Les Dieux de New York
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Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn}

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Amy OrchentAmy Orchent


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MessageSujet: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptyDim 16 Fév - 7:42








Amy au pays des merveilles


Je frissonne. Il fait environ 4°C et le vent est aux alentours d’une dizaine de kilomètres par heure, d’après les prévisions météo. Cela me fait étrange de me dire que malgré ces conditions clémentes, j’ai froid. Je comprends pourquoi. Si les vents étaient plus forts et les températures plus faibles, là où j’ai grandi, les premiers ne portaient pas cette humidité qui fait rentrer les secondes dans les chairs. En montagne, le froid nous enveloppe, nous environne. Ici, il cherche à s’infiltrer jusque dans nos os. Il est agressif. Tout est agressif. Mon nez et mes poumons inspirent un air pâteux et puant. Mes yeux et mes oreilles sont saturés de mouvements et de lumières incessants. Régulièrement, alors que je traverse la circulation automobile ou m’approche trop prêt d’une bouche ou d’une grille de métro, ma peau devient poisseuse tandis que des molécules, dont je préfère ignorer la composition, s’y accrochent. Elles s’en vont rapidement. Sans doute sont-elles pressées, comme le reste. Les gens. Certains peinent à garder leur calme, participant à l’agressivité de leur environnement. La circulation, surtout, même si des piétons sont sporadiquement dans ce cas aussi. Même les oiseaux volent plus vites. Oiseaux qui participent à la circulation, d’ailleurs ; je n’aurai jamais imaginé voir un pigeon attendre à un passage piéton et ne s’y engager que lorsque des gens ont commencé à le faire. Les passants les ignorent. Les passants s’ignorent également. Trop de choses, chacun cherche sa bulle. J’ignore comment ils font pour se couper auditivement du monde extérieur ; au mieux, je n’arrive à mettre qu’un écouteur. J’ignore comment ils font pour se couper visuellement du monde extérieur ; au pire, je détourne le regard. Cependant, je regarde. J’écoute. J’apprends. Je frissonne.

New York City. La Grosse Pomme, je suppose que c’est mieux que la bonne poire. La ville qui ne dort jamais, je suis pas certaine que ce soit bien… mais c’est sans doute parce que je suis une marmotte. Si j’ai tout compris, les limites actuelles sont similaires à celles qu’elle avait durant ses vingt-sept premières décennies d’existence. De mémoire, lorsqu’elle a été fondée en 1624 par les néerlandais, la Nouvelle-Amsterdam ne comportait que le sud de Manhattan. Conquise quarante ans plus tard par les Anglais, New York s’est développée rapidement mais elle n’a acquis sa géographie la plus connue qu’en 1898 avec l’annexion de Brooklyn, du Queens et de Staten Island. Après le Cataclysme, tout à été repris depuis le début. Premier arrivé premier reconstruit, le sud de l’île est devenu le Quartier Helheim, s’étendant jusqu’aux environs d’Houston Street. Au-dessus, dans un élan de lucidité probablement dû à une divinité consciente que la jeunesse est le futur de l’humanité, c’est le Quartier Learning qui a été recréé. Après 23th Street, c’est au tour du Quartier Empire, nommé d’après l’Empire State Building et faisant office de nouveau centre-ville ; probablement vis-à-vis des activités culturelles que l’on peut y mener. J’ignore encore si le Quartier Gaia, autour de Central Park, commence à 42nd ou à 57th Street et s’il s’étend jusqu’à Harlem ou au-delà. Ce dont je suis sure, cependant, c’est que le Quartier Grey, délaissé par la politique urbaine, occupe l’ancien Bronx et les quartiers frontaliers entre celui-ci et l’ancien Manhattan. Reste à savoir si ses frontières se limitent ainsi ou si le Quartier Grey s’étend également sur les annexes ; je privilégie la première hypothèse, les ponts reliant l’île au reste facilitant grandement le travail des douanes et les fleuves comme l’insalubrité du Quartier Grey dissimulant aisément le mur magique. A défaut d’avoir pu étudier la faune Newyorkaise, j’ai étudié son histoire et sa géographie afin de m’y retrouver au mieux.

Parmi la multitude de personnes et de couleurs, j’avance en blanc. La veste de laine, adaptée aux températures neigeuses, est longue. Ouverte, elle dévoile une jupe moins chaude, couvrant un haut de laine noire clairsemée de la couleur saisonnière et un collant saisonnier de ce même achrome. Régulièrement, je m’arrête pour céder le passage ; à une voiture, un vélo, un piéton, voire un pigeon. Tous ont bien compris que, si je marche plus vite qu’eux, je ne force pas mon chemin. Même si je suis pressée, moi aussi. Plus exactement, je suis en retard. Je suis toujours en retard : j’arrive toujours dix minutes après l’heure prévue, c’est le décalage horaire montagneux. Logiquement, je pars donc dix minutes plus tôt. J’arrive donc à prendre vingt minutes de retard, techniquement. Cela craint, surtout lorsqu’on a rendez-vous avec l’une des personnes les plus importantes de la ville. Le New York City Hall se trouve toujours au sud de l’île et, s’il ne s’agit plus de la plus veille mairie des Etats-Unis puisqu’il a surement fallu la reconstruire, le bâtiment reste fidèle à l’original et donc tout aussi impressionnant. C’était un lieu historique national avant la Catastrophe. Désormais que la nation s’est réduite à une cité-état, il doit l’être encore plus. L’extérieur est d’une architecture de la renaissance française, avec un pavillon central et deux ailes de part et d’autre. L’héritage gréco-romain est particulièrement visible avec les colonnes qui encadrent l’entrée et soutiennent le balcon au-dessus, tandis que les marches, qui précèdent tout ceci, ajoutent à la monumentalité ; comme si cela était nécessaire alors que le troisième étage, limité au pavillon, est surplombé d’une tour. Considérant que le tout ne peut être regardé qu’en contre-plongée, je n’ai pas besoin de qui que ce soit pour m’immobiliser cette fois. Mon observation se termine rapidement et mon avance reprend. Ma chaussure plate se pose sur les marches.

Franchir le palier est une étape. Une étape que j’accompagne en sortant mes bras de mes manches afin de porter ma veste en cape. Ce geste simple permet cependant de m’assortir à l’architecture désormais géorgienne, liée aux quatre premiers monarques anglais du même nom. L’entrée voit une rotonde monter en flèche, accompagnée d’un grand escalier de marbre guidant jusqu’à l’étage. Autrefois, 108 peintures allant du XVIIIe au XXe siècles se trouvaient dans cette mairie et j’apporte ainsi une attention particulière à savoir combien ont pu être sauvées. La campagne de restauration de 2006 n’a probablement jamais été menée à son terme et sans doute que de nombreuses œuvres bénéficient de similaire traitement aujourd’hui, expliquant leur absence. Mes errances visuelles et mentales s’arrêtent là, aidée par l’approche d’un agent de sécurité. Il ne prend pas contact, avançant seulement pour signaler sa présence et son observation. Je le salue d’un mot et d’un sourire avant de m’avancer jusqu’au guichet d’accueil. Le premier réflexe de l’hôtesse qui se trouve là est de me tendre un numéro d’attente. Je lui réponds avec les mêmes mots et sourires que précédemment, puis annonce mon identité et mon rendez-vous avec le Maire. Ma carte d’identité et mon passeport sont les premiers vérifiés, mes affaires sont les secondes, une fois mises dans un bac, puis vient enfin mon tour, au détecteur de métal que je suppose enchanté.

Oui, je suis magique. Je ne pensais pas que cela serait une condition d’entrée dans New York City, cependant je m’attendais à ce que cette ville révèle beaucoup de surprises. Je m’y attends encore. L’aide secrète du maire, dont l’entente avec mes parents doit être toute aussi secrète, a été indispensable à ce que mon séjour soit validé. Je me demande si la politique d’immigration cherche à favoriser les créatures magiques ou se limite aux divinités. Dans un cas comme dans l’autre, il est aisé de comprendre comment des démons, tels que les serviteurs du président à l’Envie et au voyage, arrivent à faire un marché aussi juteux avec cette ville. Les démons, l’Œ en est familier. Ce sont les divinités disparues avec l’avènement de l’ère chrétienne qui risquent d’être problématiques. Du fait des conflits entre celles résidant à New York et d’autres organisations humaines entre 2015 et 2016, l’Œ a préféré envoyer un agent extérieur ; une équipe assermentée aurait pu être considérée comme problématique. Mon père a été franc avec Merwyn Caerwyn, exposant le double objectif de ma présence : officiellement que je puisse construire ma vie dans les meilleures conditions et officieusement que je puisse découvrir quelles divinités sont présentes comme leur alignement envers l’humanité. J’ignore quelles informations ils ont échangé en plus de cela mais je suppose bien qu’à aucun moment mon père n’a réclamé quoi que ce soit qui mettrait son allié en porte-à-faux. L’objectif officiel comme le service rendu à un allié doivent être suffisant pour justifier l’acceptation de ma présence. L’objectif officieux implique sans doute que mon père n’ait demandé aucune identification des divinités à son allié, me faisant confiance pour les trouver par moi-même et le protégeant lui. Pour ma part, la protection viendra de mon positionnement social ; même si mes parents ont tenu à ce que j’emporte des protections magiques également. Protections magiques que, je suppose, Mr Caerwyn possède également.

