Les Dieux de New York
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  MembresMembres  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-10%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable Gamer ASUS TUF Gaming F15 | 15,6″ FHD IPS 144 Hz – ...
599.99 € 669.99 €
Voir le deal

Partagez|

Curieux comme un faune [Terminé]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyMar 23 Juil - 12:33

New-York était impressionnante. New-York était immense. Je n'avais pas connu de plus grande ville que Londres, qui me semblait déjà bien suffisante. Mais la ville la plus prestigieuse des États-Unis était un spectacle incomparable, intimidant même. Je me demandais en marchant les premiers jours dans les rues ce qu'avait pu ressentir mon père en arrivant quelques années plus tôt, je comprenais presque le besoin rapide qu'il avait eu de s'isoler en marge de la cité pour construire un lieu plus familier. De loin, il était facile de croire qu'une aussi vaste agglomération démultipliait les possibilités. Mais, une fois plongé au milieu des buildings, on se sentait petit, insignifiant. Trop de monde, trop de tout. Aucune réelle possibilité de se faire entendre, de sélectionner, sans avoir de contact sur place ou savoir de quelle manière s'en faire. Les contacts, je les avais, bien sûr. Mais je préférais ne pas les utiliser tout de suite. J'avais assez de fierté pour ne pas souhaiter me reposer sur mon père, et je voulais avoir l'opportunité de me faire ma propre idée de la situation. Les retrouvailles attendraient. On me pensait mort depuis une dizaine d'années. Quelques mois de plus ne seraient rien. Il était inutile de précipiter les choses. J'avais profité de la nouvelle politique mise en place par mon père pour me faire une entrée sans difficulté. Des informations circulaient ces derniers temps entre les créatures magiques d'Europe. Obtenir son passeport pour New-York n'était plus aussi compliqué qu'avant. Il suffisait d'avoir les bonnes adresses pour faire connaître sa condition magique, et l'entrée à New-York était presque automatiquement acceptée. Plusieurs avaient tentés leur chance. J'avais profité du mouvement. Même chose pour se trouver un logement.

Je soupçonnais qu'une politique plus favorable à l'égard des créatures magiques avait permis de renforcer un certain communautarisme. Il n'avait pas été difficile d'avoir une liste des locations qui privilégiaient les candidats magiques.  Peut-être avaient-ils des aides supplémentaires qui renforçaient l'intérêt. Néanmoins, j'avais privilégier une propriété tenue par des humains. Autant laisser le privilège à d'autres créatures magiques. L'autre vraie raison était que je voulais pouvoir agir en paix. J'avais la réserve financière et la capacité de séduction pour envahir un autre territoire, tant qu'à commencer à soutenir mon père. J'avais trouvé un appartement agréablement situé, assez spacieux (2 chambres et une salle de séjour) et muni d'une cave. La question des meubles avait été réglée très vite par les commandes de « pièces entières » auprès de magasins de meubles, mais j'avais laissé à Josh choisir l'organisation de son espace. Il semblait plus regardant que moi sur la question. Me concernant, les organisations de chambre, cuisine et salons sur les photos des catalogues me semblaient très correctes. Et elles devaient bien l'être, puisqu'elles avaient été pensées par des gens dont c'était le travail et qui avaient du temps pour s'intéresser à ce genre de choses.

Et des choses plus essentielles me préoccupaient. Je ne savais pas si j'allais rester longtemps à New-York, ni ce que j'allais y faire. Avant de chercher à me mêler de la politique de mon père, je devais évaluer mon champ d'action tout seul, trouver comment constituer mon propre réseau, et assurer ma survie dans ce nouvel environnement. La présence de Josh ne m'aidait pas exactement à mener ma vie comme je l'entendais. D'une part, je devais garder un œil sur lui, de l'autre, je ne voulais pas le perturber ou l'effrayer avec mes habitudes de faune en milieu urbain. J'avais donc dû investir dans un appartement plus petit ailleurs, deux rues plus loin, afin d'y héberger une compagne humaine que j'essayais de maintenir dans un état docile, sans être obligé de l'attacher et de la bâillonner. J'espérais la garder le plus longtemps possible dans un état mental correct afin de ne pas me compliquer la vie, ce qui peut avoir tendance à arriver lorsque l'on sème le chaos autour de soi en contaminant aléatoirement des humains au gré de ses pulsions. Le calcul, peut-être froid du point de vue de certains, me garantissait une limitation maximale des risques, pour moi, comme pour les autres. Pour le reste, je menais mon enquête. Pour le monde actuel, je pouvais encore être un docteur en météorologie dont les thèses avaient soulevé un débat il y a quelques années. Après la faille, je m'étais engagé dans des études personnelles (pour les diplômes, c'est une formalité qui s'arrange, les délais sont trop longs, même en temps humain) afin d'appuyer que la catastrophe qui avait ravagé le monde était une conséquence de la pollution humaine. C'était tout à fait fumeux mais, étant donné que les humains ne croyaient pas en la magie, c'était encore la seule chose à laquelle ils pouvaient se raccrocher en se sentant rationnels. J'avais réussi à juguler la folie reconstructrice de certains, à convaincre une partie de la population qu'il était préférable de laisser à la nature une grande partie des villes détruites pour laisser un espace plus vaste aux créatures qui ne s'adaptaient pas à la ville, et n'avaient aucun intérêt à le faire. Mais ce rôle était terminé à présent. Il avait été distrayant, mais n'était pas d'un impact grandiose sur le long terme. Dans une ville comme New-York, tout le monde s'était mélangé sans forcément le savoir. C'était une perspective pleine d'intérêt, même si la paix ne tenait encore qu'à la dissimulation de la magie. Tant que les humains restaient à la fois ennemi commun et choses fragiles à préserver ou exploiter, nous étions unis. C'étaient ce que souhaitaient les dieux. Ce n'était pas ce qu'envisageait mon père, et je m'interrogeait sur sa gestion de « l'après », si la magie devait être révélée au grand jour.

Que voulaient les créatures, entités et sorciers qui s'étaient établis à New-York ? Quel monde réel dissimulait le vernis destiné aux humains ? Chacun cherchait une part de pouvoir, de la fortune, un territoire. J'étais tombé sur un pub caché des humains, où se retrouvaient tous ceux qui cherchaient des contacts magiques. Un lieu fascinant par ailleurs, riche d'une diversité que seule une ville aussi attractive que New-York, qui avait su rassembler tant de cultures à travers le monde, pouvait offrir. On y trouvait des êtres de toute sorte, aux compétences les plus variées, prêtes à se donner coup de main et astuce pour implanter son affaire en ville. Certains cherchaient simplement de la clientèle. Et les nouveaux attirent forcément l'attention, surtout qu'on avait pas l'habitude de croiser des faunes par ici. Certains firent le lien avec Talfryn. Je répondis dans un sourire que j'étais effectivement son frère. Aucun raison de faire des mystères, même si mon frère lui-même ignorait encore que je me trouvais ici. Au pire, je ne ferai pas un drame de ne pas avoir été le premier à lui annoncer la nouvelle, même s'il risquait de mal le prendre. On m'avait fait toute sorte de propositions que j'avais poliment décliné. Je ne cherchais rien de particulier, simplement à me familiariser avec ce nouvel environnement. Puis, j'étais tombé sur des cartes laissées à disposition. L'une d'entre elle avait retenu mon attention en raison de son caractère très vague. Apparemment, la dénommée Thomasine avait une solution à tout. Je n'avais pas de problème à lui exposer, mais j'étais trop curieux de savoir quel genre de divinité (si on en croyait la carte, sa vie se comptait en millénaire) se rencontrait si facilement. J'avais donc suivi l'adresse pour arriver au bord des quais, devant la péniche où elle semblait résider. Je frappai doucement à la porte.
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyMer 24 Juil - 4:44

Nous sommes le vingt-et-unième jour de la lune, j’ai trente-sept ans. Les nuages océaniques maintiennent la température ambiante à la trentaine de degrés, voile protecteur on ne peut plus appréciable même si l’humidité qui les accompagne est assez forte. Il pleuvra dans la nuit, selon moi, sachant que l’absence de vent laissera les larmes du ciel se déverser pleinement. Midi est passé, ponctuant une matinée comme toujours dédiée à l’entretient du Léviathan ; tant ma péniche que moi-même, par le biais de la natation. A présent, j’en suis à parcourir mon potager, cueillant mon déjeuner. Des tomates, un oignon, de la ciboulette et de la coriandre… la salade qui s’assemble dans mon panier manquera de thon, que ma condition actuelle m’empêche de capturer seule. A défaut de poivre, j’aurai du sel : l’eau de mer mise à évaporer hier soir ayant fini par le faire, quand bien même l’humidité ambiante n’a guère aidé. Vêtue d’une chemise blanche et d’un pantalon de toile, m’épargnant l’inutile veste actuellement, j’ai gardé ma chevelure blonde aux racines sombre et aux mèches rousses libre à l’expression des favorites qui sont attachées à l’arrière de ma tête, me dégageant le visage. Celui-ci quitte la végétation chaotique vers le quai de la civilisation, action toute aussi familière que les précédentes. De l’autre côté de la passerelle d’embarquement, derrière la porte grillagée, se tient un jeune trentenaire d’environ ma taille, peut-être un peu moins, mais marquant la différence par sa stature ; athlétique là ou je suis selve, quand bien même tout l’athlétisme dont je pourrais faire preuve ne saurait atteindre le sien. Je le soupçonne d’avoir autant de centimètres, passé le mètre, que de kilogrammes. Somme toute, un individu impressionnant même s’il ne dégage pas l’aura des divinités. Contrairement à moi. Amusant de se dire que malgré notre différence morphologique, c’est probablement moi qui dois laisser filtrer l’impression d’être la plus imposante ; cette masse invisible inexplicable. Alors que je me redresse, je croise son regard et c’est là aussi quelque chose de frappant : nos bleus, différents, se répondent pourtant. Il me scrute d’une manière qui doit faire se détourner plus d’un regard, je le fixe d’une intensité qui malaise. On se lit, mutuellement.

« Je vous en prie, montez, l’invite-je d’une main libre, manches retroussées. Ce n’est pas fermé. »

Ce n’est jamais fermé, c’est une particularité de l’Etat. Cela n’empêche pas les gens du commun de le respecter, seuls les administrateurs pleinement imbriqués dans son système se permettant de se servir ; privatiser ce qui a été mis en commun.

« Avez-vous déjà mangé ? »

La plupart des gens venant ici le font en connaissance de cause, par désespoir ou curiosité. La seconde me semble motiver l’étranger, ce qui ne m’empêchera de l’accueillir comme il se doit. S’il est à jeun, je m’en retourne récupérer quelques tomates. S’il ne l’est pas, je m’en abstiens.

Lorsque j’en ai fini avec mon jardin, je le quitte pour dévoiler mes bottes à talon d’un cuir inhabituel ; ni bovin, ni porcin, ni reptilien, et plus fragile que les trois. Les deux pieds sur le passavant, je tends la main à l’inconnu. L’éclaireuse se veut fondante, s’abandonnant dans les doigts qui l’enserre, alors que mes lèvres s’entrouvrent, l’inspiration m’apportant l’odeur complexe d’un musc particulier imprégné de ces senteurs que dégagent les plantes pour communiquer entre elles, réguler leur climat et se protéger des parasites ; senteurs stimulatrices des systèmes immunitaires animaux, conférant une impression de bien être lorsque l’on marche dans une forêt suffisamment ancienne, et capable d’appeler certains de ceux-ci, comme une séduction pour oiseau. Je crois avoir la nature de mon interlocuteur sur le bout de la langue, dans les deux sens du terme.

« Thomasine Océane, mais je pense que vous le savez déjà. »

Mes lèvres se closent en un sourire. Mes yeux, lui ne le quitte pas. Je pourrais lui demander de se présenter mais je ne le fais pas. C’est lui qui est venu, c’est lui qui donnera son rythme ; enfin, tant que je le laisse faire. C’est amusant de se dire que c’est lui, non moi qui suis pourtant sensée l’aider, qui dégage cette aura de calme, ce sentiment de sécurité, cet encouragement à la confiance, désormais que mon odorat perçoit son parfum. Je ne doute pas non plus qu’il puisse rapidement faire naitre le désir, après tout je suis une bête humaine ; évidemment que la virilité sauvage me parlera. Les poils beaucoup moins, je suis plutôt affiliée aux écailles, mais je ne suis pas raciste. Ni professionnelle mais ça c’est pour le running gag. Et puis je choisis la manière dont on signe mes pactes, toujours.

« Suivez-moi. »

L’idée de le crocher par le bras pour me retrouver à son côté me traverse l’esprit pour être emportée par le reflux, l’attitude pouvant paraitre manipulatrice aux connaisseurs. Je n’ai pas besoin de cela pour manipuler et vais tâcher de garder la différence entre l’influence extérieur et la décision intérieure, même si cette situation touche mon libre-arbitre de plein fouet. Rien qui ne me dérange, cependant. Au côté de l’invité ou un pas au-devant pour le guider, je l’accompagne jusqu’au poste d’équipage. Portes ouvertes, je m’arrête à la penderie mitoyenne pour y délaisser mes bottes.

« Je vous prie. »

Chaussettes accompagnant les chaussures, je m’avance pieds nus vers le sous-sol sacré sur lequel donne les escaliers en fer à cheval qui encadrent le large tableau de bord. Les deux se rejoignent devant un mur végétal dont l’odeur est bien plus tropicale que celle de mon invité, emportée dans le reste de la cale par l’appel d’air que l’on accompagne. Forcée d’actionner un interrupteur pour palier au manque de luminosité extérieure, je dévoile les entrailles du léviathan et le loft que je m’y suis faite. J’observe mon invité afin de savoir si les boiseries lui conviennent ou l’incommodent, puis lui désigne les confortables canapés à tiroir occupant l’espace le plus proche, ponctués d’un canapé d’angle encadrant une table basse et dont le dossier donne sur le bar.

« Voulez-vous une boisson ? »

Eaux, thés et cafés sont les seules que je sache produire, sans surprise, mais je dispose de quelques autres récupérées par le monde à destination des invités ; des alcools qui ne saurait m’intéresser pour la plupart, même si certains me permettent de faire mon vinaigre. Ceux n’étant dans ce cas sont sous le bar. Qu’il accepte ou non et quel que soit son choix, c’est à la cuisine que je me dirige ensuite même si mon invité reste libre de m’observer et de me parler. Je commence alors par le lavage des tomates, continue par leur découpe et termine par les déposer dans un saladier. Viennent ensuite l’oignon, épluché et émincé sans parvenir à me faire pleurer, même si mes paupières sont très plissées, puis la ciboulette et la coriandre, ciselées. Celles-ci rejoignent un mélange de vinaigre et d’huile d’olive, ce dernier élément étant le seul à ne pas être "faite maison", qui lui-même ponctuera ma salade.
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyVen 6 Sep - 11:45

Une femme élancée habillée dans une tenue que je qualifierais de mondaine active apparaît dans l'encadrement de la porte. Elle m'étudie sans marquer la moindre surprise, comme si j'étais attendu. Je sens toute la puissance millénaire qu'elle dégage. Sa présence a quelque chose d'écrasant, la même qu'une centaine de créatures réunies concentrée en un seul être. Sait-elle déjà qui je suis ? A-t-elle déjà vu ma présence ? J'ignore tout de ses pouvoirs, ce qui est aussi excitant qu'inquiétant. La carte ne mait pas. Je suis bien face à une divinité. Ce n'est pas la première fois que j'en croise une. Certaines divinités celtiques n'ont jamais eu besoin de la faille pour hanter les terres de ce monde, elles s'étaient fondues dans les arbres, les sols et les rivières. Elles n'étaient pas très bavardes et ne dégageaient certainement pas l'impression d'avoir le noyau brûlant d'une planète entière à la place du cœur. Elles portaient l'eau, fertilisaient la terre, et c'était déjà bien. Je l'observe sans me laisser intimider. Je m'imprègne du genre d'êtres que l'on peut s'attendre à rencontrer à New-York, à ceux avec qui mon père a su nouer des alliances malgré sa part humaine plus marquée, et je lui renvoie en échange ce que je suis. Je laisse comme une bulle végétale se refermer sur nous en faisant craquer son écorce chaleureuse. Elle m'invite à monter sans s'intéresser à mes origines ou à mes intentions en me tendant sa main. Sa première question est pour le moins curieuse. Elle s'inquiète de savoir si j'ai déjà mangé. Je sais que les dieux sont parfois déconnectés des codes sociaux propres aux humains. Alors, je ne m'y arrête pas particulièrement. L'accueil est peut-être au centre de ses préoccupations, ce qui est une bonne chose. Je ne finirai peut-être pas tout simplement dévoré. Il est vrai également que j'arrive un peu avant quatorze heures, ce qui tombe dans les horaires consacrés aux repas.

– Cela m'arrive de temps en temps oui, dis-je à la fois par jeu et parce que j'ignore quelle réponse serait adaptée. Je n'ai pas pris de vrai déjeuner, mais je ne me sens pas non plus affamé.

Elle me tend la main d'un air bienveillant, je la saisis. Peut-être est-ce pour elle à la fois une manière de mieux me percevoir et de mieux me faire sentir son aura. Si la mienne est séductrice et rassurante, je ne pense pas pouvoir en dire autant de la sienne. C'est une force qui pourrait inspirer le danger, et qui semble venir d'âges aussi profonds que ceux où la vie apparaissait au fond des océans. Il y a quelque chose de froid, d'aquatique, au contact de sa peau. Elle se présente, bien que je sache déjà son nom. Elle reste souriante et ne me quitte pas des yeux. Je lui renvoie la politesse, puis je tire la carte de visite de ma poche.

– Heureux de ne pas m'être trompé d'adresse. Je m'appelle Macsen, mais peut-être le saviez-vous aussi ?

Je ne crains pas la réponse, mais je préfère savoir d'emblée les limites de son pouvoir. Si cette divinité connaissait tout de moi, certains sujets de conversation auraient peu d'intérêt. J'espère d'ailleurs que la découverte pourra être un minimum réciproque. Nous avançons encore et elle délaisse ses bottes à la matière particulière à l'entrée. Mes chaussures ne sont que des illusions, rien qui ne puisse vraiment se retirer. Je joue parfois le jeu avec les humains, mais je ne vois pas l'intérêt de faire un geste dans le vide ici. Je préfère lui dire très honnêtement la vérité.

– Vous m'excuserez de ne pas vous imiter, mais je ne porte pas vraiment de chaussures.

En tout cas, je n'en ai pas trouvées à la pointure de mes sabots et je crains qu'elles ne me seraient pas d'une immense utilité, en plus d'entraver la plupart des mouvements que mes origines me permettent.
Je m'installe sur le canapé qu'elle me désigne pendant qu'elle se dirige vers la cuisine en me demandant si je souhaite une boisson, chose que l'on fait généralement pour mettre à l'aise les personnes que l'on accueille. J'accepte donc, comme le veulent les règles de bienséance.

