Les Dieux de New York
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Triple L [Lenny]

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Le Léviathan
Thomasine T. OcéaneThomasine T. Océane


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MessageSujet: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptyLun 7 Oct - 6:42

Nous sommes au neuvième jour de la lune, j’ai vingt-cinq ans. C’est le début du jeune des magiciens et, par absence de vent, les nuages promettent de rester sur New York du lever au coucher du soleil ; quand bien même celui-ci tentera de les percer à son zénith, avant de disparaitre à nouveau derrière eux. Les pluies devraient arriver après la tombée de la nuit, vers 18h30, tandis que les températures tourneront aux alentours de la vingtaine de degrés et que le taux d’humidité restera au-dessus de 70% ; une journée agréable pour moi. Une journée désagréable pour les autres, considérant combien elle rend encore plus lugubre les reconstructions minimums de cette banlieue nord exacerbée qu’est le Quartier Grey. Si l’on peut se dire que la pluie chasse un temps la saleté des ruelles, les nuages en accroissent l’obscurité et l’éclairage urbain n’est pas d’un grand secours, dysfonctionnel au mieux et absent au pire. La jungle urbaine prend un sens plus dangereux ici. Même les locaux, habitués à ne pas s’attarder sur le chemin de leur quotidien afin d’éviter d’y inviter des ennuis, pressent le pas. Comme dans tout ghetto, le pouvoir se répartie au sein des sous-quartiers ; s’il n’est nulle cité pour s’élever vers le ciel en y entassant ses populations, ces dernières se sont organisées entre elles et au sein des anciens quartiers ethniques. L’ancien Harlem est resté majoritairement noir, les anciens Spanish Harlem et Washington Heigts majoritairement latino… cela étant, il faut reconnaitre que l’immigration post-Brèche, venue du reste du monde mais surtout des Etats-Désunis voisins, a ajouté une certaine diversité à rajouter encore et toujours de la masse ; des jaunes et des blancs, notamment. Peu étonnant que la police n’ose pas toujours intervenir et qu’on dise que "vous n’avez pas envie de vous éterniser ici, sauf si vous êtes un démon…" ; ça tombe bien. Toute mafia suit un fonctionnement similaire à un Etat et se base sur un contrat social, dont l’omerta est une règle. Cela étant, il faut reconnaitre le plus grand rapport à la violence au sein de la mafia qu’en celui de l’Etat ; même si alliances et confiances sont aussi fluctuantes dans l’un que dans l’autres, le propre de la "démocratie".

Je n’ai pas encore fait le tour des protagonistes en place dans le Quartier Grey, quand bien même j’y œuvre plus régulièrement qu’ailleurs. L’implication de Thor dans sa reconstruction m’offre des concurrents afin de m’attirer la fidélité des exclus mais je ne m’en inquiète pas : notre approche est différente. Lui veut faire de ce purgatoire un paradis à l’instar du reste de la ville, sur lequel il aura cependant de l’influence puisqu’il l’aura bâti. Moi je préfère montrer le paradis qu’est le reste de la ville pour inciter les gens du purgatoire à l’Envie et exercer mes droits de présidence. J’aime particulièrement l’aspect éducatif : d’avoir réuni les écoles dans le Quartier Learning, on s’est assuré de la même éducation pour tous comme peu de pays y sont arrivés mais on a créé de nouvelles tensions en important "la mauvaise jeunesse" dans les "beaux quartiers". Voilà qui crée l’Envie chez les jeunes, comme chez leurs parents. Aider ceux-ci à trouver travail voire logement dans lesdits "beaux quartiers" me permet de disséminer mon influence à travers toute la ville, quand bien même c’est dans cette marge citadine et légale que mes cartes de visite tendent à marcher le mieux. Je fais du social, je résous les problèmes des gens. Glisser quelques billets à un père endetté, organiser un feu d’artifice pour les gamins, calmer un conflit qui risque de dégénérer, avertir deux fois un propriétaire de chien bruyant que celui-ci dérange le voisinage avant de l’attendre chez lui avec la tête du dérangement sur la table… les gens ne savent pas de quoi je suis capable mais ils savent une chose : je peux en être capable pour eux.

Veste de tailleurs ouverte sur une chemise boutonnée jusqu’à la poitrine, mains dans les poches d’un pantalon de toile lui-même rentré dans mes bottes en cuir étrange, je pénètre l’appartement. L’électricité qui y est présente projette de façon incertaine des ombres qui se fondent dans les moisissures des plaintes, dégageant cet aspect visuel et olfactif de vieux garage souterrain. Grossièrement peints en gris, les murs sont entretenus au mieux malgré le crépi gorgé d’eau et de champignons. Par endroit, les bruits de canalisation se font entendre ; moins celle de l’appartement que de ses voisins d’au-dessus. Après un petit vestibule incluant toilettes et salle de bain s’avance une pièce principale fusionnée à la cuisine qui débouche elle-même sur une porte close de chambre ; quand bien même la demi-douzaine de personnes vivants ici doit laisser les parents dormir au salon.

D’ordinaire.

Actuellement, tous doivent chercher à y dormir. L’anglais hispanisé de la mère de famille m’est familier. C’est elle qui est venue me trouver car "les docteurs savent pas quoi en dire". Evidemment, lorsque le diplôme est obtenu dans la rue, les médecins se retrouvent limités face aux cas inhabituels. Et les symptômes qui m’ont été décris le sont incontestablement pour eux : alternance d’états calmes accompagnés d’amnésie et d’état de crise entrainant des contorsions, des élans d’agressivité, des discours dans des langues inconnues, des connaissances impossibles, de l’insensibilité psychologique et physique ainsi qu’une force anormalement élevée. Et encore, si j’ai raison, la créature ne leur a pas sorti le grand jeu de télékinésie et de lévitation. Devant la porte du fond, je prends une inspiration alors qu’on me la déverrouille.

J’entre.

Trois lits dont un avec mezzanine, deux armoires, une table longue servant de bureau devant la fenêtre, une jeune femme hispanique assise en tailleur au milieu de tout cela. Ces yeux bougent comme si elle rêvait. Ses lèvres tremblent en un murmure inaudible. La porte se reverrouille derrière moi. Les lèvres s’ouvrent. Les yeux aussi. Le sourire qui commence à se former se décompose. Le regard se fige. Je crois les bras, sourire en coin.

« Quel est le problème, vous ne pouviez pas simplement vous faire passer pour votre victime et faire croire à une altération de son comportement comme il se doit ? »

Les mouvements des yeux sont rapides. Les mouvements des lèvres sont rapides. La voix de l’hôte est toujours inaudible, myriade de murmures. Puis tout s’accorde.

« Je n’ai pas réussi à obtenir l’unanimité.

- La démocratie ne fonctionne qu’à la majorité absolue.

- Même. Vous connaissez les syndiqués.

- Je les aime bien. Tout comme vous : j’adore votre concept. Cela étant, les aléas qu’il entraine m’amènent sur votre chemin. Je vous demanderai bien ce que l’on fait mais je vais vous laissez le temps de débattre à ce sujet.

- C’est trop aimable, mon Prince.

- Je sais, mon Colonel.
»

Mon sourire carnassier reste alors que je me retourne puis quand je toque à la porte. Il disparait lorsque celle-ci est déverrouillée puis ouverte.

Je sors.

Tous les yeux de la famille concernée sont sur moi, matriarche au premier rang. Je reste trois secondes sur chaque protagoniste ; mère, père, grand frère, petite sœur, petit frère. Mes mains chassent ma veste afin de trouver mes hanches en un geste de confiance.

« Êtes-vous croyante, madame Herminia ?

- Por quoi señora Océane, intervient son mari. Vous le pensez possédé ?

- Lo sabía, reprend la concernée. Lito, vas me chercher l’ami de ton ami là, l’exorciste. »

La tête du grand frère laisse comprendre que le résumé de sa mère est plus qu’inexacte, sans doute au niveau du réseau d’amitié énoncé, mais l’insistance de la seconde presse le premier. Le regard du père, tout désorienté qu’il soit, suffit à achever cette discussion qui ne commencera pas mais m’amuse déjà. Ainsi donc, il y a des "exorcistes" en ville ? Curieuse de savoir s’ils seront du même niveau que les "docteurs".

« Señora Océane… je m’excuse de vous demander cela mais pourrez-vous nous prêter l’argent ?