Incapable de dire jusqu’où c’est vraiment porté la fouille faite par le service de sécurité de la mairie, je suis au moins tolérée dans les étages. J’y suis escortée jusqu’à une autre salle d’attente. Probablement y en a-t-il une par étage, ne serait que pour séparer les invités du Maire et les visiteurs en attente de rendez-vous administratifs. Visiteurs qui se doivent d’attendre là où moi j’arrive après l’heure convenue. J’espère en toute sincérité que le repas de Mr Caerwyn aurait duré plus longtemps que prévu, même si je me doute qu’il aura su l’écouter pour arriver à l’heure à son rendez-vous de treize heure trente. Est-il officiel ou non ? Je n’en sais rien. Je ne réalise que maintenant qu’on est dimanche mais que la mairie est tout de même ouverte. Je réaliste aussi que j’aurai peut-être bien fait d’apporter un cadeau de remerciements, comme une boite de chocolat. Surtout si la mairie est ouverte pour moi ; même si cela me semble improbable. Il est plus crédible qu’il arrive autre chose, ou simplement que les divinités païennes n’aient rien à faire du Jour du Seigneur et préfèrent avoir des temps de repos lors de jours leurs étant consacrés. Enfin, je réalise qu’on m’invite à entrer.


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MessageSujet: Re: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptyDim 22 Mar - 7:59

Dimanche ou un autre jour de la semaine, il y avait toujours quelque chose à faire lorsqu’on était à la tête de la mairie de New-York, surtout lorsqu’il restait peu de mois et qu’il était nécessaire de préparer son départ en semant ci-et-là des bases que le prochain gouvernement ne pourrait défaire. Arrivé au pouvoir par « accident » Merwyn n’avait pas l’intention de se représenter. Quand on s’en étonnait, en arguant qu’il avait pourtant une large adhésion de la population, il répondait en souriant que ce rythme n’était pas pour lui, qu’il était heureux de ce qu’il avait pu réaliser ces dernières années mais préférait désormais laisser la main à une personne qui avait toutes les qualités pour se battre dans une campagne. C’était vrai, en partie. L’idée de débats télévisés n’était pas ce qui l’enthousiasmait le plus, car le faux pas menaçait toujours en direct. Il détestait les situations qui risquaient de lui faire perdre tout le contrôle qu’il tenait sur son image, notamment face au petit jeu évident de Lance Larian. S’il ne s’inquiétait pas nécessairement de perdre dans une joute verbale face à lui, il se préoccupait en revanche de la manière dont il parviendrait à le faire. Quand il n’était pas habituel de tenir un rôle de guignol comme il le faisait, il était probable de devenir bien plus acerbe que nécessaire. Il ne voulait pas de ce stress. Il ne voulait pas particulièrement du pouvoir non plus. Le pouvoir l’exposait. Et s’il avait jugé ce rôle nécessaire un temps, il préférait retourner à l’ombre, où il pourrait agir tranquillement avec la toile et les contacts qu’il s’était tissé, surtout depuis que son fils préféré était revenu d’entre les morts et lui assurait d’accélérer les changements qu’il espérait apporter à ce monde. Ils avaient trouvé ensemble le fantoche parfait pour des élections qu’ils n’auraient aucun intérêt à gagner, un jeune homme ambitieux mais trop « bon élève » pour survivre face à Larian. Il connaissait ses discours par cœur, il était soucieux de bien faire. Le choix était justifié sur le papier. En réalité, il n’avait aucune présence et pouvait facilement perdre contenance, surtout lorsqu’il devrait justifier les incohérences de son discours, savamment élaborées par Merwyn lui-même et qu’il avait appris par cœur sans voir venir le piège. Mais Larian, comme certains journalistes, le verraient, eux. Etait-ce cruel ? Bien sûr, en un sens. Mais leur jeune poulain avait eu les discours, il aurait pu les questionner sur les points sensibles, demander à rectifier certaines choses. Mais il n’avait rien fait. Il serait donc bien responsable de son propre échec, ce n’était pas comme s’il lui livrait du contenu fallacieux au dernier moment.

Personne n’avait d’obligation à venir travailler le dimanche, mais la mairie restait ouverte à ceux qui le souhaitaient. Depuis qu’il était séparé, il n’avait plus vraiment d’intérêt à rester chez lui, surtout depuis qu’il se sentait parfaitement intégré à la ville de New-York. Merwyn sortait le plus souvent possible, même s’il restait seul dans son bureau, il avait toujours une personne avec qui déjeuner, toujours des gens à retrouver à la sortie du bureau. Ce n’était pas très difficile quand tout le monde vous connaissait et souhaitait discuter avec vous. Il se perdait comme il ne l’avait encore jamais fait dans la folie de la ville depuis qu’il avait renoncé aux attachements de son passé. Il avait accepté l’impossibilité de reconstruire le cocon rassurant qu’il avait connu, l’impossibilité de se trouver une épouse qui lui ferait revivre les mêmes émotions qu’Epona. Il ne savait plus vraiment où il en était et n’avait pas envie de se questionner maintenant qu’il avait décidé qu’il n’avait rien à construire dans ce monde-là et devait accomplir ses objectifs, puisque la tempête l’avait privé de son univers parfait. Ce midi, il avait pris un repas rapide à la caféteria avec une intérimaire qui appréciait de pouvoir travailler le dimanche pour pouvoir financer ses études. Elle était distrayante. Mais tout le monde le distrayait depuis une année. Les gens lui parlaient avec enthousiasme et il les laissait s’exprimer, en les relançant suffisamment pour donner l’impression d’une conversation fluide. En réalité, ils n’étaient là que pour le divertir, ce qui ne l’empêchait pas de rester prudent et toujours soucieux de son image. Il ne se passerait rien avec cette intérimaire. Même s’il s’amusait de plus en plus à mesurer son potentiel de séduction sur les femmes, ce n’était, là aussi, très souvent qu’un divertissement. Il n’était pas question de prendre le risque de scandales dégradants dans ses services.

Puisque ce repas n’était qu’un moyen d’occuper son vide, il avait regagné son bureau vingt minutes avant le début de son entretien, son chien sur ses talons. Sa volonté de garder son épagneul avec lui pendant ses heures de travail l’avait fait passer pour un original au début, mais Merwyn s’autorisait parfois des dérogations aux codes sociétaux quand ils lui apparaissaient nécessaires. Les chiens vivaient en groupe, et surtout quand il était le seul membre du groupe, le priver toute la journée de sa présence était une véritable violence. Aedd était bien élevé, il appréciait d’être au cœur de l’action avec lui et savait faire honneur à son privilège d’être le seul chien autorisé à l’hôtel de ville.
La jeune fille qu’il devait recevoir était un cas très particulier, une humaine qu’il avait laissée entrer suite à le demande d’un organisme de sorciers, et surtout, de son père. Il aurait été délicat de refuser, surtout quand on lui avait révélé en toute bonne foi que le but assumé était de contrôler les agissements de certains dieux, et que le nom de Caerwyn était traditionnellement lié à une ancienne lignée de sorciers gallois. Les projets de Merwyn n’allaient pas dans le sens des divinités. Si l’arrivée de cette Amy Orchent pouvait les déstabiliser, il pourrait probablement en tirer avantage. Et, même si ce n’était pas le cas, pouvait-il vraiment refuser ce qu’on lui demandait sans avoir l’air de soutenir des entités mal intentionnées envers l’humanité ? S’il pouvait obtenir des informations importantes de la part d’Amy, elle constituait aussi un parfait alibi de sa politique : c’était la preuve même qu’il ne cherchait pas à nuire aux humains, après tout.
Le chien accueillit la jeune femme avant lui. Couché aux pieds de son maître, il se redressa pour aller sentir aussitôt la nouvelle arrivante. Merwyn était beaucoup plus permissif avec son animal qu’il ne l’était avec les gens. Ce n’était pas le plus autoritaire des maîtres, mais il avait une entente unique avec Aedd, et le chien l’écoutait quand il lui donnait un ordre, toujours d’une voix douce et posée.

– Viens ici, Aedd. Bonjour Miss Orchent, Merwyn Caerwyn, ravi de faire votre connaissance.

Il lui serra la main et l’invita à le suivre dans le coin salon de son bureau, où était déjà installée une théière fumante et deux tasses. Il ne s’offusquait pas de son retard, c’était comme s’il ne l’avait même pas relever.

– Prenez place je vous pries. J’espère que vous appréciez le thé vert, je le trouve très approprié pour aborder l’après-midi.

Il avait gardé son sourire amène. Aedd revint se coucher à ses genoux tandis qu’il prenait la théière pour les servir tous les deux avec une variété de thé japonais qui dérogeait avec les traditions du Pays de galles plutôt portées sur le thé noir, mais c’était simplement parce que ce dernier convenait mieux au matin et à l’heure du goûter.
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MessageSujet: Re: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptyLun 23 Mar - 10:33








Amy au pays des merveilles


Ma réalisation prend une seconde de plus que de norme lorsque je constate qui, ou plutôt quoi, m’invite à entrer. Avec sa taille moyenne et son pelage frisé, l’épagneul breton s’en vient à ma rencontre. Souriante, j’en vais à la sienne en m’accroupissant et lui tendant la main.

