Les Dieux de New York
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We Belong Way Down Below [Terminé]

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Deborah LackeyDeborah Lackey


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We Belong Way Down Below [Terminé] Vide
MessageSujet: We Belong Way Down Below [Terminé] We Belong Way Down Below [Terminé] EmptyDim 26 Fév - 17:56

J'aurais voulu être ailleurs. N'importe où, mais pas ici. J'avais eu beau le répéter à ma soeur, elle avait fait la sourde oreille et me voilà donc ici. J'étais d'ailleurs en train de dresser une liste mentale des activités que j'aurais préféré faire. On m'aurait proposé de me faire enlever l'appendice avec un tournevis, et ce, sans anesthésie, et j'aurais sûrement dit oui plutôt que d'être là. Regarder pendant des heures des vidéos de chats: évidemment que oui. Regarder des heures de vidéos d'accouchement : ...moui. Me perdre dans les bois: oui. Manger des insectes: oui - ça a le goût du poulet il paraît. Écouter des discours politiques en boucle : oui. Faire un examen d'algèbre : oui. Assister à une liposuccion: oui.

L'appartement dans lequel Atara et moi nous trouvions était lugubre, poisseux et puant, mais pas en ruines. Vu l'état des lieux, il avait dû être quitté il y avait quelques mois, mais clairement ce que nous étions entrain de faire n'était pas le premier crime que ces murs avaient vus. J'avais vu des seringues souillées un peu partout et il me semblait bien voir des coulisses de sang rapidement lavées sur les murs de ce qui devait être le salon autrefois. Ma soeur m'avait traînée ici malgré mes réticences. Elle avait dit avoir une surprise pour moi et avait mentionné le bon vieux temps, donc une partie de moi avait été excitée de savoir ce que c'était. Une fois sur place, quand j'avais compris de quoi il en retournait, j'avais voulu partir, en disant à Atara qu'elle savait que je ne voulais plus faire cela, que j'avais changé, que j'étais ailleurs dans ma vie maintenant et que tout cela n'était plus moi. Je n'avais pas fait deux pas vers la sortie que ma soeur avait planté un couteau dans l'épaule de la victime ligotée sur une chaise. Cette dernière lança un cri aigu qui vint titiller le côté sombre en moi et je ne pus partir. C'était plus fort que moi. Je pouvais bien rester, mais juste un peu... Promis...


***

Je torturais donc la pauvre jeune femme depuis une bonne heure, en vivant la plus grande dualité de ma vie. D'un côté, je ne voulais pas vraiment lui faire du mal, parce que je voulais être bonne pour la société. Je voulais que Charles me trouve honorable et qu'il continue de m'aimer. Pour un policier, les règles étaient importantes, même s'il ne le répétait pas sans cesse, et Charles me rendait meilleure. Je voulais donc être bonne pour lui, de la même façon qu'il était bon pour moi. Mais d'un autre côté, ma nature malveillante voulait prendre le dessus. En tant que feu follet, j'avais été créée pour faire le mal sur mon passage. Mon âme, au fin fond, était démoniaque d'une certaine façon. Et elle, elle se nourrissait de la douleur, du mal des autres. Mon côté feu follet se délectait, se réjouissait, se plaisait donc de la situation. Mais je voulais être bonne...

En tirant lentement sur les entrailles de la victime pour les sortir de son ventre, je me demandais si Atara tentait de nous rapprocher l'une de l'autre, en misant sur nos points communs. Depuis que je sortais avec Charles, ma soeur et moi nous étions éloignées. Atara n'aimait pas mon amoureux et ne faisait aucun effort pour le cacher. Ce qui me rendait furieuse et extrêmement mal à l'aise, surtout lorsqu'elle crachait son venin pendant qu'il était là. J'avais donc pris mes distances avec ma soeur parce que je n'avais pas besoin qu'elle me répète son avis et qu'elle me fasse la gueule parce que j'étais en couple avec Charles. La jeune femme qui grognait au début hurlait maintenant. Je la giflai donc pour qu'elle se taise. Puis, je pris quelques pas de recul pour constater notre oeuvre familiale.

Satisfaite, je demandai à ma soeur:


-Ça va maintenant? On peut partir?
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Atara LackeyAtara Lackey


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MessageSujet: Re: We Belong Way Down Below [Terminé] We Belong Way Down Below [Terminé] EmptyDim 26 Fév - 18:43

Le nombre d'endroits abandonnés dans le quartier Grey était juste suffisant, à mon avis. Il y avait assez de lieux fréquentés pour que ce ne soit pas trop louche de s'y aventurer, et ceux-ci étaient encombrés de personnes de mauvaise vie. Cela tenait les gens avec un trop bon coeur à l'écart et rendait l'endroit moins intéressant à défendre pour les policiers. Donc, si on avait des choses louches à accomplir, c'était là où il fallait aller. De plus, les maisons et appartements déserts pouvaient facilement servir de cachettes. Il suffisait de trouver quelque part que personne n'avait déjà choisi.

