Les Dieux de New York
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Être cool, c'est héréditaire [Terminé]

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Alistair KeatingAlistair Keating


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MessageSujet: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyMer 14 Sep - 19:45

Je revins sur mes pas. C'était la quatrième fois. Pour un démon qui enlevait des gros durs pour les torturer longuement, les dépecer et offrir leurs morceaux à des créatures dévoreuses d'humains, j'étais une mauviette. J'avais décidé que ce serait soir, mais je n'arrivais pas à m'approcher de celui de qui je voulais faire la connaissance. À chaque essai, je paniquais et retournais à la table que j'avais choisie pour l'observer de loin.

Habituellement, je n'étais pas un tel désastre social. Je n'étais ni timide ni effrayé par le contact avec les autres. J'aimais bien observer les gens, mais aussi leur parler et prendre du bon temps avec eux. En tant que demi-faune, bien sûr, j'avais aussi une tendance à passer facilement aux rapprochements physiques. L'homme auquel je n'arrivais pas à adresser la parole ce soir ne m'intéressait pas pour une nuit torride, et ce n'était pas parce que je levais le nez sur les hommes en général. Il avait passé plus d'un homme, mais aussi plus d'une femme, dans mon lit depuis mon adolescence. Démons, humains, sorciers, créatures de toutes sortes… Je n'étais pas difficile. Je ne me faisais pas croire que je n'étais pas un pervers. Même en côtoyant des humains et en étant influencé par leurs valeurs, je restais une créature maléfique. Je ne condamnais pas la perversité, quelle qu'en soit sa forme. Elle existait pour nourrir les êtres de l'ombre et les êtres touchés par la noirceur.

Il y avait plus de cinq ans que je connaissais l'identité de mon père. Maman me l'avait révélée à mes vingt ans et, au début, j'avais rejeté l'information comme si elle ne valait rien. Depuis mon enfance, je voulais connaître mon père. J'étais une personne très curieuse et je n'avais jamais bien pris qu'une telle information me soit refusée. Donc, lorsque j'avais finalement eu le droit de la connaître, il m'avait été tout naturel de l'ignorer, mon enthousiasme ayant été réduit à néant au fil des ans. Il m'avait fallu un an pour m'intéresser de nouveau à cet aspect de ma vie. J'avais engagé un sorcier avec un pouvoir de localisation mais, ne disposant que du nom et de la race de mon père, il n'avait pas pu le retrouver. (En fait, c'était probablement juste un incompétent. C'était ce que je lui avais répété, il y avait quelques mois, en l'éviscérant.)

J'étais donc moi-même allé sur les terres où ma mère avait rencontré mon père des années plus tôt. Je n'y avais trouvé que quelques créatures des forêts, lesquelles m'avaient raconté qu'elles avaient pris possession des lieux après l'ouverture de la brèche magique, en 2007. Tous les anciens habitants de ces lieux avaient apparemment été emportés par la catastrophe. Il ne restait plus personne. De toute évidence, mon père était mort il y avait des années et je n'avais pas pu le connaître. Mon effondrement dura des mois. Je m'isolai d'une manière qui rappelait celle de Lydia. C'est Irène qui me sortit de cette prison. Elle savait ce que je vivais, ayant perdu sa sœur jumelle et ayant été rejetée par sa famille du côté paternel. Je remontai la pente avec son aide, mais aussi avec celle d'Olivia, que je laissai de nouveau m'influencer avec son positivisme.

C'était en m'intéressant à Voueko, un dieu bizarre qui avait séjourné aux Enfers malgré lui, que j'avais découvert que mon père était en vie. Le dieu avait été libéré des Enfers et, au début, je m'étais seulement vaguement intéressé à lui : il était à New York, tant mieux pour lui. De temps en temps, je m'informais sur sa vie, car je voulais profiter des occasions s'il se mettait à fréquenter d'autres dieux. Je n'avais toujours pas découvert l'identité du père de ma jeune sœur et je n'abandonnais pas mes recherches. Il y avait quelques mois, j'avais fait une petite recherche sur le nouveau collègue de mon père et son nom m'avait fait perdre la carte pendant plusieurs minutes. Talfryn Caerwyn! Il s'agissait de mon père! Je m'étais forcé à me calmer. Ce n'était peut-être qu'un hasard. Peut-être que je m'emportais (encore) pour rien.