- Evidemment,
réponds-je avec politesse. Nous avons le temps d’en discuter avant que votre invité n’arrive. »


Le démon:
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MessageSujet: Re: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptyMer 9 Oct - 20:51

– Je crois remarquer que ça marche pas fort les affaires en ce moment.
Lenny soupira sans quitter les yeux de l'écran de son ordinateur. Ses doigts continuaient à taper rapidement sur le clavier.
– Je t'ai pas sonné, je suis occupé.
– T'es occupé à tchatter...
Il s'interrompit et se tourna vivement vers la cage de son chinchilla blanc. Le tour des yeux de l'animal était passé du bleu au rouge ces dernières mois, depuis l'arrivée d'Ozibuth dans sa vie, voire dans leur vie, si on considérait sa présence envahissante au milieu de son couple. Mais Ezra ne trouvait assez distrayant pour vouloir le garder.
– On vient de me demander un renseignement ! s'exclama-t-il agacé.
– Même, tu regardais des fauteuils avant…
– Peut-être que je ne le ferais pas si t'avais pas pris feu sur l'actuel.
– Un mauvais rhume, ça arrive à tout le monde…
Ah oui, on pouvait dire que le démon mineur qui avait décidé de posséder son animal de compagnie leur apportait du divertissement. Mais, quand vous étiez tranquillement assis à lire un livre, qu'il semblait, pour une fois, tranquillement posé et silencieux sur l'accoudoir, comme un chinchilla normal, et qu'il se mettait soudain à éternuer en crachant du souffre, c'était une diversion dont on pouvait se passer. Lenny retourna à sa discussion avec une ancienne camarade de promo, bien décidé à ne plus accorder d'attention à la version low cost de Belzebuth. La première fois qu'il lui avait sorti son nom, il avait cru à une blague. Puis, il s'était demandé si la sonorité familière faisait de lui un démon important. Mais non. Osibuth n'avait pas de grande réputation aux Enfers. Personne ne s'intéressait à lui, et il avait trouvé le moyen de l'invoquer sans le faire exprès… Ce n'était pas un mauvais partenaire de méfaits. Et, comme il ne demandait pas grand-chose en échange, c'est à dire, rien de plus que l'âme des personnes auxquelles Lenny souhaitait nuire, ils avaient assez rapidement fait équipe ensemble. En récoltant des âmes grâce à son aide, Osibuth avait acquis un peu plus de pouvoir. De quoi lui faire un beau jour la surprise d'apparaître dans le corps de Lucrèce, son pauvre chinchilla, puis de lui sortir un discours larmoyant sur le fait qu'on était méchant avec lui aux Enfers, qu'il s'était attaché, qu'il voulait rester près de lui, qu'il pouvait bien lui accorder ça après tout ce qu'il avait fait pour lui etc etc. Avec l'argument ultime du « de toute façon, ta petite boule de poils adorée va bientôt mourir ». Le « bientôt » était relatif pour un rongeur qui avait une espérance de vie de vingt ans, mais il était vrai que Lucrèce commençait à se faire âgée et qu'un démon pourrait prolonger son existence pour plusieurs décennies encore. Sauf qu'il fallait se le supporter.  


– Mais il n'empêche, ça fait une semaine que notre super équipe fait plus rien, reprit Ozibuth après un trop court silence.
– Tu m'as fait passer pour un débile la dernière fois.
Lenny lui en voulait toujours de ne pas avoir suivi le plan. D'accord, le chat de sa dernière potentielle cliente s'était montré un peu agressif. Mais comment voulez-vous obtenir un paiement quand, sur un coup de tension tout à fait soudain, votre gentil chinchilla déploie une mâchoire anormalement grande pour croquer la tête du félin qui vient le renifler ? Et, excusez un peu l'explication : « Il m'a stressé, j'ai perdu mes moyens ».

Encore un silence. Encore une interruption.
– Si tu bossais tous les jours, tu pourrais te faire facile 1000$ par semaine, et encore tes tarifs sont cool. Ça te fait quoi ceci dit d'avoir perdu 1000$ ?
– Arrête de me les briser, tu sortiras pas de ta cage.
– Mais je me sens mal dans cette cage. Même Lucrèce l'aime pas. Elle souffre elle aussi.
– Je croyais qu'elle avait pas d'âme.
– Ouais mais, dans des situations aussi extrêmes, même les rongeurs ont des sentiments.
Lenny leva les yeux au ciel. Discuter ne servait à rien, Osibuth était la mauvaise foi incarnée. Il avait toujours une réponse plus stupide qu'une autre en réserve. Pas étonnant que les autres démons passent leur temps à le taper, il le cherchait vraiment.

Quand le téléphone vibra, le petit animal s'agita dans sa cage en répétant « C'est sans doute un boulot, décroche ! Allez, décroche ! »
La personne au téléphone était agitée. Il ne fut pas évident d'obtenir les informations essentielles car elle partait dans beaucoup de précisions sans intérêt. Le cas de possession qu'elle décrivait semblait cependant sérieux. Mais l'adresse qu'elle lui donna n'avait rien de très engageant. Si on y ajoutait un accent étranger, il était peu probable que les personnes aient de l'argent. Et il n'allait pas se déplacer bénévolement, surtout dans un quartier aussi pourri.
– Désolé, mais je propose pas des exorcismes gratuits, dit-il sèchement dès qu'il eut connaissance de la localisation. Il allait raccrocher, malgré les supplications déchirantes d'Osibuth, quand la personne au bout du combiné lui jura qu'elle aurait ses 100$ en cash à son arrivée et en le suppliant à nouveau de venir. Trop de monde le suppliait en même temps. C'était très envahissant.
– D'accord, je vais voir.
Il n'était pas convaincu. Pas du tout.
– Alors, on se met en route ? demanda son démon avec enthousiasme.
– Je crois pas non.
– T'es sérieux ? Arrête ! Tu as besoin de cet argent ! J'ai besoin de cette sortie !
– Pas sûr qu'ils paient. Et puis, le quartier Grey, ça craint. On sait pas ce qui peut traîner là-bas, même niveau possessions.
– Allez quoi ! T'es un démoniste ou pas ? Tu vas te laisser intimider par des pauvres ? Tu les as entendu au téléphone, ils sont désespérés, ils ont besoin de toi.
Lenny resta silencieux quelques minutes. Après tout, il n'avait pas grand-chose à faire de sa journée. Les hispaniques étaient souvent très croyants, donc ils connaissaient les signes de possessions et savaient très bien les feindre eux-mêmes dans des phases délirantes. Donc, le cas n'était peut-être même pas réel. Si ça craignait, il pourrait toujours rebrousser chemin. Et, de toute façon, s'il restait ici, Osibuth allait le harceler toute la journée.
– Ok, on y va.
Il prit son imperméable gris et quitta l'appartement.