J'aboutissais souvent dans l'un ou l'autre des appartements les plus délabrés de ce quartier quand j'avais une victime à tuer. Ceux avec un sous-sol étaient mes préférés parce qu'ils offraient une grande intimité. Aujourd'hui, j'avais envahi un appartement aux fenêtres pour la plupart barricadées. La porte de devant fermait encore, mais ne se verrouillait pas. Celle d'en-arrière menait à un perron fermé, et nous y avions laissé nos vêtements. J'avais déjà déposé de quoi se changer avant d'aller chercher Deborah. Je ne voulais pas que nous ruinions de beaux morceaux pour cette pauvre conne qui allait mourir ici.

J'avais choisi notre victime pour une excellente raison : c'était une personne détestable. La pauvre fille avait volé mon tour dans la file pour commander un café plus tôt dans la semaine et, quand je le lui avais gentiment fait remarquer, elle s'était contentée de me dévisager, glisser un œil réprobateur sur mon habillement et soupirer. Elle avait ensuite passé sa commande, mine de rien. Je n'avais pas fait de scène. J'avais pris une bouteille d'eau pour ne pas avoir à attendre qu'on me prépare un breuvage et j'étais sortie à la suite de la connasse, presque en même temps qu'elle. Je l'avais suivie à distance jusqu'à la triste boutique de vêtements recyclés où elle travaillait. Je n'avais eu qu'à passer la prendre là, ce soir. Je m'étais transformée en homme séduisant et j'avais abusé de mon pouvoir de charme. C'était à peine si elle ne m'avait pas suppliée de me suivre. Trop facile.

Sans en aviser Deborah, j'avais d'ailleurs remis mon pouvoir en marche, même alors que j'étais redevenue une femme et que la pauvre chérie se découvrait un air de famille avec un étalage de boucher. J'aimais la confusion qui assiégeait son regard. Bien fait pour elle.

Je fus transportée de joie quand je remarquai à quel point ma sœur tirait du plaisir de ma surprise. Je savais que la vraie Deborah existait encore, qu'elle ne pouvait pas s'être réellement transformée en cette poupée creuse qui ne vivait que de bonheur usiné. Cet enthousiasme me prouvait que mon plan était une bonne décision.

Je m'absentai quelques secondes du salon sous prétexte d'aller chercher une nouvelle arme sur le perron. J'avais sciemment laissé quelques couteaux à cet endroit… ainsi qu'un téléphone cellulaire jetable, acheté spécialement pour l'occasion, qui garantissait mon anonymat. L'appel au poste de police ne dura pas plus de dix secondes, le temps de donner l'adresse de l'appartement.

Quand je revins, je plantai le couteau que j'avais choisi dans la cuisse déjà passablement lacérée de notre victime.


-Ce qu'il y a de beau, avec les cafés extra-sucre extra-crème, c'est que ça fait de plus grosses cuisses à découper, ma chérie.

J'éclatai de rire. Cette journée était parfaite. Si mon plan se déroulait tel que prévu, je retrouverais ma sœur pour toujours. S'il dérapait, je trouverais comment arranger les choses… ou je tuerais Charles Demers.

-T'as entendu un truc? Je pense que ça venait de dehors. Bâillonne la conne. Je vais aller voir.

Je tournai le couteau un bref coup avant de partir, pour la chance. Je sortis par la porte de derrière et je profitai des quelques mètres me séparant de l'avant de l'immeuble pour me transformer en jolie fillette. J'étais toujours couverte de sang, vêtue d'un t-shirt de mec qui avait déjà été blanc, mais j'avais environ sept ans, une palette du haut en moins et d'épaisses boucles d'un blond doré sali de rouge.

Je n'eus à attendre qu'une minute pour qu'une voiture de police se gare juste devant l'immeuble. Je sortis de ma cachette en même temps que les policiers quittaient le véhicule. Je feignis les sanglots en m'approchant d'eux.


-Ma maman est… à l'intérieur… Elle est… La… La fille… est méchante. J'ai peur…

Je me jetai en pleurant contre celui des deux qui n'était pas ce sale Charles Demers, glissant ma petite main glacée dans sa grande main molle, l'obligeant à rester avec moi pour me consoler et me protéger. Lorsque je me sentis soulevée de terre, je dus réprimer un sourire. Celui-là n'allait pas me laisser toute seule dehors pour aller jouer au héros. Il avait compris son rôle. L'autre demeuré allait devoir jouer au courageux homme de la loi tout seul. Tout se passait exactement comme prévu. C'était si excitant!
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Deborah LackeyDeborah Lackey


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MessageSujet: Re: We Belong Way Down Below [Terminé] We Belong Way Down Below [Terminé] EmptyDim 24 Sep - 22:40