J'avais effectué quelques recherches, confirmant que Talfryn était bien un faune et m'informant qu'il était officiellement le frère d'un certain Merwyn Caerwyn – un nom que j'avais entendu lorsque j'essayais d'en apprendre plus sur ma famille quelques années plus tôt. Il n'y avait vraisemblablement plus de doute : mon père avait survécu. Néanmoins, après toute la souffrance que la nouvelle de sa mort avait créée en moi, j'hésitais à me laisser emporter. J'avais donc observé Talfryn Caerwyn durant des mois, dévorant le moindre indice prouvant que nous étions bel et bien liés.

Ce soir, bien convaincu que j'étais à quelques mètres de mon père, j'étais figé par la peur. J'avais l'habitude d'être débile, mais pas de cette manière. Pour la cinquième fois, je me levai et me dirigeai vers lui. Je franchis une distance beaucoup plus longues que lors de mes autres essais. Mes jambes s'alourdirent cependant de plus en plus à chaque pas et j'étais presque réduit à l'immobilité, sur le point de revenir une nouvelle fois à mon point de départ, quand je croisai le regard de Talfryn. De papa. Je ne pouvais plus reculer. J'aurais l'air beaucoup trop con. Je vins donc m'asseoir près de lui, déposant mon verre pour éviter que mes mains tremblantes fassent cogner les glaçons contre la vitre et trahissent mon état.

Je fixai mon père en essayant de me rappeler ce que j'avais prévu lui dire. Avais-je seulement décidé ce que j'allais lui dire exactement? Il me semblait que non. Était-ce une subite amnésie ou avais-je été trop absorbé par différentes hypothèses pour en choisir une plus efficace que les autres. Le temps s'écoulait et je n'arrivais à rien articuler. Il allait me prendre pour un fou.


-Je… euh… Salut, je suis un faune moi aussi.

La stupidité de mes paroles me permit au moins de rendre mon sourire plus naturel.
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyJeu 2 Fév - 17:47

Vivre au contact des humains n'était pas toujours très amusant. Ce n'était en tout cas pas aussi extraordinaire que je l'espérais mais mon père m'avait prévenu : avec les faiblesses de mon espèce, je ne pouvais pas profiter au maximum des plaisirs de la ville. J'avais l'habitude d'être entouré d'une bande d'amis mais, ici, j'étais seul. En travaillant de nuit dans l'espoir d'une intégration, mes possibilités pour créer une vie sociale étaient limitées, et chaque fois que j'essayais, des incidents me rappelaient que je ne pouvais pas me lâcher comme je le souhaitais. Je voulais me laisser aller comme les autres fêtards, mais si je buvais trop, je finissais aussi par me laisser envahir par le désir des autres, et les autres ne pensaient plus qu'à ça aussi. Ma dernière grande soirée s'était terminée en partouze générale dans un appartement étudiant, ce qui était terriblement exaltant sur le coup. Mais, quand j'avais commencé à décuver le lendemain, je m'en étais beaucoup voulu. Qui aurait pu dire qui avait fait quoi ensemble ? Comment allaient se regarder deux amis de sexe masculin, éternels compères depuis des années, simples camarades d'aventures, en réalisant ce qu'ils avaient fait ensemble ? Je m'étais vainement caché sous la couette d'effroi au souvenir de deux sœurs piégées, elles aussi au milieu de cette joyeuse orgie. Avaient-elles commis l'irréparable elles aussi ? En découvrant ma gueule de bois et ma mine maussade, mon père m'avait lancé un regard soupçonneux propre à me mettre encore plus mal à l'aise. Je n'avais rien osé dire. Si la même chose s'était passée entre faunes et dryades, tout le monde aurait été très satisfait. Ce genre de choses me manquaient. Je pouvais bien entendu m'amuser de cette manière avec des groupes de personnes très ouvertes sur la question du partage de la jouissance, mais il fallait les trouver et ça ne me plaisait pas de rencontrer des gens juste pour ça. Je voulais m'intégrer à des groupes qui m'inspiraient, qui avaient de la conversation, de l'humour, et pas juste des pervers qui cherchaient des sensations fortes pour combler le vide de leur existence.