L'endroit était sinistre. Comme le fit remarquer Osibuth, il y avait quand même mieux pour une incarnation en surface. Peut-être, mais puisque les gens qui vivaient ici n'intéressaient pas grand monde et n'avaient pas d'argent, les habitants de la zone constituaient des victimes idéales pour une apparition discrète sans risquer de se recevoir un exorciste au premier faux pas.
Quand Lenny arriva devant l'adresse, il eut peine à croire qu'il allait entrer dans ce truc. C'était un coup à chopper des maladies du Moyen-âge rien qu'en respirant à l'intérieur. Ignoble. Les gens payaient vraiment un loyer pour ça ? Ils devaient squatter illégalement, c'était pas possible autrement. Tout était totalement délabré. C'était sale et encombré de gens comme d'objets. Franchement, un mec qui déraille là-dedans, c'est l'occasion rêvée de faire de la place. Toute personne de bon sens, en tout cas, l'aurait viré ou aurait trouvé un prétexte pour le tuer. Mais nous dépassions visiblement tout bon sens. Ces gens-là ne devaient pas avoir un niveau d'intelligence plus élevé que celui d'un cafard. Ils acceptaient la vie dans ces conditions, ils étaient même prêts à mettre 100€ sur la table pour sauver un type qui encombrait juste l'espace… D'ailleurs, ils avaient bien l'argent ? Étonnement oui, on lui présenta les billets qu'il pourrait récupérer à la fin de son travail. L'exorcisme en question était financé par une jeune femme blanche qui détonnait totalement dans le décor. C'était qui celle-là ? Il la suivit dans la pièce où se tenait le possédé à moitié hagard. Osibuth semblait agité sur son épaule.
– J'ai besoin d'être seul pour l'étudier, dit-il pour forcer les gens à s'éloigner. C'est pas un spectacle, ok ?
Une fois isolé avec le possédé, son démon de compagnie parla.
– T'avais raison, ça craint. On devrait partir.
– Tu te fiches de moi, là ?
– J'aimerais bien mais…
Lenny attrapa une main de l'homme totalement déphasé. Il ressentit plus d'une présence en lui. Beaucoup de présences. Trop de présences. Des dizaines. Des centaines.
– C'est quoi ce délire ? Le gars s'est fait attaquer par une fourmilière ou quoi ?
– Bah ça, c'est Légion, mais…
– Ah tu vois, avec tes plans à la con !
– ça va, je pouvais pas savoir… Mais surtout…
– Sérieux c'est le tiers monde là-dedans... Un à un, ils sont pas trop forts. Ils ont payé pour un démon un, je vais leur faire sortir un démon, puis c'est tout.
– Non Lenny, attend !
Il se redressa pour rouvrir la porte sans prêter attention à l'avertissement d'Osibuth qui commençait sérieusement à l'énerver. Il l'avait embarqué dans cette galère. Pas question de repartir maintenant, il l'avait prévenu.
On lui demanda inquiet s'il pouvait faire quelque chose, il répondit que oui et leur demanda de bien rester au fond de la pièce. Puis, il se plaça à nouveau devant son « patient », qu'il regarda droit dans les yeux, en activant pleinement son pouvoir de persuasion, et en s'exprimant le latin. Les démons comprenaient latin, les humains y pigeaient rien. C'était pratique pour discuter tout en faisant croire qu'on était en train de réciter des formules magiques.
– Bon, on m'a payé pour exorciser un démon, alors on va faire simple. J'en vire un, je vous laisse choisir lequel si vous voulez, et vous vous accordez pour faire croire que le type est guéri. Vous faites ce que vous avez prévu de faire avec votre victime, et moi je récupère mon argent, d'accord ?
Il attrapa les deux mains de l'homme et se concentra pour distinguer les différentes présences, pour se connecter mentalement à elles, se focaliser sur les plus faibles. Il attendait encore un peu. Si les démons voulaient lui livrer l'un des leurs, il le prendrait, sinon, il attirerait à lui le plus facile à faire sortir. C'était leur choix, le moins aimé du groupe, ou le plus faible. Ceci dit, parfois, cela revenait au même.


Dernière édition par Lenny Pinsker le Ven 1 Nov - 17:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptyMer 16 Oct - 11:55

La discussion est vite expédiée ; prêter de l’argent n’est qu’un hameçonnage, il ne saurait être la véritable pêche. Mais la dette amènera à de nouvelles rencontres, qui amèneront à de nouvelles dettes, qui amèneront au paiement. L’âme. Je dirais bien que, à terme, l’affaire qui se joue ici peut me rapporter une demi-douzaine d’âmes mais c’est sans compter les descendances qu’auront les présents, et celle que Légion convoite. Considération qui renvoie à la question éternelle est insatiable. Pourquoi ? Pourquoi cet hôte ? Pourquoi s’être fait découvrir ? Légion est un bordel innommable et inénarrable mais, s’il a prouvé une chose, c’est que son intelligence collective fonctionne. Sinon, il n’aurait pas été capable de se hisser à une position de pouvoir dans l’armée de Satan, ni de jouer un rôle dans sa déchéance. Mon fils et mon héritière sont seuls connaisseurs du pacte passé avec Légion, conclut au cours d’une possession guère plus discrète que celle-ci. Est-ce qu’entrainer les humains dans une mésaventure est le but de la manœuvre ? Généralement c’est une diversion. Combien de démons ont-ils ainsi attiré des membres éminents de l’Eglise et acceptés d’être chassé d’un hôte pour en trouver un nouveau, plus important et dont la corruption entrainait plus de conséquences ? Serait-ce le cas ici ? Y aurait-il des sorciers et des prêtres d’une importance suffisante à ce qu’un être comme Légion gagne à s’y inviter ? Était-ce là l’objectif de l’histoire ? Considérant que les interventions de monsieur Lenny Pinsker sont à 100$, j’en doute. Oui, l’inflation suite à la Brèche avait bouleversée la valeur des monnaies qui avaient survécu, mais les autorités donnaient au minimum cinq fois plus pour un criminel qu’il fallait arrêter ; ce à quoi une possession peut se comparer. Pour ne pas dire qu’elle aurait plutôt tendance à dépasser les deux milliers de dollar, surtout considérant combien une entité comme Légion peut être pénible à maltraiter. La technique surnuméraire a toujours étonnamment bien marché, les nuisibles en sont un exemple. Je n’ai cependant pas l’occasion d’interroger le démon avant l’arrivée de l’exorciste, la famille ne m’ayant pas appelé pour cela ; et je ne leur en tiens pas rigueur, puisque cela simplifie ma vie pour l’heure.

La première chose à attirer l’attention de l’exorciste, un jeune homme d’une demi-douzaine de centimètres de moins que moi talons exclus aux yeux d’un bleu intense, est son argent. La seconde chose à attirer mon attention est son animal, un lapin nain avec une queue d’écureuil dont le nom de l’espèce sudaméricaine m’échappe bien plus que l’imprégnation démoniaque qui émane de l’animal. Intéressant… Voilà qui explique bien des choses, notamment la connaissance des démons et les possibilités d’exorcisme. C’est un magicien, effectivement. Et il a un familier démoniaque, qui doit bien enrager d’avoir pareil hôte alors que les homologues qu’il croise ont pris des formes humaines. Une motivation supplémentaire à ce que le petit démon aide son maître magicien à l’encontre de leur adversaire commun ? Cela serait astucieux de la part de l’exorciste. Exorciste qui me remarque avec une perplexité bien moins dégoutée que pour le reste du décor mais ne s’attarde pas. J’en fais de même, gardant mon amusement intérieur.

Lorsque j’accompagne dans la chambre scellée, j’ai la surprise de découvrir la présence d’un homme, complètement déphasé. Voilà qui explique le choix de l’hôte : lorsque j’y suis entrée précédemment, il s’agissait d’une jeune femme hispanique. Une métamorphe. Cible parfaite pour un démon. Cible parfaite pour qu’un démon comme Légion ne soit pas unanime. Trop de possibilités tuent les possibilités, le paradoxe du choix. Cela n’explique pas tout mais cela explique des choses. Reste que la famille n’a pas mentionné le changement d’apparence dans les symptômes. Alors que l’exorciste s’isole avec le démon, je regarde le reste des présents.

« Alors, vous n’auriez pas oublié de me dire quelque chose ?

- Vous ne nous auriez pas cru,
s’excuse madame Herminia.

- Vous avez raison… »

Je dirais bien que je feins la perplexité à mon tour mais je suis réellement perplexe. Qu’on interprète les millénaires d’expérience qu’énoncent ma carte comme des savoirs reçus en héritage, non un âge réel, est une explication aussi rationnelle que celle qui veut que je fasse simplement mon intéressante. Qu’on appelle des médecins pour un trouble qui relève du surnaturel, alors qu’on reconnait la chose comme surnaturelle, est plus suspect. Ce qui donne un angle de vue bien différent sur la situation. Un angle de vue qui me plait pour ce que je pourrais en faire.

Les docteurs ne sont pas un mensonge, je l’aurai vu lorsqu’elle m’en a parlé. Cependant, peut-être que l’incapacité des docteurs à expliquer les capacités de leur fille a conduit à la considérer comme possédée. Coïncidence d’autant plus amusante que, avant ou après cette découverte, Légion l’ait effectivement possédée. Ce qui nous ferait une famille retenant en otage un démon et la sorcière que ledit démon retient en otage. Rajoutons à cela la fouille-merde du quartier et un exorciste… comment cela pourrait-il mal finir ? Plus important, savent-ils pour les divinités ?

Je tourne la tête sans décroiser les bras lorsque l’exorciste sort de la chambre avec un énervement qu’il ne saurait me dissimuler. L’inquiétude de la famille est réelle, sans doute ses membres espèrent-ils que l’exorcisme fasse partir le démon comme les pouvoirs. Rien qui ne soit étonnant, ni explicité. A l’inverse de l’invitation à venir regarder le spectacle. J’en relève les sourcils mais ne me fais pas prier ; pourquoi refuseras-je le divertissement ? Surtout que je le finance. Et, comme j’ai l’intention de le voir jusqu’au bout, capter le regard inquiet du familier me conduit à le fixer un instant. Quand on fixe trop longtemps l’abîme, l’abîme vous regarde aussi. Tout est dit.

