'Europe. Créer et solidifier un lien avec cet autre continent ne m'était aucunement utile dans l'immédiat, car c'était à New York que se jouait la partie. Je ne voulais pas m'imposer en tant que reine mondiale qui gouvernait toute la terre. Je laissais ce genre d'idées folles à Loki et son égo démesuré. J'aspirais à la paix et à la droiture. Malgré les apparences et les barreaux invisibles créés par les nouvelles lois, la population était en crise, d'un bout à l'autre de la terre. Je voulais favoriser le calme et trouver le meilleur moyen d'offrir à chacun sa place dans la société. Je croyais fermement que les créatures comme le fils de Merwyn méritaient de se promener au grand jour. Toutefois, avant que cette liberté ne soit offerte aux siens, il fallait ouvrir la porte à de grands changements, ce que je ne pouvais pas faire du haut de mon bureau de simple avocate. Mes relations avec l'Europe et avec les êtres des forêts me permettraient d'unifier les peuples entre eux. Je ne pouvais pas compter être acceptée en tant que déesse si ceux qui vivaient ici depuis des centaines d'années devaient fuir les regards. Car c'était bien le fond de toute ma démarche: éviter aux dieux d'être massacrés quand on apprendrait leur existence.

Je savais délicate l'évolution de la pensée que j'attendais de ces races qui s'étaient dérobées à la connaissance des humaines et qui passaient pour des légendes. Je ne pouvais pas m'attendre à la même énergie et à la même combattivité que celle que j'avais obtenue chez les lycans. Je ne connaissais pas assez bien les différentes créatures encore aujourd'hui, mais je savais que leurs caractéristiques pouvaient varier jusque dans les traits de personnalité communs à leur race. J'étais toujours plus prudente quand j'étais en compagnie de créatures que lorsque je côtoyais des sorciers ou des humains. Elles étaient plus difficiles à cerner pour moi, même avec mon pouvoir de télépathie, mais je souhaitais en savoir le plus possible sur elles. À l'époque de la Grèce Antique, les seules créatures qui osaient approcher les dieux étaient des monstres ou, pire, des nymphes voulant attirer les maris des autres dans leur lit.


-Il est difficile de changer des habitudes et des croyances qui sont âgées de centaines d'années: je le sais pour avoir côtoyé certains dieux maladivement conservateurs.

Je souris et me levai pour aller vers une petite armoire de style gothique que j'avais dénichée à un encan où mon mari m'avait emmenée parce qu'il avait un faible pour la fille du vendeur...

-Néanmoins, après les souffraces indéniables conséquentes à l'ouverture de la brèche, je crois au changement. Le monde ne peut plus être le même; c'est une question de survie et je pense que beaucoup de gens le ressentent au fond d'eux.

Je revins près de mon invité avec deux verres transparents très sobres. J'avais un faible pour tout ce qui était décoré et luxueux, mais je savais me contenir sur certains points, notamment les reliefs gênants sur les verres qui pouvaient devenir une nuisance lorsqu'on essayait de boire.

Comment des races entières avaient-elles accepté de rester dans l'ombre aussi longtemps? J'osais croire que les humains n'étaient pas fragiles au point de n'être aucunement capables de souffrir la vue de créatures physiquement différentes d'eux. Si Loki avait songé à divers génocides de créatures et de sorciers, il m'arrivait souvent de me demander si le monde n'avait pas besoin qu'on le débarrasse de la population humaine. Je finissais toujours par me calmer, car chaque personne était différente et imposer un châtiment commun à tous ne pouvait être une solution efficace, mais je ne pouvais ignorer que trop de maux en ce monde avaient pour cause la population humaine.


-Un monde comme votre fils en rêve est à notre portée. Dans l'immédiat, c'est impossible, mais je compte ouvrir bien des portes lorsque j'en aurai l'occasion.
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MessageSujet: Re: Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] EmptyDim 1 Juin - 10:30