« Bonjour toi. »

Je le laisse faire sa reconnaissance même s’il ne me semble pas peureux, pour ne pas dire qu’il me semble mieux éduqué que ceux qu’on eut mes parents au fil des ans. Mes yeux passent au-dessus de lui pour traverser la nouvelle porte ouverte et découvrir le maitre derrière tout cela. Le trentenaire fait ma taille je dirais. Sa pilosité est sombre, des cheveux savamment embroussaillés et une barbe de trois jours très probablement rasée ainsi, tandis que ses grands yeux sont d’un bleu pâle et d’une intelligence lointaine, que j’aurai tendance à dire malicieuse ou espiègle mais qui a depuis longtemps été ensevelie sous le recul de la raison. Sa bouche comme ses lèvres sont étroites, s’ouvrant pour laisser passer l’écoulement d’un ruisseau dans une forêt plate, constant et calme. Un écoulement auquel Aedd et moi réagissons docilement. Je suis le chien même si j’ai le bon sens de m’arrêter avant d’être sous le bureau.

« Enchantée également, réponds-je des mots comme de la main puisqu’il me tend la sienne ; ma poignée est directe mais attend qu’il serre le premier pour s’adapter alors que je déduis ce qu’il y a à déduire de cette action de reconnaissance.

- Prenez place je vous prie, poursuit-il avec son sourire agréable, m’invitant désormais à aller jusqu’à un petit salon déjà apprêté ; je le suis donc à son tour, tout en espérant un instant que l’eau n’ait pas eu le temps de se rafraîchir avec celui que j’ai mis à arriver car j’aurai d’autant plus d’impolitesse à gâcher sa politesse. J’espère que vous appréciez le thé vert, je le trouve très approprié pour aborder l’après-midi.

- Voilà des années que je n’ai eu l’occasion d’en boire, affirme-je en m’asseyant. Si Léman nous offrait la possibilité d’échanges commerciaux avec elles, les communautés françaises cultivaient du thé noir. Quant aux "thés suisses", le gaillet odorant permet plus une infusion qu’un véritable thé. »

Après le Cataclysme, l’économie s’était effondrée et l’accès aux énergies fossiles était inexistant ; exception faites des réserves déjà constituées, bien vite récupérées pour usage des forces armées. L’agriculture locale, lorsqu’elle était possible, s’est imposée comme seule alternative "le temps que la mondialisation se reforme". Si certaines variétés tolèrent les climats océaniques, les théiers sont pour la plupart des plantes tropicales et subtropicales.

« Je serais curieuse de savoir si vous parvenez à faire du Prince de Galles, n’étant pas réellement au fait de comment fonctionne l’agroalimentaire de New York City. »

Assise de biais et mains sur les cuisses, je regarde Aedd se coucher et Monsieur Caerwyn servir le thé sans perdre mon expression de contentement. Si la curiosité est innocente, l’information ne l’est pas réellement. Mon père m’a expliqué les capacités des faunes, confiant dans le fait que l’enchantement me protègerait de l’influence exercée par leurs phéromones, et résumé l’histoire de mon interlocuteur lorsqu’il m’a briefée.

« Merci… pour tout, dis-je avec cordialité lorsque je récupère ma tasse. C’est plus rapide et exhaustif que de le faire pour le thé, pour cette rencontre, pour l’aide afin d’immigrer, pour les autres points que j’ai oublié et ceux dont je suis ignorante. »

Après un instant d’hésitation, je poursuis.

« Je vous aurai bien amené des chocolats mais… une boite achetée ici aurait été étrange considérant d’où je viens, cependant d’où je viens n’a pas encore la possibilité d’en refaire pour l’instant. »

Quand on arrive à faire de l’étourderie une force… ou pas d’ailleurs, ça dépendra de mon interlocuteur. L’humour, quoi qu’on en dise, ça se fait à plusieurs. Celui qui rit tout seul l’est, tout seul. On n’appellerait pas cela un "moment de solitude" sinon. Après, le principal s’est de s’assumer et je le fais parfaitement, en apparence.

« A la réflexion, et avant que vous me fassiez celle que cela n’était pas nécessaire, s’il y a un chocolatier suisse en ville je peux retomber sur mes pattes. »

Pas forcément sans m’en casser une mais ça je ne le dis pas. En effet, je n’écarte pas la possibilité qu’il n’aime pas le chocolat, qu’il ait une allergie au lactose ou que j’ai simplement été maladroite avec toute mon histoire de gratitude. Après, même si elle est déplacée, elle ne le sera pas autant que moi : j’ai fait 6 300 bornes donc j’ai de la marge.


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MessageSujet: Re: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptySam 11 Avr - 6:16

Reconstruire le monde à l’identique quand la moitié de sa population avait été décimé n’était pas évident. Certains ingrédients exotiques avaient été si bien intégrés à l’alimentation occidentale que les gens avaient oublié qu’il était, à l’origine, un luxe incultivable sur leurs terres, en particulier les boissons qui faisaient le charme d’un petit-déjeuner et du goûter. Impossible de réellement satisfaire les besoins de la population en cultivant du thé, du café et du cacao localement. Après une pénurie et quelques tentatives peu fructueuses et très coûteuses, plusieurs pays avaient réussi à ouvrir les marchés, mais les tarifs avaient été revus à la hausse, surtout pour le thé, qui apparaissait moins « essentiel » que ses deux autres collègues. Avec ses moyens financiers, Merwyn n’avait jamais connu de grands problèmes de privation, mais il s’était aussi toujours arrangé pour faire lui-même ce qu’il voulait consommer. S’il avait renoncé à sa maison avec jardin à l’extérieur de la ville, il n’avait pas pour autant perdu toutes ses habitudes. Son appartement à New-York possédait un large balcon et un accès au toit qu’il avait fait aménager en jardin, auquel avaient aussi accès tous les autres propriétaires du bâtiment. Il existait toujours des thés bas de gamme ou moins raffinés, cultivés sur des terres plus froides, mais ceux qui avaient la saveur des pays asiatiques étaient devenus hors de prix.

Merwyn ne se procurait cependant pas aussi loin, il avait ses propres plants qui bénéficiaient de son pouvoir avec les plantes pour s’éployer comme s’ils étaient dans les meilleures conditions possibles. Et il était toujours ravi de pouvoir en faire profiter les autres. On se souvenait toujours mieux d’une personne qui vous avait fait profiter d’une saveur délicate et rare. La déclaration d’Amy l’enchantait donc. Elle était assez connaisseuse pour savoir apprécier ce qu’il lui offrait. Elle semblait également assez informée sur son cas pour supposer qu’il cultivait probablement son propre thé. Les Caerwyn avaient toujours été des sorciers proches de la nature, et il était possible que les sources de son père aient eu mention de son hybridation, même s’il s’agissait d’un scandale très local entre familles du Pays de Galles. Dans tous les cas, elle savait qu’il avait des pouvoirs, et que ces pouvoirs pouvaient potentiellement lui permettre de réaliser ce genre d’exploits. Elle cherchait à le tester pour en apprendre davantage, et il ne serait pas vraiment utile de nier cette compétence. Pour autant, il n’avait pas non plus la nécessité de lui confirmer quoique ce soit. Il prit une gorgée de sa boisson.

– New-York est une ville puissante, nous avons pu rouvrir la plupart des marchés. Même si les tarifs sont parfois devenus plus élevés pour certains produits, il a été important pour ses dirigeants de permettre à sa population de retrouver son confort d’avant le cataclysme. C’est ce qui rend la ville si attrayante. Mais si vous souhaitez du Prince de Galles ou toute autre variété, je peux vous en fournir de ma réserve personnelle.

Son regard étincela d’une sorte d’amabilité malicieuse. Il n’avait pas de Prince de Galles tout fait, mais il possédait déjà un stock de nombreuses variétés et pouvait en planter d’autres au besoin en leur donnant une croissance très accélérée. Ce n’était donc pas un problème, il qualifiait même ça d’une occupation amusante, et il aimait toujours pouvoir rendre service. Comme beaucoup d’autres personnes avant elle, la jeune Orchent semblait dérouté par son attention. Les gens de ce monde voyaient souvent la gentillesse comme un effort particulier, et même un calcul, jamais quelque chose que l’on faisait presque égoïstement, pour soi, pour le plaisir du don. Il fallait remercier, et remercier à l’excès au risque de passer pour impoli, au risque de ne pas montrer qu’on avait noté les « efforts » et de faire passer cette attention pour inutile. Il n’y avait pas d’obligation. Il n’y avait pas à se sentir mal de ne pas en avoir fait autant, ça n’avait aucun intérêt si ce n’était pas pour se faire plaisir avant tout. Que Amy lui soit reconnaissante pour lui avoir permis de venir était une bonne chose, mais il n’avait pas besoin de preuves matérielles. Sur ce point, elle devait savoir comme lui qu’il ne le faisait pas « pour se faire plaisir » mais pour respecter un accord honnête, et c’était simplement à elle de respecter cet accord à présent. D’une voix presque aussi basse qu’un murmure, il déclara :

– Le monde a changé, Amy, et nous savons tous que certaines particularités culturelles ont dû disparaître. Ce que je vous offre n’est pas une spécialité de ma ville. Je m’en suis simplement procuré parce que j’apprécie le thé. Je n’accepterai que le chocolat que vous auriez pu vous acheter pour vous même et estimez qu’il serait criminel de ne pas en faire profiter d’autre. - Il éclata d’un rire léger. Puis repris avec plus de sérieux en posant précautionneusement sa tasse sur le bord de la table  : –  Votre père m’a demandé un service que je n’avais aucune raison de refuser. Bien sûr, je compte sur vous pour que cet arrangement reste entre nous. Vous n’ignorez pas que vous risquez de vous frotter à des personnes qui n’aiment pas qu’on se mêle de leurs affaires et font des adversaires dangereux face auxquels nous restons démunis.

