âge •• Des milliers d'années (apparence d'environ 19 ans)pouvoirs •• passage (ouvrir des passages entre les lieux), providence (voir sous forme d'images la nature et le destin d'une personne sur toute surface réfléchissante), contamination (transmettre une maladie, cette maladie pouvant être calquée sur n'importe quelle maladie existante ou inventée) objet magique •• miroir d'obsidienne qu'il porte sous forme de bague (relique vieille de plusieurs milliers d'années, elle lui permet d'emprisonner des reflets et de les conserver quelques heures pour les visionner plus tard) qualités •• sensible à la beauté de tous genres, poétique, charmeur, curieuxdéfauts •• manipulateur, rusé, inquiétant, sombre, amer, a un drôle d'humour, perturbé, sadique, froid, semble parfois déconnecté de la réalité (quand il observe des surfaces réfléchissantes)habitudes •• faire le mal (mais vraiment, c'est par habitude...il a toujours fait le mal et il n'a aucune raison de cesser de le faire), manipuler les gens pour obtenir leur affection, faire des caprices de dieu mécontent, se mettre en danger, mettre d'autres personnes en danger, ruminer sur son passéapparence •• cheveux bruns et teint clair, de grands yeux plus bleus que le ciel, toujours bien habillé... Ses yeux sont clairs et purs mais, si on y regarde bien, on peut distinguer, au fond de ceux-ci, une noirceur qui donne le vertige._________________________________________
HISTOIRE
Il était né de parents divins qui avaient aussi donné naissance à trois autres dieux. L’un d’eux, rouge, avait pour destin de se mutiler pour nourrir la race humaine. Un autre, d’essence bleue, était un guerrier à la puissance inégalable qui se devait de défendre les hommes contre les envahisseurs. Un autre, le plus illustre d’entre tous, de lumière et de blancheur, représentait tout ce qui était bien, valeureux et pur, et il était destiné à régner et à être respecté par les hommes. Tezcatlipoca, lui, était né pour s’opposer à lui. Il était fait de noirceur, de mal et de peur. Sa raison d’être ne pouvait être autre que tenter de nuire à son frère, compenser sa perfection par son ignominie, ce qu’il accepta de faire, car tel était son destin. Toute réalité doit trouver son contraire quelque part. Il ferait sa part pour conserver l’équilibre du monde.
L’horreur qui le composait dans toute sa personne le fascinait et il accepta de la laisser le diriger sur le chemin qui avait été tracé pour lui dès sa naissance. Il compléta son frère de lumière avec ses ombres et ses menaces pendant des années, répandant la mort et la frayeur au même rythme que Quetzalcóatl distribuait la justice et la bonté. Un jour, il parvint même à prendre un peu d’avance sur son rival alors qu’il avait l’habitude du contraire. Il le fit boire et rompre son vœu de chasteté, ce qui plongea Quetzalcóatl dans une grande culpabilité. Tezcatlipoca en profita pour s’en prendre à son précieux peuple, mais il se lassa vite de ce jeu, car gagner trop de puissance lui donnait l’impression de ne plus avoir de but, de raison d’exister. Qui était-il, seul? À quoi servait-il?
Le dieu maléfique avait depuis toujours un pouvoir qui lui permettait de franchir tous les passages, toutes les portes, tous les murs. Rien n’était à son épreuve. Il s’exila donc dans une autre dimension dans laquelle il n’était jamais allé, un territoire vaste et sans vie, et il y resta des années à essayer de comprendre pourquoi il existait, ponctuant sa solitude de brèves excursions dans son monde d’origine pour faire du tort à son frère. Il en conclut qu’on ne l’avait créé que pour permettre à Quetzalcóatl de mieux briller, d’être plus aimé. Il était son faire-valoir, une créature sombre et indésirable qui ne servait qu’à prouver comment le dieu blanc méritait la gloire, l’affection et la dévotion du peuple. Il comprit néanmoins que, sans lui, son frère n’était pas plus qu’une enveloppe vide, une moitié de dieu. Ils devaient être ensemble, l’un contre l’autre à se déchirer et se faire du mal pour que le monde tel qu’il devait l’être continue à garder son équilibre. Était-ce une consolation? Le bon ordre des choses avait-il une réelle importance à côté du fardeau d’être la rouille à coté de l’or? Tezcatlipoca n’en avait rien à faire, finalement, de ces gens qui n’attendaient de lui que le pire, et de ce frère qui n’avait toujours fait que profiter de sa belle naissance, le regardant de haut juste parce que son essence était noire.