Elisa l’avait questionné sur son fils par politesse, il le savait. Il connaissait aussi sa curiosité pour les créatures aussi complexes que celles de la forêt. Malgré leur âge millénaire, les dieux restaient plus proches des hommes. Ils avaient su les diriger, se faire vénérer, grâce à une sorte de compréhension mutuelle au fond de leurs cœurs. Les autres races avaient toutes des perceptions différentes, souvent compliquées à traduire pour des esprits qui semblaient incapables de juger sans tout ramener à leur expérience du monde. Les hommes avaient cela de pénible. Ils attendaient des êtres capables de communiquer avec eux qu’ils fissent un effort pour leur ressembler, n’acceptaient pas cette disparité de sensations, estimaient que refuser leur modèle de société était leur déclarer la guerre. Ils étaient majoritaires. Une fois organisés à l’intérieur de citées fortifiées, après avoir réglementé toute l’existence selon leurs lois, ils n’avaient laissé aucune chance aux petits clans de créatures de s’exprimer. A l’époque, les textes des espèces les plus rancunières parlaient de vermine humaine, les associaient à des rats qui proliféraient en détruisant toute la faune alentour. Pourtant, aucun groupe n’avait réussi à faire front commun pour s’opposer à la soumission et aux massacres.

Quand on voyait les guerres que les hommes menaient pour de simples histoires de cultures, il n’était malheureusement pas très difficile de comprendre que, en dépit d’un même ennemi, des civilisations aussi éloignées que celles des gobelins et des fées, par exemple, n’aient pas trouvé un moyen de s’entendre. Chacun avait reculé sur un territoire de plus en plus réduit. Les créatures avaient décliné faute de pouvoir évoluer, un peu comme les dieux, dont les idoles étaient abattues par l’arrivée de croyances plus adaptées à une peuplade moins primitive, plus vaniteuse qu’à ses débuts. Tous avaient été incapables de changer la donne en renonçant définitivement au passé. Lorsque Merwyn y songeait, tout lui apparaissait d'une sombre absurdité. Du côté des créatures surtout, le bilan le désolait. Les races s’étaient majoritairement opposées les unes les autres pour éviter de donner plus d’importances à l’une d’entre elles. Ils avaient finalement préféré les massacres des humains par crainte de se faire dominer par une autre espèce… Aujourd’hui, la paranoïa persistait. Habitué à leur mode de survie, les habitants de forêts ne voulaient plus se risquer à l’extérieur et les anciens étaient fermement convaincus que s’ils étaient encore en vie dans le respect de leurs vieilles tradition, cela signifiait que ce système était le bon et qu’un autre réduirait à néant tout leur univers… Il ne pouvait qu’approuver Elisa lorsqu’elle assimila la pensée conservatrice à une maladie.

Mais n’était-il pas ironique qu’un fier défenseur de l’esprit celte fût capable de penser ainsi ? Merwyn avait appris à cacher les attachements les plus profonds qu’il éprouvait envers sa culture. La destruction de toute son existence avait largement contribué à lui signifier la vanité de toutes les choses, la fragilité de chaque ordre. Il ne voulait plus s’aveugler dans le confort d’une existence basée sur les lois apparemment immuables du passé. Si préserver une part de son identité était important – on ne pouvait totalement changer – si, à long terme, il espérait un monde partagé entre les créatures et s’inquiétait peu, au fond, de la place des humains les plus faibles (c'est-à-dire, ceux que la magie n’avait pas touché, des êtres que l’essence même de la terre semblait nier), le gallois avait bien compris la nécessité de s’adapter aux temps nouveaux. Il était assez ridicule, au final, de militer pour la destruction des villes et penser effacer les quelques 3 000 ans d’évolution de l’espèce humaine. Leurs esprits ne pouvaient tout simplement plus être abordés de la même façon.

- Oh j’en sais quelque chose aussi. Vous savez, je serais probablement toujours terré dans mon château à vivre comme au Moyen-âge si une faille dimensionnelle n’avait pas fait disparaître cette aberration anachronique. J’ose néanmoins espérer que le reste du monde pourra changer avec des méthodes moins radicales.

Il avait dit cela en riant à moitié pendant que la déesse revenait avec les verres, comme si le sort ne lui avait joué rien de plus qu’un mauvais tour dont il pouvait finalement le remercier.

- Mais les choses bougent un peu partout. D’autres puissances cherchent à émerger et la civilisation humaine, telle qu’elle s’est construite ces derniers siècles est sur le point de s’effondrer. Elle entamait déjà des changements majeurs avant le drame. Aujourd’hui, il est important d’agir pour que la peur et la désorientation n’incitent pas les hommes à se replier dans les superstitions qui nous ont fait tant de mal.