Il avait pris soin de ne pas nommer les « dieux » et il espérait que la jeune femme comprendrait cette subtilité. Un dimanche à la mairie, ils étaient à priori en sécurité pour une discussion tranquille, et il s’était assuré de ne pas avoir de partisans à une cause ennemie autour de lui. Mais il n’en fallait pas moins rester assez vague pour ne pas donner d’informations nettes à la moindre oreille indiscrète, même s’il avait fait en sorte de pouvoir évaluer l’arrivée d’une présence à plusieurs mètres de son bureau.
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MessageSujet: Re: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptyDim 12 Avr - 5:41








Amy au pays des merveilles


Mon contentement est visiblement partagé par monsieur Caerwyn, quoi qu’il soit plus contenu. Néanmoins, sa réponse est élaborée et ouverte, faite après un geste très digne que je mimique ; après tout, c’est bien beau de parler du thé mais c’est meilleur de le gouter !

New York est puissante, sans conteste la plus puissante ville actuellement, ainsi ont-ils pu rouvrir la plupart des marchés. J’en déduis donc que s’il est difficile pour les humains d’y entrer, les marchandises sont les bienvenues ; et probablement qu’elles n’ont pas été obtenues dans des conditions qui sont celles de reventes. Nous sommes en effet comme avant le Cataclysme de 2007, avec un occident certes réduit mais sans grande considération pour le reste du monde. Enfin, considérations autres que le prix qu’il doit payer pour obtenir le fruit du labeur des autres. Prix que les commerçants auront tôt faits d’augmenter encore envers leurs clients afin de conserver leur marge. "Il a été important pour ses dirigeants de permettre à sa population de retrouver son confort d’avant le cataclysme", me dit monsieur le Maire. Je clos les yeux à cela et souris d’une manière plus, disons, cynique. Le Cataclysme de 2007 a interrompu une dégénérescence démocratique qui aurait risqué d’amener les extrêmes politiques au pouvoir et de produit le réveil de consciences de classe, je comprends que les divinités – car je ne me fais pas d’illusions sur les vrais dirigeants de New York – aient voulu réinstaurer la tranquillité des années nonante et deux mille.

« Mais si vous souhaitez du Prince de Galles ou toute autre variété, je peux vous en fournir de ma réserve personnelle. »

Je rouvre les yeux et entrouvre la bouche avant de sourire. Sa proposition n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde ainsi est-il officiellement mon fournisseur officieux de thé désormais ! J’imagine déjà lorsque je vais dire cela au Trium Virat : "ne vous inquiétez pas, je me suis bien intégrée à la classe dirigeante de New York. Monsieur le Maire se charge de me faire le thé" ; ça va être sympa. D’ailleurs, monsieur le Maire en est bien conscient : son regard bleu pâle en témoigne, malice ou espièglerie émergeant du recul de la raison d’une façon aussi surprenante qu’agréable. Ainsi donc, s’il parait réfléchi au premier abord, il n’en garde pas moins une liberté de l’émotion. Probablement du fait de son expérience. Ou alors il sait justement utiliser son émotion, du fait de son expérience toujours. Dans les deux cas, je vais avoir plein de thés ! Un nouveau merci à rajouter à la liste. Cependant, je ne le fais pas avec des mots.

Il y a déjà suffisamment de choses citées après mon "merci pour tout" pour me permettre d’amplement voir l’appréciation qu’en a monsieur Caerwyn. Je ne pense pas que ça soit une réaction négative envers moi, ou même en soit, mais plutôt une lassitude d’être ainsi remercié comme s’il était un genre d’être supérieur. En somme, il n’apprécie pas la gratitude dans laquelle semblent se complaire certains politiciens ; politiciens qui n’arrivent généralement pas à l’avoir alors que lui la déclenche presque naturellement. Et je ne pense pas que cela soit l’effet de ses phéromones, puisque j’en suis protégée. Non, je pense vraiment que Merwyn Caerwyn n’est simplement pas de ce monde, il n’a pas d’ambition politique nécessitant calculs et commerce de faveurs ou d’affections. D’un côté, c’est étonnant qu’un homme comme lui arrive jusqu’à un poste comme celui-ci. De l’autre, les divinités ont sans doute choisi sciemment quelqu’un qui ne chercherait pas à leur faire de l’ombre. "Le monde a changé", me dit-il. Mon expérience de cela en vient surtout de la théorie, de l’étude, mais je le comprends très bien. J’ai fait mon adolescence avec la disparition des particularités culturelles et technologiques ; plus d’informatique car soit plus d’électricité soit plus de connectivité, internet étant une installation bien trop complexe pour être maintenue dans un monde dévasté, plus de moteur à combustion… le retour au XVIIIe siècle, à mon sens.

Et un hors sujet, au sens commun. Dieu(x) merci, je suis multitâche ainsi, même s’il ne m’aide pas à me concentrer, le murmure de monsieur Caerwyn ne m’échappe pas totalement. Cela dit, même si le thé n’est effectivement pas une spécialité newyorkaise, que monsieur le Maire en est amateur et qu’il n’accepterait aucun chocolat qui ne serait partagé entre nous – soit une raison de plus pour lui acheter une boite si je peux me servir dedans –, c’est lorsqu’il éclate d’un rire, tout léger qu’il soit, que je suis rappelée à l’ordre comme au garde-à-vous. Tel que l’illustre son geste, nous quittons le doux monde des thés et de sa gentillesse pour celui de la politique, ou sa gentillesse n’est que trace. Mon père lui a demandé un service qu’il n’avait aucune raison de refuser, en effet.

« Bien sûr, je compte sur vous pour que cet arrangement reste entre nous, poursuit-il, transformant mon sourire par la connivence. Vous n’ignorez pas que vous risquez de vous frotter à des personnes qui n’aiment pas qu’on se mêle de leurs affaires et font des adversaires dangereux face auxquels nous restons démunis. »

Ma non-ignorance me conduit à fermer les yeux à nouveau, penchant la tête en avant avec un sourire d’une confiance trop assurée pour être totalement réelle. Je m’abstiens cependant de dire que je suis moins dangereuse qu’un agent de l’Œ, pour des raisons de formation et d’équipement, même si j’apprends bien plus vite. La chaleur et l’odeur du thé continuent de me caresser le visage encore une seconde ou deux.

« Je pense qu’il s’agit là de l’une des raisons de m’envoyer moi et non une équipe assermentée. Une autre étant, évidemment, qu’il est moins compromettant pour vous d’accepter une "civile". »

J’ignore jusqu’à quel point la volonté de me donner du confort et la possibilité de m’épanouir a influencé le jugement de mon père lorsqu’il a décidé de m’envoyer ici. Cependant, je connais suffisamment les autres membres du Trium Virat pour savoir qu’ils sont peu sentimentaux. Tout cela, c’est un plan, c’est de la politique. Une politique où ma place n’est peut-être pas différente de celle de monsieur le Maire : une intermédiaire. Ça me va. Je rouvre les yeux et appose mes deux mains sur la tasse de thé, m’avançant.

« Je n’ai pas ambition à jouer à leur niveau, juste dans leur cour… littéralement. Sauf erreur due à mon inexpérience du terrain, nous avons affaire à une catégorie d’individus qui possède d’immenses ressources, ainsi que la double certitude que ce qui est à eux est à eux et ce qui est aux autres est négociable. Pour ajouter à cela, ils disposent d’une conscience de classe analogue à la classe politique, où les coups bas et les éventuels "assassinats politiques" ne sont qu’un revirement temporaire, avec la certitude qu’ils sont les plus forts et qu’ils ont tout le temps du monde pour agir. Enfin, les membres des autres classes sont une "masse", un peuple, d’une valeur nettement inférieure à la leur ; pour peu qu’ils aient une valeur quelconque. »

Jusque-là, on n’est pas si éloigné de la grande bourgeoisie, notamment de banque et d’assurance, qui a phagocyté le monde depuis le développement du model capitalisme et surtout depuis la dérégulation des années 80. Grande bourgeoisie qui, pour le coup, ne m’est pas étrangère ; qu’importe que mes parents aient des valeurs plus "humaines" que la moyenne, ils n’en sont pas moins membre du 1%.