Au final, je m'étais réfugié sur des sites de rencontres, à la recherche d'une femme qui avait peut-être besoin d'un amour plus fort que les autres. Mon frère Macsen m'avait souvent vanté l'intérêt de garder une partenaire régulière pour ne pas finir toujours dans l'angoisse de la perte de contrôle. Et puis je voyais mon père heureux avec sa fiancée, j'avais envie de jouer à l'humain comme lui moi aussi. Pourquoi n'en serais-je pas capable ? D'accord, l'humaine risquait de finir maladivement accro à moi, mais si, à la base, on s'entendait bien, quel mal y avait-il ? Ce serait ce qu'elle voudrait non ? J'avais donc pris le temps de faire la connaissance d'une certaine Clarissa sur Internet. Elle était gentille, avait encore très peu d'expérience mais rêvait d'un amour absolu. Je me suis dit que je pouvais parfaitement lui offrir ça. En plus, elle avait beaucoup d'intérêts adorables. Elle peignait des animaux et lisait beaucoup de livres. Elle me donnait même envie de me réaliser dans autre chose que la police, qui ne me semblait plus toujours très adapté à mes aspirations. Mais je ne trouvais pour l'instant rien d'assez motivant pour me lancer. Au bout de deux semaines à se parler tous les jours sans rien en dire à mon père, j'avais décidé de la rencontrer et les choses s'étaient bien entendu conclues très rapidement. Ça avait été très passionnel et je n'ai pas su tout arrêter à temps. J'ai réalisé trop tard que je n'avais pas suffisamment prêté attention à mon influence sur la jeune femme. Elle s'est mise à me harceler de messages, à me supplier en larmes de ne pas partir quand je devais rentrer chez moi. Il semblait trop tard pour la ramener à la raison et, en plus, ça m'ennuyait. Je m'étais un peu lassée de coucher avec elle au bout de trois semaines. J'y suis un peu retourné « pour lui faire plaisir » puis j'ai fini sans trop savoir comment au Velvet un soir, à éteindre mon portable pour me jeter dans les bras d'une sirène et réaliser à quel point j'avais besoin de nouveauté. Ensuite, après avoir considéré avec inquiétude mon téléphone éteint plusieurs jours, j'ai finalement sorti et brisé la carte sim. Je n'ai ouvert aucun des mails de Clarissa, je ne veux plus savoir. Je sais que c'est une lâcheté monstre, mais j'ai bloqué, un peu comme si cette histoire était une vague anomalie à effacer. Tout de même, ça me déprimait. Je ne savais plus du tout ce que je voulais.

C'était pour ça que je me retrouvais un peu sans but au Golden Snake, dans l'idée vague d'une rencontre plus vraie que virtuelle, tout en sachant qu'elle ne devait mener à rien. J'avais toujours envie de faire semblant, besoin de croire que quelque chose pourrait changer, que je rencontrerais mieux qu'une Clarissa bis. Mais pourquoi pas, après tout ? Je sentais comme une présence magique qui rôdait quelque part, une énergie troublante, étrangère et familière à la fois. Puis, il y eut ce jeune homme blond aux yeux vairons qui s'approcha de moi d'un air curieusement hésitant. C'était lui, la créature. Je le laissai venir à moi avec un sourire encourageant. Ce n'était pas fréquent mais il arrivait parfois que d'autres créatures m'approchent en me reconnaissant comme l'un des leurs pour briser un peu leur solitude. Cependant, elles restaient peu en découvrant ma nature. Les faunes n'étaient pas trop appréciés à cause de leur faculté à troubler les sens malgré eux. Au mieux, je passais pour une agréable expérience sexuelle d'un soir. Mais, je ne savais pas pourquoi, ce jeune homme avait l'air craintif. Son appréhension me gagna inexplicablement. Et quand il me déclara en bégayant qu'il était aussi un faune, je me demandai un instant s'il n'était pas en train de se payer ma tête pour gagner ma confiance. En même temps, il dégageait quelque chose de familier… Et une sorte d'odeur de chair brûlée qui n'avait rien à voir avec les fragrances musquées d'un vrai faune. En plus, son apparence ne laissait rien deviner de particulier. Néanmoins, il n'avait pas l'air méchant. Peut-être était-il juste le fruit d'une union étrange et se sentait désorienté ? Il rencontrait peut-être un faune pour la première fois. C'était tout à fait possible si sa mère s'était accouplée sur le vieux continent avant de partir pour l'Amérique.