Il trinqua avec Elisa en approuvant ses dernières paroles d’un signe de tête. Le soutien qu’elle tenait à lui réaffirmer le touchait, en quelque sorte. Mais il savait comme elle que d’autres jeux politiques d’importance seraient à mener avant de montrer les créatures. Et ce ne serait pas l’effet d’une petite année où deux.

- Nous ne sommes pas comme les hommes, toujours pressés par le temps qui leur est si fuyant Elisa… Nous sommes patients. La vie au seul rythme des saisons ne donne pas exactement la même perception du passage des ans. Je veux croire qu’une ère plus propice au rassemblement des races s’ouvrira bientôt, maintenant que les idées nouvelles font leur entrée dans des civilisations presque fossilisées… Mais je suis d’avis que l’essentiel doit se jouer avec les hommes, ici même. Leur société doit être suffisamment modifiée de l’intérieur pour être prête à accueillir les « autres »…

En laissant la phrase en suspens, il ouvrait lui-même une ouverture à Elisa pour lui donner, si elle le souhaitait, une opportunité de lui exposer quelques uns de ses projets, ou de revenir sur son échec peut-être. Philosopher sur les créatures fantastiques ne pouvait durer qu’un temps, et ils avaient déjà eu de nombreuses occasions d’évoquer la question.


Dernière édition par Merwyn Caerwyn le Jeu 24 Juil - 20:11, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] EmptyMer 23 Juil - 12:50

J'étais reconnaissante envers Justin Blackburn d'avoir veillé à ma sécurité lors de l'exécution publique de Laufey. Je savais que, s'il n'avait pas paré ce débris métallique avec son propre corps, j'aurais très certainement été blessée. Si je me fiais à ma grandeur par rapport à la sienne, je n'aurais pas, comme lui, reçu le morceau de métal dans l'épaule, mais bien en pleine tête. Comme je n'étais pas plus puissante qu'une humaine ordinaire quand je me trouvais en zone neutre, une telle blessure pouvait facilement m'être mortelle. Justin m'avait donc sauvé la vie et, même si nous n'avions pas abordé ce sujet en profondeur, j'étais pleinement consciente que je lui devais la vie. Le lycan avait démontré son dévouement ainsi que sa générosité en agissant ainsi et il avait, de ce fait, obtenu ma plus grande confiance, et ce, même si je ne pouvais lire ses pensées comme je le faisais avec presque tous mes alliés.

J'aimais beaucoup mon don de télépathie. Il me permettait de savoir à qui j'avais affaire en presque toute situation. À moins qu'une personne ne soit protégée contre mon pouvoir, je m'efforçais de fouiller l'esprit de quiconque s'approchait de moi ou s'opposait à moi. C'était ainsi que j'avais mieux compris la psychologie de Loki et que j'avais su ses plans à l'avance. Puis, sans que je sache comment, il avait bloqué l'accès à ses pensées. Seulement, maintenant, même sans savoir ses projets, je possédais une compréhension assez poussée de son esprit. Une compréhension suffisamment grande pour me méfier convenablement de ce dégénéré.

Je savais que le flop de l'attentat lors de l'exécution avait au moins servi à faire peur au dieu nordique. Il ne pouvait pas être au courant que la plus importante partie de mon plan avait été avortée. Donc, il devait être convaincu que les explosions n'étaient qu'une sorte d'avertissement. Je devinais la panique qui devait l'avoir gagné suite à cette journée et j'hésitais sur quel genre de réaction pouvait suivre. Soit il serait extrêmement prudent, soit il commettrait quelque chose d'énorme. Je pariais plutôt sur la seconde option, parce que je savais maintenant à quel point Loki aimait être le centre de l'attention.