« Ainsi, si les comportements de ces individus varient dépendant de l’expérience et des inclinaisons psychologiques de chacun, il est possible de leur trouver des points communs intrinsèques à leur milieu et à leur développement psychosocial. On sait de sources plus ou moins sures que leur milieu familial est, disons, névrosé au mieux. S’il était leur seule limite autrefois, la reconstruction de New York permet de nouveaux mélanges et de nouvelles alliances. D’où qu’ils doivent avoir un fort intérêt pour le contrôle, là où certains pourraient sembler suffisamment âgés pour avoir compris que le monde tournera indifféremment quoi qu’il advienne. »

Non, je n’ai absolument pas étudié le sujet ni l’habitude de faire des exposer oraux depuis que je suis capable de parler. On notera donc l’effort sur la concision des phrases, respiration oblige.

« A tord ou a raison, je pense m’insérer en plein dans l’un de leur point commun. Lorsque l’on a tout, il y a une chose dont on aimerait généralement se débarrasser. Lorsque l’on a tout pour une durée indéterminée, voire interminable, cette chose peut devenir un véritable poison. L’ennui. Or, le meilleur moyen de combattre l’ennui, c’est le divertissement. Et le divertissement, c’est ce dont je tente de faire mon métier. »

Pause.

« La plupart des gens cherche un sens à son existence, même si un grand nombre se contente de vivre au jour le jour sans ambitionner grand-chose. Dans un cas comme dans l’autre, difficile de se figurer à quel point l’un peut devenir obsédant et l’autre aliénant s’il n’y avait pas de fin. Ainsi, quel que soit le cas choisi par les personnes dont nous parlons, je ne suis pour elles ni une adversaire ni une menace. Juste un outil de plus dans leur quête de fuir un ennui plus problématique que la mort. »

Nouvelle pause, moins pour des effets d’éloquence que pour boire une gorgée de thé et me détendre quant à une situation qui est, comme l’a souligné monsieur Caerwyn, très délicate. Après, je fais de mon mieux et j’ai déjà démontré mon ambition à tourner mes faiblesses en forces. Est-ce que j’ai peur ? Oh que oui. Mais le courage c’est d’être la seule personne à savoir qu’on a peur.

« Evidemment, l’arrangement entre mon père et vous ne concerne que vous. Personne n’aime qu’on se mêle de ses affaires et, dans l’anticipation que ce soit le cas, il est tout aussi évident que la seule chose qu’on puisse vous reprocher est d’avoir abusé de votre position pour rendre service à un ami. C’est cet ami qui vous a arnaqué avec ses intentions cachées ; l’antagonisme est toujours un rôle que mon père apprécie, rassurez-vous. Personnellement, ma version des faits en vient à ma curiosité envers autrui. Toute personne découvrant le pot-aux-roses doit avoir envie d’en sentir les fleurs, n’est-ce pas ? »

Oh, elle est belle celle-là, faut que je la note.

« Nous concernant, la passion commune pour le thé, votre adorable Ae… animal de compagnie… en plus de ma gratitude et de l’habituelle grateuritude due à votre position, me semblent justifier cette rencontre comme d’autres à venir. Et j’espère bien vous voir aux spectacles que je mettrais sur pieds. »

Mon contentement est désormais assez enfantin, dissipant le sérieux et la tentative de rigueur d’un exposé qui n’était pas au mieux du fait de mon immobilisme. J’ai eu beau bloquer mon buste en prenant ma tasse à deux mains, j’ignore à quel point il est évident que j’aurai été plus à l’aise à me balader dans son salon. Au moins ai-je été plus concentrée, même si plus maladroite. Heureusement que je me détends à présent, renvoyant le dos dans le dossier et posant la tasse sur mes cuisses.

D’une main libérée, je tente d’attirer à moi un chien qui me semble possiblement suffisamment bien dressé pour attendre la permission de son maitre avant d’accepter des caresses. Franchement, à défaut de faire mon cirque dans l’espace, je signe pour refaire un exposer en papouillant.


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MessageSujet: Re: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptyMar 5 Mai - 18:19

Sa proposition toute naturelle à lui proposer de la fournir en Prince de Galles la surprend positivement. C’est un plaisir de rendre les gens heureux. Et c’est un aspect qui lui manquera probablement lorsqu’il quittera la mairie et ses fonctions. On ne reçoit pas avec le même plaisir une largesse du maire que celle d’une personne normale et il avait pris goût à cette forme de pouvoir, plus qu’au pouvoir véritable, celle de rendre le sourire aux gens avec une simple promesse. Même s’il était toujours gêné par leur reconnaissance, il aimait l’enthousiasme sincère, spontané, qu’il pouvait provoquer. Presque toutes les décisions qu’il avait prises dans sa vie étaient liées à ce qu’il estimait être son devoir, son rôle. Sa place de maire était le résultat de manœuvres tout à fait indépendantes de sa volonté. Il n’aurait jamais imaginé occuper ce rôle. Il n’en avait jamais eu l’ambition. Sa seule ambition avait toujours été de vivre en paix et c’était ce qui le rendait aussi doux aux yeux des autres, aussi simple d’apparence, aussi facile à vivre. Il était devenu maire remplaçant comme une évidence. Personne ne se méfiait de lui. Pourquoi se méfier d’une personne qui n’est pas guidée par l’orgueil, par le besoin de dominer ? On se méfiait des individus qui voulaient le pouvoir pour diriger. Les gens n’avaient pas assez d’imagination pour se figurer qu’il était possible de chercher le pouvoir par sentiment d’obligation, pour servir une cause détournée de soi. Il était hermétique car il ne faisait rien directement pour lui, et n’était, pour autant, dirigé par personne d’autre que lui-même. Cependant, la paix qui lui était si chère, qu’il avait trouvée dans sa vie de famille au fond des bois, éclatait de temps à autre, quand il percevait la reconnaissance profonde des gens envers lui.

Cependant, Merwyn n’en oublie pas de tenir son rôle avec sérieux. Il est important de faire comprendre à Amy que, malgré sa générosité, il n’en reste pas moins un dirigeant épié, dont les engagements ne sauraient être pris à la légère. Permettre à Amy Orchent d’entrer à New-York et la recevoir pourrait paraître suspect et il serait très dérangeant que certaines personnes aient la mauvaise idée d’étudier en détail sa politique d’immigration. Malgré ses sourire agréables, il n’en œuvre pas moins pour une cause qu’il considère plus grande que lui-même. Et il ne lui a jamais été difficile de considérer que toute menaces à cette cause doivent être éliminées, peu importe leurs qualités d’esprit. Ça n’a rien de personnel. Quand Amy suppose qu’elle est moins soupçonnable qu’une équipe entière, il hoche doucement la tête. Évidemment. Comme il est évident qu’il n’aurait jamais accepté un projet trop compromettant pour ses affaires. Il acceptait de laisser l’OE mener ses enquêtes, il ne tenait pas à être particulièrement liés à eux. Leurs combats n’étaient pas le sien.

– Les personnes autorisées à entrer sur le territoire doivent avoir des projets qui le justifient. Je suppose que souhaiter à sa fille le meilleur avenir possible dans cette grande ville est une noble justification, dit-il calmement, loin de toutes ses réflexions.

Pour une raison assez mystérieuse alors qu’il venait de l’inciter tacitement à la mesure et à la discrétion, Amy s’envole dans un long développement au sujet des dieux, comme s’il avait demandé une analyse précise sur eux et manquait d’informations à leur sujet. Malgré son calme, le regard de Merwyn se fait de plus en plus ébahi. Il aimerait l’interrompre, mais ne se sent pas capable de placer une phrase dans le flot de paroles de la jeune fille. Elle parle seule, comme si rien ne pouvait l’arrêter, comme si elle n’était pas vraiment écoutée et que rien n’existait d’autre autour d’elle. Ce n’est pas très rassurant considérant sa mise en garde précédente. Il est dangereux, justement, de parler à tort et à travers. Pourquoi le fait-elle ? Il ne comprend pas ce qu’elle essaye de faire, justement. Pourquoi dit-elle se trouver proche des dieux à cause du métier qu’elle envisage ? Quel en est l’intérêt ? Malgré une interruption, Merwyn reste silencieux, incertain de ce qu’il devrait dire ou reprendre. Cette discussion est passée dans une autre dimension de façon tout à fait imprévue. Quand elle revient sur l’accord qu’il a passé avec son père, Merwyn a l’impression de vivre un retour sur terre, un retour au sujet initial tout aussi surprenant que la dérive qui l’a précédé. Le fait qu’elle aille jusqu’à vouloir lui suggérer la manière dont il devrait dissimuler les raisons de son entrée sur le territoire, comme s’il n’avait pas déjà évalué la question, le laisse encore plus perplexe. Et les premiers mots lui viennent enfin, toujours posés, malgré leur fermeté.

– Je ne crois pas vous avoir demandé de réfléchir pour moi Amy. Pour le reste, j’attends de votre part une extrême prudence, et la prudence doit commencer dans mon bureau. Vos analyses vous regardent. Ne pensez pas pouvoir raisonner avec les dieux, tenez-vous en à ma mise en garde. Ce sont des êtres dangereux face auxquels nous restons démunis. Et même si vous appréciez la mise en scène, n’oubliez pas qu’une conversation se fait à deux. Vous n’apprendrez rien des autres en parlant longtemps seule, mais les autres pourraient tirer beaucoup de cette inconséquence. Je me suis engagé à être votre protecteur, mais je ne pourrai rien si vous ne suivez pas mes conseils. J’espère que vous ne me ferez pas échouer dans ma tâche.