– Volontiers, je vous laisse décider.

Mais, avant de s'occuper de me servir à boire, je la vois reprendre une table de préparation laissée en plan, attraper des tomates et les laver. Voici donc l'origine de sa première question. Elle se préparait à manger et n'aurait pas décemment pu manger devant moi. Elle me laissait entrer, mais continuait tranquillement le cours de son existence. Je n'étais qu'une donnée de plus qui s'y ajoutait. C'était plutôt déroutant, car j'étais bien ennuyé de savoir ce que je pouvais faire tandis qu'elle achevait de préparer sa salade. Comme je n'aime pas rester simple observateur d'une scène banale du quotidien, je me lève pour étudier les alentours. Je sens que je n'ai pas besoin de faire de grandes manières si mon hôte s'autorise à cuisiner. L'intérieur de la péniche est riche de nombreuses senteurs végétales. Les espèces sont variées et je devine que les ingrédients de la salade de la divinité sont nés en ces lieux quand je m'appuie doucement sur le comptoir. J'attrape une tomate encore épargnée par le couteau et demande en souriant.

– Entretenir un jardin fait donc parti des plaisirs qui ne lassent pas les êtres millénaires ? J'ai cru comprendre que ce genre de fruit authentique était plus rare que l'or à New-York.

Comme toutes les grandes villes humaines, New-York était couverte de béton, et recevait l'essentiel de ses légumes en surgelé et conserve, ce qui était plutôt triste à imaginer. Je comprenais qu'un dieu qui avait connu des temps plus heureux pour les papilles de ce côté ne puisse se satisfaire des produits fades que l'on pouvait trouver en supermarché.


Dernière édition par Macsen Caerwyn le Dim 22 Sep - 16:53, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyMar 10 Sep - 11:15

Manger, cela lui "arrive de temps en temps". Comment ne pas répondre à ma question avec le sourire. Soit, le suspens durera ; je préparerai pour deux et mangerai ainsi s’il n’est pas temps pour mon inviter de se nourrir. Ou si la méfiance l’en empêche. La poignée de main est là pour me renseigner. Elle le fait. Puis celui que ne mange que de temps en temps me tend l’objet de sa présence, ayant mordu à l’appât pour curieux et désespéré. Curieux, selon toutes les informations qu’il me fournit.

« Heureux de ne pas m'être trompé d'adresse. Je m'appelle Macsen, mais peut-être le saviez-vous aussi ?

- J’ai délaissé la prescience voici des millénaires, réponds-je, intérieurement amusée qu’il me prenne pour une médium. Je crois préférer le goût de la découverte. »

Confier les Tables des Destinées à Enlil devait lui permettre d’assurer au mieux son rôle de Baal Zebub. Outre leur vol par Anzu, qu’il n’a su anticiper, ce fils n’a su éviter d’être déchu de son trône. Curieuse de voir ce qu’il en sera de celui d’Hell Incorporated, même s’il ne saurait plus être condamné pour un viol significatif. Cela est néanmoins hors sujet ; une digression inutile puisqu’il n’est plus question de divination.

La spiritualité reste et la réclamation d’ôter ses chaussures lorsqu’on entre en ma demeure obtient une réponse qui m’éclaire sur la nature de mon invité. Il "ne porte pas vraiment de chaussures". Ainsi, il n’est plus réellement de doute quant à son espèce. Je ne sais pas les choses d’avance, cependant je n’en reste pas moins douée pour les découvrir. Deviner quel alcool lui ferait plaisir est presque plus difficile.

« Dans le bar, derrière vous. Il doit me rester du Scotch, une série limitée d’Arran datant d’avant la catastrophe. Vieilli en fût de chêne durant une dizaine ou une douzaine d’années, cela devrait vous plaire. »

Les codes sociaux humains sont des conventions ; chacun est libre d’y adhérer ou non. Je ne le fais que lorsque c’est dans mon intérêt, n’éprouvant qu’un amusement méprisant pour la pression que peuvent engendrer ceux considérant "normal" voire "obligatoire" d’y souscrire. Des outils de plus. Proposer une boisson ne me permet ainsi pas seulement d’accueillir mon invité comme il se doit, puisqu’il est libre de se la servir lui-même ; me laisser l’initiative du choix ne change rien. C’est un test ou bien un partage de mon goût de la découverte. Possiblement les deux. Evidemment, par simplicité, verres à alcool résident également près des bouteilles en contenant. Rien qui ne saurait échapper au regard, quand bien même des garde-fous délimitent les étagères sous le bar afin que rien ne s’en échappe involontairement. Cependant, les pas et l’attention de Macsen le mènent à nouveau jusqu’à moi, nouvelle preuve de curiosité.

Il se pose à mon côté. Il se saisit d’un de mes ingrédients. Il me parle. M’interroge. Me complimente. Se dévoile. Son aisance le place familier des divinités, chose guère surprenante du fait de son espèce, et confirme une nouvelle fois la catégorie des curieux. Son impatience, polie mais existante comme en témoigne sa manipulation manuelle, traduit un jeune âge ; même si cela n’a pas vraiment de sens.

« Entretenir, voici un bien grand mot. Les plantes font ce qu’elles veulent, je m’assure simplement qu’elles puissent le faire et en récolte les fruits. Généralement, cela me permet une autosuffisance alimentaire qui fait défaut à toute métropole, malgré les enseignements de la Brèche. »

Il y a deux siècles, la plupart des villes et des villages étaient suffisamment entourés de cultures pour prétendre à nourrir leurs habitants. L’industrialisation et l’urbanisation ont créé une dépendance au transport d’aliments, insouciamment assuré par la technologie. Mais en retirant cette donnée, comme cela peut l’être en situation de crise, la crise elle-même sera amplifiée en métropole. Violence face à la peur de la famine, délaissant les cadavres propices à faire naitre les épidémies. Finalement, les maladies vaincues, les survivants auront loisir de découvrir ce qu’ils avaient craint, ayant épuisé leurs réserves. Suite à la Brèche, le monde aurait-il pu se reconstruire comme avant sans les divinités pour user de leur magie ? Non, car avant la reconstruction venait la survie. La migration vers des zones cultivables, souvent accompagnée de banditisme. Ce n’est qu’une fois la survie assurée que les décennies de reconstruction peuvent être envisagées. Nous parlons du passé, cependant.

« Evidemment, un attribut de fertilité a tôt fait de biaiser ma vue sur les tombes verticales défiant les cieux. Point qui me semble nous être commun. A propos, comment préférez-vous être appelé : satyre, faune, sylvain ou égipan ? »

Je demande cela comme si de rien était, coupant mes fruits à l’exception de celui qui sert d’amuse-doigts à la créature susnommée. Ce n’est pas la première fois que je rencontre un homme-bouc, d’aventure plus anciens que les mythologies grecques et romaines, mais leur espèce et leurs peuples ont toujours été plus proche de la déesse-mère terrestre que de moi. A chacun ses "animaux", personnellement je préfère m’accompagner de dragons.

« Votre présence est surprenante en telle urbanité… une raison particulière ? »

Reste à découvrir ce qui motive l’arrivée de Macsen, dont la croyance de compréhension laisse comprendre sa nouveauté dans l’environnement qui nous entoure.
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyDim 22 Sep - 18:04

Elle ne savait rien de moi, et son ignorance me convenait très bien. Il n'y a pas de réelle utilité à bavarder avec quelqu'un qui sait déjà tout de vous. Je ne suis pas de ceux qui espèrent être compris, jugés ou validés. Je mène ma vie comme je l'entends. J'agis au gré de mes envies et de ce que les événement m'imposent. C'est donc avec un sourire approbateur que j'accueille sa préférence pour la découverte.

– La double vue est un pouvoir bien plus ennuyeux que les gens ne se l'imaginent.

J'en savais quelque chose. Mes propres visions arrivaient sans prévenir. Elles ne disaient jamais rien d'assez précis, et étaient presque toujours implacables. Avec l'agitation des villes, elles pouvaient devenir envahissantes. Parfois, il m'arrivait de savoir que quelqu'un allait mourir ou était en train de se faire assassiner, mais je ne savais ni ou, ni quand. Et, même si je le savais, je n'avais pas l'âme d'un justicier. J'avais déjà laissé une personne se faire renverser en parfaite connaissance de cause, parce que agir rapidement aurait menacé ma couverture. Savoir ne changeait pas tout. Ceci dit, voir m'avait souvent aidé. Malgré les millénaires de Thomasine, rien ne me mettait actuellement à l'affût d'un danger. Je m'abandonnais donc à la bonne fortune en m'aventurant chez elle. J'étais aveugle mais serein.
Avant de préparer sa salade, la déesse millénaire me suggéra de goûter au scotch du bar qui se trouvait derrière moi. Elle s'attendait donc à ce que je me serve de moi-même. Je ne tenais néanmoins pas suffisamment à boire pour me servir seul. Je préférais m'intéresser à son appartement avant, puis à ce qu'elle préparait avec une si belle concentration. Disons le, j'appréciais assez peu me retrouver livré à moi-même dans l'habitat d'une inconnue. Les premières marques étaient à prendre avec elle. Je lançai donc un sujet de conversation tout à fait banal. Il n'y avait rien d'autre à faire que parler de sa salade, puisqu'elle ne m'avait pas encore donné mieux. Ses plantes faisaient ce qu'elles voulaient, disait-elle. Peut-être. Mais, sans eau, il fallait bien qu'elles meurent, et elles dépendaient du bon vouloir d'un arrosoir ou de la chaleur d'un intérieur au hiver, si elles devaient produire toute l'année.

– Les gens de la ville ne voient pas à quel point ils sont nourris comme des animaux domestiqués. C'est une image qui vous déplaît vous concernant ?

Je suppose que Thomasine apprécie peu l'idée d'être dépendante des actions et de la richesse de quelques patrons d'entreprises, qu'elle refuse certains aspects de la modernité. Une discussion sur ce sujet pourrait être intéressante. Et une discussion intéressante avec un être millénaire me conviendrait parfaitement. Je lui concède quelques informations, puisque je viens de lui en demander.

– Ma famille a toujours vécu en autosuffisance. Nous avions des terres, des animaux et la forêt… Mais j'ai parfois dû concéder à la ville, comme aujourd'hui.

Ne plus s'occuper de se fournir sa propre nourriture libère du temps d'esprit, dira-t-on. Et c'est tout à fait juste, à condition d'accepter de faire dépendre sa survie essentielle du bon vouloir des autres.

– Les humains sont plus attachés aux marques qu'au goût des choses. Ce n'est pas le monde qu'il faudrait détruire, mais ceux que ce monde a produit, si nous voulions vraiment recommencer.

Je tiens ces réflexions d'une voix parfaitement posée. Je ne dis pas qu'il faudrait tuer tous les humains de moins de cinq ans qui ne se montrent pas prêts à délaisser le fonctionnement capitaliste, je le constate. Thomasine déplore l’inefficacité de la Brèche, je lui donne la vraie solution pour revenir à un monde plus proche des cultures. Je suis le premier navré de ne pas avoir meilleure idée à lui suggérer. Les mots qu'elle emploie, elle, sont désabusés. Des tombes verticales qui défient les cieux… Une insulte aux dieux ? Aux êtres millénaires de toute sorte ? Si nous partageons la même vision ? Je l'ignore. Je ne fais que constater. Et, au-delà des campagnes, je n'ai connu que le monde industriel, même si tout a changé significativement en cent ans, même si je préférais le monde de mes réels vingt ans, celui dans lequel j'ai rencontré Josh, celui où tant de choses semblaient encore fascinantes et possibles au début des inventions technologiques, avant le ravage des guerres.
Thomasine change brutalement de sujet pour me demander à quelle espèce exacte j'appartiens. Il existe en effet plusieurs sous catégories chez les hommes mi-bouc, qui différencient davantage le clan, et l'origine que l'espèce. Comme les humains, nous avons nos nationalités si je puis dire. Les satyres suivaient Dyonysos et Bacchus et étaient connus pour être brutaux, vulgaires, voire sanguinaires. Les sylvains ont Sylvanus pour maître et restent cachés en forêt. Les faunes sont les plus civilisés de tous. Nous étions proches de la vie des campagnes et des hommes avant de devoir nous terrer en forêt avec les sylvains. Les égipans sont un peu à part, tous ne sont pas mi-chèvre, mais ils suivent dans tous les cas le dieu Pan.

– Vous pouvez considérer que je suis un faune. Mais appelez-moi comme vous le souhaitez, si ça ne fait pas de différence pour vous.

Pour moi, bien sûr, la différence est grande. Elle explique même ma volonté, comme celle de mon père, à permettre à ce peuple qui vivait autrefois en harmonie avec les hommes et leur nature disciplinée à rendre possible une vie au grand jour et sans honte. Les dérives des satyres nous ont beaucoup nuit. Et quand les Hommes n'ont plu su faire la différence entre les uns et les autres, nous avons été chassés, confondus avec des démons et tués. C'est une histoire qui ne se raconte plus. Qui a été oubliée. Alors à quoi bon jouer sur des mots qui ne font plus sens pour un autre que moi ? Cependant, comme Thomasine s'interroge sur ma présence en ville, mes origines peuvent fournir un début d'explication qui fait sens.

– Autrefois les faunes vivaient près des humains. Nous n'avons jamais perdu ce goût, même s'il faut les trouver dans les villes. J'ai survécu de nombreuses années à Londres. Alors pourquoi pas l'Amérique et l'imprenable New-York. C'est ici que tout se joue, n'est-ce pas ?

J'abandonne la tomate à son sort sur l'établit et me décide enfin à ouvrir le bar pour trouver la bouteille dont Thomasine m'avait suggéré. J'ai suffisamment parlé pour me sentir libre d'agir chez mon hâte. Je reviens avec deux verres et le scotch, que pose devant nous.

– Vous prendrez bien un verre avec moi ?

Puisque l'invité doit se servir, alors je prendrais le rôle attribué à l'hôte. Et comme un hôte ne pourrait se servir seul sans être excessivement impoli, nous serons évidemment deux.


Dernière édition par Macsen Caerwyn le Sam 5 Oct - 8:51, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyJeu 26 Sep - 9:13

"La double vue est un pouvoir bien plus ennuyeux que les gens ne se l'imaginent", pour mon interlocuteur. Il parle comme quelqu’un qui sait ; qui sait que tourner son regard dans la quatrième dimension comme on le fait des trois premières tend à rendre ce qui s’y passe fade. Heureusement, s’il est possible de regarder loin dans le passé, les futurs ne sont pas encore filés. Chose qui n’empêche pas le double-sens : ennuyeux pour l’utilisateur comme pour ceux qu’il observe, dont les secrets sont aussi visibles que le reste de leur vie.

« Les gens de la ville ne voient pas à quel point ils sont nourris comme des animaux domestiqués. C'est une image qui vous déplaît vous concernant ?

- Pour beaucoup, ce sont des animaux domestiqués. Moi… je suis juste un animal. "Sauvage" aux yeux des "civilisés", au sein desquels j’évolue pourtant à mon aise.

- Ma famille a toujours vécu en autosuffisance. Nous avions des terres, des animaux et la forêt… Mais j'ai parfois dû concéder à la ville, comme aujourd'hui.

- "Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent" ; Chateaubriand, s’il ne vous est inconnu.

- Les humains sont plus attachés aux marques qu'au goût des choses. Ce n'est pas le monde qu'il faudrait détruire, mais ceux que ce monde a produit, si nous voulions vraiment recommencer.

- Le monde n’a jamais été détruit. Même la "fin du monde" humaine ne sera qu’un détail dans le cycle de la vie. La vie elle-même est un détail dans le cycle cosmique. Cela étant, le diable est dans les détails… »

Je sais de quoi je parle, à bien des égards. Ce sont les détails qui m’ont révélé la race de Macsen, que je considérerais donc comme un faune ; c’est là mon souhait, conformément au sien. Cela ne fait grande différence pour moi mais c’est celle que cela fait pour lui qui m’intéresse ; sachant que l’absence de parti-pris rend d’autant plus aisé l’adhésion au sien, de parti. Parti qu’il explique, me faisant une leçon d’histoire. Sans doute suis-je plus vieille qu’elle mais je ne me lasserai jamais d’écouter, surtout lorsque cela peut m’apprendre de nouvelles choses. Les faunes sont donc plus "domestiques", vivants et voulant continuer de vivre près des humains. Le présent a vécu à Londres, me laissant percevoir la justesse de mon évaluation avec le Scotch d’Arran, île écossaise. Quant à "l’imprenable New York", Macsen répond lui-même à sa question.

« C’est ici que tout se joue, répète-je interrogativement en récupérant la tomate, la plaçant sous la lame de mon couteau avant de l’abattre. Sans doute. Pour l’heure cependant, la politique extérieure est, disons, limitée. »

Laissant Macsen faire comme chez lui, quoi qu’il y soit dirigé par mes autorisations, je continue ma préparation.

« Vous prendrez bien un verre avec moi ?

- Cela m'arrive de temps en temps oui. »

Une citation de ses propres propos. Vraie, cependant. Milda et Josh m’en sont témoins, il m’arrive de boire en compagnie de quelqu’un. Il faut que j’y ai un intérêt, le produit en lui-même n’ayant que peu d’effet. Moins que des fruits, des légumes et de la viande dont je pourrais probablement me passer considérant que c’est autre chose qui nourrit les divinités. Cela étant, participer à un tout, cyclique, me semble le plus logique du monde. Rien ne se perd, rien ne se créer, histoire de citer Lavoisier. Aparté à l’instar de ce qui a suivi nos présentations, même si je me doute que Macsen souhaite encore deviner ce que je suis ; qui je suis. A sa discrétion comme la mienne.

Il lui faut moins de temps pour me servir que moi pour lui rendre la politesse, c’est néanmoins ce que je ferais ; chacun ayant son assiette. Toutes deux sont déposées avec leur argenterie sur la table en longueur puis je m’installe sur l’une de ses chaises sur pivot, typique des navires. Le petit dossier est là pour la formalité, de même que le pose-pied, mais au moins ne prennent-elles guères de place ; l’embarcation en aurait eu assez pour plus mais cela n’aurait été véritablement intéressant.