Les dieux, et même ceux provenant d'une même mythologie, étaient habituellement très différents les uns des autres. Certes, plusieurs partageaient un égo supérieur à la moyenne des gens ainsi qu'un intérêt pour la puissance, mais ces traits ne se retrouvaient pas chez tous les dieux. En cela, nous étions des êtres bien différents des créatures, lesquelles possédaient beaucoup de traits psychologiques communs entre elles. Les vampires souffraient habituellement soit d'un besoin excessif de contrôle, soit d'une violence dont ils avaient besoin régulièrement, comme d'une drogue. Les lycans étaient colériques, spontannés et passionnés. Les sirènes sentaient le besoin de plaire à tout le monde. Les Felidae mentaient, trichaient, jouaient dans le dos et protégeaient leur race à tout prix. Les feux follets suivaient une logique impossible à prédire pour une personne normale... Chaque race présentait des caractéristiques qu'il était utile de savoir quand on voulait se faire des alliés. Je m'efforçais de les apprendre et les retenir par coeur. Justin m'en avait beaucoup dit et j'avais fait des recherches dans des livres de magie ayant survécu à l'ouverture de la brèche. Je m'intéressais beaucoup à ceux qui habitaient ce monde avant que nous y fassions irruption. Après tout, ils avaient des siècles d'avance sur nous.

Les humains étaient plus variés, qu'ils aient des pouvoirs spéciaux ou non. Je trouvais qu'ils étaient le milieu entre toutes les races. D'un individu à un autre, ils possédaient des caractéristiques différentes. Ils étaient une version fragile, éphémère et plus vulgaire des dieux. Ou alors, nous étions leurs semblables, mais magnifiés.

Je savais que les racines de Merwyn étaient assez éloignées du mode de vie commun des humains. Néanmoins, le voir s'adapter aussi bien me donnait un bon espoir pour ses semblables. Je souris à sa remarque sur sa vie moyennâgeuse, mais ne commentai pas. Il y avait longtemps que j'avais inspecté son esprit et son passé. Je savais à qui j'avais affaire.


-En effet. Les hommes aiment se convaincre des pires imbécilités pour se sentir plus en sécurité et, surtout, pour se persuader que leurs actions, même les plus laides, ont un sens qui dépasse leur petite existence. Même à l'époque où ils vénéraient encore les miens, ils nous inventaient des intentions et posaient des actions stupides soi-disant en notre honneur.

J'appréciais le jugement éclairé de Merwyn. Contrairement à plusieurs autres créatures extérieures aux hommes, il ne portait pas d'accusations ou ne condamnait pas cette race souvent considérée comme inférieure. Il soulignait les faiblesses des humains, mais c'était surtout par stratégie, et non par mauvaise foi.

-Modifiée de l'intérieur, bien sûr. Lentement, mais sûrement. Et ce n'est pas Loki ou tout autre dieu enflammé comme lui qui nous emmènera sur le chemin du changement.

Je lisais en Merwyn l'envie de me partager des idées que je devinais déjà dans son esprit. Il était un peu tôt pour former des projets d'avenir, mais il me plaisait de voir son ambition et, surtout, sa confiance en moi.

-Naturellement, de multiples solutions sont possibles pour avancer dans cette voie, si on y met l'efforts. Je serais curieuse d'entendre les vôtres.
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MessageSujet: Re: Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] EmptyLun 11 Aoû - 20:37

Merwyn était un être ambivalent, et il ne le devait pas seulement à un tempérament particulier. Mi-homme, mi-faune, il était capable d’analyser les deux races, pouvait se comporter selon les principes de l’une ou de l’autre. Son esprit s’adaptait vite. Il savait toujours où se trouvait ses intérêts, même si son cœur restait du côté de la forêt. La folie des hommes avait tué sa mère, et c’était une chose qui l’avait fortement marqué. D’une certaine façon, le traumatisme de ce meurtre sauvage traçait son entière destinée. Maintenant qu’il en avait le pouvoir, il défendait son peuple, cela avec d’autant plus de pugnacité qu’il le devait désormais à sa femme, à ses enfants, à tous ceux qu’il avait vu mourir de ses propres yeux. Le jour où son épouse avait péri, Merwyn s’était étonné du calme avec lequel il avait accepté cette fatalité. Il lui semblait que le sort de sa mère l’y préparait depuis sa plus tendre enfance. Pourtant, des mois plus tard, il avait réalisé combien ce drame le rongeait. Il se voyait comme une ombre, plus vide qu’il ne l’avait jamais été durant son adolescence, un être sans avenir personnel, étranger au bonheur, à la tristesse, présent dans le seul but d’aider d’autres âmes à survivre.