Un face à face, les yeux dans les yeux. Théâtral. Une déclaration en latin. Magistral. Enfin, sauf quand on en comprend le contenu. Là… on s’en amuse mais pas de la même manière. Cette négociation… voilà qui me fait doucement sourire. Payé pour un démon, exorcisant un démon. Pas d’excès de zèle. Rien de personnel. D’accord ?

« Je ne peux, répond Légion, en latin également, alors qu’il ne fait rien pour se débattre de la saisie. Puis il se tourne vers le chinchilla, en un spasme et un mot, avant d’en revenir à son interlocuteur. Ozi ? La situation est plus divertissante qu’il n’y parait. Félicitation, tu as réussi à trouver un hôte à ta mesure. Je ne m’ennuis pas encore, surtout avec le retournement de situation. Et puis tu t’amputerais de t’une partie de toi de ton côté ? J’ai une question pour toi : sont-ce les nôtres ou les leurs qui humilient le mieux ? D’ailleurs, es-tu un véritable exorciste ? Je dis ça car tu es littéralement un nuisible. Pas vous, évidemment. »

Légion est multitâche, mentalement parlant, pouvant allouer plusieurs démons voire des comités de réflexions à un sujet. Je n’ose imaginer ce qu’il doit infliger à un télépathe cherchant à pénétrer ses esprits, ou toute autre influence similaire. Surnuméraire, toujours. Cela étant, j’ai perçu les trois courants qu’ont libéré son flot de paroles rapides. Je savoure également les doubles sens, confiante dans ma capacité à avoir démêler les dialogues. Je ne me suis jamais vraiment intéressé à ce qu’il fait, pas plus que l’Ozi dont il parle et qui ne me parle pas, mais c’est plutôt prometteur. Reste à voir comment le reste du casting réagir, les membres de la famille suspendus au suspens des échanges qu’ils ne comprennent pas réellement ; même si la parenté linguistique doit leur permettre de saisir des mots voire des sens. Une difficulté supplémentaire. Un divertissement supplémentaire.
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MessageSujet: Re: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptyVen 1 Nov - 18:18

Pour valider un exorcisme, la présence des clients était nécessaire. Ils pouvaient confirmer qu'il se passait bien quelque chose, qu'une présence était effectivement partie. Autrement, ils pouvaient prétendre n'importe quoi. De simples humains ne comprenaient rien à la magie, mais, s'ils lui reconnaissaient de manière indiscutable des connaissances, alors il gagnait en réputation. C'était le seul moyen de faire payer à terme ses services à un tarif plus élevé que celui de véritables charlatans, qui restaient pour beaucoup d'imbéciles sans pouvoir des sortes de collègues. Mais le démon du jour risquait de ne pas lui faciliter la tâche. S'il refusait de coopérer, c'était assez mal parti. Objectivement, ce serait stupide de sa part. Il lui offrait une occasion de s'en tirer tranquillement sans se retrouver avec d'autres exorcistes sur le dos. D'un autre côté, beaucoup de démons préféraient jouer les empêcheurs de tourner en rond plutôt que privilégier la solution consensuelle… Et, à en croire la situation, Légion semblait d'humeur chaotique. Sérieusement, comment un groupement d'esprits avec une telle réputation avait-il pu se faire repérer aussi facilement ? Il avait recruté massivement des stagiaires dans son équipes ou quoi ? Comme il fallait s'y attendre, l'un des démons répondit au nom de la communauté qu'il ne pouvait pas accéder à sa requête. Ah oui ? Lenny fronça les sourcils avec contrariété. Ne pas vouloir était une chose, mais ne pas pouvoir ? Il se moquait franchement de lui. Il ne pouvait pas, mais il pouvait continuer à faire la discussion avec Ozibuth et lui pour passer le temps. Il le pensait venu pour prendre une tasse de thé dans un taudis ou quoi ? Il n'écouta ses paroles que d'une oreille. Il n'était pas venu pour répondre à ses questions. Sur son épaule, Ozibuth ne faisait pas le fier. Il lui murmura en employant le latin :

– Bon, il veut pas coopérer, on se casse.
– Non, trancha Lenny en serrant les dents.

Il n'avait pas fait tout ce chemin pour qu'un démon paumé remette en question ses compétences. Il n'allait pas non plus laisser son partenaire se faire mépriser. Bon, Ozibuth était très pénible, mais ça restait un coéquipier, un coéquipier qu'il avait le privilège d'insulter. Et, surtout, il n'allait pas laisser sa gentille Lucrèce se faire traiter de nuisible. Elle n'avait rien demandé, la pauvre. Elle n'était tellement pas capable de comprendre ce qu'il se passait qu'elle ne pouvait même pas relever l'outrage. Il avait eu le temps de repérer le démon le plus faible pendant qu'il lui servait son discours inutile. Il serra avec fermeté mon emprise dessus.

– Vous êtes bien causants pour un groupe de débiles pas fichus de passer inaperçus dans une famille de cassos.

Depuis qu'il travaillait sérieusement son pouvoir avec Ezra, les vraies confrontations ne lui faisaient plus peur, il avait pris conscience de son potentiel, de cette énergie magique puissante qui lui permettait d'imposer sa volonté, jusqu'à détruire littéralement les esprits errants qui l'énervaient. Par principe, il évitait d'utiliser cette capacité sur les humains. Il ne voulait pas d'une existence où tout n'était que tricherie. Mais si la situation l'exigeait, il n'hésitait plus. Alors, que Légion accepte de jouer le jeu ou non, il pouvait aussi forcer toute une famille à faire ce qu'il leur demandait, comme le payer et le laisser partir, si l'armée démoniaque faisait de la résistance. En tout cas, il augmenta considérablement la puissance de son emprise.  

– J'ai pas de temps à perdre avec vous. Si vous n'êtes pas d'accord, tant pis.

Il tira le démon à lui sans plus de préambule. Le corps se mit à convulser et, aussi, à changer confusément d'apparence. Lenny n'avait encore jamais vu ça. Peut-être un pouvoir de l'humain ou humaine possédé ? Bof, c'était pas son problème actuel. Il n'allait pas se laisser déconcentrer par une information secondaire. L'extraction était plus complexe qu'à l'ordinaire puisque les autres démons tentaient de retenir leur allié. Il dû leur envoyer avec force l'ordre de le lâcher et profiter de quelques millisecondes de faiblesse collective pour faire sortir sa proie avec tellement de violence (il avait mis toute sa force, par sécurité) que la petite créature hideuse et informe qui sortit de la bouche du possédé fut projetée au plafond, où elle s'y écrasa ridiculement, avant de retomber à ses pieds. Derrière lui, les membres de la famille hurlaient de terreur et de dégoût. Lenny considéra la « chose » avec dédain. Sans corps d'emprunt, les démons les plus mineurs ne ressemblaient pas à quelque chose que l'on souhaitait décrire. Celui-là avait une colonie d'yeux aussi gluants que des oeufs de grenouille sur une tête minuscule, un ventre grassouillet, des pattes d'insecte et de petites ailes de chauve-souris qui ne devaient pas le faire décoller très haut. Il eut l'air effrayé de se retrouver seul, à découvert et essaya de retourner vers le corps pour rejoindre les siens.

– Alors là, tu rêves, déclara Lenny en retrouvant son anglais.

L'influence spirituelle était facile maintenant qu'il se trouvait isolé et il lui imposa de prendre possession d'un cafard qui se cachait sous un meuble. Ozi s'agita sur son épaule.

– T'es malade ! Tu pourras pas donner autant d'énergie pour tous les démons et…
– Va le chercher, dépêche toi, lança-t-il sans relever ses remarques.

Peu convaincu, Ozibuth se lança à la poursuite du cafard déboussolé et le coinça entre ses pattes. Lenny se tourna vers le corps possédé et reprit en latin :

– Faites ce que vous voulez, j'ai fini mon taff ici. On renverra pas votre pote en enfer si vous restez tranquilles.

Si Ozibuth détruisait le cafard, ils pouvaient dire adieu à leur compagnon pour une longue durée. Ce n'était pas forcément un argument inquiétant s'ils n'avaient pas d'esprit d'équipe, mais c'était, au moins, une preuve qu'il n'était pas venu pour une confrontation, juste parce qu'on lui avait filé un mauvais plan, et qu'il voulait juste se sauver au plus vite d'ici. Il se désintéressa d'ailleurs de Légion pour revenir vers sa famille et leur annoncer calmement.

– Voilà, le démon est parti.