« Alors, finis-je par reprendre une fois installée et avant d’entamer, quelle est votre ambition dans le jeu de New York ? »

J’ajouterais bien une interrogation sur comment je peux l’aider mais la réponse sera fournie avec l’énoncé de l’ambition. Si je n’exclue pas que la curiosité de Macsen soit le fait unique de ma carte, j’anticipe qu’elle soit également liée à l’apport que je pourrais fournir pour ses projets personnels.
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptySam 5 Oct - 9:55

Ce que m'apprend Thomasine au détour de la discussion est intéressant. Elle se considère comme un animal sauvage, ce qui rejoint mon impression d'être face à une force puissante, indomptable et aquatique. Je ne suis pas certain d'être en présence d'une divinité, et je doute qu'un dieu choisisse le mot « animal » pour se qualifier. Je mets l'indice de côté. J'y reviendrai plus tard, quand il sera temps de récolter une nouvelle information, ou de s'autoriser une question plus directe. Mais j'essaye d'éviter les questions directes quand je ne suis pas déjà assuré de la réponse. La créature qu'elle est montre en tout cas des goûts pour la littérature humaine en citant l'auteur français Chateaubriand. Malgré les millénaires, l'évolution de l'humanité l'a donc toujours intéressée. J'en déduis qu'elle ne s'est probablement pas éteinte comme les autres en attendant de réapparaître grâce à la brèche. Cela se tient. Elle a bien mentionné des millénaires d'expériences, et il vaut mieux que ces millénaires se soient déroulés sur Terre. Autrement, la publicité serait quelque peu mensongère.

– J'ai dû en lire quelques pages…
Pas assez pour le citer de tête, c'est certain. Mais, quand on a fréquenté la gentry anglaise londonienne au début du XXe siècle, avoir de belles références était indispensable. Je lui demande dans un sourire :
– Auriez-vous lu tous les livres importants de ce monde ?

Quand je lui présente une solution, certes radicale, pour régler le problème de la modernité, elle dévie par des généralités. Elle n'a donc aucun projet en tête, ou préfère les dissimuler, sauf s'il s'agit d'une manière de diminuer l'importance de la vie humaine pour mieux la détruire, mais j'en doute. Si la littérature l'occupe au point d'en retenir des bouts littéraires, elle s'ennuierait si ceux qui la produisent devaient disparaître.

– Sans doute qu'il n'a jamais encore été dans l'intérêt de qui que ce soit de tout ravager.

Les humains ont toujours fantasmé la fin du monde. Les Anciens savaient quelles entités incroyables le partageaient avec eux et pouvaient, si elles se lançaient dans une guerre, détruire jusqu'au noyau de la Terre. En vérité, le seul intérêt de ces légendes était d'inquiéter les peuples pour s'en faire vénérer. Le Ragnarök comme l'Apocalypse causeraient de trop lourdes pertes pour que quelqu'un s'amuse à les déclencher. Et, de toute façon, je doute que les autres dieux laisseraient faire une créature déchaîné. Si Thor est de force égale avec le serpent Jormungand, alors il ne tiendrait pas longtemps face à une armée entière de divinités alliées pour empêcher un désastre. Oh, tenez, c'est amusant comme des pistes viennent parfois d'elles-mêmes. Si Thomasine se concentre en particulier sur cette affaire de fin du monde, que je n'ai pourtant pas souhaitée un instant, et si j'en vois sa puissance, sa présence aquatique, se pourrait-il qu'elle appartienne à une catégorie de créatures de ce type ? C'est une idée comme ça, une idée en l'air, ou une bonne idée. Je le saurai plus tard.

Elle reprend mes mots lorsque je lui dis que la politique est avant tout à New-York. Mais il est vrai que ce n'est pas encore la domination du monde qui se joue. Le reste du monde a été délaissé. Les dieux ont privilégiés l'une des villes les mieux épargnées, symbole de la résistance de la modernité. Si elle est dubitative, pourquoi apparaître ici, alors ? Comme nous tous je suppose, parce que presque toutes les divinités ont choisi d'apparaître ici…

– Qui possédera New-York aura le monde. Il y a beaucoup trop d'alliances puissantes dans cette ville pour passer à côté. Les dieux s'organisent. Celui qui saura consolider son pouvoir ici pourra envisager d'autres territoires.

Je n'ai pas autant d'informations que je le laisse croire. Juste des bribes, des rumeurs et de la déduction. J'attends que Thomasine me montre par sa réaction si je suis juste ou s'il faudrait rectifier quelques points. Mon père aurait certainement la réponse, mais lui demander directement n'est pas assez amusant. Comme nous sommes bien installés dans la discussion, je me décide à lui proposer à boire. Elle me répond en reprenant mes propres mots. Un fin sourire glisse sur mes lèvres. J'apporte la bouteille et sert les verre. L'alcool a la forte odeur boisée des scotch de qualités. De son côté, Thomasine prend la liberté de me servir aussi son repas. Puisqu'il semble que je resterai encore un peu par ici, je l'accepte volontiers. Nous rejoignons la table.

– Je ne compte plus les verres de sotch que j'ai pu boire quand je travaillais pour un politicien à Londres, il y a près d'un siècle maintenant.

Les mots me viennent alors que j'observe le liquide ambré la mine songeuse, avant de lever mon verre et un regard amusé vers Thomasine. Elle me demande ce que je viens faire à New-York avant de trinquer.

– J'attends d'observer pour définir des ambitions. Beaucoup de créatures rejoignent la ville. Ça ne s'est jamais vu avant la brèche. Je suis curieux de voir comment elles s'organisent malgré des structures qui ne sont pas conçues pour elles. Et vous ? Même si vous semblez regretter une métropole fermée sur elle-même, vous vous y trouvez pourtant.

Je préfère rester prudent à l'égard de mon père. Dire que je suis le fils du maire actuel de la ville n'est pas une excellente idée puisque je ne connais rien des intentions de mon interlocutrice. Je ne tiens pas à jeter des cartes trop vite, la qualité des informations comme ma sécurité et celle de ma famille pourraient en souffrir.


Dernière édition par Macsen Caerwyn le Mar 8 Oct - 18:27, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyDim 6 Oct - 9:55

Macsen connait Châteaubriand, il a "dû lire quelques pages" et me suppose bien plus renseignée que lui. Voilà qui me fait sourire unilatéralement, méprisante non-pas envers lui mais envers la croyance que cache sa question. Aurais-je lu tous les livres importants de ce monde ? L’importance est quelque chose de subjectif et de conventionnel. Les livres sont quelque chose de récent et d’utile, certes, mais aussi d’une certaine fadeur. Ils recueillent souvenirs et savoirs, d’où leur utilité, mais sont morts à mes yeux : faits de cadavres d’êtres vivants, cuirs ou papiers comme enseignements et imaginaires. J’ai toujours préféré la tradition orale, même si j’ai su reconnaitre les possibilités de l’écriture lorsqu’elle a vu le jour à Uruk, sous mon règne. Cela étant, celui-ci est principalement préhistorique, puisque l’Histoire ne commence qu’avec l’Ecriture. Mystérieuse, je ne réponds donc pas de suite à la question du faune.

« Sans doute qu'il n'a jamais encore été dans l'intérêt de qui que ce soit de tout ravager. »

Mon sourire perd son mépris pour de l’amertume, Apophis me venant en tête. Tout ravager pour détruire n’a jamais été le but, seuls les vainqueurs dont les constructions étaient menacées l’ont décidé ainsi. C’est sans doute difficile à percevoir pour des esprits aussi jeunes et emprunts de cette culture dont le plus grand déni est sa propre disparition, cependant la destruction précède la création. Un cycle. Un Ouroboros. Un de mes attributs.

Cela étant, tout ravager est difficile. Alors que laisser les choses se ravager elles-mêmes est plus naturel. Jusqu’où un astre peut-il s’élever avant de déchoir ? Je suis parmi les plus anciennes divinités, je suis parmi les plus anciens témoins de cela. Je ne suis guère disposée à en parler, quand bien même je vois le jeune faune observer et analyser. Plaisant.

J’en fais de même, l’utilisation de ses mots en étant preuve.

Il tombe en accord. Il s’interroge. Il s’abstient de m’interroger, peut-être parce qu’il trouve les réponses seul, peut-être parce qu’il attend meilleur moment ; ses précédentes répliques n’ayant pas encore trouvées réponses.

« Qui possédera New-York aura le monde. Il y a beaucoup trop d'alliances puissantes dans cette ville pour passer à côté. Les dieux s'organisent. Celui qui saura consolider son pouvoir ici pourra envisager d'autres territoires.

Je tombe en accord. Je m’interroge. Je l’interroge, peut-être pour qu’il trouve les réponses seul, peut-être parce qu’il aura ainsi plus de questions ; ses précédentes répliques n’ayant pas encore trouvée réponses.

« Je ne suis pas certaine d’avoir jamais compris ce désir, qu’il soit chez les Dieux Anciens ou les plus récents, de dominer. Envier quelqu’un possédant plus, oui, mais vouloir tout posséder, non. »

Les divinités ont toujours su s’organiser. Liens familiaux d’abord, à l’instar des civilisations pré-étatiques ; mes préférés. Alliances d’intérêts ensuite, à l’instar des Etats. Capitalisations enfin, à l’instar des sociétés commerciales. Avec toujours plus de connectivité, à l’instar de l’Humanité. Evidemment, je participe à tout cela. J’ai été mère de mon Panthéon, j’en ai perdu la tête d’ailleurs. J’ai été parraine du premier Etat, bien qu’il ait été éclipsé en grandeur par celui d’Egypte comme le Serpent par l’Oiseau, rivalité entre Nuit et Jour où le Ciel joue dans les deux camps. Merci Anu, merci Seth. Je suis membre d’Hell Incorporated, novatrice dans le domaine du commerce et de la science commerciale même si n’égalant pas certains montages que les Hommes ont pu faire par la suite. "Moi… je suis juste un animal. "Sauvage" aux yeux des "civilisés", au sein desquels j’évolue pourtant à mon aise." Je regarde Macsen me regarder, je le détaille me détailler, l’observe m’observer. Placide, flegmatique. Antique, antédiluvienne.

C’est l’alcool qui finit par couler, à l’initiative du faune. Force est de constater que les senteurs de la liqueur sont bien moins enivrantes que celles du serveur. Serveur habitué à la tâche, ancien serviteur de politicien londonien. Le XXe siècle, tant de choses intéressantes. L’escalade. Une nouvelle échelle du monde. L’âge d’or ? Je ne sais pas encore. Pourtant, la Brèche conduit à le penser. Reste à savoir jusqu’où les divinités s’élèveront des ruines et élèveront celles-ci. A ce regard, Loki est doué. Macsen, lui, ne le sait. Son attention est à son verre, son attention est à ses songes. Mes yeux fixent ceux de Macsen, mes paupières se plissant tout autant que mes lèvres.

Il attend, il observe, il veut définir ses ambitions. Seule la curiosité le motive donc ici, rien de plus précis. Il fait comme "beaucoup de créatures" de sa condition, tout comme moi. Non, cela ne s’est jamais vu avant la Brèche. Oui, la curiosité envers l’avenir est présente. Et moi ?

Je lève mon verre pour trinquer.

« A l’observation et aux ambitions qu’elle fait naitre. A la nouvelle Asgard, Olympe ou quelque soit le nom qu’on lui donnera. A la curiosité envers le présent et l’avenir. »

Lorsque je porte l’alcool à mes lèvres, son goût n’est pas ce qui m’intéresse le plus et sa brûlure n’est pas celle qui m’enflammerait vraiment. Il est insuffisant à me désinfecter des phéromones, même si esprit et volonté pourrait m’en détourner. Je ne le fais pas, pour l’heure.

« Ma position est similaire à la vôtre, reprends-je une fois le verre sur les genoux, croisés d’aise. Si ce n’est que mon travaille pour les politiciens ne remonte pas à un siècle. Pour l’heure, j’aide ceux qui possèdent une ambition. Ainsi pourront-ils me rendre la pareille lorsque j’en possèderai une moi-même. »

A défaut de savoir quelle sera ma stratégie, je place mes pions de manière à ce qu’ils soient prêts à se mettre en branle lorsque cela sera nécessaire. Quoi qu’envieuse des talents de Loki ou d’Héra, quoi qu’envieuse du pouvoir de Merwyn Caerwyn, je n’ai pas l’intention d’être baisée comme les deux premiers ou d’acquérir le pouvoir comme le dernier. L’instabilité est de mise à New York et, en tant que présidente de cela, je tiens à ce qu’elle me soit utile et non ne me nuise. Avant de pouvoir tirer mon épingle du jeu, cependant, il faut que j’en maitrise les règles.

« D’où ma carte de visite. Ironiquement professionnelle, je l’admets pleinement. Cependant, que peut-il ressortir de cet immense filet jeté à la mer ? »

Il est possible de considérer que j’ai menti. Sur beaucoup de choses. Celle qui m’intéresse, cependant, est la suivante : mon ambition. Inchangée mais plurielle. L’Envie, évidemment ; des autres dans les deux sens du terme. Cela étant, récolter des âmes peut être considérer comme une ambition également, même si je le vois plus comme un travail ; tout en comprenant qu’aider autrui puisse sembler audit autrui mon travail, et l’âme le paiement – lorsqu’elle est mise en jeu. Cela étant, mon rôle de consultante indépendante ne se limite pas, ni n’a vocation à se limiter, à ce business. M’occuper, évidemment, mais également placer les pions suscités. Le Quartier Grey est idéal pour agir, puisqu’empli de gens dans le besoin qui ne demandent qu’à être cultivés pour développer leur potentiel. Potentiel au sein dudit quartier ou bien d’un autre, si on les en fait bouger. C’est comme une école pour quelqu’un aimant recruter.

Je prends une inspiration par la bouche, pleine de senteurs qui ne sauraient réellement se faire concurrence tant certaines écrasent d’autres.

« "Dans tout chaos, il y a un cosmos, dans tout désordre un ordre secret" ; Carl Jung. Je ne l’ai pas lu, j’ai préféré discuter avec lui. J’ai une préférence pour la tradition orale, question "d’éducation" si l’on peut dire. Avant que la Brèche ne me donne l’occasion de concevoir cette nouvelle incarnation, j’en ai emprunté nombre d’autres au travers des millénaires. »

Avec le recul, la pertinence d’une unique incarnation sur les possibilités offertes par la possession est un réel sujet de réflexion. Surtout lorsque l’on considère mon péché d’Envie. Cela étant, le sujet est hors de propos actuellement. Mon envie est différente, moins envieuse que luxurieuse. J’ai trouvé ce qu’est Macsen, expliquant l’attirance, et lui donne toujours plus d’éléments pour trouver ce que je suis. Le meilleur étant que cela risque fort de gâcher mes chances d’accomplir ce que sa nature m’incite à accomplir ; une autodestruction des plus savoureuses, surtout en amont.

« Avez-vous une carte de visite également ? Je serais curieuse de la récupérer, pour lorsque vous aurez trouvé vos ambitions. Ou simplement observer ce lieu qui attire tant des nôtres, dans le présent comme le futur, sans double vue pour nos gâcher le plaisir. »
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyMar 8 Oct - 20:23

Le ton naïf de ma question au sujet des auteurs l'amuse. Je crois que la politesse d'un côté, et l'ironie de l'autre lui échappent légèrement. Quel intérêt de citer un auteur si ce n'est pour recevoir une remarque à ce sujet ? J'ai imaginé qu'elle voulait une occasion d'évoquer sa culture littéraire. Je me suis peut-être trompé. Même si je ne vois pas, alors, l'intérêt d'utiliser une figure d'autorité des lettres pour me parler. M'impressionner ? Mesurer ma culture ? Pourquoi pas. Évidemment, je ne m'attendait pas à une approbation complète, qui aurait été plutôt présomptueuse, juste à un développement, quel qu'il soit, sur un sujet qu'elle semblait vouloir aborder. Mais je n'y ai pas droit. Tant pis. Ce n'est pas d'une importance essentielle. Je ne suis pas de ceux que les esprits capables de réciter une partie du savoir humain intimident. J'essaye simplement de m'adapter à une situation donnée.
Plus intéressante est la réaction de Thomasin quand je lui parle de destruction. Je la sens plus blasée. Le sujet de la fin du monde est donc un point sensible. Pour quelle raison ? Je l'ignore encore. Ou, plutôt, je n'en ai pas la connaissance exacte. Ce qui est certain cependant, c'est qu'avec son grand âge, elle a pu voir s'éteindre beaucoup de civilisations. Peut-être a-t-elle été considérée comme responsable de certains ravages. Après tout, si personne n'a d'intérêt à tout faire disparaître, certains ont, en revanche, de l'intérêt à faire passer leurs ennemis pour des monstres sanguinaires que rien d'autre n'anime si ce n'est le plaisir de casser ce qui a été construit… Ce qu'ils ont construit, sans approbation unanime, en vérité.
Elle ne contredit pas mon affirmation au sujet de la possession de New-York, mais d'autres réflexions lui viennent. Pourquoi vouloir régner ? Je l'observe. Son interrogation semble sincère, ou désabusée. Elle est ancienne, elle semble puissante. Elle n'a peut-être pas trouvé de goût au pouvoir qu'elle a peut-être possédé un jour. Tant de peut-être. Je souris.

– Pour beaucoup, dominer est une façon d'affirmer sa place dans ce monde, de ne plus avoir peur, de s'assurer de sa valeur. Peut-être ne comprenez-vous pas ce désir car il est celui d'êtres plus faibles ou moins assurés que vous ? Cela étant, d'autres cherchent le pouvoir pour faire le monde à leur image. Mais c'est encore une histoire de trouver sa place.

Suis-je en train de proposer une introspection à une divinité millénaire que je suis venu consulter ? Pourquoi pas, après tout. Thomasine s'interroge, je lui suggère des angles de réflexion. Aider les autres à raisonner et avancer est toujours un plaisir. Pour autant, ma question est très personnalisée. Je ne veux pas le pouvoir, mais ce n'est certainement pas parce que je me sens puissant ou assuré. Mais je suis bien trop faible pour compter dans le jeu des dieux. Ce serait une folie que me mettre en tête de rivaliser avec eux. Mon père ne cherche pas ce genre de chose non plus. Il veut façonner le monde selon son idée. Tant que son idée est impossible à appliquer, il n'aura pas la confirmation d'avoir raison. Et moi ? Je veux vivre en paix, je veux améliorer les choses. J'accorde que le pouvoir est un mal nécessaire pour agir, mais me contenter d'une petite communauté me suffit. Je ne peux pas désirer à la fois la paix et me surcharger de responsabilités.

Nous levons notre verre à beaucoup de choses, que j'approuve d'un sourire. Je bois la moitié du verre et je le pose sur la table. Celui de mon interlocutrice est sur ses genoux. Elle me montre une attitude très décontractée. J'ignore où cette discussion pourra nous mener, mais j'ai de plus en plus l'impression curieuse de me trouver chez une amie de longue date. De vieux souvenirs surgissent encore. Des situations similaires. Des humains que j'ai pu fréquenter dans mes différentes existences, dans différents rôles, avec lesquels je ne pouvais jamais parler franchement. Ici, la situation est toute autre. Je peux parler sans dissimuler ce que je suis. Je ne sais pas en revanche si je peux évoquer clairement ce que je veux. Thomasine me dit qu'elle n'a pas mon expérience en politique, mais souhaite aider les ambitieux, en attendant d'en avoir une elle-même. Beaucoup de questions se bousculent dans ma tête. Et il est presque douloureux de devoir n'en sélectionner une seule. Mais c'est un sacrifice nécessaire pour ne pas donner la possibilité de choisir la réponse à tourner. Je sélectionne ce qui me semble le plus pertinent, ce qui m'assure le plus probablement une réflexion intéressante.