Il ne ressentait rien et, de ce fait, il lui était facile de juger froidement les autres. Elisa s’étonnait parfois de ses discours peu rancuniers sur les hommes, mais il n’oubliait pas qu’il possédait aussi certaines de leurs failles. Vivres avec une dryade le lui avait montré à de nombreuses reprises. Cependant, contrairement à ce dont les dieux et humains se persuadaient, les créatures n’étaient pas plus simples qu’eux. Ils ne les jugeaient qu’au travers de leurs traits les plus évidents, comme un ignorant prétendrait qu’une seule et même culture unissait le continent africain. En vérité, chaque esprit avait sa complexité, et les hommes étaient victimes des mêmes préjugés de l’autre côté. Ils possédaient leurs caractéristiques globales, certains aspects qu’ils se partageaient presque unanimement et avec lesquels on pouvait les mener. Etrange comme les représentants de leur peuple éprouvaient des difficultés à l’admettre tout en usant de ces failles pour manipuler leur semblable et mener des campagnes commerciales. Ils étaient, comme le soulignait Elisa, timorés, trop fermés pour accepter l’existence de forces supérieures dont les actes échappaient à leur compréhension. La réflexion de la déesse au sujet de leurs rituels lui arracha un sourire amusé. Et, en ces temps primitifs, ils étaient pourtant moins « idiots », plus ouverts, plus proches des divinités, de la création qu’ils ne le furent jamais depuis le monothéisme et des rituels qui atteignirent des sommets de bêtise.

Pour l’instant, Elisa approuvait ses vues. Elle condamnait les méthodes peu subtiles de Loki et, surtout, l’incroyable vanité de son projet de domination. Ils devaient tenter d’opérer un changement plus doux, ne rien précipiter, laisser la société se reforger d’elle-même sur des bases plus saines. Mais réintégrer la magie dans les mœurs, faire accepter sa réalité sans passer pour des illuminés ne sera pas une chose aisée. Même s’il avait déjà souvent réfléchi à la question, il se donna le temps de la réflexion pour livrer les paroles les plus mesurées possibles. Elisa le sondait, il le savait. Elle ne lui laissait pas prendre du terrain et attendait d’être absolument certaine de ses idées pour lui livrer les siennes.

- Les solutions sont multiples et c’est ce qui rendra nos décisions compliquées. Tous les chemins n’aboutiront pas, certains pourraient même nous nuire si nous en perdons la maîtrise. Je continue de me méfier des hommes, de leur peur des êtres supérieurs, de la jalousie qu’ils pourraient ressentir en découvrant des créatures, des dieux ou des sorciers qu’ils jugeront favorisés par la naissance. Le cataclysme a plus abîmé leur fierté qu’il ne les a guéri de leur orgueil. Une des premières choses à faire, selon moi, sera d’abattre à la fois les superstitions religieuses et cette tendance de la société moderne à célébrer l’individu, défendre l’idée qu’il n’y a pas d’égalité, mais une diversité. Accepter que son voisin puisse être meilleur que soi en un domaine sans essayer de se convaincre que son talent réside en partie sur l’inné ne sera pas simple, mais pourra peu à peu donner une chance aux sorciers de s’exprimer. Les religions monothéistes ont quant à elles causé beaucoup de dommages et continuent de le faire, même lorsque les humains prétendent ne pas y adhérer. Il faudra les faire reculer, tout en créant quelque chose de nouveau auquel les humains pourront se raccrocher. J’ai remarqué un profond besoin d’identification chez eux et s’ils perdent leur religion et un peu de leur superbe, il faudra leur permettre de trouver d’autres valeurs dans lesquelles se réfugier.

Il s’arrêta un instant, et observa Elisa, conscient de l’impact que pouvait avoir ce genre de discours quand ils n’étaient pas tenus par une personne passionnée, mais par quelqu’un qui ne s’intéressait qu’au résultat. C’était condamnable sur un plan moral, oui. Mais il ne voyait pas de différence entre ses propositions et ce en quoi les industries avaient froidement manipulés les hommes. Les masses dont on voulait défendre le libre arbitre raisonnaient déjà comme d’autres puissants l’avaient souhaité. De ce point de vue, Merwyn était intimement convaincu que les guider pour les réconcilier sans heurts avec les autres races, la magie et la nature leur serait bien plus bénéfique que ce que leurs dirigeants leur avaient imposé pendant un siècle.