– Salut ! Tu veux dire que tu as du faune en toi, c'est ça ? Parce que tu n'es pas complètement un faune, tu dois être un hybride. – Je lui disais avec un air à moitié interrogateur au cas où il se serait réellement pris pour un faune de sang pur. – C'est en tout cas étonnant. Je me pensais seul sur le continent ! Enchanté !

Je levai ma choppe pour l'inviter à trinquer avec moi. Ce n'était pas parce que j'étais surpris que je ne pouvais pas me montrer agréable et puis la discussion s'annonçait intéressante et peut-être sans danger de gros dérapage pour une fois. Entre presque semblables on se comprenait, et quoiqu'il puisse advenir, on ne risquait au moins pas de se faire très mal si l'entente était bonne.

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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyJeu 20 Avr - 21:54

Irene faisait souvent peur aux autres démons, plus que les autres membres de notre famille. Sa partie felidae donnait à son esprit une dimension très spéciale de laquelle il fallait se méfier. Elle se comportait toujours froidement. Elle laissait rarement s'échapper des éclats de tristesse ou de colère, et sa joie semblait toujours teintée de noirceur. Elle me fascinait. Je le savais aussi aimante, une qualité qu'elle ne révélait qu'à peu de gens. J'avais la chance infinie de faire partie de ceux pour qui ma sœur éprouvait de l'affection. Lorsque j'avais découvert la mort de mon père, son précieux soutien m'avait permis de refaire surface avec une énergie que j'aurais mis un temps fou à retrouver sans elle. Elle s'était presque montrée sensible (presque! Faut pas pousser non plus : c'est Irene…) et elle m'avait secoué pour que je sorte de mes idées noires. Olivia s'était montrée très compréhensive, elle aussi, mais je pouvais toujours davantage compter sur Irene que sur les autres pour me donner un coup de pied au cul quand j'en avais besoin.

J'aimais ma famille et je n'avais pas un besoin justifié d'y ajouter de nouveaux, ou plutôt d'anciens, membres. Je me sentais entouré et, bien que pas toujours compris, aimé. Je voulais toutefois rencontrer mon père. Il me semblait que, comme il était vivant, ma famille ne pourrait être complète qu'en faisant sa connaissance, que ce soit pour l'inclure dans mes proches ou pour le mépriser s'il me décevait. J'avais imaginé tellement de scénarios à son sujet et, maintenant, j'avais peur qu'il ne soit pas à la hauteur. Perdre d'un coup la chance de le voir en personne et le droit d'imaginer ce que pouvait être sa vie avait été le plus difficile à accepter, quand je l'avais découvert mort. Et ce soir, le prix de ma rencontre avec lui était précisément l'abandon de tous les destins imaginaires que je lui avais créés.


– Salut ! Tu veux dire que tu as du faune en toi, c'est ça ? Parce que tu n'es pas complètement un faune, tu dois être un hybride. C'est en tout cas étonnant. Je me pensais seul sur le continent ! Enchanté !

Je fixai la choppe une seconde avant de trinquer. Il m'accueillait gentiment. Cela me détendit un peu. Je souris avec un peu plus d'assurance.

-Tu n'es pas seul : il y a M… Il y a moi! Oui, je suis un hybride. Désolé pour l'introduction totalement boiteuse. Enchanté aussi, bien sûr! Alistair Keating.

J'avais failli mentionner mon grand-père, mais je m'étais ravisé au dernier moment. Je ne voulais pas que mon père se méfie de moi dès mes premiers mots, et lui laisser entendre à quel point j'en savais sur sa vie risquait justement de le faire reculer. Et avec raison. J'étais dangereux. Maman en était fière. Je ne savais pas à quel point je me réjouissais sur ce point. J'appréciais mon avantage sur un grand nombre de démons, mais j'étais aussi assez ennuyé qu'on ne me laisse parfois pas la chance de me faire apprécier. D'un côté, je me vexais si on se méfiait ouvertement de moi trop vite mais, en même temps, je trouvais stupides ceux qui ne me traitaient pas comme une menace.