Tezcatlipoca ouvrit donc un passage vers le monde des hommes, ce qui lui demanda énormément d’énergie qu’il tira des sacrifices que les humains les plus effrayés lui faisaient pour s’attirer sa pitié. Il traversa dans ce monde plein de promesses où la plupart des gens ne pouvait voir l’essence d’une âme et ne se fiait qu’aux apparences, et il prit forme humaine. Il choisit une apparence flatteuse, un teint clair, des cheveux sombres et des yeux lumineux. Là, il se montrerait beau et on le croirait aussi bon que son frère. Personne ne saurait quelle noirceur l’habitait et il tirerait des gens la même admiration que celle dont son frère avait toujours été couvert. Seulement, Quetzalcóatl parvint à se glisser dans le passage avant sa fermeture et le suivit vers cette nouvelle vie. Fâché de son échec et sa honte lors de la duperie de Tezcatlipoca qui l’avait poussé à gâcher sa pureté en brisant son vœu de chasteté, il proféra une malédiction sur lui, laquelle lui interdisait de marcher sur ce sol qui appartenait à un peuple qui ne serait jamais le sien. Tezcatlipoca tomba au sol, ce jour-là, et ne put jamais se servir de ses jambes alors que le soleil était dans le ciel, car la lumière avait toujours été l’alliée de Quetzalcóatl. Néanmoins, la nuit, lorsque la noirceur l’emportait sur les rayons lumineux, le dieu maléfique pouvait se tenir sur ses jambes comme si aucune malédiction ne l’affectait. Pendant des centaines d’années, il demeura caché le jour pour ne sortir qu’à la tombée de la nuit. Il évita son frère et nourrit pour lui et ce nouveau monde qui aurait dû être le sien une haine froide et obsessive. Chaque nuit, il tua, et la noirceur au fond de lui l’en remercia, car il la faisait grandir.
Vers 1345, il acheva de mettre au point un fléau qui devait mettre fin à l’existence de la population humaine. Il y avait plus de cent ans qu’il y travaillait, reportant sur les humains qui avaient toujours préféré son frère sa haine envers ce qu’il était né pour être. On nomma cette maladie qu’il répandit la peste noire et après que des milliers de gens furent mort, Tezcatlipoca s’en voulut, sans arriver à s’expliquer pourquoi. S’il était l’incarnation du mal, il n’avait pas à ressentir de culpabilité. Néanmoins, il s’arrangea pour que l’idée d’une solution pour enrayer le mal vienne à la connaissance de Quetzalcóatl, sans que son frère ne sache qu’il était à l’origine de cette solution, et il lui fit confiance pour accomplir ce qu’il avait toujours su faire : être parfaitement lumineux et utile. Ce fut tout de même avec surprise qu’il constata que Quetzalcóatl avait adopté une forme humaine féminine. Mais il ne fut en rien étonné lorsque son frère, ou plutôt sa sœur, répara son abomination en moins de quelques années.
Tezcatlipoca ne créa plus jamais de catastrophe désolante du genre. Il se contenta de tuer, de temps en temps, des humains qui lui déplaisaient. Il préféra essayer de s’en tenir aux motivations qui l’avaient fait quitter son monde d’origine et que Quetzalcóatl avait brisées en le privant de marcher en plein jour, alors que la plupart des humains dormaient la nuit. Il décida de se faire aimer, par pitié ou par admiration, de seulement quelques hommes à la fois. Selon les époques et les lieux, il se fit passer pour complètement handicapé ou il se choisit des fréquentations douteuses qui ne sortaient que la nuit. Son charisme, lui venant de sa nature de dieu, ainsi que son intelligence lui permirent de gagner l’affection et l’intérêt de beaucoup de gens. Il fut heureux de constater qu’il pouvait exister sans Quetzalcóatl à ses côtés pour absorber toute l’attention. Néanmoins, quelque chose en lui réclamait la présence de son autre moitié pour perpétuellement essayer de la détruire.