Avant d’être maire, Merwyn avait été père, et il savait alterner entre douceur et sévérité. Il n’avait jamais été du genre à mâcher ses mots, il parvenait juste à les enrober dans un discours plus positif. Amy avait un énorme besoin d’être canalisée. Mais c’était un travail qu’ils pouvaient faire ensemble, si elle le voulait bien. Il était important de responsabiliser quelqu’un en lui faisant sentir que son attitude aurait des conséquences sur d’autres, sur les personnes qui lui voulaient du bien. D’ailleurs, le sourire espiègle avait glissé à la fin de sa répartie, comme s’il serait décidément très amusant que ses maladresses lui causent des problèmes. Il ferma un instant les yeux, comme pour annoncer une transition, et, lorsqu’il les rouvrit, son regard était à nouveau empli de gentillesse.

– Je compte bien me faire inviter à l’un de vos spectacle. Avez-vous déjà de bonnes pistes pour vous insérer dans ce domaine à New-York ?

Il croisa le regard de son chien qui hésitait entre répondre à l’appel de la jeune fille ou rester à ses pieds. En ne le voyant pas réagir à la situation, Aedd estima très justement qu’il pouvait s’avancer vers Amy, en remuant timidement la queue, heureux de l’attention qu’on lui accordait.
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MessageSujet: Re: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptyJeu 7 Mai - 13:40








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« Les personnes autorisées à entrer sur le territoire doivent avoir des projets qui le justifient, rappelle monsieur le Maire. Je suppose que souhaiter à sa fille le meilleur avenir possible dans cette grande ville est une noble justification. »

Je souris, étant en accord tout comme comprenant que cela puisse être restreint d’un point de vue administratif ; le souhait de mon père pourrait s’appliquer à une grande majorité de parents, cependant leurs enfants ne seraient pas acceptés pour autant. Mon projet justificatif est culturel, même si j’ai un autre exposé à faire avant de m’élancer dessus.

Un exposé que je ne fais pas à mon aise. Un exposé qui met monsieur Caerwyn mal à l’aise. Malheureusement, je le mène à bien. Malheureusement, il me laisse le mener à bien. Malheureusement, il me faut attendre la fin pour m’en rendre pleinement compte. Les présentations orales sont un exercice auquel je me prête depuis aussi longtemps que je me souvienne et savoir réagir à son auditoire en est une partie importante. Savoir rebondir sur les réactions positives, savoir poursuivre malgré les erreurs et les réactions négatives. Est-ce que poursuivre n’était-il pas une erreur en lui-même, cette fois ? Je m’attendais à montrer l’étendue de mon expérience comme de mon inexpérience avec ce raisonnement, finalement peut-être que je n’ai souligné que la seconde. Par philosophie d’apprentissage, je ne me condamne ni n’ai vraiment été condamnée pour mes erreurs. Cependant, peut-être devrais-je le faire cette fois ; peut-être devrais-je le faire avant que d’autres ne le fassent. Eux pourraient ne pas être aussi bienveillant que moi. Merwyn Caerwyn l’est.

Il est ferme mais j’accepte la leçon pour ce qu’elle est : une leçon. Je grimace à l’énoncé de ma maladresse, même si je percevais mon adoption de son point de vue comme une question d’empathie non de réfléchir pour autrui. J’acquiesce à l’énoncé de mon manque de prudence, pinçant les lèvres quand aux faits que mes analyses me regardent. Je fronce les sourcils quand au fait que je ne doive penser pouvoir raisonner avec les dieux, ayant appris à les considérer comme des êtres sentients et intelligents malgré nos différences. Ce sont des êtres dangereux face auxquels les mortels sont généralement démunis, je le sais ; d’où que le raisonnement et l’affect soient nos meilleurs moyens d’interagir avec eux, pour moi.

« Et même si vous appréciez la mise en scène, n’oubliez pas qu’une conversation se fait à deux. »

Je baisse les yeux, consciente des diverses polysémies de cette phrase ; et des nombreux points qu’il me faut donc reconsidérer sur ma personne, les parties de ma personnalité et la discipline nécessaire à tant diriger mon esprit qu’à séparer les différentes parties de mon existence. Non, je n’apprendrais rien des autres en parlant toute seule. Oui, les autres pourraient apprendre beaucoup de moi ainsi. De cette inconséquence. Je comprends le mot et me tasse à son emploi. Mon but était que monsieur Caerwyn en apprenne beaucoup sur ma pensée, puisque j’ai appris à l’exprimer, mais il semble que cela ne doive se faire. Il n’est pas ce genre d’allié.

Je relève les yeux à la notion de protecteur, surprise. Je ne pensais pas que mon père irait aussi loin, dans le service réclamé. Je ne pensais pas non plus que cela serait nécessaire, outre l’enchantement et la bague. Clairement, ma confiance en moi-même est trop élevée ; celle des autres envers moi ne l’est pas autant.

« J’espère que vous ne me ferez pas échouer dans ma tâche. »

Mon regard se durcit et fait face à la douceur de Merwyn Caerwyn un instant. Après s’être fermé face à une tentative de démonstration d’empathie, monsieur le Maire me demande d’en faire à nouveau usage envers lui. Je suis lucide quand au fait qu’il soit plus efficace de dire à quelqu’un que l’on compte sur lui pour le motiver à entreprendre quelque chose. Ainsi, il n’est plus question de son seul échec, de sa seule personne ; il est question d’entrainer les autres avec soi, de les embarquer dans son échec. J’ai eu une approche extrêmement intellectuelle, il me répond avec une approche émotionnelle ; chose qui ne change rien à la sagesse et la véracité de ses propos. Simplement, il m’en apprend sur lui, peut-être même plus que je ne lui en ai appris sur moi. Il faut seulement que j’arrive à me concentrer. Mes yeux redeviennent doux et mon sourire se fait ; un merci de plus à ne pas dire, même si mes lèvres le soufflent sans un son.

Merwyn Caerwyn est un être motivé par l’émotion que l’expérience permet de rationnaliser. J’ignore ce que je représente pour lui mais il est clair qu’il ne s’agit pas que de couvrir ses arrières et d’honorer une simple facilitation d’immigration. Je ne doute pas qu’on puisse remonter à lui si l’on me descend moi, tout comme je ne doute pas qu’il n’ait pas besoin de moi pour démontrer qu’il n’est guère impliqué dans mes activités. Cependant, il entend le faire, s’y impliquer. Peut-être que je lui semble inexpérimentée à en être suicidaire ? Sans doute ne veut-il pas annoncer à mon père que je me suis faite tuer dans sa ville. Ma famille est experte à vivre très longtemps, pas à ramener à la vie. Impossible de compter le nombre de frères et de sœurs que je n’ai pas connu à cause de cela.

« Je compte bien me faire inviter à l’un de vos spectacle, reprend monsieur Caerwyn avec un regard bienveillant. Avez-vous déjà de bonnes pistes pour vous insérer dans ce domaine à New-York ? »

Caresser le chien arrive un peu tard mais au moins cela évite de ressembler à une fuite face à la leçon. Peut-être que m’occuper les mains activement m’aidera à réfléchir, à ne pas faire la discussion toute seule. D’un autre côté, le sujet dans lequel Merwyn Caerwyn me lance est plus que propice à un effet avalanche ; une boule de neige n’étant pas suffisante à décrire ce que je pourrais, justement, décrire. Mon sourire se mue cependant en un défi, un défi envers moi-même d’apprendre des erreurs commises quelques instants plus tôt. Puis il redevient du contentement gentil lorsque je vois le timide chien venir vers moi. Pour la concentration, ça commence bien !

« Mon projet d’immigration est centré autour de mon premier spectacle, j’ai donc obtenu les contacts grâce à votre administration. Et votre politique pour favoriser les start-up m’aide également beaucoup. »

Je pose la tasse de thé tout en commencer à en faire de même des bases de mon projet.

« Evidemment, cela ne garantit en rien ma réussite dans le domaine ; celle de ma première œuvre déterminera les possibilités de suivantes. »

Je me penche en avant pour commencer à papouiller la tête de l’épagneul breton. Mes doigts partent en reconnaissance au sein de ses poils et j’observe sa queue pour voir quels sont les points qu’il préfère. Les gratouilles sur le sommet du crâne, au-dessus les oreilles ou au-dessous, dans la nuque ou sur le dos… je n’imagine pas l’acte de soumission que de se mettre sur le ventre envers quiconque d’autre que son maître, tout que j’imagine bien la tête de ce dernier si c’est vers le bassin ou la queue que sont les points les plus sensibles de son animal. La mort du sérieux.

« La première est dans treize jours, pour la date la plus improbable du calendrier. J’ai eu moins d’un mois pour trouver et préparer les participants mais cela fait partie du défi. Et puis je me charge des rôles de chorégraphe, décoratrice, pianiste et chanteuse en plus de productrice, partagé avec des habitués du centre, donc cela facilite. »

Les préférences de l’animal trouvées, mon regard et mon sourire s’en reviennent à son maître.