– Et que feriez-vous si votre ambition devait entrer en opposition avec la leur ?

Ainsi, la carte de visite n'a pas le réel projet de rendre service mais de se trouver, à terme, des cibles intéressantes. Le serais-je, moi ? C'est une question à explorer. Pour autant, je n'aime pas l'idée de me retrouver redevable d'une chose que je n'aurais peut-être pas envie de fournir. Certaines personnes ont l'art d'aider pour mieux détruire ensuite. Vous demandiez un petit service, et le seul fait de l'accorder vous lie à l'autre, à quelqu'un qui vous demandera peut-être bien plus que ce qu'il vous a donné, en souvenir de son fameux service rendu. Pas besoin de pacte démoniaque, le Diable est en de nombreux hommes. Un pacte ? J'avance peut-être. Mais s'il s'agit d'une piste sérieuse, peut-être devrais-je plutôt reculer ?
Thomasine cite à nouveau un intellectuel célèbre, dans la psychologie cette fois. J'ignore toujours son intérêt de le faire si ce n'est pas pour que je le souligne. Un besoin de s'abriter derrière des références pour se sentir plus à l'aise, plus intégrée à ce monde ? Elle me dit avoir discuté avec Jung, s'être incarné dans de nombreux corps avant de prendre celui-ci.

– Vous avez du goût pour sélectionner vos fréquentations alors… Sauf si je dois comprendre que vous fréquenter contribue à marquer son époque.

Je ris doucement. Je cherche une réponse à toutes mes interrogations. Je ne suis pas certain de la réaction qui est attendue de moi. Il me faut d'autres indices. Le doute me rend toujours un peu plus direct. Comme elle me demande si j'ai une carte de visite, je secoue négativement la tête. La carte lui donnerait une information sur mon nom de famille, je comprends son intérêt de la voir. Manque de chance, je n'ai encore rien sur moi. Plutôt que lui fournir un bout de papier, je lui offre mieux, je développe un peu plus loin mes idées.

– Qui dit nouvelle vie dit nouvelle carte de visite. Je n'ai pas encore élaboré la nouvelle. Je dois déjà trouver ma place dans la ville. Ces dernières années, je me suis fait connaître comme climatologue, mais ce n'est plus d'actualité. Pas assez porteur, même si très distrayant. Pour parler franchement, j'ai vu dans les événements de la brèche une façon d'utiliser la vague écologiste pour dissuader les humains de reconstruire leur monde à l'identique. Le dérèglement climatique était encore la meilleure façon de justifier rationnellement ce qui s'est abattu sur leurs existences. Mais j'en ai terminé avec les messages alarmistes, je veux m'intéresser à une manière de reconstruire.

Je pose des questions, je donne des informations. Je ne conçois pas une discussion sans équité, surtout quand la discussion implique un jeu tacite de pouvoir. Nous nous détaillons, nous nous observons. Nos regards ne se quittent pas. Ce qui pourrait paraître gênant à d'autres ne l'est pas pour moi. Quand je veux charmer passivement des humains, j'ai tout intérêt à les fixer intensément. Mais je n'ai, à priori, pas l'ambition de charmer Thomasine. La situation me semble même inverse. Elle veut quelque chose de moi, elle réfléchit certainement à une façon d'exploiter la rencontre, quand je reste simplement curieux et intrigué.
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyDim 13 Oct - 10:02

Macsen ne se formalise pas de mon absence de réponse, quoi qu’il réfléchisse à sa suite. Réflexion qui s’accroit lorsque je me décide à répondre, au sujet suivant. Evidemment, moins de questions lui viennent mais plus de conclusions. C’est également le cas à celui d’après, qui se termine lui-même sur de la joie ; un sourire. Une réponse, à son tour. Explications, destinées à faciliter ma compréhension. Elles le font de sa compréhension à lui. Affirmer sa place dans le monde, ne plus avoir peur, s’assurer de sa valeur… je comprends ces désirs et savoure leur ironie. Affirmer sa place dans le monde par la domination est le meilleur moyen qu’on cherche à la détruire ou la voler, cette place. Ne plus avoir peur par la domination fait naitre la crainte de se voir destituer, soit une nouvelle peur peut-être plus réelle que la précédente. S’assurer de sa valeur en l’imposant aux autres est un excellent moyen de les voir la critiquer, lorsqu’ils ne cherchent pas à la détruire comme dit précédemment. Je ne suis pas certaine qu’il s’agisse uniquement du désir d’êtres plus faibles ou moins assurés que moi, même si je reconnais une part de justesse dans cette vision, mais je pense avoir la sagesse ou le détachement nécessaire à voir l’autodestruction de l’entreprise. L’autodestruction me parle, je suis l’Etat et il n’est aucune organisation se complaisant à se détruire de l’intérieur autant que lui. Cependant, le Dieu Mortel a-t-il pour but de dominer ? Chacun lui abandonne une part de sa liberté afin de trouver un terrain d’entente avec les autres mais est-ce là sujet de contrôle ou bien de coopération ? Dépendant de la forme de l’Etat. Dépendant du gouvernement et de sa fidélité audit Etat. Cela a toujours été les gens avec qui j’ai œuvré qui ont fait pencher mes actions en un sens ou en un autre, depuis la Grande Déesse jusqu’au Léviathan… chose qu’aujourd’hui, Hell Incorporated accomplit depuis près d’un millénaire.

« Cela étant, d'autres cherchent le pouvoir pour faire le monde à leur image. Mais c'est encore une histoire de trouver sa place. »

La vision de Macsen est celle d’un être qui se construit, qui cherche encore sa place. Qui ne l’a peut-être tout simplement pas faite, ou doit la refaire ; suite à la Brèche ou à un autre événement. Cependant, il est pour être observateur, il cherche à comprendre son environnement et les êtres qui s’y trouve. Environnement jadis politique, la politique du siècle dernier, qui laisse anticiper qu’il lui reste plus à définir les moyens d’atteindre ses ambitions que ses ambitions elles-mêmes. Mon toast est parfaitement à propos.

Après un sourire partagé, le faune laisse son verre à moitié, plein ou vide selon le point de vue, et s’en déleste. S’il est prêt à boire à l’observation et aux ambitions qu’elle fait naitre, à New York City, à la curiosité envers le présent et l’avenir, c’est avec une certaine réserve et une distanciation. De mon côté, je le conserve dans ma puissance et mon assurance.

« Et que feriez-vous si votre ambition devait entrer en opposition avec la leur ?

- Dépendant… si l’opposition est complémentaire, tant mieux. Si l’opposition est antagoniste, la rendre constructive. Si l’opposition est inconciliable… tant pis. »

Pour moi, pour l’autre, cela dépendra de notre relation, cela dépendra de mon humeur. Abandonner un investissement, qu’il soit projet ou personne, revient parfois au même. Détruire un investissement, qu’il soit projet ou personne, reste envisageable. Je ne peux pas prédire ce qui arriverait dans un tel cas, tout simplement parce que cela peut aller de l’abandon à la destruction, de la tristesse à la colère, de la Déesse-Mère au Dragon du Chaos. Ai-je l’art d’aider pour mieux détruire ensuite ? Je suis l’Océan Primordial. Je peux donner la vie comme je peux la prendre. Tout le talent pour agir en mon sein ne changera jamais cela. Avoir conscience de cela crée le doute, chez Macsen comme chez d’autres. Tout le monde n’a pas le pied marin, tout le monde n’est pas prêt à s’aventurer là où sa prospérité dépend de ses compétences comme d’un environnement qu’il ne peut contrôler.

« Vous avez du goût pour sélectionner vos fréquentations alors… Sauf si je dois comprendre que vous fréquenter contribue à marquer son époque. »

Macsen rit, doucement.

Je ris, doucement.

"Cependant, que peut-il ressortir de cet immense filet jeté à la mer ?" ; de tout, impossible à prévoir, mais dont les plus grandes réussites éclipseront toujours les moyennes et les échecs. C’est ainsi que je conçois ma carte de visite, dernière-née d’une longue liste de filets de pêche à l’humain. Macsen n’en a pas. Il ne sait donc pas quelle est la place qu’il veut montrer aux autres, à moins qu’il se concentre dans un milieu où une telle carte n’est pas utile. "Qui dit nouvelle vie dit nouvelle carte de visite", en effet. Les explications en suite sont intéressantes. Climatologue, voici qui pourrait être synonyme de prêcheur de l’apocalypse pour certains, de scientifiques pour d’autres. "Pas assez porteur", en effet.

La franchise de Macsen est adorable : oui, la Brèche pourrait avoir sauvé l’Humanité d’elle-même. Forcer la fin de la société thermo-industrielle et faciliter la construction d’une société écologique par absence d’autre choix, le commerce international et informatique étant devenu une technologie de pointe au mieux, mythique au pire. "Heureusement", les présidents de ces forces ne les ont pas laissé mourir. "Heureusement", New York : le rappel de l’ancien monde, l’espoir pour le futur du nouveau. Tomber et recommencer la même chose.

« L’idée du dérèglement climatique pour justifier la Brèche me plait, je serais curieuse d’en apprendre plus sur cette fin du monde de la part d’un climatologue spécialiste en la matière. Cependant, je suis plus curieuse encore de savoir si votre cheminement des "messages alarmistes" à la "manière de reconstruire" vous fait percevoir le véritable sens de la destruction. »

Le repas que l’on s’apprête à prendre en est l’exemple le plus commun et le plus terre à terre. Sans détruire notre nourriture, nous ne pourrions vivre notre existence. Tout ravager pour détruire n’a jamais été le but, seuls les vainqueurs dont les constructions étaient menacées l’ont décidé ainsi. Et réciproquement : Apophis ne cherchait pas à détruire la création de Râ par haine mais pour faire revivre ce que la création de Râ avait détruit, le monde d’Apophis. Evidemment, les Serpents et les Oiseaux ne se sont jamais entendus quelque soit la mythologie, quand bien même l’ordre d’apparition est généralement le même. On en revient à la trinité proto-divine, même si la vaste majorité des dieux est trop jeune pour l’avoir connue.

Je me réinstalle dans mon siège. Mon croisement de jambe se maintient alors que ma main apporte ma coupe à mes lèvres. Une gorgée, toujours. Une gorgée après l’autre, comme une pierre après l’autre, comme un pas après l’autre. Comme un indice.

« New York City doit vous décevoir. Reconstruire le monde humain à l'identique est bien ce qui motive le reste de celui-ci, qui aura besoin de décennies pour y parvenir, à considérer cette ville comme sa "ville lumière". Le phare de son époque, dont la lumière avertit les bateaux de la présence de récifs sur lesquels lesdites embarcations viennent se fracasser dans l’espoir de leur passagers d’immigrer ici. »

La situation m’indifférerait si elle n’était pas tant liée à l’Envie. New York City et l’image qu’elle renvoie a rendu tous ceux la connaissant envieux, chose que Loki a défendu par les armes. Précédant mon arrivée ici, de nombreux humains y ont accédé par mon biais. Cependant, je laisse des démons moindres s’occuper de ce trafique d’êtres humains, n’ayant pas l’intention que l’on puisse m’y mouiller. Je suis une patronne appréciable, laissant faire comme mes employés le souhaitent tant qu’ils obtiennent les résultats que je souhaite. S’ils me sont indiscutablement liés, comme les employés d’Hell Incorporated le sont à leur chef de secteur, je ne les domine pas. Je n’en ai pas besoin. Nous avons un accord, ni eux ni moi ne cherchons à le dépasser. Enfin, ceux qui ont cherché à m’arnaquer ont eu un sort bien plus expéditif que Castur ; lequel, ne travaillant pas avec moi, ne m’avait pas réellement trahi dans sa quête de créer un nouveau Léviathan. Et puis la rencontre avec Alistair comme l’étude de Cali offrent des compensations à cette "insulte". Trêve de digression cependant, laissons le démon-faune pour en revenir au faune pur.

Déposant mon verre, j’entreprends de manger la salade préparée. Je ne m’attends pas à repartir avec quoi que ce soit, l’attitude de Macsen envers son verre a été explicite, mais cela reste un déjeuner d’affaires.

« Vous voulez vous intéresser à une manière de reconstruire, reprends-je alors que je pique les végétaux avec ma fourchette. New York est donc un centre d’expérimentation et possiblement l’exemple qui permettra de propager votre réussite à travers le monde. »

La manière a déjà été annoncée comme écologique mais j’attends quelques précisions durant le temps de ma mastication.

« Si cela vous intéresse, je dispose de contacts au sein des Enfants du Nouvel Age, tant le mouvement religieux que l’association. Ils sont bien financés, équipés et approvisionnés. Pouvoir se développer ici est un de leurs projets. »

Voici un indice de plus sur ma personne. Les références littéraires ont déjà été lancées et peut-être que celle de Biondetta Cazotte a déjà permis au faune de découvrir le pot-aux-roses concernant Enlil. Cela étant, avant de présenter Macsen à n’importe quel collègue d’Hell Incoporated, je préfèrerais m’assurer d’une certaine "fidélité" : nous socialisons les pertes mais nous maximisons aussi les profits individuels.

« Je peux également vous aider à rencontrer des gens au sein du Quartier Grey, sous réserve que vous acceptiez de faire vos expérimentations là-bas. J’y développe une certaine réputation. »

Cela ira en s’améliorant mais après deux mois à répondre à des appels, qu’ils soient ou non liés à mes cartes de visite, je commence à y être reconnue. Cela m’apportera des problèmes, que je saurais gérer, et des avantages, que je saurais utiliser lorsqu’ils seront murs. Inutile de s’attarder sur le sujet si Macsen n’en a pas l’envie.

« Enfin, je pourrais vous présenter un lieu de pouvoir officieux de cette ville, ainsi que quelques figures en son sein. Il vous reviendra après de vous construire votre propre réseau. »

Le Velvet Dream est d’une popularité surprenante parmi les créatures et les divinités de New York, qualité du show comme ouverture d’esprits et d’autres choses aidant. Il peut sembler improbable d’y croiser des figures importantes et pourtant, je ne serais pas surprise que même les maires successifs y aient déjà mis les pieds ; sous une autre apparence ou au-dehors de leur mandat, histoire de ne pas risquer leur réputation vis-à-vis des bien-pensants.

« Evidemment, ce ne sont là que des pistes. Prématurées puisque vous n’avez pas définies vos ambitions mais néanmoins énoncées pour, lorsque vous l’aurez fait, que vous sachiez que je suis là. D’ici là, je suis certaine que vous saurez qui je suis. Des idées pour l’heure ? »
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyMer 30 Oct - 20:34

Mon discours sur le pouvoir ne me permet pas d'obtenir de nouvelles réponses, si ce n'est que Thomasine ne cherche pas à contredire ma supposition concernant sa puissance. Quand je lui demande, avec une certaine inquiétude, ce qu'elle compte faire si ses buts ne s'accordent pas avec la personne qu'elle doit aider, elle reste encore très vague. Elle ne fait que confirmer l'incertitude de l'alliance. Son « tant pis », volontairement flou, signifie qu'elle pourra laisser tomber comme supprimer le problème. Mais, puisque nous parlons d'une opposition, l'élimination est plus probable. Je ne suis pas contre se laisser des ouvertures et accepter que certaines ambitions puissent changer en cours de route. Cependant, j'aime les relations claires, les engagements honnêtes quand ils prétendent l'être. La transparence de Thomasine n'est pas à son avantage à partir du moment où elle n'entraîne que des questions. Elle semble révéler un esprit chaotique, susceptible de changer selon les orientations du courant. C'est une personnalité distrayante mais dangereuse. Je ne comprends donc pas son intérêt de se révéler à moi. Il m'est arrivé d'utiliser les autres sans le leur dire, en feignant de vouloir les aider alors que je ne cherchais qu'à les exploiter ou espionner. Ils ne l'ont jamais su, car je ne veux jamais nuire totalement à ceux qui ont su me montrer de la bienveillance. Je n'ai fait que me faufiler en prenant ce qui m'intéressait.

– Si vous souhaitez utiliser les gens sans idée précise de ce que vous pourrez attendre d'eux, vous ne devriez pas le leur faire savoir. Parfois, la tromperie est plus efficace que la transparence, sauf si vous avez l'obligation de souligner l’ambiguïté du contrat.

Les règles d'un pacte démoniaque consistent à faire savoir à la potentielle victime ce dans quoi elle s'engage, en lui laissant toujours l'espoir de tirer un avantage de la situation. Si la stratégie de l'entité millénaire manque de finesse, c'est peut-être qu'elle n'a pas le choix, selon les règles établies aux Enfers. Un esprit qui sombre naïvement, n'est pas un esprit que l'on peut damner. Je termine donc d'une voix polie :

– Cependant, lorsque vous saurez ce que vous souhaitez et si nos ambitions s'accordent, je serai ravi de recevoir votre aide et vous aider en retour.

Alors, je lui accorde un laïus plus précis sur ce que sont mes ambitions. Je ne pourrais pas lui reprocher de faire des mystères et en faire tout autant. Elle se demande si je connais le véritable sens de la destruction. C'est décidément un thème qui l'intéresse, en effet. Détruire pour mieux reconstruire ? Pour reconstruire un monde à son image et non comme l'ont souhaité ceux qui ont pris les décisions avant votre naissance ? Je ne doute pas avoir compris le sens de ce mot. Je lui fais donc un sourire entendu en reprenant mon verre. Il n'est pas nécessaire de parler. Thomasine poursuit d'ailleurs comme si j'avais oralisé mes pensées.

– Je ne sais pas si New York me déçoit, dis-je pensif. La civilisation humaine a su aller très loin, et interrompre voire renier son évolution technologique et scientifique serait dommage. Je ne crois pas que nous pourrions les empêcher de vouloir innover, mais nous pouvons limiter la population et laisser plus d'espaces naturels entre les villes. Ce qui me déçoit, en revanche, c'est le constat d'une structure sociale qui n'avance pas. Les êtres magiques sont condamnés à rester dans l'ombre.

Avec plus d'espaces disponibles, il est possible de créer des villes et communautés ouvertes à la magie et adaptée à celle-ci. Mais, dans l'idéal, essayer de changer les lois au sein d'une grande ville observée par le monde entier pourrait être plus porteur. Je ne sais pas si les humains modernes seront prêts et j'ai quelques doutes à ce sujet. Cependant, il peut valoir le coup d'essayer. Les créatures aussi souhaitent profiter de la technologie humaine, et on ne peut les priver d'avoir d'autres ambitions que se contenter de vivre tapies en forêt.
Thomasine reprend la parole pour me suggérer quelques pistes. Je pique dans mon assiette tout en l'écoutant avec attention. Elle me dit connaître du monde dans le groupe des Enfants du Nouvel Age, du monde dans le quartier Grey, où je ne doute pas que nombre de créatures se tapissent puisque les êtres non-intégrés trempent souvent dans les affaires illégales. Si je me dis rien concernant la secte, sur laquelle je juge utile de me renseigner plus en détail et d'avoir un plan où ils pourraient s'intégrer avant de chercher à me présenter, je relève avec un sourire :

– Je serais curieux de connaître la « certaine réputation » que vous vous y faites alors.