Tel que mentionné plusieurs fois plus tôt, depuis que j’étais avec Charles, j’avais calmé mes pulsions meurtrières et destructrices. Je savais qu’il voyait le crime négativement, son métier de policier l’y obligeant. Il était lui-même plein de vertus et de valeurs. Je voulais être à sa hauteur. Je voulais être une meilleure personne. C’était aussi parce que mon amoureux m’avait amené une nouvelle vision des choses que j’avais changé mes passes-temps. En tant que feu-follet, tuer était nécessaire pour mon évolution. Je ne voyais donc pas le mal dans ce que je faisais, j’y prenais plaisir même, afin de trouver une forme tangible plus rapidement. Et l’habitude étant ce qu’elle était, je ne me posais plus de questions et je le faisais, parce que j’en avais envie. Point. Cependant, Charles m’avait fait voir un autre côté de la médaille. Pour Charles, chaque corps retrouvé était synonyme de tristesse. Pas pour lui, parce qu’il s’était fait une carapace de métier, mais pour les autres. Un mort n’était que rarement seul; il avait une famille, des amis, des collègues. Ce n’était qu’une personne qui mourrait, mais c’était souvent plusieurs qui en souffraient. Il y avait ceux qui restaient. Chaque personne qui côtoyait, de près ou de loin, la personne morte aurait un choc en apprenant sa mort et souffrirait de son absence à sa façon. Chaque fois qu’il retrouvait une personne décédée, Charles devait aller annoncer à une femme, des enfants et-ou des parents la mort de leur proche. Il devait affronter le deuil de chacun. Il était le porteur de mauvaises nouvelles, mais il était aussi souvent celui qui devait réconforter. Il devait leur souhaiter bon courage, bonne continuation, mais sans jamais vraiment y croire, car il savait que les moments à venir seraient pénibles. Il n’y avait rien de facile d’aller choisir un cercueil ou une urne pour un proche, de prévoir les funérailles et l’enterrement. Il n’y avait rien de joyeux dans tout le processus mortuaire et les phrases toutes faites d’un policier ne les aiderait pas. Le mort était mort, c’était fini pour lui. Mais ceux qui restaient, eux, devait continuer à vivre. Ils devaient continuer de se lever chaque jour dans l’absence, se rappelant la routine qu’ils avaient avec le mort, se remémorant les derniers moments qu’ils avaient passés ensemble. Ils devaient continuer de voir défiler les jours, en se demandant ce que ce serait si leur proche disparu était toujours là. Ils se demanderait toute leur vie, à chaque décision qu’ils prendraient, si la personne qu’ils avaient perdu serait fière d’eux. Chaque anniversaire, ils auraient une pensée pour la personne décédée. Chaque fête leur rappelleraient que s’en était une de plus sans celui ou celle qui était mort. Quand la mort venait frapper à votre porte, elle brisait un carreau avec sa force de frappe, et alors, la vie n’était plus jamais la même. La vie continuait, oui, mais à quel prix?

J’avais donc cessé de tuer par plaisir. J’avais pris conscience de ce que ça impliquait et je ne trouvais plus la même satisfaction à voir la vie quitter les yeux de ma victime. Il y avait maintenant beaucoup plus de remords que de plaisir, ce qui rendait l’activité certainement moins intéressante. J’avais donc dit à Atara que je ne voulais plus le faire, que je préférais qu’on se trouve autre chose à partager. Ce soir cependant, elle avait su être convaincante et voilà pourquoi je me retrouvais les mains baignées du sang de cette jeune femme innocente. Je replaçai une mèche de mes cheveux, la baignant de sang au passage. Quand ma sœur planta le couteau dans la cuisse de la pauvre conne, j’éclatai de rire.


-Ce qu'il y a de beau, avec les cafés extra-sucre extra-crème, c'est que ça fait de plus grosses cuisses à découper, ma chérie.

J’éclatai encore de rire. Son geste était drôle, mais sa réplique était vraiment hilarante. Notre victime était en effet bien enrobée, ce qui me faisait me demander comment Atara, si menue, avait pu l’amener jusqu’ici.

-T'as entendu un truc? Je pense que ça venait de dehors. Bâillonne la conne. Je vais aller voir.

Je m’exécutai. Pendant que ma sœur était dehors, je repris le couteau de dans la cuisse de notre victime, pour le replanter deux ou trois fois dans sa cuisse. J’essayais de toujours viser le même trou, mais je n’étais pas la meilleure côté précision. Je sectionnai son artère fémorale, ou alors une très grosse veine, parce que du sang me gicla dans le visage. Vraiment beaucoup de sang. C’est à ce moment que je cessai d’essayer d’aiguiser ma justesse de tir, en laissant moi aussi le couteau au dernier endroit que j’avais frappé dans sa cuisse. La fille se tordait sur sa chaise et essayait de me parler, mais comme elle était bâillonnée, je n’entendais rien du tout. Ses yeux se révulsaient de plus en plus souvent, sa tête tombant par en arrière régulièrement maintenant. Si Atara ne se dépêchait pas, elle allait manquer les derniers moments de notre victime. Et je savais que c’était ce qu’elle préférait. J’allais la chercher, quand j’entendis effectivement des pas qui se rapprochaient. Croyant que c’était ma sœur adorée, je tirai un peu plus sur les boyaux de la jeune femme. Les pas s’étaient arrêtés à proximité, je tournai donc ma tête, tout sourire, pour regarder ma sœur et connaître ses intentions pour la suite.

Seulement, ce n’était pas Atara.