« Du fait, je multiplie les pistes puisque je multiplie les rôles. Et je pense montrer ma motivation : je passe six jours sur sept et dix à douze heures par jour sur mon projet… S’il n’est pas suffisant à me permettre de montrer le suivant, je devrais retomber sur mes pattes en travaillant pour d’autres. D’autant que j’aimerai apprendre l’organisation de tous types de festivités, pas seulement les spectacles. »

A dire vrai, je ne fais pas grand-chose d’autre que préparer mon spectacle actuellement. Je loge à l’hôtel de la Pyramide par désintérêt à chercher un appartement qui me reviendrait probablement moins cher, je tourne dans les restos du Quartier Gaïa durant mes repas du midi pour pouvoir faire un peu de tourisme culinaire durant ma seule pause quotidienne, et je remercie ma chance que la mairie ait été ouverte un dimanche pour rencontrer un bienfaiteur dont je n’arrive à percevoir l’étendu de l’action.

« D’ailleurs, j’aimerai beaucoup votre retour lorsque vous aurez vu le conte. Outre l’occasion bienvenue de vous piquer du thé et de ne pas vous remercier, cela en sera une nouvelle que vous m’aidiez à m’améliorer. »

Est-ce que je devrais lui proposer d’assister à une répétition ? Grands dieux non ! C’est la partie essai-erreur et je pense qu’il en a déjà vu assez comme ça comparativement à notre temps ensemble.

« Une fois les preuves de mes compétences faites, je chercherais à aller dans le priver afin de servir les plus grands. Après, comme vous l’avez constaté, j’ai encore à apprendre. Cependant je le fais vite. »

J’estime ne pas avoir fait de gros exposé cette fois, mélangeant mes phrases pour que la structure de mon développement ne soit pas trop perceptible et maitrisant le débit pour rester sur la longueur de la conversation.

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MessageSujet: Re: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptyMar 14 Juil - 9:51

Merwyn ne se voyait pas comme une personne sévère, mais ses proches lui avaient souvent fait observer qu’il lui arrivait d’être dur et cassant. Le fait qu’il essaye d’y mettre une certaine forme de douceur était peut-être pire à encaisser mais, d’un autre côté, il montrait aussi de cette manière une volonté d’être bien compris. Atténuer ses propos ne signifiait pas non plus nier un problème. Il n’était pas du genre passif à intérioriser toutes ses contrariété, malgré ce que son attitude très réservée pouvait laisser paraître. Peu de choses le contrariaient réellement mais, si une situation lui déplaisait, il savait le montrer, souvent avec une franchise aussi déstabilisante que maîtrisée. Ses colères n’explosaient pas dans les cris et la violence. Il en fallait beaucoup pour lui faire perdre son sourire, même si certains devenaient parfois plus crispés. Tout en mesurant ses mots, il ne manquait rien des émotions contrastées qui passaient sur le visage d’Amy. La jeune fille n’avait visiblement pas l’habitude d’être recadrée de cette manière, surtout par un « inconnu ». Ce n’était pas la place des inconnus en général. Cependant, Merwyn estimait qu’il y avait de l’intérêt à se dire les choses entre personnes qui seraient amenées à se revoir, pour le bien de chaque parti. Une autre motivation était la tendance même de la jeune fille à s’éparpiller et à montrer trop d’assurance dans un monde où ce n’était pas autorisé. Elle avait probablement été bien entourée au long de son enfance, peut-être trop aimée et préservée. Si son attitude était le fait de son éducation, il n’y pouvait pas grand-chose. Il ne pourrait pas non plus l’empêcher de se mettre en danger devant des dieux si elle tenait à vérifier absolument ses certitudes, mais rien ne lui empêchait de le lui dire, et même d’essayer de l’en dissuader. Il ne s’était pas vraiment engagé auprès du père d’Amy, mais assurer la protection de cette fille restait un rôle implicite. Il était toujours le maire de sa ville, il avait une responsabilité dans la vie de chaque personne, surtout celles qu’il rencontrait et dont il connaissait les difficultés. Alors, quand il lui demandait avec un fond d’humour de ne pas le faire échouer dans sa tâche, il ne s’agissait pas seulement de manipulation, il s’agissait aussi de lui, de l’importance qu’il accordait à la protection de ses citoyens. Le ton léger était parfaitement faux. Il était réellement capable d’en vouloir à Amy d’ignorer ses conseils et, alors, peut-être perdrait-il réellement ses sourires.

Le message était passé, l’avertissement aussi. Il ne comptait pas revenir sur ce sujet et espérait ne pas avoir à le refaire. Expliquer était une chose, voir que la personne ne comprenait pas ou refusait de comprendre en était une autre. Sa patience envers les gens n’allait pas jusqu’au point de les accompagner dans leurs transformations. Il essaya donc de remettre un peu de chaleur dans la conversation en demandant à la jeune fille ce qu’elle comptait mettre en place pour son évolution professionnelle à New-York. Le monde du spectacle n’était pas un domaine qu’il connaissait particulièrement. Il n’avait donc pas de réel intérêt à tout entendre, mais toute conversation était un échange, comme il l’avait fait remarquer. On ne pouvait pas exiger l’attention de l’autre sans offrir la sienne. Il serait par ailleurs toujours intéressant de voir de quelle manière elle allait se débrouiller après tout ce qu’il venait de lui dire. La gestion des informations à donner ou non restait, à l’évidence, un exercice difficile pour la jeune fille. Elle marqua plus de pauses, essaya de se montrer plus consciencieuse, mais il n’avait cependant pas besoin de tous ces détails. Beaucoup auraient pu être donné si elle lui avait laissé l’occasion de poser des questions, pour lui permettre de sélectionner lui-même ce sur quoi il désirait des précisions. Le jour de la première représentation. Sa manière de procéder. Son temps de travail. Etc. En fait, c’était presque comme si elle craignait qu’on ne s’intéressât pas à elle et, ce faisant, elle limitait la possibilité d’une conversation, sauf avec une personne qui ne cherchait à parler que d’elle en retour. Chacun s’envoyait la balle pour raconter ce qu’il faisait en choisissant lui-même les informations à transmettre pendant que l’autre attendait son tour, le moment où il pourrait, lui aussi, paraître assez intéressant. Ce n’était pas vraiment un comportement rare, mais Merwyn avait des difficultés avec ce type d’interactions. Elles ne le mettaient jamais vraiment très à l’aise.  

Il n’avait pas d’opinions particulière sur la manière dont Amy voulait s’y prendre. Ce n’était pas un monde qu’il connaissait et il n’était pas du genre à assister à des représentations, sauf pour faire plaisir à quelqu’un. Et on avait toujours tendance à considérer que ce que faisait ceux que l’on souhaitait encourager était bien, puisqu’il y avait le plaisir de les voir évoluer. Le contenu en lui-même était moins essentiel. Il savait cependant qu’il s’agissait d’un milieu compliqué, où il était difficile de vraiment percer sans y mettre l’argent mais, visiblement, la jeune fille se faisait peu d’inquiétudes de ce côté. Il lui fit donc un sourire lorsqu’elle eût terminé la présentation de son travail à venir en lui assurant l’intérêt qu’elle aurait de son retour, même s’il ne voyait pas vraiment de quelle manière son opinion pourrait l’aider à s’améliorer.

– Je vous le ferai dans la mesure de mes compétence dans ce domaine mais je dois vous avouer avant que vous n’y accordiez trop d’importance que je ne suis pas un client régulier des salles de spectacles. Je ne fréquente pas assez d’artistes, mais cela changera peut-être un jour.

Il retenait cependant sa volonté de s’améliorer et d’explorer davantage tout ce qui relevait de l’organisation d’événements. Peut-être pouvait-il l’aiguiller sur quelque chose, à défaut de lui fournir une opinion développée qui mériterait d’être retenue sur l’un de ses spectacles.

– Nous organiserons pour la fin du printemps un événement à Central Park avec la mairie, déclara-t-il après un silence. Je tenais à marquer d’une belle fête mes derniers mois de mandats, et remercier tous les habitants qui m’ont soutenus car, comme vous le savez peut-être, je n’envisage pas de me lancer dans la bataille des élections, je pense avoir fait tout ce que je voulais à ce poste. – Même s’il ne voulait pas s’étendre sur le sujet, il était forcé de donner un minimum d’explications pour éviter trop d’interrogations. Il chassa rapidement la question de son poste, l’air un instant plus nerveux, en poursuivant : – Enfin, je vous en parle car la mairie a monté toute une équipe de personnes très qualifiées dans l’organisation d’événements urbains de grande envergure. Je pourrais peut-être leur donner votre nom pour une sorte de stage d’observation, si cela vous intéresse.
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MessageSujet: Re: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptyDim 8 Nov - 11:10







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Amy au pays des merveilles


Le sourire de Merwyn agrandit le mien. Il semble que mon discourt ait été plus digeste, cette fois. Parfait, je ne le pense pas ; je ne pense pas qu’on puisse atteindre la perfection, seulement s’en rapprocher. Peut-être les divinités me démentiront-elles cette croyance mais je n’en suis pas là. Reconnaitre la limite de ses compétences, me concernant, peut être plus difficile que le bon sens ne le laisserait à penser : le bagou a plus d’un avantage et croire qu’on en est capable est plus vendeur que l’inverse, qu’importe la réalité. Monsieur le Maire reste cependant humble. Sa présence et son retour ne se feront que pour me faire plaisir, pas par intérêt pour l’œuvre en elle-même. Cela me va : c’est une chance de le convaincre réellement. Il est d’autant plus facile d’avoir de bonnes surprises lorsqu’on ne s’attend à rien de particulier. De cela, Merwyn semble en être conscient puisqu’il n’exclut pas une évolution l’amenant plus à côtoyer des artistes ; possiblement de par mon implication.