Elle m'évoque ensuite, plus mystérieuse, un lieu de pouvoir officieux de la ville où je pourrais construire mon réseau. Ma curiosité est bien évidemment piquée, mais j'ignore si accepter l'invitation reviendrait à accepter l'aide de Thomasine. Je me contente donc d'un évasif :

– Pourquoi pas...
Elle m'accorde ensuite que j'ai la nécessité de définir mes buts. Nous en sommes effectivement au même point, avec la promesse de se revoir plus tard si nous y trouvons de l'intérêt. Elle me demande si j'ai quelques idées à son sujet. Je me lance donc en mesurant chaque propos.

– Je crois que vous êtes liée à l'océan. Je vous sens beaucoup plus imposante que la jeune femme qui se tient devant moi. Je sens aussi quelque chose de reptilien en vous et vous semblez liée à des histoires de destruction. Je suis tenté de dire que vous avez des pratiques proches des démons. Peut-être en êtes-vous un ? Il ne me semble pas que vous cherchiez réellement à dissimuler votre identité, alors peut-être que le nom de votre péniche est un indice si évident que je n'ai pas voulu le prendre en considération.

Oui, le Léviathan est une possibilité, créature de la destruction considérée comme un démon voire comme Satan lui-même. Ce n'est pas une conclusion très rassurante, mais, une fois encore, je ne sens pas de menace immédiate en sa présence. Je considère juste qu'il me suffit de rester prudent, de ne jamais oublier que je me trouve devant un potentiel prédateur, mais, néanmoins, un prédateur qui préfère discuter plutôt qu'attaquer, ce qui peut paraître curieux pour un Léviathan. Cependant, Thomasine évoque des millénaires, ce qui signifie au moins 3 000 ans pour mériter d'être évoqués. Il me semble que la légende du Léviathan, comme de nombreuses histoires bibliques, est bien antérieure à la rédaction des textes chrétiens. Par conséquent, il n'est pas impossible que l'entité ait été autre chose, une créature moins assoiffée de sang et plus « humaine », avant d'être traitée en démon malveillant par la nouvelle religion dominante, comme nombre de ses semblables. Mais je garde encore ces réflexions pour moi, et j'admets ne pas être assez renseigné sur les croyances plus anciennes pour pouvoir avancer des noms sans craindre de me tromper. J'attends de savoir ce qui ressortira de mes premières suppositions.
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyJeu 7 Nov - 11:05

« Si vous souhaitez utiliser les gens sans idée précise de ce que vous pourrez attendre d'eux, vous ne devriez pas le leur faire savoir. Parfois, la tromperie est plus efficace que la transparence, sauf si vous avez l'obligation de souligner l’ambiguïté du contrat. »

Cette réflexion me fait sourire, c’est toujours agréable de recevoir des conseils sur le mensonge quand l’un de nos titres est le Grand Menteur. Cela étant, je ne suis pas la meilleure dans le domaine, le Seigneur du Mensonge m’étant supérieur, et je comprends le point de vue de Macsen. Lui ne comprend pas le mien, cependant. Chose qui ne l’empêche pas d’être prêt, "lorsque je saurais ce que je souhaite et si nos ambitions s’accordent", à être "ravi de recevoir mon aide et de m’aider en retour". N’est-ce pas plus que s’il m’avait senti lui dissimuler quelque chose ? Le meilleur mensonge est souvent celui qu’on ne dit pas, qu’il s’agisse d’omission ou simplement de sincérité. Sincérité dont Macsen use autant que l’omission, visiblement, mais qu’il utilise par talent plus que par conscience. Tout comme le fait qu’habituer les gens à notre sincérité évite qu’ils ne détectent trop facilement nos mensonges.

Tout comme je laisse paraitre les miennes, il me partage ses incertitudes. Sa vision de la civilisation humaine, du positif qu’il y a dans ses découvertes et ses savoirs. Ses croyances quant à l’évolution humaine, dans la technique comme dans un domaine plus surprenant : sa population. Sa volonté de laisser "plus d’espaces naturels entre les villes" est naïve à mes yeux.

« Ce qui me déçoit, en revanche, c'est le constat d'une structure sociale qui n'avance pas. Les êtres magiques sont condamnés à rester dans l'ombre. »

Mon sourire devient plus amusé, mon regard plus plissé. J’ai son ambition, même si lui n’en est pas conscient là-encore. Effectivement, les faunes sont proches des êtres humains. Ils veulent pouvoir l’être sans se cacher mais sans forcément se mélanger non plus : "plus d’espaces naturels entre les villes". Cela étant, le point le plus digne de ma réflexion est celui de limiter leur population. Les prédateurs sont là pour cela mais les prédateurs de l’être humain ne le chassent pas dans cette vie. De plus, la technologie permet à la population humaine de croitre exponentiellement, le temps que la moralité la rattrape et que la courbe des naissances se stabilise. Sans les catastrophes et les guerres, difficile de réguler une population. Evidemment, la Brèche a bien aidé mais, si l’Humanité atteint le niveau de vie des occidentaux du siècle passé, sans doute que le taux de natalité explosera de nouveau. Il a toujours été fort. Cependant, jusqu’à récemment et dans des zones localisées, le taux de mortalité le compensait.

« Je serais curieux de connaître la "certaine réputation" que vous vous y faites alors. »

Et je suis curieuse de connaitre le moyen de limiter la population humaine sans devenir ses ennemis. Les démons, qui ne cherchent pas à le faire, sont souvent considérés comme maléfiques parce qu’ils cherchent à obtenir des âmes humaines. Comment serait décrit un être voulant les empêcher de faire ce qu’ils veulent ? Le parallèle avec les points de vue de la destruction revient une nouvelle fois. Tout comme mon identité.

J’écoute les déductions de Macsen sans plus exprimer autre chose que mon attention, toute émotion disparaissant de mon visage. Liée à l’océan. Beaucoup plus imposante que la jeune femme physique. Reptilienne. Liée à des histoires de destructions. Pratiques proches des démons. Peut-être un démon. Peut-être que le nom de ma péniche est un indice si évident qu’il ne l’a pas pris en considération.

« "Parfois, la tromperie est plus efficace que la transparence", d’autres fois non. Vous avez lu ma carte de visite. Pourquoi chercherais-je à tromper après cela ? »

Un silence. Une bouchée. Une déglutition.

« Evidemment, nombreux interprètent mes millénaires d’expérience comme un héritage. Ils se font leur vérité, vous vous faites la vôtre. Pour ma part, je suis fidèle à ma réputation : les gens ne savent pas de quoi je suis capable mais ils savent que je peux l’être pour eux. »

C’est un pari. Comme beaucoup de choses dans l’existence : quiconque évite les risques n’accomplira jamais rien. Il vaut mieux s’y préparer.

« Après, beaucoup aimeraient qu’on leur donne sans rien avoir à donner en retour. Typique de la société occidentale et de ceux qui en gardent la mentalité. Typique d’êtres qui surestiment leur propre valeur. L’humanité est douée pour cela. Si on est en désaccord, on devient facilement leur "grand méchant". »

Je me rappelle, il y a si longtemps, comment la population humaine s’autorégulait. Les guerres, oui. Pas seulement. Les maladies, oui. Pas seulement. Un autre facteur important de la mortalité était les sacrifices humains. Des âmes données aux dieux, volontairement. Parfois, sans contrepartie ; seulement car les dieux sont oublieux et qu’il faut leur rappeler leurs pactes avec les mortels. Mentalité différente qu’on ne rencontre plus vraiment aujourd’hui au sein des cultures "civilisées", repoussant sans cesse la "sauvagerie" et la nature "sauvage".

« Comme vous vous en doutez désormais, j’en sais quelque chose. »

Je prends une nouvelle bouchée, consciente que la révélation d’une de mes identités peut faire de moi un allié comme une menace dans cette entreprise ; enfin, plus que le simple fait de savoir. Contrairement à ce que l’on a pu dire de moi, éradiquer l’humanité ne m’intéresse pas. Cela viendra mais l’heure n’est pas venue et la décision n’est pas mienne. Limiter sa population ne sert pas non plus mes desseins, quand bien même ils ne toucheront jamais l’entièreté de celle-ci. Je sais que la vie fait son possible pour prospérer et que cela implique toujours d’empêcher d’autres formes de vie d’en faire autant. Manger ou être mangé. Ou s’en remettre à une puissance supérieure pour se sécuriser.

« Je suis curieuse, à mon tour, de vos méthodes pour limiter leurs populations. Sans devenir leur ennemi, s’entend. Car votre but est de réussir à leur faire accepter d’autres races alors qu’ils ne parviennent pas à le faire de la leur. »
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyJeu 5 Déc - 15:41

Les quelques informations que je donne à Thomasine semblent la satisfaire et j'en suis soulagé. Je suis volontairement resté vague. Je n'ai pas l'intention de donner des objectifs trop précis car rien ne peut jamais se passer selon un plan strictement établi et, d'autre part, je ne suis pas prêt à développer les méthodes que j'envisage d'utiliser. Je ne l'ai jamais fait avec personne. Alors je ne commencerai certainement pas à me lancer dans des confidences dérangeantes avec une inconnue dont je ne sais rien. D'un autre côté, il est probable qu'une démone, ou créature de la destruction, ne juge pas avec sévérité mes actes les plus moralement répréhensibles. Mais, de l'autre, il n'est jamais bon de dévoiler ses parts les plus sombres à ceux qui pourraient devenir vos ennemis. Si elle ne connaît pas encore ses buts, alors nous n'en avons pas en commun. L'équation actuelle même nous oppose.
Elle ne valide pas clairement ma dernière suggestion concernant son identité de Léviathan mais c'est tout comme. Elle sourit, ne cherche pas à démentir, et me demande quelle serait sa raison de me tromper ? La réponse semble assez évidente. Même s'il s'agit probablement d'une question rhétorique, je réponds tranquillement.

– Pour paraître plus puissante que la réalité, peut-être ? Je ne doute pas qu'un certain nombre de créatures et divinités mineurs du quartier Grey usent de fausses identités pour se faire craindre.

Évidemment, ces soupçons ne s'appliquent pas avec elle puisque je l'ai sentie puissante. Elle l'est assez pour ne pas voir l'utilité de dissimuler son rang. Je devrais prendre peur, mais ce n'est pas tout les jours que l'on rencontre le Leviathan, un être sorti droit des Enfers. Je pense que je vais m'amuser de l'étonnante faune locale de New-York.
Thomasine se complique toute seule les choses pour essayer de me confondre. Il faudrait penser de manière assez tordue pour considérer des millénaires d'expérience comme un héritage. Alors dans ce cas, tout le monde pourrait les revendiquer. Ce serait amusant, mais sans grand intérêt. Elle part ensuite dans une réflexion tout à fait personnelle sur la mentalité désagréable des humains occidentaux. Encore et toujours la thématique de l'ingratitude, du mauvais jugement des autres. C'est une créature puissante, mais une créature blessée. Elle ne sait peut-être pas quels sont ses objectifs pour la simple raison qu'elle cherche des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise. J'ai l'impression que je dois continuer à lui parler, qu'il me faut réagir à ce qu'elle dit même si j'ignore pourquoi nous abordons ce sujet. Je peux comprendre sa colère, mais c'est une frustration vaine, car rien ne changera.

– Personne ne veut perdre, ce n'est pas propre aux humains. D'ailleurs, sans partage, il n'y a plus de civilisation. Mais les humains ne sont que des animaux dotés de la parole. Des millénaires… Des milliards d'années même, sont inscrits dans leurs gènes. Ils réagissent à des codes de survie primitifs, même s'ils veulent les raisonner autrement. Alors, oui, quand il s'agit de survivre, tout ce qui s'oppose à nos intérêts est, par essence, contre nous. C'est une forme d'intelligence, une intelligence même plus logique que la tolérance, car la Nature ne garde que ce qui fonctionne. Mais j'accorde qu'elle est frustrante lorsque nous sommes amenés à agir contre les intérêts du groupe majoritaire. Pour changer les choses, il faut accepter d'endosser le rôle du méchant.

Je lui souris, un peu plus désabusé peut-être. J'en sais quelque chose aussi, mais ça ne me dérange plus. Ça ne m'a jamais vraiment dérangé. J'ai vite compris que ma façon d'être m'obligeait à agir dans l'ombre, à être seul, à me composer une série de masques et à toujours craindre de paraître pour celui que je suis. On me trouve souvent secret et on soupçonne un fond de sournoiserie chez moi, mais personne n'a jamais été capable de le confirmer. Si je ne mets pas exactement en confiance, je sais me protéger. Je suis comme un loup qu'un troupeau de moutons tolère à force de le voir se prélasser dans l'herbe à côté d'eux. Ils ne savent pas quand il va frapper, ils ne sont pas certains qu'il le fera. Je n'ai jamais eu de problème avec ça. J'ai toujours estimé qu'il était dans ma nature d'agir ainsi et qu'essayer de faire le contraire serait une perte de temps et de la souffrance inutile. Je ne cautionne pas sa tendance à faire des généralisations sur la race humaine. Son esprit est brouillé par son ressentiment, il manque de nuance. Ses affirmations sont faciles, elles ne veulent rien dire. L'humain n'est pas une espèce à part. L'humain est une espèce comme une autre, et lui en vouloir d'agir comme les autres espèces est, par conséquent, injuste. Croire que ses agissements sont propres à son espèce est un non-sens absolu. Je ne peux pas laisser dire de telles choses. Les humains sont des animaux qui ont essayé d'aller au-delà de leur programmation naturelle. Il est possible de les condamner, mais le faire au nom d'un comportement qui leur serait propre n'est pas pertinent. J'essaye de l'expliquer calmement.

– Mettez deux groupes de singes sur un même territoire, et il est peu probable qu'ils s'acceptent. Cela signifie-t-il que les singes n'acceptent pas leur race ? Les villes sont une absurdité du point de vue de la nature. Trop de groupes aux intérêts différents doivent cohabiter sur un terrain minuscule. Chaque famille est un groupe à part, chaque individu isolé aussi. C'est pour tenir ces instincts que les humains ont inventé les lois et les religions. Comment limiter leur population ? Je crois que ce monde y arrive très bien. Les gens veulent rester des enfants et manquent de perspective d'avenir. Tout a déjà été mis en place par les humains eux-mêmes, il suffit de poursuivre cette politique. Et, vous savez, je ne suis pas contre les mélanges. L'immigration favorable aux créatures et sorciers devraient, de la même façon, favoriser les couple mixtes, et les naissances magiques. Les humains pourraient peut-être disparaître sans jamais le réaliser.

Je lui tourne un petit sourire. Les plans long terme ne me font pas peur, au contraire. Ils permettent d'observer, de rectifier en cours de route, d'aller vers une évolution fascinante du monde. Je suis d'accord avec Thomasine, ou Leviathan, sur le fait que demander aux humains d'accepter une autre race serait compliqué, et pour les autres créatures aussi. La société à venir devra s'envisager très différemment, mais il n'est pas possible de le faire tant que les humains sont majoritaires, car ils se sentiront, à raison, lésé. Après tout, que sont-ils sinon des êtres atrophié devant des sorciers et créatures qui possèdent, chacun, un pouvoir capable d'agir sur les choses ? Est-ce que je laisserai les événements se passer naturellement ? Je l'ignore encore. Je me laisse le temps d'observer, je ne suis pas pressé, mais je peux le devenir et changer de méthode… Qui peut le dire aujourd'hui ?
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyDim 15 Déc - 13:53

Macsen imagine que je pourrais le tromper afin de paraitre plus puissante que je ne suis, idée qui m’amuse. D’ordinaire, je cherche à paraitre moins puissante que je ne suis ; comme toute divinité se faisant passer pour un humain d’une certaine manière, différemment de la plupart d’une autre manière. Je ne cache pas ma différence, mon inhumanité, cependant la démonisation comme l’inappréhension sont utiles à ce qu’on ne prenne pas la mesure de ce que je suis. Comme Macsen, je ne doute pas qu'un certain nombre de créatures et divinités mineurs du quartier Grey usent de fausses identités pour se faire craindre. Je ne doute pas non plus que ceux se faisant passer pour Léviathan sachent quelles conséquences celui-ci puisse leur donner. Castur a eu l’idée de chercher à créer un Léviathan est a reçu sa leçon, rapidement grâce à l’aimable participation d’Alistair. Inutile d’en parler à Macsen, cependant. Inutile de lui répondre ; comme la mienne, sa question était rhétorique.

Les réflexions du faune, mentales comme orales, continuent de se faire. Personne ne veut perdre, ce n’est pas propre aux humains ; en effet. "Perdre" s’accompagne souvent avec "la vie" lorsqu’on implique l’état de nature. Qu’importe que l’on soit civilisé, perdre reste une chose que l’on tente instinctivement d’éviter. Quand au fait que les humains ne soient que des animaux dotés de parole… cela ne rend ni justice aux animaux ni aux humains. Ils sont des animaux et toutes les espèces sont capables de s’exprimer, de communiquer, de ressentir… Le patrimoine génétique commun à toute forme de vie s’étend sur quatre milliards d’années environ, même pour les divinités. Nous réagissons tous à des instincts, même s’ils sont rendus plus tortueux par nos raisonnements. Macsen raisonne sur l’état de nature, il en vient même à faire usage du nom.

« Mais j'accorde qu'elle est frustrante lorsque nous sommes amenés à agir contre les intérêts du groupe majoritaire. Pour changer les choses, il faut accepter d'endosser le rôle du méchant.

- Si les changements s’accomplissent, la réécriture de l’histoire transformera méchant en gentil et vice-versa. »

C’est une faible réponse considérant ses raisonnements précédents mais elle est suffisante. De plus, m’étendre sur les intérêts du groupe majoritaire n’est pas dans le mien, d’intérêt. Croire que le groupe majoritaire est celui dont les intérêts sont les mieux défendus est d’une belle naïveté. Qu’elle soit divine, noble, bourgeoise ou autre, il y a toujours eu une minorité pour parvenir à faire jouer les évènements et les règles en sa faveur. Le propre de la "République" est de faire croire qu’il s’agit d’une démocratie, non d’une aristocratie, et que les intérêts défendus par l’élite sont ceux de la majorité et non les leurs. Je n’exclue évidemment pas la minorité réellement altruiste mais elle n’est pas vraiment à propos. Macsen dévoile comment il se voit et je me contente d’aller en son sens : sous réserve qu’il réussisse, il pourra expliquer à tous qu’il était le gentil, le bon, de l’histoire. Qu’il était comme il se voit. J’ai vu son sourire, j’ai vu la perte d’illusions en son sein, j’ai offert une possibilité.