Ils avaient payé pour un exorcisme, ils avaient pu constater qu'il avait eu lieu. Fin de l'histoire pour lui. Enfin, il y avait cette femme étrange, qui l'observait avec son sourire étrange et ne semblait pas avoir l'air impressionnée par toute la scène. Elle était donc très au courant de la magie. Sa présence ne lui avait pas beaucoup plu dès le départ mais, à présent, il avait comme la désagréable intuition qu'elle lui voulait quelque chose.
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MessageSujet: Re: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptyDim 10 Nov - 10:35

Le jeune exorciste n’apprécie pas la réponse qui lui est faite, sans surprise. Le petit démon n’apprécie pas la situation, sans surprise non plus. L’échange qui se fait entre eux est bref, pratiquement inaudible. La réplique, elle, l’est parfaitement. Elle m’amuse. Difficile de savoir si monsieur Pinsker a saisi toutes les nuances ou ne serait-ce qu’essayé. Néanmoins, il ne semble pas s’interroger autant que moi sur la situation. Il se contente des évidences et énoncent certaines : évidemment qu’un exorciste n’a pas de temps à perdre et qu’un démon n’est pas d’accord pour son exorcisme. Tout deux ont mieux à faire.

C’est l’exorciste qui ouvre le bal, d’une façon des plus intéressantes. Pas de formule en latin, ni en une autre langue d’ailleurs. Pas plus que de geste ou d’objet. La pure force de sa volonté. Son pouvoir de magicien. Un influenceur. Après un faune et Satan, je commence à croiser cette capacité très régulièrement et dois avouer hésiter à chercher à y résister à présent. D’un autre côté, ce type de personnes est plus aisément trompé lorsqu’il croit avoir quelqu’un sous son influence… Ajoutant à cela le fait qu’elle ne me vise pas cette fois, je n’ai qu’à rester spectatrice pour l’heure. La lutte est d’autant plus appréciable que la métamorphose offre une originalité, quand bien même elle ne change rien. La concentration reste. L’ordre est donné. Le champagne est sabré et son bouchon mineur s’en étale au plafond avant de redescendre. La réaction familiale est agressante, prévisible et prévue mais pas moins désagréable pour autant. Personne ne vomit, c’est toujours cela de pris. J’avance un peu le buste, mon désagrément passé, afin de marquer mon attention.

Plus que le démon, c’est l’exorciste qui m’intéresse.

Exorciste qui reprend l’anglais, pour que tous comprennent son héroïsme, et ordonne une prise de possession moins problématique. Un autre nuisible, visiblement, mais au déplaisir d’un Légion dont on vient d’extraire une partie. Est-ce douloureux ? Je ne pense pas. Cela a surtout l’air frustrant. Rageant. De quoi s’attendre à ce que les meubles alentours volent en éclats, autant de projectiles pour assouvir sa vengeance. Il n’en est rien. Le calme retombe alors même que le Ozi s’en va chercher son homologue.

« Faites ce que vous voulez, j'ai fini mon taff ici. On renverra pas votre pote en enfer si vous restez tranquilles. »

D’une façon très humaine, Légion reprend son souffle. Aurait-il accepté le marché ? Je suis curieuse de cela. Comme de l’exorciste d’une malhonnêteté originale. Une malhonnêteté assumée avec un naturel presque démoniaque, laissant comprendre beaucoup de Lenny Pinsker. Ainsi est-il exorciste par défaut mais finalement plus intéressé par son maigre gain personnel, partie remise en attendant d’obtenir plus de pouvoir des enfers. De qui tire-t-il ses pouvoirs ?

Son attention croise la mienne. Puis je me détourne.

« Tu veux un accord, sorcier, déclare Légion en latin, penchant la tête sur le côté d’une manière reptilienne alors que son visage prend la forme du démon arraché. Libères-nous et tu seras libre de cette affaire. Un indice, parce que je t’aime bien Ozi et pour que tu ne fasses à notre camarade ce que tu n’aimerais qu’il te fasse : elle n’est pas le seul être magique dans la famille. »

L’incompréhension se fait dans la famille dont les membres s’échangent des regards avant de se retourner vers leur exorciste. La compréhension se fait dans mon esprit alors que je regarde les membres de la famille. Ainsi, plusieurs ont un lien magique. S’il est héréditaire, l’un des deux parents est impliqué. S’il est fortuit, aucun moyen de savoir. La mère est une candidate idéale : elle pourrait très bien être une inconsciente croyant que Dieu répond à ses appels. Cependant, pour ainsi neutraliser une sorcière et un démon, il faut soit que le hasard ait conféré un tel pouvoir de négation soit qu’il ait été acquis en réaction. Or, la mère ne semble pas avoir l’ouverture d’esprit suffisante à telle exploration magique ; excepté si elle joue un rôle et que la fille n’est pas aussi prisonnière de sa famille que je le croyais. Cela étant, reste à voir le père, qui a amené l’idée de la possession, le grand frère, qui connaissait la réputation de l’exorciste, ainsi que la petite sœur et le petit frère, qui restent en retrait mais n’en sont pas pour le moins impliqués. Je prends une inspiration buccale alors que je me remémore leurs réactions face au démon, en cherchant une fausse.

« Je pense qu’il va nous falloir une discussion, dis-je calmement en décroisant les bras, feignant de me placer en soutien de la famille envers l’exorciste pour que cette dernière ne me remette pas encore trop en question. Peut-on s’installer dans votre pièce principale ? »

Ma demande est acceptée avec un empressement agressif et l’opportunité de sortir de la pièce offerte à nouveau. Un bref regard au cadre de la porte m’apprend qu’il n’y a rien à y voir, aucun sceau magique, et je finis rapidement assise en compagnie des adultes alors que les enfants restent debout à murmurer en regardant par à-coup. Je croise les doigts en direction de monsieur Pinsker.

« Il semble que votre exorcisme n’ait pas marché. Une idée de la raison ? »

Je reste impassible et professionnelle lorsque je dis cela, gardant cependant dans mon champ de vision l’Ozi qui ma identifier et pourrait subir bien pire que mon otage s’il me trahit. Je pense qu’il a suffisamment d’instinct pour le savoir. Cependant, je n’y mettrais pas ma main au feu : Castur a prouvé que le bon sens n’est pas le même pour tout le monde, ou juste absent chez certain. Un regard à la bestiole devrait lui rappeler sa place, même s’il s’avère plus suspicieux que menaçant.
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MessageSujet: Re: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptyVen 20 Déc - 19:53

Pourquoi fallait-il qu'une chose qui se présentait comme compliquée le soit toujours ? Lenny avait espéré une bonne surprise, tout misé sur des méthodes expéditives qui lui permettraient de filer au plus vite avec de l'argent et en s'assurant de ne surtout pas être recontacté par cette famille de pouilleux. Mais le destin en voulait autrement car il n'était pas si mauvais en analyse, après tout, et il avait bien compris depuis le début que le cas s'annonçait difficile. C'était même la raison pour laquelle il n'était pas très chaud à sauter à pieds joints dans un traquenard à peine déguisé. Cependant, il l'avait fait. Quand on attendait une distraction stimulante, on avait toujours envie de se tromper, de relativiser, de trouver ses projections inquiètes inutilement dramatiques et exagérées. Il se détestait. Et il détestait encore davantage Ozibuth qui, en bon démon, l'avait incité à s'enfoncer dans cette galère, même si, en bon imbécile, il semblait le premier à le regretter. Sa menace n'eut pas l'impact souhaité. Le corps de l'individu possédé s'anima à nouveau et la famille poussa d'autres cris horrifiés, avant de lui jeter des regards soupçonneux. Loin de se sentir mal à l'aise, Lenny leur tourna un regard contrarié. Il les défiait de lui faire le moindre reproche, franchement. Il était venu pour un exorcisme. Il avait bien fait sortir un démon du corps, tout le monde l'avait vu. Était-ce sa faute s'il y en avait d'autres ? A eux de bien connaître la situation avant de demander un service. Est-ce qu'un plombier qu'on appelait pour une fuite vous changeait toute une tuyauterie sur le tas parce que, finalement, boucher la fuite ne suffisait pas ? Il fallait savoir ce qu'on voulait !