-Ch… Cha… Ch…

Je ne voulais pas y croire. J’étais sous le choc, je n’arrivais même pas à parler. Je fis quelques pas en arrière, pour m’éloigner de notre victime. J’essayai d’essuyer mes mains sur mes pantalons, mais elles étaient déjà tachées. Mes yeux se remplirent de larmes. Mon menton tremblait, mais moins que mes genoux. C’était un cauchemar. Je ne pouvais pas dire que ce n’était pas ce que ça avait l’air. J’étais couverte de sang, il y avait du matériel et des instruments un peu partout, ainsi qu’une grande bâche sous la chaise. C’était exactement ce que ça avait l’air d’être.

-Qu… qu’est-ce que tu.. tu fais là?

Il était en habit de policier. Il était sur ses heures de travail. Je voulais lui expliquer, mais je ne savais pas par où commencer.

-Je suis désolée… c’est que… je ne suis pas humaine et ma nature reprend parfois le dessus… C’est la première fois depuis si longtemps… Je… je… suis un feu-follet. Je t’en prie comprends. J’existe depuis l’époque de la peste noire, je suis morte et je suis revenue sous forme de petite flamme, mais pour redevenir humains, on doit pousser les gens vers la mort, alors c’est comme une deuxième nature pour moi… mais je la combat… je veux être bonne… J’aurais dû te le dire, mais… la magie… Je ne veux pas être ça… Ne me déteste pas… s’il te plait...

J’avais l’air d’une folle avec ce discours si décousu, mais je paniquais et je mettais tellement d’énergie à ne pas fondre en larmes que je perdais un peu le fil.
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MessageSujet: Re: We Belong Way Down Below [Terminé] We Belong Way Down Below [Terminé] EmptyLun 12 Fév - 14:44

Je ne raconte pas tellement mes journées à mes amis ni à Deborah. Je leur dis les trucs normaux, les anecdotes et les relations avec les collègues de travail, mais pas ce qui relève du film d'horreur. C'est en partie parce que je préfère les épargner. Je pense que, sans voir une scène affreuse, se créer des images à partir des détails qu'on nous en raconte suffit amplement à être bouleversé. Vu comment la population en général a du mal à se remettre depuis l'ouverture de la brèche – et ça fait presque dix ans, les mauvaises nouvelles ont un pouvoir amplifié. Du moins, c'est l'impression que l'attitude des gens que je croise au poste me donne. En tant que policier, je suis aux premières loges comme témoin de la violence et du désespoir dans la ville. Encore cette semaine, je suis intervenu trois fois auprès de gens qui présentaient un comportement dangereux à cause d'un trop fort état de panique.

J'essaie de calmer ma propre contrariété quand je suis appelé dans le quartier Grey, aujourd'hui. Je sais que ce sera quelque chose d'affreux. La police n'intervient pas dans ce quartier à moins que ce soit pour des activités spécialement hors normes. En général, on laisse les gens qui ont choisi d'habiter ce quartier régler leurs différends entre eux. Je ne suis pas aveugle : je sais qu'une bonne quantité d'habitants de ce quartier provient de la classe pauvre de la ville, donc que leur apparente décision d'élire domicile à cet endroit relève plutôt du manque de moyens de s'offrir mieux. Anthony écrit régulièrement des articles à ce sujet, sur comment il est difficile de se sortir de la pauvreté quand toute la société te dit que tu n'as qu'à trouver un meilleur travail, alors que la réalité est infiniment plus complexe. Ma sympathie pour une partie de la population du quartier Grey ne m'empêche tout de même pas de détester devoir me rendre dans cette partie de la ville.

La vision de la petite fille me paralyse quelques secondes. Les jeunes enfants me rendent toujours spécialement débile. Faudrait que je travaille là-dessus. Justin m'a conseillé d'aller voir un psychologue, mais je n'ai pas envie de parler de Mégane à n'importe qui. Je ne veux pas qu'un professionnel la transforme en souvenir tranquille sous prétexte de me rendre plus équilibré.


-Ma maman est… à l'intérieur… Elle est… La… La fille… est méchante. J'ai peur…

J'attends d'être hors du champ de vision de la petite pour prendre mon arme et enlever son cran de sûreté. J'entre le plus furtivement possible dans l'appartement, par la porte de devant, mais celle-ci émet un grincement, et je m'en veux de ne pas m'y être préparé. Je m'avance lentement et traverse le salon, vide en dehors de quelques meubles défoncés. Des sanglots attirent mon attention vers ce qui doit être la cuisine. Prêt à tirer, je m'y aventure.

Je suis presque étonné de ne rien ressentir à la vue du sang en grande quantité. La femme lacérée allongée sur la table me regarde en tremblant, incapable d'appeler à l'aide autrement qu'avec son regard rougi par les larmes. Je fais un pas vers elle, mais un mouvement attire mon attention et je tourne mon arme dans sa direction. Tous les policiers n'ont pas exactement les mêmes armes. Je préfère généralement avoir un pistolet apparemment normal. Comme je vise plutôt bien, tirer une balle à la fois ne me désavantage pas, et je n'ai pas à gérer la sécurité d'une mitraillette qui, entre n'importe quelles mains, se révélera meurtrière. Les balles de mon pistolet peuvent accomplir le même travail que des balles ordinaires, mais elles sont en plus ensorcelées de sorte à neutraliser sans la tuer (si je ne touche pas un organe vital) toute créature, magique ou non, avec qui elles entrent en contact.