Je décidai de me rabattre sur une stratégie d'observation. Encore. Mon but, ce soir, était de révéler mon existence à mon père, et j'avais d'abord pensé me présenter dès le début comme son fils, pour le provoquer un peu, mais je ne m'attendais pas a être aussi troublé d'enfin lui parler. Si j'allais trop vite, je risquais de faire une erreur et je ne me pardonnerais pas de le faire fuir, de gâcher toutes mes chances avant même d'en avoir réellement eu. J'allais discuter un peu avec Talfryn et attendre la bonne ouverture pour lui révéler notre lien. Cela me permettrait aussi d'étoffer mon avis sur lui avec mes premières impressions en personne.


-Et qu'est-ce qu'un faune solitaire fait à New York? Il me semble que, côté grande puissance mondiale, Londres a beaucoup à offrir et est beaucoup plus accessible, non?

J'essayais de garder un ton et un air désinvoltes, mais ma nervosité entravait le cours habituellement fluide de mes pensées. Peu de gens me rendaient stupide. J'aimais souvent jouer au taré, mais je ne le devenais vraiment qu'en de très rares occasions. D'ailleurs, j'espérais que cette rencontre n'allait pas se conclure sur la révélation que mon père était d'un niveau intellectuel plutôt bas parce que j'avais toujours du mal à me retenir de ridiculiser les gens que je trouvais débiles. Il n'y avait qu'à voir comment je me plaisais à démolir tout ce que ce pauvre Charon me lançait ou comment j'enrageais les amants d'Olivia.

-Ou alors tu avais envie de voir les dieux de proche?

Je le testais assez directement. Je manquais peut-être de subtilité, en fait. Je savais qu'il connaissait l'existence des dieux puisque son père s'était vraisemblablement allié à Héra. Ils étaient dans le même parti politique; c'était donc une évidence à mes yeux. Misha m'avait gracieusement offert l'identité de sa mère et son père, en plus de celle de quelques autres dieux, quand j'avais joué dans ses souvenirs. Je n'avais eu qu'à relier les points pour former une image.
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyLun 23 Oct - 20:30

La gêne de mon nouveau camarade se dissipa quand il fut certain de mon attitude amicale. Il n'avait heureusement pas l'air surpris que je ne valide pas tout à fait sa nature de faune. J'en déduisis donc qu'il n'avait peut-être tout simplement jamais rencontré d'individu de cette espèce, était ému d'en voir un pour la toute première fois et s'était montré mal à l'aise par crainte de s'être trompé. Je le comprenais très bien. Je me serais senti ridicule de confondre, par exemple, une ondine avec une sirène ou une néréide. Et on ne sait jamais quel genre de sensibilité on peut heurter.  Traiter un gnome de leprechaun peut signer une vraie déclaration de guerre, même si l'erreur est involontaire. Par contre, une question se posait si je voyais juste. Dans le cas où ce jeune homme n'a véritablement jamais rencontré d'autre faune, cela signifierait qu'il n'a jamais connu son père. Ce serait cohérent, si l'on connaît la nature des faunes. Ou il n'a pas vu son père depuis si longtemps qu'il est à la fois ému et incertain en croisant le chemin d'un autre. Après tout, sa nature magique ne me permet pas d'estimer son âge malgré son apparence. La séparation pourrait remontrer à des siècles voire à des millénaires si son hybridation est particulièrement avantageuse. Il cherche en tout cas à établir une proximité entre nous, mais réalise qu'il peut très bien le faire en restant de sang mêlé. Il me donne ensuite son nom complet. Je préfère cependant une présentation moins pompeuse, je ne crois pas utile de lui préciser tout de suite ma famille.

– Ravi de faire ta connaissance et d'être un peu moins seul Alistair, moi c'est Talfryn !

J'étais ravi, bien entendu, mais je devais aussi affronter les questions tendues que ce genre de rencontre impliquait, à savoir : quel était mon intérêt de vivre en ville ? Je m'en sortais habituellement avec des banalités passe-partout, en vantant l'intérêt des humains, de la science, de la culture, et on me laissait en paix. Malheureusement, mon interlocuteur décida de corser la difficulté.  Pourquoi n'étais-je pas resté à Londres ? C'était, en effet, un choix plus logique, avec des possibilités de replis dans la nature bien moins compliqués. Je fus pris de court, et cela se vit très certainement sur mon visage. Qu'allais-je bien pouvoir inventer ? Mon père avait décidé de quitter la capitale anglaise en analysant que les enjeux du nouveau monde se joueraient aux États-Unis. Je n'avais, de mon côté, aucune envie de me mêler de politique et il serait hasardeux de lancer de but en blanc une discussion sur ce sujet. Il fallait donc sortir… la carte de l'émotion ! Oui, les gens évitaient souvent de vous poser trop de questions quand ils soulevaient malgré eux des événements tragiques sur lesquels ils n'avaient pas la moindre prise.