La voix en latin du démon le détourna de la famille et du discours de mauvaise foi qu'il préparait avec un sentiment de parfaite légitimité. Il lui proposait un accord. Lenny haussa un sourcil sceptique. Il ne voulait pas qu'il écrase son camarade. Bon, il était peut-être ouvert à la discussion, finalement, mais il était apparemment coincé. C'était quoi cette histoire, encore ? Pourquoi ne le lui avait-il pas signifié plus clairement avant ? Bien sûr, il lui avait dit ne pas pouvoir accéder à sa demande, mais cette déclaration était trop libre d'interprétation. Et en plus, il fallait qu'il continue sur cette voie en ne lui donnant que des indices alors qu'ils parlaient latin et n'étaient, à priori, pas compris de l'assemblée. C'était l'intérêt de parler latin, faire circuler des informations tranquillement. Pourquoi lui compliquer la tâche quand il faisait son possible pour la simplifier pour tout le monde. Avec impatience, il lui retourna :

– En plusieurs millénaires, vous avez toujours pas appris l'efficacité ? Sérieusement, qui demande de l'aide avec des énigmes à la con ?

Sans attendre une réaction, il se retourna vers la famille. Donc, apparemment, quelqu'un dans la petite assemblée était responsable de la situation. Pourquoi faire appeler un exorcisme alors, si un autre sorcier retenait le démon ? Il n'allait pas se casser la tête longtemps et poser directement la question. Il avait un pouvoir qui forçait les gens à se soumettre à sa volonté, il était temps de l'utiliser.

– Bon, qui est responsable de…

Mais il se fit interrompre par la femme étrange qui demanda à discuter avec lui en privé. La famille accepte, en montrant une contrariété hors de propos. Bande d'ingrats. Il ferait brûler leur bicoque infâme s'ils osaient le traîter d'incompétent. En leur rendant leurs regards mauvais par une expression pleine de dédain, il suivit l'enquiquineuse dans l'espace délabré qu'ils appelaient une pièce principale. Elle l'invita à l'asseoir et il hésita un instant. Franchement, ça avait l'air sale. Il ne savait pas ce qui avait touché ce siège. Il aurait préféré rester debout mais la femme continuait de le fixer silencieusement en attendant. Lenny s'installa de très mauvaise grâce. Sa remarque eut le don de l'agacer. Bien sûr, il semblait agacé depuis son entrée dans cette maison mais, là, il se montra piqué au vif et la dévisagea comme si elle venait de lui faire la plus grave des injures.

– Excusez-moi ? Vous insinuez que je suis fou ? Mon exorcisme a parfaitement marché. Tout le monde a pu constater qu'un démon est sorti du corps du possédé.

Lenny croisa les bras, bien décidé à garder sa fierté et à décourager son interlocutrice. Ozibuth continuait quand à lui de s'agiter nerveusement sur son épaule.

– Lenny, fais un effort, s'il te plaît, le supplia-t-il.

Lenny soupira et consentit à se montrer un peu plus conciliant. Il pouvait tenir tête à la femme mais, devant certaines évidences, son acharnement risquait surtout de lui faire perdre plus de temps que prévu. Il était indéniable que, s'il avait fait sortir un démon du corps, il en restait toujours à l'intérieur.

– Apparemment, il y a un sorcier dans la famille. J'allais leur demander qui était responsable de cette affaire quand vous m'avez entraîné ici. Mais vous avez peut-être déjà votre idée ?

Il avait posé la question à moitié par provocation. Cependant, si elle avait réellement des idées pour le tirer de cet endroit et régler le problème au plus vite, il était preneur. Même s'il estimait que poser la question en utilisant de son pouvoir sans que personne n'y soit préparé était un bon moyen d'obtenir des réponses pratiques.
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MessageSujet: Re: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptyDim 5 Jan - 9:13

Le regard noir de l’exorciste me fait m’interroger sur l’emploi de son influence, étant plus concernée que je ne le semble ; dans deux sens du terme. Les choses se poursuivent cependant et il n’est nulle réaction magique de notre côté de la prison. De l’autre, Légion parle. La réponse latine de Lenny Pinsker m’amuse, même si je n’en montre rien. Les millénaires n’aident pas forcément à apprendre l’efficacité, amenant à relativiser : l’emprisonnement ci-présent ne durera pas plus de quelques années mais ce n’est pas une raison pour qu’il ne soit pas divertissant. Qui demande de l’aide avec des énigmes à la con ? Quelqu’un ne voulant pas demander de l’aide explicitement et voulant rester supérieur malgré cela. Quelqu’un qui, loin de s’inquiéter du piège l’emprisonnant, s’amuse avec tout ce qui lui passe à portée. Quelqu’un qui sourit à tout cela.

Le sentiment n’est pas partagé et les conclusions manifestent de l’exorciste sont similaires aux miennes. Sa méthode, elle, est bien plus expéditive. Allait-il utiliser son influence cette fois ? L’interruption que je me permets y coupe court. Tout le monde, à deux exceptions près, semble courroucé alors que nous changeons de salle, à une exception près.

Me suivant en premier, Lenny Pinsker s’interrompt à son tour lorsqu’il est question de s’assoir ; rien de personnel, la question est plutôt matérielle. Face à l’attente générale, il obtempère cependant et le signifie bien. Que d’efforts consentis, visiblement. La pique ne l’en démange que plus et la réplique qui s’en suit tâche de conserver sa crédibilité. Je savoure particulièrement la question comme quoi j’insinue qu’il est fou ; je ne le fais pas mais son acolyte démoniaco-chinchilla le constate avec une supplique. Il y a peut-être quatre niveaux de compréhensions à la situation et Lenny n’en est qu’au second, tout orgueilleux qu’il puisse être.

« Apparemment, il y a un sorcier dans la famille. J'allais leur demander qui était responsable de cette affaire quand vous m'avez entraîné ici. Mais vous avez peut-être déjà votre idée ? »

Je garde mes yeux fixés sur son œil droit, trahissant que je sais sans trahir qui je soupçonne, même si l’ouverte déclaration ouvre des bouches autour de nous.

« Et bien, sans appartenir à l’un de vos cercles, j’ai croisé mon lot de "surnaturel". J’aime à croire que l’intelligence ne me fait pas défaut dans ce domaine également. »

Mon rôle est joué. L’exorciste l’ignore encore, tout comme il ignore qui et ce que je suis. Il ne le découvrira probablement pas, trop expéditif pour s’attarder sur les détails. L’ivresse qu’il ressent à pouvoir demander tout à n’importe qui témoigne d’une jeunesse imprudente. Evidemment, personne ne semble disposé à lui résister dans les présents protagonistes ; "semble". Cependant, qu’adviendrait-il si un pouvoir capable de confiner Légion se défendait face à Lennu Pinsker ? Surtout, serais-je également prise dans le filet ? S’il est divertissant de faire mystère de ma nature mystérieuse, je déprécierai en faire usage inutilement.

« De ce que je sais de la magie, elle est généralement acquise. Des objets ou des rituels, voire des accords avec des entités ; tous pouvant se transmettre par l’héritage. »

Mes yeux s’attardent sur ceux de l’exorciste et le visage qui les entoure afin d’essayer de deviner d’où lui vient son propre pouvoir, puis je me tourne vers le couple parental ci-présent. La matrone a l’idée en horreur et le symbole religieux facile. Son compagnon feint la surprise et l’agitation. Côté enfants, l’ainé et la benjamine regardent la mère, l’autre garçonnet le père. Tout est dit.

« Cependant, j’ai cru comprendre qu’il existait des apparitions innées également. S’il est déjà rare de croiser des gens réellement "magiques", ces "mages" doivent l’être plus encore. Non ? »

Ma question et mon attention s’en reviennent à celui à qui elles s’adressent, sur deux axes toujours. Que des humains se révèlent naturellement dotés de pouvoirs surnaturels empiète sur mon business mais est très intéressant. Peut-être cela leur permettra-t-il, à terme, de retrouver l’équilibre précaire des sociétés où la magie était partie intégrante du fonctionnement ? Société bien plus prospère pour les divinités, qui retrouvent une place au-dessus de l’échelle sociale comme de l’échelle humaine. Entre autres choses.

« Si tel est le cas, n’importe qui peut l’être voire ne pas avoir conscience de l’être. Cela étant, il me semble improbable que deux enfants aient cette capacité spontanée. Mon hypothèse reste donc sur l’héritage. »

Le père me semble le candidat le plus probable de part les réactions physiques mais la mère pourrait également l’être sans le savoir, expliquant une foi profonde par déni de capacités pourtant toujours présentes. Cela étant, il faut bien reconnaitre que la catastrophe de la Brèche a été fort productive à faire renaitre une foi plus fervente qu’auparavant ; le malheur aide à croire.