Quand je vois Deborah, je n'arrive pas à analyser l'information qui se trouve sous mes yeux, mais mon instinct fait rapidement dérailler mon rythme cardiaque et mes jambes ainsi que mes bras deviennent bizarrement plus mous. Je ne baisse pas mon arme, mais je n'arrive pas à parler. Mes yeux sont vrillés dans ceux de Deborah, et je sens comme une chute, un vertige, dans toute ma poitrine. J'ai du mal à respirer.


-Ch… Cha… Ch… Qu… qu’est-ce que tu.. tu fais là?

Je ne comprends pas ce qui se passe, ni qui est cette étrangère qui me parle comme si elle me connaissait.

-Je suis désolée… c’est que… je ne suis pas humaine et ma nature reprend parfois le dessus… C’est la première fois depuis si longtemps… Je… je… suis un feu-follet. Je t’en prie comprends. J’existe depuis l’époque de la peste noire, je suis morte et je suis revenue sous forme de petite flamme, mais pour redevenir humains, on doit pousser les gens vers la mort, alors c’est comme une deuxième nature pour moi… mais je la combat… je veux être bonne… J’aurais dû te le dire, mais… la magie… Je ne veux pas être ça… Ne me déteste pas… s’il te plait...

J'essaie de ne pas y croire, de me convaincre que j'ai affaire à quelqu'un d'autre qu'à la femme que j'aime, mais les morceaux du casse-tête s'emboîtent trop parfaitement. Des dizaines d'indices ignorés au fil des mois assaillent mon esprit en même temps. Je n'ai pas la force de tous les refouler.

-Tu crois que ton existence justifie le massacre d'innocents? dis-je entre mes dents. En quoi essaies-tu d'être bonne, comme tu dis, aujourd'hui?

Je n'arrive pas à autre chose que lancer mes accusations comme des questions. Quel type de monstre ai-je sous les yeux? Tout l'amour que je ressens pour Deborah tourbillonne dans ma poitrine, mais il ne me fait pas baisser l'arme pointée sur elle.
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MessageSujet: Re: We Belong Way Down Below [Terminé] We Belong Way Down Below [Terminé] EmptyVen 20 Avr - 22:01

Mon interprétation d'une fillette ne méritait pas de trophée, mais je ne côtoyais pas d'enfants. En fait, je ne me rappelais plus la dernière fois où j'avais seulement parlé à quelqu'un n'étant pas adulte autrement que pour lui dire de s'enlever de mon chemin. Je ne détestais pas spécialement les gamins - il m'était même arrivé de bien rigoler avec des enfants par le passé -, mais je n'allais pas vers ceux que je ne connaissais pas et ils ne faisaient pas partie de mon monde. Les enfants étaient bien rares dans les bars et les amis qui gravitaient autour de moi n'avaient pas d'enfants. Toute ma famille était stérile et, même après tant d'années, aucun d'entre nous n'avait eu envie d'être parent en adoptant. J'aurais bien vu Myriam en petite maman bien ringarde, mais il était plus difficile de s'occuper d'un enfant en restant intangible.

J'étouffai un rire de satisfaction quand Charles se dirigea vers l'appartement, et l'étreinte de son collègue se resserra, signe qu'il me pensait en train de pleurer. Je laissai à peine une minute d'avance à mon ennemi. Je ne voulais pas mettre ma sœur en danger et il risquait de perdre le contrôle avec ce qui l'attendait à l'intérieur. Je repoussai le policier en le frappant à coups de poings et de pieds. Bien élevé, il me lâcha en s'excusant. Son air ahuri et effrayé me réjouit lorsqu'il me vit me transformer en boule de feu et foncer vers l'arrière de la maison.

Nue parce que je venais de faire brûler mon haut, j'enfilai à toute vitesse les vêtements que j'avais abandonnés avant ma petite prestation aux policiers. J'entrai furtivement par l'arrière de l'appartement, prête à faire feu sur Charles Demers ou son stupide collègue s'il avait été assez rapide et imprudent pour déjà se joindre à la fête.


-… Ne me déteste pas… s’il te plait...

La voix de Deborah me fit encore plus détester ce stupide Charles Demers de me forcer à la mettre dans cet état. Je savais que la douleur de ma sœur était nécessaire pour qu'elle redevienne elle-même, mais je restai figée quelques secondes en la fixant, horrifiée devant le résultat que j'attendais pourtant.

-Tu crois que ton existence justifie le massacre d'innocents? En quoi essaies-tu d'être bonne, comme tu dis, aujourd'hui?

Voilà qu'il nous faisait le coup du grand moralisateur! Il réussit à me détourner de ma contemplation du malheur de Deborah pour me concentrer sur la menace qu'il représentait, avec son arme toujours braquée sur elle. Sa réaction me satisfaisait et m'enrageait à la fois. Elle était préférable à un changement inattendu de son côté: il aurait pu accepter la noirceur de ma sœur. Même si sa fermeture me garantissait la victoire et prouvait que j'avais raison de l'éloigner de Deborah, je lui en voulus de la laisser tomber. Comment osait-il la tenir en joue après tout l'amour qu'elle lui avait offert?