La sienne continue.

Je me redresse en entendant l’explication, concise, des projets événementiels de la mairie. Remercier, voilà une attitude étrange pour un politicien qui est arrivé à son poste en remplacement de quelqu’un d’autre. D’autant plus étrange qu’il ne compte pas chercher à se faire élire. Le geste n’en semble que plus sincère mais mon esprit menace de s’embrouiller de questions. Pourquoi ? Celle-ci est accompagnée de bien trop de suites et d’hypothèses allant de "Merwyn Caerwyn est trop gentil pour être un politicien" à "Merwyn Caerwyn cède sa place pour créer un bon souvenir et pouvoir avoir un avantage aux élections d’après si celui qui prend la relève se viande" en passant par le fait qu’il a déjà fait ce qu’il souhaitait faire. Il ne sert cependant à rien de se perdre là-dessus, comme son discourt le fait comprendre et un instant de nervosité me le faire comprendre.

« Enfin, je vous en parle car la mairie a monté toute une équipe de personnes très qualifiées dans l’organisation d’événements urbains de grande envergure. Je pourrais peut-être leur donner votre nom pour une sorte de stage d’observation, si cela vous intéresse.

- Mer… commence-je avant de m’interrompre, la réaction à la surprise s’en venant heurter une consigne qui se règlera à coup de boite de chocolat. Bien volontiers ! »

Je m’apprête à préciser combien cela pourra m’apporter au niveau des différents aspects de mes carrières professionnels avant de me rappeler, une fois encore, de l’inutilité du développement complet et de me contenter d’un sourire enfantin, ravi et ravissant, où ma lèvre supérieure se lève comme un rideau de théâtre au-dessus de mes dents du haut, elles-mêmes soulignées par ma lèvre inférieure.

« Cela m’intéresse beaucoup et je ferais de mon mieux pour apporter… un plus. »

Je ne sais pas trop quoi dire et reste donc bête quelques instants, quoi que cette bêtise me semble charmante. Au moins ai-je maintenant pleinement conscience de pourquoi Merwyn Caerwyn ne veut pas être remercier : cela reviendrait à répéter le mot une demi-douzaine de fois à la minute. Harcèlement par remerciement, merci mais non merci !

« J’espère que les gens qui vous ont soutenu sauront quelle chance ils ont eu. Pour ma part, je tâcherai de le découvrir. »

Gardant une main sur le chien, je reprends le thé que Merwyn m’a offert de l’autre pour lever la tasse.

« Vu que j’en profite beaucoup. »

Mon sourire se fait plus pâle après ce pic, quoi qu’il reste présent. J’ai l’impression qu’ici tout va me sourire. L’écho de l’avertissement sous-jacent qui vient de m’être fait raisonne dans mon esprit, cependant. Je ne dois pas me faire aveugler par ce que je crois percevoir, je ne dois pas me laisser aller à un spectacle qui me ferait oublier de regarder les autres. Je dois faire preuve de prudence, chose d’autant plus difficile que je semble sur la piste de réaliser mes rêves.

Mes lèvres se referment, bien que mon sourire reste. Je me rappelle comment ma mère me disait de ne pas perdre de vu mes objectifs, tous, afin de déterminer les voies qui me permettraient d’avancer sur plusieurs simultanément. Je me rappelle comment mon père me disait qu’il m’aidait seulement à développer des outils et que je serais la seule à décider de comment les utiliser. Je me rappelle comment, alors même que la civilisation s’était effondrée, j’ai toujours été entourée et encouragée. Merwyn s’inscrit dans cette mouvance. New York City ne le fera pas.

Elle n’est pas surnommée la ville lumière pour rien : plus la lumière est intense, plus les ombres sont profondes.

Je prends une respiration d’aise et cligne doucement des yeux. Je fixe ensuite mon interlocuteur.

« Noir, blanc ou au lait ? Et avec ou sans alcool ? Les chocolats, je veux dire. »

Je me souviens qu’il avait insister sur la volonté de partager, non d’offrir, mais il n’y a pas de contrindication choisir en fonction d’avec qui on compte partager.

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MessageSujet: Re: Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} Amy au pays des merveilles {Merwyn Caerwyn} EmptyLun 30 Nov - 16:23

C’était un plaisir de rendre service, et il n’y avait pas de calcul dans la proposition de Merwyn. Si une personne cherchait à atteindre un objectif et qu’il avait une possibilité de l’aider, il ne voyait pas de raisons de ne pas lui en faire profiter. A elle, ensuite, de savoir utiliser cette chance. Tout le monde avait des projets, mais tout le monde n’avait pas la volonté nécessaire pour les mener à bien. Il ne lui était pas difficile d’apporter son aide, et certains le jugeraient insensé de vouloir tendre la main à tous ceux qui s’adressaient à lui, mais il savait ce qu’il attendait, il savait aussi devenir indifférent aux demandes des personnes qui n’avaient pas su saisir les opportunités dont ils auraient pu profiter. Rien n’était jamais complètement gratuit, et s’il n’attendait pas nécessairement de la reconnaissance, il voulait être certain d’avoir eu une initiative utile, qu’il n’aurait pas à regretter. Malgré son enthousiasme, Amy commençait à comprendre le mode de communication qu’il attendait d’elle. Elle évita de s’épandre en remerciements et accepta après une hésitation sa proposition de stage. Il la sentit prête à partir sur un nouveau développement des avantages qui pourraient s’offrir à elle, mais elle se rattrapa encore. C’était bien. Tout pouvait se corriger lorsqu’on acceptait de travailler dessus et d’y prêter attention et, dans le milieu professionnel, travailler sur son comportement était essentiel. Tout le monde ne lui dirait pas avec la même honnêteté ce qui constituait un travers rédhibitoire dans son attitude.

Généralement, les gens finissaient juste par vous éviter, arrêter de vous parler et vous écartaient l’air de rien, sans vous donner à réfléchir sur leurs raisons. Avec sa place à la mairie, Merwyn ne craignait plus de contrarier les gens qui respectaient son statut. Il leur faisait simplement bénéficier de son expérience. Il le faisait par bienveillance et non pour les blesser. Amy avait d’ailleurs assez d’humilité pour l’avoir compris. Il accueillit ses mots avec un sourire amène, en hochant doucement la tête, mais sans vraiment indiquer davantage sa manière de recevoir ou non les compliments mais, au fond, il comptait bien à ce que les gens gardent un bon souvenir de son passage à la mairie, et partie le remplissait déjà d’une certaine tristesse. C’était la première fois qu’il comptait pour tant de personnes à la fois. D’abord intimidé, il avait fini par s’y habituer. Après les élections, il n’aurait même plus un rôle d’adjoint pour s’occuper d’un secteur de la ville, il n’aurait plus rien d’autre que ses objectifs secrets et la nécessité de se faire oublier. Retournerait-il à ses activités d’avocat pour garder un peu de lien social ? Il n’en savait rien. Il n’osait pas réfléchir à ce que deviendrait son « après » en ce qui concernait sa vie personnelle, notamment parce qu’il n’avait pas inclus de se retrouver célibataire.

Tout semblait avoir été dit pour cet entretien. Il ne lui restait plus qu’à trouver une manière polie d’y mettre un terme, mais Amy le devança en lui posant une question qui le laissa un instant perplexe. De quoi parlait-elle ? Ah, elle revenait sur sa proposition de lui offrir du chocolat, ce qui était effectivement une belle manière de mettre un terme à cette discussion de façon positive. Il eut un sourire espiègle.

– Je ne suis contre aucune sorte de chocolat, prenez ceux qui vous semblent les plus originaux.

La plupart des gens étaient assez fermés à la découverte gustative et privilégiaient ce qu’ils voyaient comme des « valeurs sûres » mais Merwyn aimait autant les valeurs sûres que la surprise. Il ne tenait pas assez à la nourriture en elle-même pour mal vivre une potentielle déception. Au pire, il découvrirait ne pas apprécier quelque chose sur lequel il n’avait jamais eu l’occasion d’avoir une opinion, ce qui était assez absurde, mais finalement assez amusant et il était certain que c'était tout à fait un genre de mission à donner à la jeune fille. De quoi stimuler son esprit créatif.

– Je suis ravi d’avoir fait votre connaissance, Mademoiselle Orchent, finit-il par dire en posant sa tasse et en se redressant pour l’accompagner à la sortie. Je donnerai prochainement votre contact aux organisateurs de notre petite fête, et j’espère que votre association avec eux nous aidera à préparer un bel événement.
[FIN]
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