Aujourd’hui, Tezcatlipoca est à New York. Il y est arrivé très récemment, traversant le mur grâce à son pouvoir de passage. Il se fait passer pour un jeune sorcier de dix-neuf ans en fauteuil roulant, ce qui n’est pas complètement un mensonge. Il sait que sa sœur est dans cette ville et il y reste tout de même pour se tester et pour la tester. Il ne souhaite pas se mesurer à elle, il veut savoir s’il peut résister à l’envie de s’en prendre à elle et s’il peut, même à proximité d’elle, être autre chose que l’entité maléfique qui n’est là que pour faire valoir Quetzalcóatl.
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CARACTÈRE
Tezcatlipoca est perturbé. C’est probablement son trait de caractère le plus présent. Il y a en lui cette noirceur avec laquelle il est né. Il ne pourra jamais s’en débarrasser. Elle le gruge de l’intérieur, le pousse à faire des choses qu’il n’aime pas, par la suite. Elle est toujours là, dans le fond de ses yeux, prête à décider à sa place. Pourtant, le dieu déchu ne veut pas lui obéir. Il veut agir comme cela lui chante. S’il a envie d’aider une personne, il veut contrôler ou contourner la noirceur pour le faire, mais elle finit toujours par le lui faire regretter. Il est né pour être maléfique et rien ni personne n’est à ce jour arrivé à lui donner assez de force et de volonté pour arrêter de se plier à ce qu’il a toujours été.
Lorsqu’il a une victime sous la main, habituellement une personne qui lui a nui ou qui lui semble mériter un châtiment, Tezcatlipoca est sadique, mais froid. Il apprécie la souffrance, mais il ne s’en moque jamais.
La manipulation est un art que le dieu a perfectionné durant ses années sur terre. Il sait qu’un jeune homme en fauteuil roulant peut obtenir des faveurs qui lui seraient refusées s’il était sur ses deux jambes et il en profite. En même temps, il se dit que la malédiction qui pèse sur lui est bien réelle : il a tout essayé et aucune magie ne peut le faire marcher durant le jour.
Tezcatlipoca aime bien son identité humaine et ne veut pas se mêler des histoires de politique qui amusent tant les autres dieux. Il a déjà vu ce qui se passait quand plusieurs dieux devaient chacun avoir leur place et il ne veut plus de cela. Il aime se faire appeler Ezra, comme il a apprécié ses autres prénoms. Il considère que ses identités humaines représentent plus ce qu’il est que le dieu maléfique qu’il a été forcé à être.
À première vue, Ezra est sympathique et charmeur. Il aime sourire. Il voit la poésie dans les mots, les images et les gens. Il oublie parfois de ne pas se montrer trop intense – les humains n’ont pas tous eu des milliers d’années pour se faire une idée sur le sens de la vie! Toutefois, s’il ne se surveille pas, il peut devenir inquiétant pour une personne normale, car ses réflexions peuvent tomber dans des idées sombres et amères. À son avis, la famille est une prison, l’amour n’existe pas et l’amitié commence à mourir en moins de quelques mois. Personne ne lui a prouvé le contraire et c’est avec un humour acide qu’il accueille la naïveté de certaines personnes.
Tezcatlipoca ne déteste rien autant que Quetzalcóatl, sinon toute notion de destin. Sa sœur représente pour lui l’injustice et la solitude, car c’est bien à cause d’elle qu’il n’a jamais pu être autre chose qu’un dieu de l’ombre, son ombre à elle, et que personne n’est arrivé à voir en lui quelque chose de plus qu’un esclave du mal. Personne, même pas lui.