–  Tu as parfaitement raison, j'ai d'abord essayé la vie à Londres. Je m'y suis installé quelques années mais la tempête a détruit beaucoup de choses qui me sont chères sur mes terres d'origines, et elles me sont comme hantées. J'ai pensé que je ne pourrais pas me reconstruire complètement sans changer d'atmosphère. Et puis j'avais besoin d'autres découvertes, alors je suis venu ici.

Pas mal, non ? Mais Alistair semblait très renseigné et ne cherchait pas à le cacher, ce qui était aussi agréable que déstabilisant. Les conversations jalonnées de non-dits constituaient un quotidien assez pesant. Au moins, il n'était plus nécessaire de s'interroger sur les limites d'une révélation, tout était interdit. Donc, quand ma nouvelle rencontre mentionna les dieux, je ne savais pas à quel point je devais les « connaître ». Mon visage se ferma un instant, signe que je ne savais pas franchement quel rôle donner aux dieux dans mon histoire.

– J'ai entendu parler des dieux, oui. Mais ils ont tendance à ne pas aimer révéler leur identité de ce que j'ai compris. Je soupçonne ceux qui dégagent une aura magique et dont je n'ai pas pu identifier l'espèce d'en être, ceci dit je n'ai jamais eu de confirmation. Ce sont les dieux qui t'ont conduit ici ? Car j'imagine que pour être croisé avec un faune, tu n'as pas pu naître en Amérique non plus.

Autant lui renvoyer la balle. Après, ma suspicion n'était pas forcément justifiée. Sa mère aurait très bien pu aller vivre aux États-Unis pour une raison ou une autre et le mettre au monde là-bas, ce qui expliquerait qu'il n'ai jamais rencontré de faune. Donc non, en fait, ça marchait bien mieux comme ça. Je me repris en ouvrant plus grand les yeux sous le constat de mon erreur.

– A moins que tu aies toujours vécu ici avec ta mère ?

Non, non, ça n'allait pas du tout. Il vivait peut-être mal le fait de n'avoir jamais connu un père qui lui avait donné une nature complexe à maîtriser tout seul si c'était le cas. Pire, il était peut-être même orphelin. Je m'étais trop avancé et j'avais potentiellement commis une maladresse. J'avais aussi un peu trop parlé pour le moment et il valait mieux que je me taise avant d'essayer de rattraper la situation et m'enfoncer davantage.
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyJeu 1 Mar - 16:49

Pour beaucoup de démons, je restais une grosse brute bien stupide. Je me plaisais à faire l'imbécile devant ceux que je trouvais spécialement inférieurs. Je trouvais grisant le défi de modifier l'image que les gens gardaient de moi par rapport à ce que j'étais réellement. Les préjugés à mon sujet m'irritaient, mais les fausses idées que je choisissais d'implanter chez les autres m'apparaissaient comme de petites victoires.

Je pouvais difficilement résister à un bon défi, et me mesurer à des démons admirables me grisait. Je devais minimiser mes plaisirs dans ce domaine par prudence, et je me consolais habituellement en m'en prenant à des ennemis assez puissants pour impressionner mais pas suffisamment redoutables pour attirer l'attention de ceux qui cherchaient des adversaires de taille. Maman m'avait formé à la guerre contre ceux de notre espèce, et l'une des règles que je retenais était de ne pas m'engager dans un combat perdu d'avance. J'évitais donc les altercations, et même les différends, avec les démons plus forts que moi et avec les dieux. Il m'arrivait cependant de prendre des risques contre des rivaux d'un niveau proche du mien quand contourner leurs provocations me devenait intolérable. J'avais failli mourir quelques fois et j'essayais d'être plus prudent… et plus dangereux.