-BAISSE TA STUPIDE ARME! hurlai-je en préparant une boule de feu.

Je profitai du choc que mon intervention provoqua chez le débile pour lui envoyer le projectile dans le ventre. Il tomba sur le dos et je me précipitai pour prendre l'arme qui collait à sa peau sous l'effet de la chaleur. Au moment où mes doigts se refermaient sur celle-ci, je perçus un mouvement sur ma gauche. Criant de nouveau comme une furie, je me lançai sur celui qui venait de passer le cadrage à moitié décloué de la cuisine et le heurtai de mon épaule en pleine poitrine. Contrairement à son collègue inutile, il ne tomba pas. Je le sentis me planter un truc pointu dans le flanc. Un coup d'œil me confirma qu'il s'agissait d'un gadget visant à contenir la magie. Un danseur du Velvet avait un petit ami dans la police et il m'avait décrit tous leurs bidules. Ce policier devait être drôlement moins imbécile que Charles Demers. Malheureusement pour lui, les moyens utilisés contre les créatures magiques normales fonctionnaient différemment sur les feux follets. Notre imperméabilité à la magie nous rendait impossibles à contrer par des armes créés par des sorciers.

Le dispositif censé aspirer ma magie s'enflamma en même temps que moi, et le policier me lâcha en hurlant. Il vida son chargeur sur moi, mais les balles me traversèrent sans me blesser. Elles firent éclater l'une des seules fenêtres encore en bon état du bâtiment. Je repris forme humaine, complètement nue, très certainement avec une expression hystérique. Je me composai un visage cauchemardesque, très blanc avec des yeux noirs et des dents bien aiguisées. Je souhaitais que ces policiers n'aient plus envie de nous embêter.


-Tu ne peux rien contre nous! clamai-je sur un ton exagérément dramatique en faisant craquer mon cou à quelques reprises. Nous sommes invincibles!

Je me plaçai entre les deux hommes et ma sœur et jetai un coup d'œil à celle-ci.

-Deborah, boule de feu! lui lançai-je sur un ton sec en murmurant très fort.

Ma sœur était sous le choc, mais je la savais intelligente, et nous n'en étions pas à notre première situation d'urgence. Elle ne m'avait jamais déçue en de tels cas.

-Demers, nous te laissons une chance parce que tu as été bon envers ma sœur, MAIS C'EST LA DERNIÈRE FOIS. Nous existons depuis plus longtemps que votre petite mémoire d'humain peut le concevoir. Ne t'approche plus de nous.

Je tournai à toute vitesse mon regard inhumain vers l'autre policier.

-Vos armes n'ont aucun effet sur nous. Je vous déconseille de nous importuner de nouveau et…

Je m'interrompis en recevant la décharge électrique envoyée par le policier dans mon visage. Comme elle était d'origine magique, elle ne fit rien de plus que m'aveugler légèrement. Et m'énerver. Après avoir laissé échapper un cri de rage, je redevins une boule de feu et fonçai sur celui qui se révélait finalement aussi stupide que Charles Demers, tournant autour de lui, collée à sa peau, bercée par ses hurlements. Il essaya de fuir et il se débattit, mais il ne pouvait pas m'échapper. Je l'abandonnai quand je fus certaine qu'il agonisait, puis je longeai les murs et le plafond pour embraser les lieux.
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Deborah LackeyDeborah Lackey


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MessageSujet: Re: We Belong Way Down Below [Terminé] We Belong Way Down Below [Terminé] EmptyMer 23 Mai - 13:24

Depuis que j’étais un feu-follet tangible, j’avais eu plusieurs relations amoureuses, mais aucune aussi intenses. Charles et moi étions en accord sur tellement de sujets et on partageait le même humour, tellement que parfois j’avais l’impression qu’on avait un seul cerveau. Je ressentais un lien si fort que c’était comme si le souffle me coupait quand je restais trop longtemps loin de lui. Je me sentais si bien en sa présence que j’en oubliais tout le reste. Il me faisait me sentir femme et forte, et pas seulement au lit. Parce que les bons amants étaient quand même fréquents, mais les bons amoureux eux, étaient moins faciles à trouver. Dans une société de surconsommation, une société où tout le monde vit dans l’excès et dans l’obsession du moment présent, vivre des relations éphémères était un jeu d’enfants, puisque la majorité recherchait la même chose. Alors, quand on tombait sur une personne aussi exceptionnelle que Charles Demers, avec des bonnes valeurs et une tête sur les épaules, qui réfléchissait à autre chose qu’à la grosseur de ses biceps et qui avait une conscience sociale, avec une envie de bâtir un futur dans une relation monogame, il ne fallait surtout pas le laisser passer. J’aimais le temps passé en sa compagnie. J’aimais qu’on pouvait passer un bon moment tant en silence à lire chacun notre roman ou alors à philosopher sur le sens de la vie. Je recherchais quelqu’un avec qui je pouvais avoir des discussions intellectuelles autant que je pouvais aller faire voler un cerf-volant au parc en riant aussi fort que je le voulais. J’avais besoin de quelqu’un de sérieux, mais avec assez de folie pour me suivre. Et Charles m’offrait tout ça. Charles me permettait de mettre de côté ma nature plus sombre, de vivre une vie normale et d’être aimée. Ce que j’avais avec Charles, j’avais de la difficulté à l’exprimer en mots. Jamais je n’avais aimé quelqu’un aussi fort depuis si longtemps. Lucas avait été le plus récent et ça faisait un bon bout de temps déjà. Avec Charles, tout était facile. Je ne devais rien forcer et je me sentais bien en sa présence. Quand je sentais que tout s’écroulait, je savais qu’en le regardant dans les yeux, tout irait mieux.