- Ma manière d’aborder les choses peu sembler froide, ajouta-t-il avec son plus beau sourire.
Mais de nombreux mouvements de ce type se sont déjà dressés avec les religions new wave d’abord, puis affirmés ces dernières années avec la multiplication d’oiseaux de mauvais augure dans les médias. Il me semble que l’espèce humaine s’est épuisée et réclame un profond changement. Les temps nous sont favorables pour de nombreuses raisons.
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MessageSujet: Re: Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] Rien de plus qu'un petit verre entre avocats [TERMINÉ] EmptyJeu 4 Sep - 20:22

- Les solutions sont multiples et c’est ce qui rendra nos décisions compliquées. Tous les chemins n’aboutiront pas, certains pourraient même nous nuire si nous en perdons la maîtrise.

Ce que mon allié mettait en paroles m'avait de nombreuses fois effleuré l'esprit. Ce qui était le plus délicat quand on prenait une décision importante était de choisir la meilleure option. J'avais une certaine facilité pour prévoir les conséquences d'une action ou d'une autre. Je n'agissais que très rarement sur un coup de tête. Je pesais bien toutes les issues d'une solution avant de m'impliquer à la mettre en œuvre. De la position que je tenais, peu de grandes actions m'étaient possibles, mais rien ne m'empêchait de penser à l'avenir. Je semais mes graines un peu partout, l'air de rien, et elles auraient germé lorsque j'en aurais besoin. Il ne suffisait que de les arroser un peu. Malheureusement pour moi, la grande averse que j'avais prévue s'était soldée par un échec et Loki était toujours en vie.

-Je continue de me méfier des hommes, de leur peur des êtres supérieurs, de la jalousie qu’ils pourraient ressentir en découvrant des créatures, des dieux ou des sorciers qu’ils jugeront favorisés par la naissance.

-Les humains aiment se croire sur le barreau le plus haut de l'échelle.

Dès qu'on les forçait à lever la tête, leur seule envie était de tirer sur les chevilles de ceux qu'ils apercevaient pour les faire redescendre. C'était malheureux, mais les humains avaient beaucoup plus de facilité à détruire qu'à comprendre.


-Le cataclysme a plus abîmé leur fierté qu’il ne les a guéri de leur orgueil. Une des premières choses à faire, selon moi, sera d’abattre à la fois les superstitions religieuses et cette tendance de la société moderne à célébrer l’individu, défendre l’idée qu’il n’y a pas d’égalité, mais une diversité. Accepter que son voisin puisse être meilleur que soi en un domaine sans essayer de se convaincre que son talent réside en partie sur l’inné ne sera pas simple, mais pourra peu à peu donner une chance aux sorciers de s’exprimer.

J'écoutais Merwyn me déballer toute sa perception de la société et je ne l'interrompais pas. J'étais beaucoup plus intéressée à entendre ce qu'il avait à dire qu'à dialoguer. Je ne considérais pas que ce qu'il disait était totalement faux, mais certains points ne rejoignaient pas ma manière de voir les choses. Je ne considérais pas les religions comme ennemies, pour commencer. Il serait délicat, mais possible, de se servir de celles-ci pour mieux faire avaler aux humains l'existence d'être différents. Je ne comptais pas révéler à la population que certains aient des dieux, jamais. Je savais que les hommes ne seraient jamais prêts pour cela. Toutefois, j'étais persuadée que s'ouvrir à des êtres qui avaient toujours été là leur serait accessible. J'avais des alliés magiques avec des croyances religieuses de tous types et, de ce fait, j'étais assurée que la magie et la spiritualité pouvaient être compatibles si on y mettait les efforts.

-Les religions monothéistes ont quant à elles causé beaucoup de dommages et continuent de le faire, même lorsque les humains prétendent ne pas y adhérer. Il faudra les faire reculer, tout en créant quelque chose de nouveau auquel les humains pourront se raccrocher.

L'idée valait la peine d'être considérée, surtout si on prenait en compte l'existence des nombreux groupes AGV créés par Artemis lors de son arrivée par la brèche. Beaucoup d'humains, de sorciers et de créatures les avaient rejoints et se rencontraient. Une partie de l'acceptation pourrait venir de ces groupes. Il me faudrait m'assurer le soutien d'Artemis une fois que je dirigerais la ville. Son idée de baser une sorte de culte sur un rythme de vie plus sain pouvait rejoindre à la fois les moins croyants et ceux qui cherchaient à quoi s'identifier. De plus, avec la culture orientée sur la glorification personnelle, les objectifs d'AGV étaient en plein dans le ton recherché par la majorité de la population.