« Après, toute impressionnante que soit une capacité à emprisonner un, ou des, démon(s)… il me semble que le responsable de cette affaire soit le démon lui-même. »
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MessageSujet: Re: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptyLun 27 Jan - 19:06

Il devait prendre le temps d’analyser la situation en acceptant que le plan idéal ne pourrait jamais se réaliser. Partir en courant était plutôt tentant, mais la présence potentielle d’un autre sorcier rendait la suite plus imprévisible et, s’il s’avouait déjà vaincu, sa réputation pouvait en souffrir. L’étrangère qui l’avait forcé à parler refusa de répondre clairement à sa demande. C’était à croire qu’elle était de mèche avec Légion et que tous avaient décidé de jouer avec ses nerfs aujourd’hui. Il l’écouta avec impatience faire une sorte d’introduction. Nous n’étions pas à l’université ! Personne n’attendait un long développement avant de donner sa version des faits. Il se fichait qu’elle soit familière du surnaturel ou d’avoir droit à un exposé sur les différentes façon d’obtenir un pouvoir magique. Tout ce qu’il voulait, c’était un coupable, un responsable. Il devenait de plus en plus clair que, pour une raison quelconque, une autre personne dans cette pièce, au minimum, se fichait de lui. Il avait pensé aider de pauvres humains qui ne comprenaient rien à ce qu’il leur arrivait, et on lui annonçait maintenant qu’il n’en était rien, qu’un individu feignait la surprise depuis le début, en étant visiblement capable de contenir une entité aussi puissante que Légion. Pourquoi ne l’avait-on pas prévenu ? Ils auraient pu lui faire une meilleure présentation de la situation dès l’appel téléphonique. Il aurait probablement refusé de venir. C’était peut-être ce qui les avait poussé à le pas le faire et, donc, à lui tendre sciemment un piège. Et, quand bien même, une fois sur place, il aurait été possible de mettre en place une stratégie avec ceux qui bénéficiaient de capacités surnaturelles. Mais non. Ils l’avaient laissé se débrouiller seul, comme un imbécile, et même se ridiculiser. Pendant que la jeune femme parlait calmement, Lenny fulminait. Les pensées qu’il ruminait dans sa tête le rendaient assez peu réceptif à son discours sur les origines des manifestations magiques, même si tout cela menait à sa conclusion, chose qu’il avait bien compris : une personne autour de cette table se moquait actuellement de lui.

Donc, s’il fallait reprendre avec la très longue démonstration de l’étrangère à la famille, il y avait plusieurs sorciers dans la pièce. C’était encore pire ! Le regard mauvais de Lenny évalua chaque visage. La mère ne semblait absolument rien comprendre. Elle était donc parfaitement stupide ou très bonne comédienne. Le père était, lui, anormalement inexpressif, c’était sans doute un bon indice mais l’un de ses fils, surtout, avait l’air franchement embarrassé. Il se fichait bien que la jeune femme cherche à temporiser en accusant le démon d’avoir déclenché la situation. Cette famille stupide l’avait surtout contacté sans avoir le moindre respect pour lui.

– J’ai bien senti que je n’avais pas de temps à perdre avec des gens comme vous ! s’exclama-t-il en retournant sans aucun état d’âme la situation à son avantage.

S’il savait qu’on se fichait lui depuis le début, on ne pouvait plus lui reprocher d’avoir essayé de falsifier légèrement son exorcisme. De toute façon, tout dans cette maison était louche, à commencer par la salubrité.

– Vous vous attendiez à ce que je règle tous vos problèmes d’un claquement de doigts ? Les démons m’ont dit qu’ils étaient retenus contre leur volonté, et vous voudriez que je réalise un exorcisme dans ces conditions ? Trouvez-vous un autre pigeon, j’ai assez perdu mon temps ici.

Et il se leva avec la ferme intention de partir. L’occasion semblait parfaite pour en finir avec cette sale histoire. Il ne tenait pas à ce point à l’argent pour essayer de sauver son salaire de la journée. Il était parti en fumée, tant pis, il se vengerait sur ses prochains clients avec une hausse de tarif, c’était ce qu’il aurait dû faire depuis le début, de toute façon. Ça ne l’intéressait pas de donner son énergie voire de risquer la moitié de sa vie pour des personnes qui ne voulaient pas se montrer honnêtes et qui, de fait, ne lui avaient pas laissé la moindre chance de s’en sortir. Il se fichait éperdument du sort de leur fille. Ce n’était pas son problème, il ne faisait pas ça pour aider les gens mais juste parce que, pour une raison mystérieuse, comme l’avait souligné la jeune femme, la génétique avait décidé de lui en donner la capacité. D’ailleurs, elle semblait très renseignée, et visiblement assez puissante pour que Osibuth la considère avec une certaine inquiétude. Personne n’avait besoin de lui ici, la preuve, on ne se donnait même pas la peine de lui faire un état des lieux clair de la situation.


Dernière édition par Lenny Pinsker le Mer 26 Fév - 17:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptySam 8 Fév - 14:01

L’impatience de Lenny Pinsker ne me dérange pas du tout ; pour ne pas dire qu’elle pourrait m’amuser, si elle ne l’empêchait pas d’être productif. Cependant, la diva s’agace toujours plus et cela me cache nombre d’informations : jusqu’où vont ses raisonnements, notamment. Il a des conclusions, ses regards le signifient, cependant ils démontrent aussi son étroitesse, son incapacité ou son désintérêt vis-à-vis de la situation globale. Pire, ils le détournent des réactions que je comptais provoquer avec mes mots ; je n’avance donc pas à le connaitre lui. Hérité, contracté ou bien spontané, je ne connais la source de son pouvoir. Peut-être que le démon-chinchilla y est pour quelque chose, après tout il s’est trouvé un humain aisé à utiliser : un colérique. Correctement aiguillé, tant dans une direction que dans ses sentiments, et son caractère le rendra prévisible comme son pouvoir efficace… tant qu’il est face à plus faible que lui. Cela attise ma compassion, pour l’humain non le démon. Le premier gâche son potentiel, le second en profite.

Le cri de Lenny me sort de mes pensées, sans pour autant me faire sursauter. A mon sentiment précédent se succède cependant une tension des avant-bras et de la mâchoire, choses qui ne m’empêchent d’observer la suite d’une réflexion certes pertinente mais transformée en caprice par l’incapacité à prendre du recul déjà évoquée précédemment. L’exorciste se trahit, son inexpérience, son manque de pouvoir. Les démons sont retenus contre leur volonté, est-ce un problème lorsqu’il s’agit de les exorciser ? Après tout, cette action sera contre leur volonté également. Effectivement, ils ne peuvent partir ; mais le voudraient-ils de toute façon ? Se trouver un autre pigeon est la première déclaration qui m’amuse, Lenny ne percevant peut-être pas la polysémie de ses propres mots.

Immobile, je le regarde se lever. La famille est interdite. Ses membres ne savent pas quoi faire. Lenny oui. "Il a assez perdu de temps ici" ; la réciproque pourrait être vraie également. Etonnant qu’une telle mauvaise volonté ne l’ait jamais entravé dans d’autres exorcismes. Triste qu’elle l’empêche ainsi de s’adapter et d’évoluer. L’enfant enivré de son pouvoir, qui boude lorsque cela ne marche pas. Pauvre créature, croyant dans le fait qu’elle pourrait tout réussir par simple volonté et qu’elle n’aurait plus jamais à être frustrée par la difficulté. Quelque chose en moi, ou chez lui, me pousserait à l’aider si ma servitude n’allait pas à ceux qu’il se fait pour adversaires ; ceux-là même qui croyaient en lui. Ceux-là même qui hésitent à le retenir et que j’apaise d’une parole.

« Soit. »

Ma voix est suave, mon ton est doux. Je pourrais l’encourager à comprendre que la famille ne pouvait pas confier un secret aussi lourd à un étranger, surtout considérant que tous ses membres ne semblent pas savoir et que le plus important d’entre eux risque d’être intolérant du fait de sa foi. Je pourrais lui conseiller d’user de son intellect, de chercher à outrepasser ses défauts pour s’améliorer ou encore simplement lui demander de se calmer. Je n’en fais rien. Je ne vais pas retenir l’exorciste, escomptant bien que la famille suive mon conseil ; plus avisé que celui de leur fils de faire appel au Damoiseau Pinsker. Il a montré ses limites et m’offre une occasion plus intéressante qu’auparavant. Tout comme je me suis adaptée afin de tourner l’imprévu de l’exorciste à mon avantage, en avançant la paye qui aurait dû lui être remise, j’ai des idées pour le faire désormais qu’il se sort de la course seul et que l’argent n’est plus en jeu. J’ai l’expérience suffisante à transformer ce qui pourrait devenir une défaite en victoire, plus grande encore que celle initialement prévue. S’il est divertissant de faire mystère de ma nature mystérieuse, je déprécierai en faire usage inutilement ; je n’ai cependant rien contre en faire usage utilement.