Mais pas cette fois.
Cette fois, ses yeux ne reflétait pas la douceur, l’amour et la passion qu’ils m’offraient habituellement.
Cette fois, mon monde s’écroulait pour vrai. Personne ne l’empêcherait de tomber par un simple regard.

Charles pointait son arme sur moi avec des yeux que j’aurais voulu ne jamais voir.


-Tu crois que ton existence justifie le massacre d'innocents? En quoi essaies-tu d'être bonne, comme tu dis, aujourd'hui?

-Je… je t’en prie, essaie de comprendre!

-BAISSE TA STUPIDE ARME!

-Atara, non!


Sa boule de feu partit en même temps que je l’implorais. Je ne voulais pas que ma sœur lui fasse du mal. Charles ne faisais que son travail. Il aurait pu me tirer dessus aussi souvent qu’il avait de balles dans son chargeur, mais il ne l’avait pas fait. Il ne méritait pas de souffrir ou de mourir. Même si je voyais bien qu’il n’y avait pas espoir qu’il puisse me pardonner. Avec la noirceur de ses yeux et la dureté de son discours, le lien que nous avions était brisé. Charles tomba sur le dos et souffrait de sa brûlure. Je voulais me précipiter sur lui et l’aider à se lever, pour aller prendre soin de lui. Le tenir contre moi et m’excuser, qu’on fasse comme si rien ne s’était passé. Mais mes jambes ne répondaient pas. Elles ne voulaient ni avancer ni reculer. C’était déjà beaucoup leur demander de simplement me garder debout. Je les sentais qui tremblaient. J’étais figée sur place, les larmes coulant sur mes joues, sans que je puisse les retenir.

Le collègue de Charles entra dans l’appartement. Atara et moi allions être dans un grave pétrin si nous ne faisions rien, mais je n’arrivais pas à réfléchir. J’eus conscience qu’Atara se battait avec l’autre policier, mais j’avais seulement envie de me laisser tomber au sol et me mettre en position fœtale pour pleurer. Je n’avais pas la force de me battre. Je regardais Charles au sol, le regard embrouillé par les larmes et je ne savais plus quoi faire. J’avais perdu tous mes repères.


-Tu ne peux rien contre nous! Nous sommes invincibles! Deborah, boule de feu!

Ma sœur avait encore toute sa tête et elle avait raison. On ne pouvait pas rester plus longtemps sur les lieux. Il y avait trop de risques. Et si le policier avait appelé du renfort avant d’entrer dans l’appartement? On en pouvait en être sûres, il ne fallait pas prendre de chances. Deux policiers, on pouvait contrôler ça, ce ne serait pas la première fois, mais plusieurs policiers, ça devenait compliqué. Je savais qu’en quittant cet appartement miteux, je mettais aussi fin à ma relation avec Charles. Mais je n’avais pas la force d’essayer de lui expliquer. Je ne pouvais pas sentir son jugement, je ne voulais pas. Je ne fis que quitter rapidement les lieux sous forme de boule de feu, ne pouvant parler ou regarder Charles plus longtemps. Je ne regardai pas en arrière et j'allai directement chez moi pour y attendre ma soeur.
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Policier badass et mal engueulé
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Phobie: La tristesse, les crises de douleur
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We Belong Way Down Below [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: We Belong Way Down Below [Terminé] We Belong Way Down Below [Terminé] EmptyLun 6 Aoû - 15:30

Je sais que les créatures magiques fonctionnent différemment des humains. J'en ai connu plusieurs au cours de ma vie et Justin m'a donné un petit cours sur des notions qui m'échappaient. Je ne peux pas en vouloir à un vampire d'avoir besoin de sang ni à une sirène de se nourrir de chair humaine, même si c'est dégueulasse. J'accepte le tempérament plus brusque des lycans et je comprends les accidents de transformation. Dans tous les cas, je suis ouvert à ce qui ne peut être contourné par une créature magique et à ce qui est nécessaire à sa survie.

Ce que Deborah fait, magie ou non, est inacceptable. Je sais que les êtres de l'ombre ont des pulsions violentes, mais tuer par plaisir n'est pas un besoin. C'est une décision. Un vampire peut boire du sang sans s'en prendre à des humains et une sirène peut se nourrir de la chair de cadavres sans tuer d'innocents. C'est toujours une question de choix. Deborah s'est établie parmi les humains, au point de se faire des amis et même un… moi. Et elle s'adonne à ce genre d'horreurs, comme si tous ces gens n'avaient aucune importance réelle, ou comme si ses victimes appartenaient à une catégorie inférieure d'humains.