-J’ai remarqué un profond besoin d’identification chez eux et s’ils perdent leur religion et un peu de leur superbe, il faudra leur permettre de trouver d’autres valeurs dans lesquelles se réfugier.

Je hochai la tête avec un sourire poli. J'avais enregistré les vues de mon allié et je les noterais une fois chez moi. Mon don de télépathie me permettait de découvrir énormément de choses sur les gens que je côtoyais, mais je n'avais aucun moyen magique de tout retenir. J'avais donc décidé, depuis que je caressais plus sérieusement l'idée de diriger la ville, de noter tout ce qui me paraissait pertinent, que je le lise ou l'entende de la bouche de quelqu'un.

- Ma manière d’aborder les choses peu sembler froide.

-On ne batit pas des projets politiques en ouvrant tout grand son coeur. La réflexion est la meilleure technique, à mes yeux.


-Mais de nombreux mouvements de ce type se sont déjà dressés avec les religions new wave d’abord, puis affirmés ces dernières années avec la multiplication d’oiseaux de mauvais augure dans les médias. Il me semble que l’espèce humaine s’est épuisée et réclame un profond changement. Les temps nous sont favorables pour de nombreuses raisons.

-Il est vrai que les esprits sont affaiblis, par les temps qui courent. Laufey a rebatit une ville, mais il a laissé sa population aussi brisée qu'au lendemain de la catastrophe. Les morceaux sont recollés, mais j'ose croire que nous pouvons encore les déplacer à notre guise.

J'avais écouté toute la tirade de mon allié sans lu signifier mon accord ou mon désaccord avec comment il percevait l'avenir. Je me devais de réfléchir et, en attendant, je faisais de mon mieux pour dégager une ouverture réelle. Bien que je trouvai ses plans un peu extrémistes, je devais avouer qu'il avait bien réfléchi à tout et qu'il possédait une bonne connaissance des faiblesses des humains. Ses conseils et idées pouvaient m'apporter beaucoup même si, dans l'immédiat, elles ne rejoignaient pas totalement mes propres convictions.

-Je suis heureuse que vous m'ayez fait part de vos idées. J'en prends bonne note et j'y réfléchis bien.

Je posai les yeux sur l'heure et je réalisai qu'avec toute cette discussion de projets d'avenir, je n'avais pas vu passer le temps. Je ne voulais pas brusquer mon invité, mais j'avais fait une promesse que je devais tenir.

-Je ne voudrais surtout pas vous mettre à la porte, mais je dois absolument faire une course dans cette boutique qui ferme dans moins d'une demi-heure. Il faut vraiment que je parte.

Je me sentais mal de précipiter la fin de notre entretien. Je n'avais pas prévu que nous nous lancions dans une discussion aussi approfondie.

-Je suis vraiment désolée de partir ainsi, mais j'ai promis à une amie de lui rendre service et elle a besoin de cet onguent particulier dès ce soir.

J'avais parlé en raccompagnant Merwyn à la porte de mon bureau. Je m'occuperais bien des verres le lendemain. Au passage, j'avais attrapé mon manteau et mon sac à main. Je fermai bien mon espace personnel derrière moi. Puis, je m'avançai vers l'ascenseur et appuyai sur le bouton pour l'appeler.

-J'apprécie vraiment que nous soyons du même côté... Je vous souhaite une très belle fin de soirée!

J'avais promis à Vénus de passer à la boutique de ce guérisseur pas commode pour aller lui chercher un onguent pour son petit ami. Je savais qu'elle en avait encore plus que moi à faire ces temps-ci, en plus du stress de voir l'homme qu'elle aimait en mauvais état. J'avais donc décidé de lui rendre ce petit service.

Je fis un dernier petit signe de la main à Merwyn alors que les portes de l'ascenseur se refermaient. Après être allée à la boutique, je passerais rapidement déposer mon achat chez Vénus. Ensuite, comme Zeus travaillait ce soir-là, j'aurais la maison pour moi toute seule. Au menu: long bain chaud et musique pas du tout au goût de mon mari.
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