Ma question sur les motivations de mon père pour vivre à New York sembla le déranger. Peut-être n'était-il pas préparé à ce type d'interrogation. Il côtoyait principalement des humains, qui ne lui demandaient certainement pas des informations dans ce registre, et des dieux, lesquels ne s'intéressaient habituellement pas assez à leurs «inférieurs» pour se renseigner de manière précise à leur sujet.


–  Tu as parfaitement raison, j'ai d'abord essayé la vie à Londres. Je m'y suis installé quelques années mais la tempête a détruit beaucoup de choses qui me sont chères sur mes terres d'origines, et elles me sont comme hantées. J'ai pensé que je ne pourrais pas me reconstruire complètement sans changer d'atmosphère. Et puis j'avais besoin d'autres découvertes, alors je suis venu ici.

À première vue, il disait la vérité. Mais pas toute la vérité! Il continuait à me cacher l'existence, et la présence à New York, de son père. Dissimulait-il d'autres informations cruciales? Je n'arrivais pas à décider si sa réserve me convenait ou non. Je voulais tout savoir sur lui, mais une trop grande ouverture de sa part avec un étranger m'aurait certainement déçu. Et dégoûté. Je jugeais les gens sévèrement, et un imbécile sans méfiance ne se méritait jamais mon respect - rien ne pouvait racheter la stupidité. Il n'y avait qu'à voir avec Charon. Ses puissants pouvoirs, sa connaissance des Enfers et sa nature divine ne m'impressionnaient aucunement parce que les capacités de son cerveau atteignaient à peine celles d'un autruchon.

-Je suis désolé, c'est très triste. Tu es donc venu à New York seul? Et la ville te plaît?

Je trouvais toujours à la fois frustrant et excitant de poser des questions à quelqu'un qui ne savait pas que j'en connaissais déjà toutes les réponses. Cet art me demandait une subtilité que je ne maîtrisais pas toujours, mais j'appréciais quand je parvenais à mener ma victime à la confidence que je recherchais. Seulement, il m'arrivait aussi de perdre patience et de gâcher mes efforts.

L'expression faciale de mon père à ma mention des dieux me signala que j'étais allé trop loin avec mon type de questions. J'avais été stupide. STUPIDE. Il n'allait évidemment pas me parler de l'alliance de son père avec l'une des plus puissantes divinités. Je regrettai vivement de m'être avancé sur le sujet.


– J'ai entendu parler des dieux, oui. Mais ils ont tendance à ne pas aimer révéler leur identité de ce que j'ai compris. Je soupçonne ceux qui dégagent une aura magique et dont je n'ai pas pu identifier l'espèce d'en être, ceci dit je n'ai jamais eu de confirmation. Ce sont les dieux qui t'ont conduit ici ? Car j'imagine que pour être croisé avec un faune, tu n'as pas pu naître en Amérique non plus.

J'admirai sa prudence, et cela me calma un peu. À ses interrogations sur ma présence en ville, j'eus envie de sortir une phrase théâtrale sur mon appartenance aux Enfers en prenant un air menaçant. Je trouvais en la terreur et la domination un apaisement et une impression de contrôle plutôt addictives. Maman m'avait de nombreuses fois dit que je devais être celui qui appelait la noirceur et pas l'inverse, car les démons, surtout ceux de naissance, se perdaient et s'affaiblissaient souvent dans la dépendance au mal. Je devais être celui à la barre.

– A moins que tu aies toujours vécu ici avec ta mère ?

Voilà qu'il me fournissait l'occasion parfaite sur laquelle rebondir. Je me composai un air plus doux, car je devinais mes traits plus crispés depuis l'échange à propos des dieux.

-Plus ou moins. On voyage beaucoup. J'ai aussi quatre sœurs et un frère, mais ce ne sont pas des faunes. Toute ma famille est liée à la magie, mais pas directement aux dieux.