Lorsque Lenny Pinsker s’en sera allé, indifférent au fait que ses révélations détruiront peut-être la famille par fanatisme de la mère et destruction de sa confiance envers les magiciens cachés, j’en reviendrai à eux. Je leur dirais que, puisque je sais leur secret, je m’en vais leur en confier un aussi. Sans appartenir à un cercle d’exorciste, je sais utiliser la magie également ; s’ils m’avaient demandé à libérer leur enfant des démons, j’aurai pu le faire. Je peux toujours. Cependant, si je ne nécessite pas d’argent pour le faire, j’ai tout de même besoin de leur aide. Mon pouvoir vient des âmes qui me sont liées ainsi, afin de renvoyer les démons, j’aurai besoin qu’ils me promettent les leurs. Ainsi qu’ils cessent de bloquer les créatures. Comme l’exorciste l’a insinué, cela empêche leur exorcisme ; ce dernier point étant le seul "véritable" mensonge de mon discours. Evidemment, pour m’assurer qu’ils ne déchainent pas leurs pouvoirs maléfiques contre eux, je demanderai à la famille de me laisser entrer avant de les délier. Cela m’offrira l’occasion d’être seule face à Légion, pour lui proposer un marché : il quitte la sorcière et j’offrirais à son prochain hôte la capacité de métamorphose qui l’intéresse chez elle. Il a ce qu’il veut, j’ai ce que je veux. Avec un peu de chance, je pourrais même convaincre la victime de tout ceci de se lier à moi, pour obtenir ma protection et mes enseignements. D’une dette familiale afin de payer un exorcisme, j’aurai réussi à obtenir une demi-douzaine d’âmes et possiblement une prêtresse…

Une journée satisfaisante qui me donne envie de nager dans le sillage de ce cher Lenny Pinsker. L’occasion me sera offerte, je n’en doute pas : le petit démon, lorsqu’il se croira hors de ma portée, dévoilera à son maitre ce qu’il sait de moi. Voilà qui placera les prémices d’une nouvelle rencontre où le tempérament de l’enfant-sorcier sera compensé par la crainte, transmise par son compagnon. Sans doute sera-t-il possible de rendre les choses plus productives pour lui, même si je me concerne surtout de savoir comment les rendre productives pour moi ; chose qui sera assez difficile à faire, considérant le record fait à ses dépens aujourd’hui…
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Lenny PinskerLenny Pinsker


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Phobie: Vivre une grande humiliation, attraper une maladie grave
Ambition secrète: Devenir un grand auteur, rencontrer l'amour de sa vie

Triple L [Lenny] Vide
MessageSujet: Re: Triple L [Lenny] Triple L [Lenny] EmptyMer 26 Fév - 18:40

Personne ne le retint, il en était tout à fait ravi. Lenny quitta l’appartement sans chercher à en apprendre davantage. Il ne songeait qu’à oublier cette mauvaise histoire, ces gens et son ennui face à la situation. Perché sur son épaule, Ozibuth surveilla les arrière un instant avant de se retourner et de déclarer.
– T’es quand même un grand malade. Au début, je me suis dit que je pouvais pas te laisser parler à cette femme comme ça, mais finalement, c’était bien drôle.
– J’aime pas le genre qui se mêle de tout, j’ai pas compris ce qu’elle fichait là, dit-il encore un peu de mauvaise humeur. Il allongeait le pas pour quitter le quartier au plus vite.
– J’en sais rien non plus. C’est vrai quoi, pourquoi est-ce que ce genre de sous-êtres intéresserait le Léviathan ?
Lenny ne s’arrêta pas tout de suite. Un instant, il sembla que l’information ne l’intéressait absolument pas, ou lui semblait tout à fait normale. Puis, il s’arrêta.
– T’as dit quoi ?
– Le Léviathan. La femme que tu as rembarrée, c’était Le Lévianthan.
– Sérieux ? dit-il avec perplexité.
– T’as de la chance qu’elle soit pas trop susceptible pas vrai ? ricana Ozibuth.
– Ouais…
Il ne savait vraiment pas de quelle manière recevoir cette information. Se serait-il adresse à cette fausse femme de la même façon s’il avait connu sa nature ? Probablement que non. Le regrettait-il ? Pas forcément, il avait eu la réaction qui lui semblait la plus adaptée possible face à la situation, si on retirait cet élément. Si ce Léviathan ne voulait pas se faire insulter et traiter comme une simple enquiquineuse, il lui suffisait de prendre un autre rôle.
– Bah, j’ai vraiment bien fait de partir. Tu vois, j’ai senti qu’il fallait pas s’attarder ici, décréta-t-il.
En revanche, il n’était pas certain que cette histoire soit bonne pour ses affaires. On ne savait jamais avec les démons. Ils transformaient tout en piège selon les caprices de leurs inspirations, mais, si le piège avait été de le forcer à s’investir dans une sale histoire, il pouvait s’enorgueillir d’avoir échappé à cette sale combine. Oui, parfaitement. Ce démon marqué avait dû le trouver intraitable et impossible à manipuler. Il avait certainement eu le meilleur comportement possible. En quittant le quartier, Lenny en était absolument convaincu.
– Pourquoi t’as l’air aussi content de toi ? demanda Ozibuth. Je te signale qu’on rentre les poches totalement vides. Tu devrais être honnête avec toi même et considérer que tu t’es quand même salement raté sur ce coup.
Lenny fut aussitôt piqué au vif, à la grande satisfaction de son familier.
– Sur ce coup ? J’ai jamais voulu me lancer dans ce plan. Si on m’avait écouté depuis le début, on n’y serait pas allé !
– Ouais bah, tu ne t’es pas écouté toi-même surtout, j’ai forcé à rien hein. Tu y es allé parce que tu as admis toi-même qu’il fallait que tu te bouges les fesses pour gagner de l’argent. Après, si t’es content de rentrer d’une balade inutile comme un petit vieux…
– La ferme ! De l’argent, j’en trouve comme je veux !
– Ah ouais ? C’est pas l’impression que tu donnes…
Ils passaient à côté d’un guichet de banque où une mère avec une poussette était en train de taper son code. Il s’arrêta devant et quitta sa mine contrariée pour retrouver un grand sourire. Ozibuth allait bien voir qui était incapable de gagner de l’argent facilement ici.
– Excusez-moi madame, j’aurais un service à vous demander.
La femme le considéra rapidement. Elle avait d’abord fait un mouvement de recul en pensant être abordée par un mendiant, mais comment ne pas changer d’avis devant un charmant garçon blond, propre sur lui, qui gardait un adorable chinchilla blanc sur son épaule. Il devait avoir un service d’importance à lui demander, rien à voir avec de la mendicité. Avec son pouvoir, Lenny pouvait lui imposer de lui donner de l’argent sans préambule, mais y mettre la forme était plus sûr.
– Je viens d’apprendre que mon animal est très malade. Le vétérinaire peut lui sauver la vie, mais il me manque 200$ pour financer l’opération. – Bien, parfait, il était dans le rôle. Les larmes commençaient même à lui monter aux yeux. – Avec mes études, je ne peux pas me le permettre. C’est cet animal qui me permet de tenir depuis le décès de mes parents. Je ne sais vraiment plus quoi faire, alors si vous aviez cette somme, je vous serais infiniment reconnaissant.
Le regard de la femme s’était vidé d’expression à mesure qu’il déroulait son discours.
– Oh oui, bien sûr ! Tu sais quoi, je vais même te donner 300$, j’espère que ton petit animal pourra s’en sortir.
Elle tapa le chiffre sur le code et lui tendit les billets d’un geste trop brusque pour être naturel. Lenny les prit en la remerciant et se dépêcha de partir en rangeant les billets dans son sac.
– Ahaha le coup de la mère décédée, c’était incroyable ! Du grand cinéma ! s’enthousiasma Ozibuth. Je m’étonne toujours de la créativité dont tu es capable quand t’es lancé !
– Oui enfin, c’est bien parce que je ne peux pas finir cette journée sur un échec.
– T’as quand même été jusqu’à racketer une mère et son bébé. Moi je trouve ça marrant, mais il y a pas de quoi en être fier.
– Oh la ferme Ozibuth !

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