Et saisie une autre. Macsen sait ce que cela fait d’être le méchant de l’histoire, pour avoir essayé de changer les choses. Il n’en est donc pas à son premier essai. A son premier échec. Il garde son calme malgré cela, malgré les conséquences de cela, et n’abandonne pas. Personne ne veut perdre, ce n’est pas propre aux humains. Au même titre que ceux-ci, les faunes ne sont que des animaux dotés de parole, même s’ils ont quelques trucs en plus. Trucs justifiant la méfiance et la peur, la diabolisation, au-delà de ce que deux groupes de singes territoriaux pourraient faire. Je comprends cependant l’analogie. Ce qui m’amuse réellement est la déclaration qui suit : "Les villes sont une absurdité du point de vue de la nature." Les villes sont l’un des rares écosystèmes où les espèces animales prospèrent. On pourrait même dire que rats, pigeons et cafards s’y développent mieux que les humains fonction de ladite ville. Quant à faire cohabiter d’innombrables groupes aux intérêts différents sur un terrain minuscule, n’importe quelle prairie ne contient-elle pas plus d’insectes d’espèces différentes qu’une ville, même une mégapole, n’a d’habitants ? "Chaque famille est un groupe à part, chaque individu isolé aussi" ; il n’en est pas différent des autres espèces. Or elles n’ont nul besoin de loi ou de religion pour se poser des limites. Les conflits continuent de faire rage, la survie d’être un enjeu, la population de se réguler. Quand Enki et moi avons cherché à faire émerger la civilisation à Uruk, quelques cinq millénaires plus tôt, il s’agissait justement de placer l’humanité au-dessus de l’état de nature, de la guerre de tous contre chacun. De faire des humains une espèce à part ; après tout, aucune autre ne nous vénérait.

« Comment limiter leur population ? Je crois que ce monde y arrive très bien. Les gens veulent rester des enfants et manquent de perspective d'avenir. Tout a déjà été mis en place par les humains eux-mêmes, il suffit de poursuivre cette politique. »

Mes sourcils se relèvent de perplexité à cette déclaration. Lorsque j’étais jeune, la population mondiale humaine devait être de six à huit millions d’individus. Avec l’âge du bronze, c’est la centaine de millions qui est venue puis, avec le moyen âge, ce sont les deux centaines qui ont été atteintes. Après les années 1800, toujours plus d’humains ont survécu. Ils étaient sept milliards au moment de la Brèche, qui a dû diviser ce chiffre de moitié avant même de laisser le monde à l’état de nature. Cependant, une fois la sécurité de nouveau obtenue, il faudra de nouveau attendre que la stabilité se faire par elle-même. Les programmes d'éducation et de santé nécessaire à limiter le taux de natalité prendront peut-être des décennies avant d'être efficace, comme ils l'ont fait au siècle dernier, sachant que l'efficacité stabiliserait la population aux environs d'onze milliards si ma mémoire est bonne ; ce qui n'est pas réellement une limitation, à mes yeux.

« Et, vous savez, je ne suis pas contre les mélanges. L'immigration favorable aux créatures et sorciers devraient, de la même façon, favoriser les couples mixtes, et les naissances magiques. Les humains pourraient peut-être disparaître sans jamais le réaliser. »

Macsen me sourit légèrement et j’en fais de même, quoi qu’en coin. Il raisonne sur un territoire donné, sans quoi l’immigration serait hors de propos, et se limite donc d’ores et déjà à New York City, qui doit sa politique favorable envers les individus magiques à la bonne volonté de quelques divinités ; d’une minorité, avec tout ce que cela implique vis-à-vis des savoirs et ignorances du faune.

« Après tant de déconsidérations pour les villes, vous voir placer vos espoirs sur la politique de l’une d’elle est amusant. »

"Les humains pourraient peut-être disparaitre sans jamais le réaliser"… à New York City, peut-être. Dans le reste du monde, non. Macsen cherche donc une disparition de l’humain, qu’il s’agisse d’un grand remplacement ou d’une évolution, et raisonne une fois de plus sur ce microcosme non-naturel qu’est la ville.

« Cela étant, je me demande si le croisement entre les sorciers et les humains "normaux" aura réellement les effets que vous escomptez. Tout deux sont humains, après tout, et les croisements ne permettront peut-être pas la transmission de magie. Imaginez cela comme avec les gauchers : un avantage évolutif qui n’en reste un que tant que sa population est minoritaire. De plus, il faudrait se pencher sur les sources de magie pour être certain que la génétique y joue. »

Evidemment, c’est là un détail mineur : si les sorciers doivent disparaitre au profit des autres espèces magiques, cela ne devrait gêner le faune. Pour ma part, l’évolution suivra son cours. L’hybridation est un moyen comme un autre de faire apparaitre de nouvelles espèces, sous réserves que les hybrides soient fertiles, et cela vaut aussi bien qu’une mutation du génome qui favorise la réussite sexuelle. Cela étant, je peux apporter quelque chose à ce projet ; et, évidemment, en retirer quelque chose.

« Et quelles ont été les plus importantes sources de magie des humains, historiquement ? »

Je m’avance sur ma chaise, m’accoude sur ma table, plisse mes paupières et mes lèvres.

« Les divinités… et les démons. Considérant que les démons d’aujourd’hui sont souvent les dieux d’hier, cela revient au même. »

Ce repas d’affaire est peut-être improvisé mais il n’en est pas pour autant infructueux. Macsen n’est pas la première créature magique à jouer comme si elle était une divinité, certaines étant vénérées comme telle et laissant planer le doute sur ce qui différentie une vraie divinité d’une fausse ; filiation exceptée. Les membres de chaque panthéon sont des divinités par héritage de la divinité primordiale de celui-ci ; elle est la source de leur pouvoir. Me concernant, je ne me suis jamais limitée aux dieux. La Déesse des Sorcières.

« "Si vous souhaitez utiliser les gens sans idée précise de ce que vous pourrez attendre d'eux, vous ne devriez pas le leur faire savoir"… si je ne vous l’avais jamais fait savoir, m’auriez-vous aidée à découvrir ladite idée ? Je l’ai, à présent. Je sais comment je peux vous aider, tout comme je sais ce que je peux en retirer. Cela étant, je préfère qu’on parle de faire "évoluer" les humains plutôt que de les faire "disparaitre". »

Certains pensent que les divinités préfèrent garder la magie occulte pour éviter que les humains ne puissent les défier. Les humains ont rendu la magie occulte par la science, laquelle leur permet de reproduire les forces de la nature. Ils sont parvenus à maitriser l’électricité mais qu’est-elle face à la foudre ? Même si les humains maitrisent la magie, jamais ils ne surclasseront les forces de la nature. Jamais ils ne les contrôleront, malgré leur désir. Le compromis est tout trouvé : les exploiter. Evidemment, certaines divinités ne veulent pas être exploitées. Pour ma part, la question reste la même : qu’est-ce que j’y gagne ? J’ai une idée.
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyMer 22 Jan - 17:38

Notre réputation n’est jamais acquise, même pour la personne la plus humble et désintéressée du monde, surtout pour celle-là même, car c’est une chose rare et, donc, particulièrement douteuse. Je n’attends pas la réécriture d’une Histoire qui me sera favorable, mais je crains les attaques dans le présent. Attirer l’attention empêche d’agir, donner ses intentions signifie qu’elles peuvent être critiquées, contestées, et je ne veux pas entrer dans ce genre de débat. Je préfère continuer à évaluer dans mon coin ce qui est mieux pour les autres comme pour moi. La plupart des gens voit à court terme. Ils voient leurs intérêts du lendemain, ils ne comprennent pas qu’une chose qui les avantage un jour causera leur perte la semaine suivante. Je n’attends rien d’eux. Leur estime a peu de valeur, et leur opposition encore moins. Mais il est toujours amusant de voir à quel point les opinions sont une chose fragile et malléable chez une espèce qui aime souvent rappeler combien elles construisent l’identité de chacun. Je me contente donc d’approuver doucement les propos de Thomasine.

Je parle, et je crains de ne pas le faire assez. Il faudrait beaucoup de mots pour exprimer clairement mes idées. Livrer ses idées à un interlocuteur dont les références et biais logiques sont encore inconnus est souvent risqué. Comme le système académique le sait bien, il n’est possible de discuter qu’une fois chaque mot défini, chaque bagage de connaissance nécessaire déballé. Sinon, on prend le risque de ne pas être compris ou, pire, d’être mal compris. C’est une chose que l’on constate souvent dans les débats télévisés. Des gens qui se répondent avec leurs références sans avoir pris le soin d’assimiler et de comprendre celles de l’autre. Il n’y a pas de dialogue, et beaucoup d’egos blessés. Je vois que je ne suis pas exactement compris, que je perds en partie mon temps à vouloir trop synthétiser. Je sais de quoi je parle. Mais je crains que mon interlocutrice ne sache plus très bien où me situer exactement. Je me suis emballé. J’ai grillé quelques étapes. Ça ne sera pas la première fois que ce problème m’arrive. Josh me le reproche bien assez, lui aussi. On dit que je suis difficile à suivre, même quand je crois m’expliquer. Pour moi, tout est très cohérent, mais il apparaît que je n’oralise pas assez mon raisonnement interne, ce qui m’ennuie assez. Il faut un certain temps à Thomasine pour raccrocher le wagon, si je puis dire. Son expression devenait de plus en plus perplexe, et je poursuivais avec une perplexité interne, celle de ne pas comprendre ce qui la déroutait à ce point. Finalement, elle semble rassurée par mon discours sur l’immigration, comme si tout faisait sens d’un coup. Oui, bien sûr, je n’ai jamais parlé que de New-York. New-York est la seule ville qui m’intéresse à ce jour. Le monde viendra plus tard, peut-être. Il ne me semble pas bon d’envisager un projet trop globalisant d’un coup, c’est le meilleur moyen d’échouer ou de ne jamais commencer tant la tâche semblerait grande. Je préfère rester méthodique, comme mon père l’a sans doute compris aussi.

Quand Thomasine me répond, c’est à mon tour de lever un sourcil. Je ne vois pas à quel moment il a été question de déconsidérer les villes. Je me suis décidément perdu en parlant comme s’il était normal d’être compris. Il faudra que je redevienne plus prudent pour la suite. Car dire que les villes sont une absurdité du point de vue de la nature n’engage précisément pas mon point de vue. Tout ce que j’ai fait a été d’estimer une certaine difficulté de cohabitation, une difficulté qui a été résolue très tôt par des lois. Quand les règles de la nature ne suffisent plus, la législation humaine intervient, et permet à l’espèce de prospérer d’une manière qui lui aurait été bien impossible autrement. Devrais-je revenir sur mes propos ? Repréciser tout ce qui m’a motivé à tenir le discours d’avant. Savoir que j’ai été visiblement mal interprété suffit à me décourager, je ne veux pas me perdre dans d’autres explications qui pourraient échouer. Alors, je réponds simplement, avec un air faussement surpris :

– Je ne vois pas vraiment de quoi vous voulez parler. Je ne crois pas vous avoir donné mon avis sur les villes mais, si vous me le demandez, je m’intéresse à trouver le meilleur moyen de les faire fonctionner. Comme je vous l’ai dit, la nature ne nous serait d’aucune aide, au contraire donc, oui, je m’intéresse à la politique et aux lois.

Cependant, je n’ai pas parlé à tort. Les propos que j’ai accordé à Thomasine l’incite à réfléchir sur la question et l’ensemble paraît l’intéresser. Elle s’interroge à voix haute sur les possibilités réelles d’un croisement entre sorciers et humains. Si la magie apparaît parfois au hasard dans une famille humaine, il est en effet possible que la transmission ne soit pas systématique. Cependant, il existe assez d’exemples de sorciers nés de parents sorciers pour estimer que les statistiques sont élevées.

– Une particularité génétique n’a pas de raison de disparaître si elle est favorisée, c’est à la base même de la création de nouvelles races. Il naîtra probablement toujours des humains sans magie, mais ils ne seront plus un problème quand ils seront minoritaire dans une société qui ne fonctionne plus par rapport à eux.

Mais l’étude des sorciers est encore difficile puisqu’elle ne peut pas être officialisée tant qu’ils resteront secrets. Il y aurait certainement beaucoup à approfondir quand ils pourront se développer. Cependant, il existe d’autres moyens pour un humain d’obtenir des pouvoirs. Il est toujours possible de corriger un défaut de naissance de ce côté, il est même possible de le faire maintenant. Thomasine m’amène là où elle le voulait. Les dieux ont souvent donné des pouvoirs aux humains. Mais il ne faudra pas compter sur les dieux pour favoriser trop d’humains, ce n’est pas dans leurs intérêts. Les démons peuvent le faire également, et souvent dans leurs intérêts. Je n’avais pas encore envisagé la possibilité d’une alliance avec des démons, sans doute parce que, si j’y ai pensé, cette idée m’a semblé quelque peu risquée. Néanmoins, ils constitueraient des alliés importants, capables de défier les dieux. Mon père et moi ne sommes rien face aux divinités. Notre force est notre capacité à rester cachés pour œuvrer dans l’ombre. Si nous étions découverts avant, il pourrait être assez simple de nous neutraliser. Des alliés sont toujours souhaitables, à condition de savoir lesquels choisir. Je considère Thomasine avec un intérêt nouveau. Est-ce que je pourrais accepter l’aide du Leviathan ? Un léger sourire apparaît sur mes lèvres.

– Je n’ai rien contre une évolution non plus. Pour moi, cela revient au même, si ce n’est que votre solution n’est pas aussi longue à mettre en place que la première. Ce qui peut être un avantage, quand on a les bons soutiens. Comment pourrais-je vous aider ?

Car la question est surtout de savoir ce qu’elle attend de moi maintenant qu’il est certain que sa nature démoniaque ne devrait pas l’inciter à protéger les humains dans l’immédiat. Mais mes compétences de faune pourraient certainement avoir une utilité. Nous n’avons pas été associés aux démons par hasard, après tout. Il serait peut-être temps de faire honneur au tort qui nous a été fait ces deux derniers millénaires. ça ne remettrait pas tout en question mais disons que, si je dois accorder des dons magiques, je préfèrerais le faire à des personnes méritantes et dociles.


Dernière édition par Macsen Caerwyn le Mer 26 Fév - 13:22, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyJeu 30 Jan - 5:43

L’approbation de Macsen à mes dires est aussi douce et concise que ceux-ci ; la majeure partie de la réflexion est tue. Peut-être est-ce cela qui, par la suite, lui cause de l’inquiétude. Le sentiment est là, je le vois. Je ne le partage pas ; il y a tant de raisons possibles or, face à l’incertitude, rien n’est plus rassurant que la certitude. Peut-être, également, ai-je perdu la capacité à m’inquiéter avec tant de millénaires et de vies. Il est toujours difficile de voir la limite entre le fait d’être blasé et celui d’être nihiliste. Je la place au niveau de l’activité : être blasé est passif, être nihiliste est actif, se partage. Je tâche de ne pas le faire. Cette digression mise à part, Macsen aussi tait plus qu’il ne dit et appréhende les conséquences de cela. Est-ce que j’essaie de le baiser ? Question, crainte, légitime considérant la nature qu’il me connait. Cela étant, peut-être est-il au-delà de cela. Je ne sais pas et ne m’en inquiète pas. Ma perplexité est toujours plutôt curieuse, nécessitant un temps d’adaptation, de compréhension, des codes d’autrui. Celle de Macsen y est semblable, lorsque nous poursuivons notre danse de paroles et d’écoute. Seulement, l’inquiétude se mue en dépréciation, un bref instant. Encore une fois, je laisse couler. Qu’il remette les choses à la surface si cela lui est nécessaire cependant nombre d’émotions et de sentiments disparaissent à jamais dans les profondeurs.

Il le fait. Il s’est perdu dans mon discourt, ne croyant pas avoir donné son avis sur les villes ; "une absurdité du point de vue de la nature" me semble un avis, cependant peut-être le voit-il comme une constatation. Un fait objectif. A loisir, cela importe beaucoup moins que son intention envers elles : "trouver le meilleur moyen de les faire fonctionner".

« Comme je vous l’ai dit, la nature ne nous serait d’aucune aide, au contraire donc, oui, je m’intéresse à la politique et aux lois. »

J’entrouvre la bouche puis me contente d’acquiescer du visage comme des yeux. Macsen est dans une œuvre civilisatrice, laquelle me renvoie une fois de plus à Uruk et à mon enfant favori, quelques millénaires plus tôt. Projet qui me passionnait alors, projet qui continue de m’intéresser aujourd’hui. Pour des raisons différentes, je l’avoue sans peine.

Une particularité génétique n’a pas de raison de disparaitre si elle est favorisée, nous sommes en accord à nouveau ; reste à savoir comment la favoriser. Il naîtra probablement toujours des humains sans magie mais ils ne seront plus un problème quand ils seront minoritaires dans une société ne fonctionnant plus par rapport à eux… je savoure le raisonnement. Je le comprends, sans être totalement d’accord avec lui. Ils seront un problème, tout comme les créatures magiques peuvent l’être aujourd’hui. Ils seront des parias. Macsen cherche à inverser le paradigme pour que la minorité à laquelle il appartient aujourd’hui devienne la majorité "dominante" dont les intérêts sont défendus. Ses raisonnements doivent même l’amener à la conclusion que cela serait objectivement mieux pour tout le monde, même les "inachevés" qui profiteraient tout de même des effets secondaires d’une société plus évoluée. Voilà qui me fait me sentir paradoxalement bien plus jeune que je ne suis et prendre la mesure de ma vieillesse. Un sentiment que je laisse sombrer en moi, secondaire face à l’intérêt que j’ai éveillé dans ceux du faune. Son sourire se dessine également sur mes lèvres.

Avant même qu’il les prononce, ses paroles me plaisent. Nous avons une entente tacite, qu’il exprime afin qu’on s’y accorde au mieux. Il accepte mon idée d’évolution, comme j’accepte son idée de disparition. "Pour lui, cela revient au même" ; sans vision montre une fois de plus l’étroitesse de la jeunesse. Une autre divinité, en entendant l’évocation de la disparition de la seule espèce la vénérant, aurait pu se retourner contre Macsen. Il n’a pas conscience de cela, ou mise peut-être sur son charme de faune pour qu’on interprète les mots en sa faveur. Qu’importe : ma solution n’est pas aussi longue à mettre en place que "la première", pour ne pas la nommer "sienne".