Elle est visiblement démolie que je découvre ses habitudes. Parce que je suis convaincu que ce n'est pas un événement isolé. Elle semble beaucoup plus à l'aise avec l'état de sa victime qu'avec le mien.


-BAISSE TA STUPIDE ARME!

Je n'ai pas le temps de réagir. Je reçois la boule de feu de front et je suis projeté sur le dos.

-Caliss...

Le choc me paralyse et je sens ma peau s'arracher quand Atara prends l'arme de ma main. Sonné par la douleur, je me relève difficilement en suivant Atara des yeux alors qu'elle se lance sur mon collègue. Le soulagement que je ressens en le voyant la neutraliser avec une arme magique s'éteint rapidement quand je réalise que le couteau n'a apparemment pas d'effet sur elle. Je fais un pas, puis m'immobilise comme un lâche alors qu'elle prend feu en détruisant le dispositif et en blessant mon partenaire.

Je pense à regarder Deborah, me méfiant de sa participation à l'attaque menée par sa sœur, mais elle semble aussi inutile que moi. La voir pleurer me donne envie d'aller vers elle pour lui dire que tout va bien aller, ce qui n'a aucun sens. La douleur dans presque tout mon corps me ramène à la raison. Je suis en situation de vie ou de mort et Deborah est mon ennemie.

Les coups de feu me détournent d'elle.


-Tu ne peux rien contre nous! Nous sommes invincibles!

Atara est monstreuse. Je m'avance tout de même vers elle. Je n'ai pas d'arme et je suis salement amoché, mais j'ai confiance en mes capacités au corps à corps. Je repense au feu. Je m'immobilise. Je peux me battre, mais je ne vaux rien contre des flammes.

-Deborah, boule de feu!

Voir Atara prendre feu ne m'avait que moyennement étonné après qu'elle m'ait attaqué. J'avais instinctivement déviné que Deborah possédait le même genre de capacités. Sauf que s'en douter et le voir en vrai, c'est deux mondes.

Je fixe Deborah, oubliant la menace que représente sa furie de sœur pendant plusieurs secondes.


-Demers, nous te laissons une chance parce que tu as été bon envers ma sœur, MAIS C'EST LA DERNIÈRE FOIS. Nous existons depuis plus longtemps que votre petite mémoire d'humain peut le concevoir. Ne t'approche plus de nous.

Je savais déjà qu'elle était folle, mais à ce moment, je ne peux m'empêcher de me le répéter mentalement. Folle, théâtrale et terrifiante. Un criss de cauchemar.

-Vos armes n'ont aucun effet sur nous. Je vous déconseille de nous importuner de nouveau et…

Je tourne une expression horrifiée vers mon collègue en réalisant qu'il vient d'interrompre le monstre en l'attaquant en plein discours d'épargnement. Il n'a pas compris que nous ne sommes pas de taille? Je sais avant qu'Atara prenne de nouveau feu qu'il vient de signer son arrêt de mort.

Je ne ferme pas les yeux pendant l'exécution de mon partenaire. Je mérite de graver ces images dans ma mémoire. Après tout, c'est ma naïveté qui est à l'origine de tout ce qui est en train d'arriver.


***

Il y a presque un mois que j'ai découvert que Deborah est un monstre. La victime de ce jour-là a brûlé avec la maison qu'elle et Atara ont incendiée et n'a toujours pas été identifiée. Il y a une bonne dizaine de personnes disparues répondant à la description que j'ai pu fournir de la femme. Je n'ai aucune idée de ce qui a pu arriver à la petite fille. A-t-elle péri dans le feu elle aussi? Était-elle une sorte de piège magique destiné à disparaître? Il est même possible qu'elle soit finalement une autre créature de cauchemar comme les Lackey. La question me hante.

J'ai dû prendre trois semaines de congé après les événements. J'étais incapable de fonctionner. Encore aujourd'hui, j'ai du mal à entrer dans la voiture de police. Je ne suis pas le premier policier traumatisé, et certainement pas le dernier, donc mes collègues ne me traitent pas en extraterrestre. Après tout, mon partenaire est mort, ce jour-là.

On me dit que je suis courageux d'avoir repris le travail si vite. La vérité, c'est que je n'ai pas le choix. Soit je me concentre à vivre normalement, soit je cours vers Deborah. Je suis convaincu qu'elle va me tuer si elle me voit. Si elle ne le fait pas, ce sera Atara. Enfin, je vois mal comment cette histoire peut bien finir, après ce dont j'ai été témoin. Je sais que je ne suis pas de taille contre de telles créatures, et je ne veux pas mettre en danger d'autres policiers. Selon Justin, il y a pas mal d'êtres maléfiques en ville et les autorités les plus élevées sont au courant et les laissent faire tant qu'elles ne font pas trop de dommages. Il a dit que les Lackey sont des feux follets. Il s'est informé après que je lui ai raconté ce qui s'est passé. Deborah est un monstre que même la magie ne peut atteindre. Ça me rend malade, cette certitude d'être trop petit, trop faible pour changer les choses.

Je ne peux rien faire.


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