« Ce qui peut être un avantage, quand on a les bons soutiens. Comment pourrais-je vous aider ? »

Doucement, je me détourne de lui et m’en retourne à mon repas. Doucement, je pique, porte, marche, avale. Tout est dit. Cependant, tout devra être explicité, pour contrer les inquiétudes et les craintes, au risque de faire apparaitre de nouvelles inquiétudes et craintes. Couverts en main, je reprends avec cette même douceur en tâchant de serpenter avec ce que Macsen m’a révélé de lui. Un raisonnement objectif, donc.

« "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" ; Antoine de Lavoisier. Donner ma magie a un prix, un prix que deux millénaires de monothéisme diabolisant ont fait considérer comme élevé. Je veux leurs âmes. Quitte à ce qu'ils finissent aux enfers, autant que ce soit dans les miens. »

Rien de surprenant jusque-là, je pense. Evidemment, car ce que je pense surprenant restera pensé. Seulement pensé. Car mon intérêt pour cette affaire va bien au-delà de ce besoin primaire que j’énonce, quoi qu’il puisse permettre la compréhension de mon intérêt. La lumière ne saurait éclairer les profondeurs de l’océan cependant et Macsen ne semble pas connaitre assez du Léviathan pour percevoir sa taille réelle. Sera-t-elle suffisante à ce que toujours plus d’humains se voient confier la magie ? Si l’on parle en décennies, oui. Lui comme moi les avons. Ce que je suis seule à avoir, c’est l’Envie. L’Envie d’être la déesse de cette nouvelle société, évidemment. L’Envie de destituer le règne de l’Argent afin que l’Etat reprenne ses droits. Ce projet de renouveau m’intéresse car il peut me permettre de retrouver ma place ; non-pas à la tête du panthéon ou de l’institution mais dans sa chair. Je ne cherche pas le contrôle, je suis la déesse du chaos primordial. Je cherche la création, l’ordre secret qui apparait lorsque l’on prend suffisamment de recul sur les choses… Le cœur, la source. L’Océan.
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyMer 26 Fév - 13:57

Pour le christianisme, les faunes sont des tentateurs. Nous n’avons pas réellement la capacité de damner, mais beaucoup l’ont cru et, il est vrai que, d’une certaine manière, notre intervention peut considérablement détourner les humains du droit chemin défini par les religions monothéistes. J’essaye d’imaginer ce que pourrait donner une alliance entre un faune et un démon. Je comprends vite tout l’intérêt que Thomasine pourrait avoir à négocier ce genre de pacte avec moi. Les démons manient l’art de la parole mais leurs discours ne peuvent toucher que des humains avides, prêts à tout pour obtenir un avantage dans ce monde, assez déterminés pour ne pas s’inquiéter de l’avenir de leur âme, pour ne craindre ni l’abandon à la noirceur la plus complète ou la soumission à une force supérieure. Les faunes ont le pouvoir de séduire n’importe qui. Je ne perds pas mon sourire. L’idée m’amuse sur l’instant. Il est heureux que les faunes soient d’une nature sauvage, naïve et dépouillée de sournoiserie. La Nature veille toujours à un certain équilibre, un grand pouvoir sans esprit formé pour en abuser ne représente plus de réel danger. Moi, je suis une anomalie, un croisement inattendu, pas juste un hybride, j’ai tous les pouvoirs d’un faune mais une intelligence bien supérieure. Un don de mon père et du hasard, puisque j’ai toujours surpassé mes frères et sœurs. Alors oui, je souris car je vois tout ce que cette alliance inattendue pourrait avoir de terrible. Je peux étourdir une pièce remplie d’humains, je peux obtenir des signatures de contrats à la chaîne et ils ne pourront être invalidés puisque, au moment où ils le signeront, ces humains voudront du plus profond de leur être me faire plaisir.

– Je pourrais vous promettre beaucoup d’âmes en une seule nuit.

Cependant, j’ignore quel monstre potentiel je nourrirais. Plus le Leviathan rassemblera d’âmes, plus il sera puissant, tandis que je resterai au même stade. Je peux l’aider à grandir, mais ça ne me grandira pas. Même en tant que faune, je ne suis pas d’une incroyable puissance. Mon père peut modifier la végétation, Talfryn influence les animaux, j’ai connu des faunes qui pouvaient manipuler les rêves en les faisant passer pour des souvenirs réels mais, moi, je n’ai rien de plus que la capacité à pressentir le danger. Même si je ne suis pas avide de puissance, je comprends que je dois protéger mes arrières si je commence à « jouer » avec une entité sortie des âges millénaires.

– Si vous voulez des âmes, je peux vous en livrer par centaine, sans que vous ayez à fournir le moindre effort. Mais je n’ignore pas que je vous aiderai à gagner de la puissance, et je serais ennuyé d’un accord déséquilibré de ce côté.

Que pourrais-je demander, j’attends de voir ce qu’elle pourra m’en dire et proposer pour trouver les idées qui m’intéresseront. Je suppose que Tiamat n’ignore pas que je suis aussi capable de proposer ce genre de négociation à d’autres démons, maintenant qu’elle a fait naître l’idée en moi. En attendant, je m’attache à clarifier ce que j’envisage dans le cas d’une mise en place. Il ne sera pas question de s’emballer en faisant n’importe quoi. Si tout fonctionne, les conséquences seront enthousiasmantes pour tous, mais si nous nous faisons prendre, elles pourraient être dramatiques.

– Bien sûr, considérant que nous trouvions un accord, les dons magiques devront être contrôlés, le but n’est pas de rendre tous les humains puissants, simplement de leur accorder un talent magique qu’ils pourront identifier. Les pouvoirs devront rester faibles, afin de rendre leur apparition de plus en plus normale, mais sans générer de chaos. Nous devrons rester prudent et veiller à ce que les dieux ne soupçonnent pas les origines de ces apparitions et s’en inquiètent bien trop tard.

Il y aurait encore beaucoup de choses à définir pour élaborer un plan parfait et le plus discret possible, nous aurons sans doute tout le loisir de le développer. Il reste un dernier point, le fait de condamner les âmes aux Enfers. Je ne connais pas franchement les Enfers et ce qui s’y passe mais j’ai toujours trouvé très étrange que les humains qui rejoignent les démons soient « punis » d’avoir renié Dieu par des démons qui n’ont de cesse à lui faire la guerre. D’une voix plus songeuse, je déclare :

– Toutes les âmes doivent finir quelque part après la mort. Je vous dirais sincèrement que j’ignore ce que l’on peut trouver aux enfers mais j’ose croire que les humains qui rejoignent vos rangs ne sont pas torturé. Les démons me semblent plus sensés de ce que les textes dits sacrés en disent.

J’espère être rassuré à ce sujet. Ce que l’on trouve en « enfer » n’a jamais été très clair et l’image de ces lieux vient d’un Moyen Age qui cherchait à effrayer le peuple pour favoriser sa soumission. Je crois donc ne pas faire quelque chose de si affreux en envoyant des âmes là-bas, sinon je serais plutôt ennuyé d’imposer une souffrance éternelle à de pauvres hères qui n’avaient rien demandé.


Dernière édition par Macsen Caerwyn le Ven 27 Mar - 17:49, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyLun 16 Mar - 14:28

Cette fois, mes paroles portent Macsen à la joie ; l’amusement. "Il pourrait me promettre beaucoup d’âmes en une seule nuit". Sans doute. Sans doute pourrait-il m’apporter en une soirée plus d’âmes qu’en une dizaine de mes journées. Sans doute pourrait-il séduire en un instant plus d’humains que n’importe lequel des démons sur lesquels j’ai mis la main. Cependant… il y a une raison pour laquelle même les infernaux doués de capacités d’influence se trouvent limités dans les contrats qu’ils signent. Sans prétendre avoir une morale ou une éthique, nous respectons ce que les humains nomment le libre-arbitre. Qu’importe que le cerveau justifie un choix inconscient ou que la conscience décide effectivement, obtenir un contrat par envoutement n’est guère professionnel. Par manipulation et mensonge démontre la subtilité du démon, comme n’importe quel autre commerçant, mais par force et magie démontre son manque de compétence. Un détail, indiscutablement. Le diable est dans les détails. Si j’ai de l’intérêt à être la source permettant aux fidèles de Macsen de devenir des êtres magiques, j’ai du dégoût pour une bassesse comme celle qu’il sous-entend.

Lui aussi a de l’appréhension. Une crainte qu’il rationnalise, compréhensible considérant mon être. Une crainte qu’il outrepasse, comprenant comment appâter un être comme moi.

« Si vous voulez des âmes, je peux vous en livrer par centaine, sans que vous ayez à fournir le moindre effort. Mais je n’ignore pas que je vous aiderai à gagner de la puissance, et je serais ennuyé d’un accord déséquilibré de ce côté. »

Cette fois, les paroles de Macsen me portent à la joie ; l’amusement. Me livrer des âmes par centaines, sans que j’aie à fournir le moindre effort… les démons de l’Envie travaillent à similaire objectif, chacun y trouvant son compte, et cela ne m’empêche pas de continuer à aller moi-même à la rencontre des humains, là où nombre de mes associés s’en dispensent. Plus intéressant encore, le faune comprend et énonce les limites de sa compréhension. Les êtres de mon engeance ne sont pas réputés pour leurs accords équilibrés, c’est un fait. La valeur d’une chose n’est jamais intrinsèque, chacun la détermine par lui-même quoi que l’Argent puisse en dire. Quelle valeur a ce partenariat à mes yeux ? Mon amusement se poursuit alors que mes yeux, plissés, continuent d’observer mon interlocuteur.

Il développe sa pensée, son argument de vente. Il ne s’agirait pas de s’arrêter sur ses craintes, pour lui comme pour moi. Il ne s’agirait pas de se mettre en difficulté non plus. Contrôle. J’aime ce mot. C’est d’un divertissant… Macsen ne veut pas perdre le contrôle de ce qu’il va créer. Il ne veut pas d’une nouvelle humanité qui, enivrée de la puissance qu’elle aurait obtenue, devienne une menace pour lui et les siens. C’est du déjà-vu : la technologie. Les humains en sont venus à se prendre pour des dieux et à ne plus vénérer que leurs semblables, voire eux-mêmes, via la technologie et les médias, via la société de l’image et les réseaux sociaux. Qu’arriverait-il s’ils se découvraient capable de contrôler la création par la volonté, alors qu’ils ont toujours échoués à le faire par l’intelligence ? Le chaos, Macsen voit juste.

« Nous devrons rester prudent et veiller à ce que les dieux ne soupçonnent pas les origines de ces apparitions et s’en inquiètent bien trop tard. »

Tranquillement, je recommence à manger. Les craintes qu’il ressent depuis tout à l’heure n’en tiennent peut-être pas à ma personne finalement, peut-être suis-je l’un des éléments les moins effrayants dans son imaginaire. Imaginaire sur lequel il poursuit, s’interrogeant sur l’au-delà. Les démons lui semblent plus sensés que ce que les textes dits sacrés en disent. Je m’essuis la bouche avec une serviette de table, sans perdre mon amusement ni sa manifestation.

« Cela vaut pour les faunes également. On ne fait jamais la part belle à son adversaire, si tant est que les démons puissent être considérés comme les adversaires des anges. Après tout, à tourmenter ceux qui ont déçu le Dieu Unique, ne servent-ils pas les intérêts de celui-ci ? Si nous étions vraiment ses ennemis, nous recruterions ceux qu’Il abandonne chez nous. »

Même s’il nous a vaincu et damné, enfermés dans l’au-delà, Dieu n’a pas pour autant oublié un fait qui échappe à beaucoup : tout comme lui, nous sommes des divinités. Nous conservons une certaine "conscience de classe" ainsi, quelques soient nos querelles et nos coups d’état, quelques soient nos affinités et nos inimités, nous restons dans le même camp. Même si je rends mes cultistes magiques, chose habituelle pour la Déesse des Sorcières, je ne créerai jamais de menace pour les autres divinités. Quoi qu’en pense Macsen, les humains ne seront pas une menace pour leurs nouveaux dieux ; aux divinités de savoir s’intégrer à ce nouveau panthéon.

« L’Enfer n’est pas plus uni que la Terre, politiquement. Les divinités y ont leurs territoires, où elles accueillent les défunts croyants de leur panthéon. Imaginez cela comme de l’élevage : par le contrat de la religion, nous fidélisons des humains afin que leurs âmes nous parviennent après leur mort. Evidemment, cela ne nous empêche pas de chasser ceux qui n’appartiennent à personne, qu’ils soient athées ou abandonné des dieux. Si toutes les terres infernales ne sont pas "civilisées", les âmes qui ne finissent pas chez une divinité n’ont aucune protection contre les démons. »

Je marque une pause, laissant le soin à Macsen de déduire les implications. Il existe des entités plus anciennes que des panthéons entiers mais ce sont ces derniers qui ont gagné en influence par la foi, la croyance. L’élevage s’est montré supérieur à la chasse et la cueillette.

« Une fois les âmes acquises, nous sommes libres d’en faire ce que nous voulons ; les collectionner, les tourmenter, les dévorer… parfois même les réutiliser, que cela soit sous la forme de réincarnation humaine ou de renaissance, démoniaque notamment. »

Macsen s’inquiète du sort auquel il condamnera les participants à son projet si j’en viens à en être. N’est-il pas pour autant prêt à forcer leur participation ? On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Après, il n’est pas prêt à casser tous les œufs non plus. Sans doute fait-il ce qu’il croit nécessaire. Ce qu’il constate nécessaire, extériorisant son point de vue pour se donner une objectivité occultant le doute ; le doute quand au fait qu’il puisse se tromper. Considère-t-il avoir trouvé le projet d’une vie ? Son grand combat ? Sa raison d’être ? Cela n’a aucune espèce d’importance. Je peux y gagner, cela me suffit.

« Pour ma part, la vaste majorité des âmes me revenant serviront à me nourrir. Léviathan, la gueule qui avale les âmes… Evidemment, je partage avec mes serviteurs démoniaques. Quant à ceux qui sont mortels… tout dépend. S’ils m’ont bien servi dans la vie, ils auront une nouvelle chance de le faire. Sinon, ils me rejoindront comme les autres. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

Tranquillement, je tends ma main à destination de mon verre et m’empare de celui-ci pour porter un toast puis le porter à mes lèvres. Une gorgée. Une autre. Une troisième. La politesse encouragea Macsen à avoir au moins la première, qui sera peut-être suffisante pour faire passer la pilule. Peut-être pas.

Je développe ma pensée, mon argument de vente. Il ne s’agirait pas de s’arrêter sur ces craintes, pour lui comme pour moi. Il ne s’agirait pas de se mettre en difficulté non plus. Contrôle. J’aime ce mot. C’est d’un divertissant…

« Oui, cela m’aidera à gagner en puissance. Tout comme cela aidera les humains à gagner en puissance, dans des limites plus raisonnables il va de soi. Pourquoi seriez-vous mis à l’écart de cette croissance ? »

Mon sourire, mon amusement, se fait différent ; la connivence s’y mêle. Je ferme les yeux et j’inspire profondément, par le nez. Je me gorge de son odeur saturée de phéromone, de cette tentation qu’il représente, de cette tentation qu’il ressent. Je ne peux pas renifler mon pêché à proprement parler, libre cependant aux autres de le croire ; d’où que je les y encourage. Macsen veut retirer quelque chose de personnel, quelqu’assurance que son projet ne lui échappe pas. Les humains ne sont pas la seule chose qui pourrait déclencher le chaos. Il craint les divinités pour cela. Il me craint moi. Le Léviathan, le dragon du chaos primordial. Il sait faire face à ses craintes. Je saurais faire face à ses craintes. La tentation.

La damnation.

Macsen veut que les créatures magiques, auxquelles il appartient, deviennent la nouvelle norme ; remplacent les humains. Il veut faire disparaitre ces derniers, ce sont ses propres mots. Disparaitre. Tant occupé qu’il est à essayer d’être logique et objectif, il en perd de vue ce qui l’anime subjectivement. Sa relation n’est pas avec la normalité, pas plus qu’avec la magie, elle est avec l’humanité. Je crois que, quelque part, il l’Envie. Il envie sa domination, sa liberté, son existence. Il veut les faire siennes. Il ne veut plus avoir à se cacher derrière ses bottes illusoires, ces chausses qu’il n'a pu retirer en pénétrant ma demeure… tout comme il ne peut retirer sa condition non-humaine, voulant ainsi que la condition humaine ne signifie plus rien. Disparaitre.

J’ouvre les yeux.

Je le fixe.

Je continue de sourire.

« Comment équilibrer notre accord ? Comment faire que vous bénéficiez, vous aussi, de chaque âme que vous m’apporterez ? Sans faire de vous un démon et vous nourrir, évidemment. »

Mon coude se pose sur la table tandis que ma main gauche, paume ouverte, se tend vers Macsen.

« Que diriez-vous, vous aussi, de boire à ma coupe ? D’avoir un talent magique que vous pourrez non-seulement identifier mais qui vous rendra plus puissant ? Une puissance qui se renforcera avec la mienne. »

Mon autre main, son poignet et son avant-bras, serpentent sur la table. Ses longs doigts s’en reviennent à la fourchette dans une constriction silencieuses.

« Que diriez-vous de pouvoir remodeler vos chairs à l’envie ? De cesser d’user d’illusions et de réellement pouvoir adopter une forme humaine ? N’importe quelle forme humaine… et plus, par la suite. »

Je lui offre ses rêves. Tant celui qu’il sait objectivement avoir que celui qu’il se cache subjectivement. Macsen pourrait devenir n’importe qui, n’importe quoi. Qu’importe ce qu’il aspire à être, à devenir, jamais cela ne sera une menace pour les dieux. Tout comme lui, une humanité magique tirant son pouvoir des divinités est moins problématique qu’une humanité non-magique cherchant à les combattre.

« Si vous optez pour la voute plantaire en lieu et place des sabots, je ne saurais que trop vous conseiller le massage des pieds. L’expérience en vaut la peine. »

Je plante la fourchette dans ma paume, jusqu’au sang, sans cesser de le fixer.
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptySam 28 Mar - 14:45

Je dois admettre ne pas m’être follement intéressé à la mythologie chrétienne. Je connais ses grandes lignes, mais je n’ai pas cherché à avoir un accès détaillé à la réalité de ce monde surnaturel en dehors de ce que les sources humaines en disent. Mon peuple comme nos dieux y sont indifférents au mieux, hostile au pire. Quand je suis arrivé à Londres au début du XXe siècle, les courants politique qui défendaient la culture celtique étaient très à la mode, et je me suis naturellement associé à leurs combats. Si j’ai fréquenté des lords de confession chrétienne, ils ne l’étaient souvent que par habitude et avaient assez peu d’éléments nouveaux à apporter à ma réflexion. En général d’ailleurs, ils ne supportaient pas de devoir réfléchir sur ce genre de question. Ils redoutaient d’avoir une bonne compréhension des choses, ils tenaient à garder intact l’univers mental que leur éducation avait façonnée. De toute manière, il était difficile de connaître la réalité d’une religion sans fréquenter ses représentants. Quand tout le monde rapportait ce qu’il avait entendu à sa façon, selon ce qu’il voulait en retenir et faire retenir, les choses se déformaient vite, surtout quand l’histoire avait plus de 2000 ans et servi à plusieurs cultures et pouvoirs différents à travers le monde. Donc, quand je donne mes suppositions à Thomasine, ce ne sont que des interprétation, une vision de la réalité que j’aimerais voir se confirmer. J’écoute attentivement ses explication. Elle m’affirme que les démons ne sont pas les adversaires des anges, chose que je n’ai pas encore réussi à considérer sous cet angle. Cela me semble étrange mais, après tout, je suppose qu’ils trouvent des avantages à cette situation, même si je n’en vois pas. Peut-être sont-ils bien soumis à la volonté de ce dieu, autorisés à prendre des âmes dans une certaine mesure, à condition de la tourmenter ? Une réponse biblique est qu’ils méprisent les humains et ont un plaisir à faire souffrir ceux qu’ils arrivent à détourner de leur « créateur », mais cette histoire de créateur étant fausse, pourquoi vouloir les détruire ? Parce qu’ils croyaient en lui ? Ou, mais les plus faciles à détourner étant des incroyants, ça ne tient pas. Je dois avouer ma totale incompréhension de leur système.

– Eh bien, comme les réalités sont souvent loin de celles que l’on croit pour les surnaturels que nous ne connaissons qu’à travers la parole humaine, je supposais que cette histoire d’enfer où l’on tourmente les humains qui ont déçu ce dieu pouvait être une fable pour rendre les humains obéissants et les empêcher d’aller vers vous. Pourquoi tourmentez-vous les humains qui se détournent d’un culte qui vous a nié ? Il me semble que vous ne devriez pas en être fâchés.

Pour le reste, j’ai bien connaissance en effet de tensions aux enfers où plusieurs noms éminents cherchent à gagner du pouvoir. Entre les anges déchus et les dieux vaincus, il est certain que les objectif comme les sensibilités sont différents. Sur l’idée du contrat pour sa résidence après la mort, j’ai bien saisi l’idée et peu m’importe ce que font les autres démons des âmes, j’aimerais savoir ce qu’il en est concernant le sort que leur réserve le Léviathan. Et la réponse est plutôt inquiétante. Elle dit s’en nourrir, pour gagner en puissance j’imagine, mais elle garde un traitement privilégié pour ses meilleurs serviteurs. En lui livrant des âmes massivement contre leur volonté, je ne pense pas que mes « victimes » seront en mesure de bien la servir. Elles seront effectivement du bétail. C’est un risque, évidemment, que je ne pouvais exclure en lui énonçant ma proposition. Est-ce que la nature de sa réponse pouvait me faire changer d’avis ? Non, je n’ai pas l’habitude de proposer quelque chose pour revenir dessus la seconde suivante, à cause d’un manque de réflexion. Si j’ai procédé dans cet ordre, faire une offre, poser des questions ensuite, c’était bien que la réponse importait peu. Elle peut, en revanche, modifier la manière dont le projet pourra être mis en place. Je hoche la tête, plongé dans ma réflexion. Plus jeune, je m’étais enthousiasmé pour l’intelligence supérieure des humains. En allant à leur rencontre, j’ai fini par réaliser que beaucoup n’étaient que des animaux dotés de parole, domestiqués, contrairement aux faunes, par quelques intelligences supérieures qui faisaient à elles seule tout l’accomplissement de l’humanité. Je ne me souciais pas plus du devenir de l’âme d’un être humain lambda que je me soucierais de celle d’un lièvre, car la plupart ne dépasseraient jamais leur condition terrienne, qui rendait une vie très longue et une survie dans les limbes impossible, qu’ils soient « bons » ou « mauvais ». Mais je trouvais regrettable de perdre ceux qui représentaient le haut du panier. Je devrais donc me montrer légèrement plus vigilant que ce que mon premier discours impliquait.
Thomasine me tira de mes pensées en me demandant pourquoi je devrais craindre de ne pas gagner en puissance avec elle. J’eus un léger sourire.

– Car séduire des gens ne me rendra pas plus puissant. Et je n’ai pas l’habitude de croire en la générosité naturelle des gens, en particulier ceux qui me sont supérieurs.

Quel intérêt pour un puissant de respecter ses engagements et, surtout, d’être équitable, de mettre, par conséquent, sa place en danger pour la beauté du geste ? Aucun, autant le dire franchement. Ce n’est pas une accusation, un simple constat, une forte possibilité. C’est pourquoi, je rends son sourire à l’entité millénaire. Elle comprends, évidemment, qu’il sera nécessaire de me donner plus que des paroles. Sa main se tend vers moi. Elle m’invite à établir un lien qui me permettrait de me renforcer en même temps qu’elle. Mais je pars de plus bas. Et comment nous séparer si nous devions avoir des projets différents ? Nous ne le pourrions pas. Et je crois que les ententes éternelles, si elles peuvent exister, sont rares et impliquent une très forte complicité. Rien ne me dit que nous pourrions développer cette complicité. Je dois cependant admettre que la suite m’intéresse. Adopter une forme humaine, un corps qui ne dégoutera pas la plupart des humains et des créatures sur lesquels je n’active pas mon pouvoir. Contrairement à mes frères, j’ai su développer la capacité de créer une illusion. Ma volonté de ne pas passer pour une bête de foire, de me faire accepter, a toujours été très forte, assez pour développer ce talent magique, pour préférer me concentrer sur la maîtrise de cette illusion plutôt que sur la puissance. L’apparence me semble encore aujourd’hui être la seule chose qui m’empêche d’être libre, avant mes besoins charnels, parce que la maintenir est un effort permanent, parce que la moindre faiblesse magique de ma part me fait craindre le rejet. Je pause ma fourchette, mon repas est terminé mais, surtout, je sens comme un piège qui risque de se refermer. Je suis avec un démon, après tout. La proposition de Thomasine est tentante, mais je dois pouvoir y réfléchir à froid. Je lui dis simplement :

– J’aime votre idée, elle est essentielle à l’accomplissement du projet que je vous propose. Si je ne peux changer d’apparence, je serai rapidement démasqué. Cependant, ce n’est pas un accord que je peux prendre à la légère alors que je viens juste d’arriver, je n’ai même pas encore retrouvé ma famille. - Jai un petit sourire désolé. Je me lève. – Et, surtout, je ne pourrai pas vous proposer un bon plan d’action et définir mes besoins sans avoir mieux évalué le terrain. J’aurai plaisir à vous retrouver autour d’un autre repas pour en discuter dès que mes idées seront plus claires.
Revenir en haut Aller en bas
Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


Messages : 134
Emploi/loisirs : Consultante indépendante


Feuille de personnage
Phobie: Continents de plastique
Ambition secrète: Trouver des personnes avec qui se lier, avec qui discuter et être comprise (d'après Macsen)

Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyDim 29 Mar - 10:49

L’attention de Macsen le conduit à pleinement réagir à mes propos. Ils le surprennent. Ils l’interrogent. Ils l’amènent à une confession. Il n’avait pas posé de question et n’a par conséquent pas eu de réponse. Il supposait que les démons étaient un moyen d’amener les humains à obéir à Dieu comme les anges le font. Il pose la question, à présent, et me fait sourire de plus belle.

« Pourquoi tourmentez-vous les humains qui se détournent d’un culte qui vous a nié ? Il me semble que vous ne devriez pas en être fâchés.

J’ai déjà répondu à cela. Si nous étions vraiment les ennemis de Dieu, nous recruterions ceux qu’Il abandonne chez nous. A la place, nous en faisons ce que nous voulons ; les possibilités comme l’absence de conduite unifiée laisse libre l’utilisation des âmes, cela a déjà été dit également.

« Tourmente-t-on vraiment les humains s’étant détournés de Dieu ? Ou tourmente-t-on ceux qui nous ont niés et n’ont pas réussi à nous échapper pour autant ? »

Evidemment, les Enfers sont un endroit où les sadiques sont libres d’assouvir leurs désirs à la mesure de ce que leur puissance leur permet. Cela étant, les principaux esprits à y être tourmentés sont ceux qui nous ont dénigrés ou ont cherché à nous nuire. Oui, il y a des serviteurs pour être torturés par leurs maîtres ; si ceux qui travaillent bien sont récompensés, ceux qui trahissent ou tentent de doubler sont punis. S’il doit y avoir une espèce surreprésentée parmi les tourmentés des Enfers, c’est sans doute celle des démons eux-mêmes. Inutile de conférer sur le sujet, il n’y a qu’un démon qui intéresse présentement Macsen et je poursuis donc nous concernant.

Sa réflexion est intense, détournant son regard alors que je m’abreuve d’une façon polysémique, symbolique. Sa résolution est intense, focalisant son regard alors que je m’abreuve d’une façon polysémique, symbolique. Sa réponse est légère, suivant un sourire alors que je pose mon verre. Séduire des gens ne le rendra pas plus puissant, non, et Macsen n’a pas l’habitude de croire en la générosité naturelle des gens, surtout ceux qui lui sont supérieurs ; mon amusement reste entier, qu’importe qu’il ait énoncé une évidence d’autant plus vraie que je reste, après tout, un démon.

Un démon qui clôt ses paupières. Un démon qui dilate ses narines. Un démon qui s’enivre de ce qu’il préside : l’Envie.

Macsen me sourit. Macsen regarde ma main. Macsen considère ma proposition. L’inquiétude, toujours. L’intérêt, encore. L’indécision. L’Envie. L’Envie. L’Envie. Je la vois. Je la sens. Je l’entends. Je la goûte. Je l’ai touchée. Agitée. L’âme de Macsen l’éprouve tout autant que cela l’éprouve lui. Tentation. Tentation. L’inquiétude. L’intérêt. L’indécision. La conscience que s’il enivre de ses phéromones, je le fais de ma connaissance du cœur et de l’esprit, je le fais des mots. Se sait-il percé à jour ? A-t-il compris que je me suis insinuée jusque dans les mécanismes de sa pensée, comprenant que son besoin d’objectivité en vient tout autant de son haut quotient intellectuel, avec le besoin concomitant d’écarter le doute, que de son inacceptation de lui-même, le motivant réellement à changer le monde pour qu’il lui corresponde là où il pourrait simplement se changer lui ?

« J’aime votre idée, elle est essentielle à l’accomplissement du projet que je vous propose. Si je ne peux changer d’apparence, je serai rapidement démasqué. »

Il raisonne objectivement, dans le cadre de son plan. Macsen est agréable dans les conflits qui agitent son âme. L’inacceptation intérieure poussant la recherche du changement extérieur, recherche qui n’aura jamais de fin puisque le changement n’affectera pas la bonne chose. Le jeune faune est un terreau fertile à une bonne histoire, un terreau fertile à l’Envie.

Il a besoin de temps, pour réfléchir à mes propositions sans les charmes de mes sifflements pour l’influencer. Il a besoin de temps, pour trouver conseil auprès des siens ; information intéressante, signifiant qu’ils sont d’autres comme lui à New York City et qu’il y a peut-être plus d’un tentateur à pouvoir m’apporter des âmes, consciemment ou non.

Macsen espère que je ne prenne pas ombrage de son délai, moi qui me suis déjà ensanglantée la main pour lui. Alors qu’il continue de parler, de se vendre, je retire la fourchette de ma plaie et la porte à mes lèvres. Ensuite, l’ustensile est reposé non loin du verre qui, lui, se soulève. Mon poing se ferme au-dessus et je presse sur les quatre points sanglants de ma paume. Dans moins de trente minutes, ils auront disparu cependant je déleste un peu de ma magie sanguine avant.

« J’aurai plaisir à vous retrouver autour d’un autre repas pour en discuter dès que mes idées seront plus claires.

- Plaisir partagé, réponds-je tout en tendant le verre vers Macsen. Si vous le souhaitez, je connais un excellent cuisinier qui serait des plus obligés de vous partager son talent. »

Ayant desserrés mes doigts, j’attends que mon sang coagule en de fines croutes ; l’affaire de quelques secondes. Cela fait, je pose mes deux mains sur la table et quitte la chaise avant d’inviter Macsen vers la sortie. Tout comme je l’accompagne, le verre ensanglanté le fait aussi. Les escaliers sont franchis et nous en revenons à la cabine où le jeune faune n’a pu se délester de ses chaussures. Là, je m’arrête pour lui proposer le verre.

« Si vous le souhaitez également, je peux vous confier la capacité de m’évoquer. En échange, je souhaiterai l’assurance que vous n’alliez pas proposer similaire pacte à d’autres. »

Cela me courroucerait-il ? Je suis certaine que Macsen ne tient pas à le savoir. Pour ma part, je préfère m’assurer d’une certaine exclusivité. Qu’il accepte ou non, je l’accompagnerai sans un contact jusqu’au lieu où nous nous sommes rencontrés. Ce n’est pas loin, tant dans l’espace que dans le temps, et mes pas ont la légèreté de celle qui est assurée que notre prochaine rencontre ne l’est pas plus. La graine a été semée dans l’esprit de Macsen et les rouages de celui-ci tourneront en ma faveur. Son objectivisation l’amènera à chasser les doutes, comme elle le fait déjà, ainsi suis-je assurée qu’il ne trouvera meilleurs moyens que celui découvert aujourd’hui afin de réaliser son rêve. Reste le sempiternel risque qu’il aille voir ailleurs, comme toujours opposé à l’Envie que j’ai fait naitre en lui ; ou révélée chez lui, selon le point de vue.

J’aime bien le jeune faune. Plus que servir mes intérêts et avoir un potentiel à cultiver, il a une âme troublée. C’est toujours à la fois divertissant et gratifiant d’accompagner ce genre d’êtres, que cela soit à s’améliorer ou non. Jusqu’où pourrais-je l’aider dans cette quête qui, le croit-il, comblera son besoin ? Combien d’âmes pourrais-je retirer de cette association ? Cela ne m’importe pas réellement. Je suis curieuse de voir comment il évoluera et comment je participerai à cette évolution.

RP TERMINE pour Thomasine
Revenir en haut Aller en bas

Macsen CaerwynMacsen Caerwyn


Messages : 61


Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] EmptyLun 20 Avr - 18:00

Les questions rhétoriques de Thomasine ne répondent absolument pas à mes questions au sujet des démons. Il semble qu’elle soit experte dans l’art d’emmêler l’esprit, de faire renoncer à toute recherche de cohérence ou donner l’impression d’avoir apporté des réponses en laissant l’autre tirer des conclusions seul, selon sa propre subjectivité. Depuis le début de notre conversation, je ne parviens pas à la cerner. J’ignore à quel point tout cela est calculé, si elle sème la confusion ou se perd dans sa confusion, à chercher à égarer l’autre, parfois, on s’égare soi-même et on renonce à clarifier ses propres idées. Je n’en sais rien. Si elle se veut impénétrable, elle y parvient assez bien. Elle contourne, elle évite. Son seul et unique but semble de parvenir à cerner les cordes sensibles qu’elle pourra exploiter chez moi. Devrais-je m’en étonner maintenant que je connais sa nature démoniaque ? Non, probablement pas. J’ai même une certaine chance de tomber sur un démon qui ne se cache pas et qui joue parfaitement le jeu qu’on lui a attribué. Ainsi, je peux rester sur mes gardes et éviter de me laisser happer par ses propositions aguicheuses. Je ne vais pas, de toute façon, me jeter dans la première proposition qui se présente à moi. Ce genre de pulsion ne donne jamais rien de bon, même si tout bon commercial, et je peux considérer que le Léviathan en est un, cherchent à endormir sa proie pour la faire signer avant de lui laisser le temps de se retourner.

Pouvoir changer d’apparence ne me rendra pas plus puissant. C’est un caprice. Un caprice que je n’avais pas encore osé envisager, une presque trahison envers les miens, envers l’idéologie que je m’étais proposé de défendre. Pourquoi continuer à le faire si je prends de la hauteur par rapport aux autres créatures ? Si j’admets que nous nous portons mieux sans les particularités qui font de notre espèce ce qu’elle est ? Une espèce qui a traversé les âges en marquant tant l’imaginaire des humains. Il n’y a pas que la crainte des conséquences de passer un pacte avec un démon qui me retient. Je dois reconsidérer beaucoup de choses, comme le fait de mener une cause dont je me serai détaché, une cause qui n’aura probablement plus aucun sens pour moi. Mais, au fond, n’est-ce pas ce que font tous les politiciens de ce monde ? Je suis sûr que mon père insisterait sur le fait que défendre les faibles n’implique pas de porter une croix avec eux. Cependant, j’ignore si je serais capable de la même abnégation, ou hypocrisie, c’est selon. Une autre vie est possible. Une autre solution est possible. Et si je pouvais considérer, avec mon âme et conscience, que toutes les spécificités ne méritent pas forcément d’être préservées ? Il n’est pas nécessaire que j’évoque toutes ces réflexions à Thomasine, du moins, pas si elle accepte que je me retire sans prendre ombrage de mes réticences. Réticences que je lui exprime le plus poliment possible avec l’espoir que mes qualités de faune auront le pouvoir de contenir l’embryon d’une vexation.

Elle fait un geste étrange en laissant couler le sang de sa paume dans son verre. Je crains qu’elle ne renonce facilement à son envie de passer un accord avec moi. Quand elle me tend la coupe devant les escaliers de la péniche, je sais qu’elle n’acceptera pas un deuxième refus. Mais je sais aussi que je ne peux pas lui refuser d’accepter son accord, pour la simple raison qu’il est honnête et que je peux comprendre sa peur. Elle ne souhaite pas que l’idée qui a germé dans la coque de son navire passe finalement à un autre. Ce ne serait pas très beau joueur, et je ne pourrais lui reprocher de se méfier de moi, même si je n’avais pas l’intention de lui faire ce genre d’affront. Si j’ai parlé trop vite en lui donnant mon idée, ce sera ma faute. Maintenant, je me sentirais réellement déplacé d’aller la proposer à quelqu’un d’autre. Je préférerais encore ne faire de pacte avec personne et prendre un tout autre plan. J’accepte le verre.


– Je vous promets que vous n’aurez pas à craindre ce genre de trahison de ma part. Cette idée m’est venue en discutant avec vous et personne d’autre que vous ne pourra, à ce titre, en bénéficier.

Ces mots dit, je trempe mes lèvres dans l’eau. Ce sera le seul pacte que je lui accorderai pour l’instant, celui de ne pas partager mes talents de faune avec un autre démon.
FIN
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé




Curieux comme un faune [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Curieux comme un faune [Terminé] Curieux comme un faune [Terminé] Empty

Revenir en haut Aller en bas

Curieux comme un faune [Terminé]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Dieux de New York :: Ville de New York :: Quartier Helheim :: Port de New York :: Péniche habitation de Thomasine T. Océane-