J'étais assez fier d'avoir dit presque la vérité au début de ma réponse: la téléportation faisait voyager! Pour ce qui était de la fin, Talfryn n'avait pas besoin de savoir que ma plus jeune sœur était une demi-déesse au père mystérieux.
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyLun 21 Mai - 10:07

Il y avait quelque chose de curieux dans cette conversation. J'étais anormalement tendu. Il me semblait que je pouvais commettre un gaffe à tout moment, et pas seulement parce que mon interlocuteur me posait des questions gênantes. C'était plutôt que je prenais pour moi son manque de naturel. Ça m'arrivait souvent. Je pensais mal me comporter alors que je reproduisais juste inconsciemment l'état mental de la personne en face de moi. Sauf que rien ne me permettait de le vérifier dans l'immédiat. Et si c'était juste moi qui avait une attitude bizarre ? Que je n'étais pas naturel parce que je trouvais ce type bizarre ? Que je lui supposais de mauvaises intentions alors qu'il était peut-être du genre timide qui ne sait pas se comporter socialement. Ce serait un jugement bien cruel de ma part ! Je préférais donc lui laisser le bénéfice du doute, et prendre un bout de culpabilité sur moi. Je devais me reprendre. Même s'il était vrai que, avec une dose de paranoïa en plus, j'aurais pu trouver suspect qu'une personne curieuse, qui avait un point commun très étonnant avec moi, surgisse comme par hasard devant moi pour une petite discussion tranquille autour d'un verre. Mais je n'étais pas mon père. A ce moment, je me disais juste « Et pourquoi pas ? » C'est à trop prêter de mauvaises intentions aux gens que l'on finit par se tromper. N'est-il pas vraiment triste de croire que le monde est composé de manipulateurs fous qui ne pensent qu'à se servir de vous ? Si je n'en oubliais pas ma prudence, si je ne gardais pas mes réserves dans un coin de ma tête, je voulais rester optimiste et donner une chance à cette rencontre. Cependant, ses questions restaient étrangement gênantes. Je pouvais comprendre qu'un demi-faune espérait rencontrer d'autres semblables, mais il m'obligeait encore à mentir en me demandant si j'étais venu seul à New-York. Et s'il connaissait les spécificités des faunes, leurs difficultés d'adaptation en ville, j'étais assez coincé. Mais rien ne m'empêchait de tenter.

– Je suis parti de Londres avec un ami qui avait quelques contacts à New-York. Il m'a aidé à me repérer au début. C'est une belle ville. Je me sens plus en sécurité ici qu'à Londres qui est encore une capitale trop petite quand on a un besoin impératif de rester noyé dans la masse. Et puis, ça bouge beaucoup. La forêt devenait vraiment trop calme à mon goût !

Parler me détend. J'arrive à avoir l'air bien plus enthousiaste à la fin et je suis déjà prêt à avoir une longue discussion sur les activités passionnantes de la ville, ou l'ennui de la forêt, mais j'étais en compagnie d'un presque semblable. Il y avait plus intéressant à creuser. Ma question au sujet de son père ne le troubla pas. J'en étais bien soulagé. Il renonça même complètement à ses questions sur les dieux pour m'en dire un peu plus sur sa situation familiale, assez particulière visiblement. Il était le seul hybride faune de son clan. Mais ce n'était pas étonnant. Les faunes ne gardaient pas leurs partenaires très longtemps. Son père n'avait probablement jamais su qu'il avait un fils.

– Je venais d'une famille assez nombreuse aussi, mais tous de la même branche. Ce n'est pas trop difficile d'être le seul demi-faune ? Mon père était un peu comme toi. Il a beaucoup lutté contre cette part de lui et a voulu transmettre à ses fils le plus d'humanité possible pour que nous puissions un jour nous intégrer en ville. Je ne suis pas complètement faune non plus, je le suis au 3/4 en fait. Si je l'étais complètement, mon adaptation avec les exigences actuelles des humains ne serait pas possible.

J'ignorais quelle était l'autre part magique de mon nouveau compagnon, mais devoir affronter une part d'hybridation de satyre seul n'avait pas dû être facile. Aujourd'hui, les humains cherchent à s'éloigner du règne animal, même quand ils prétendent vouloir le protéger. Ils ne font que prendre une auteur qu'ils veulent bienfaitrice. Tout ce qui fait appel aux bas instincts est une chose qu'ils acceptent avec compassion venant d'un animal, mais pas d'un être doté d'une pensée clairement organisée comme celle d'un faune. Ils se reprochent déjà entre eux d'éprouver du désir, font de l'acte sexuel une chose honteuse qui demande de cocher beaucoup de conditions pour être acceptable à leurs yeux comme à ceux de leurs semblables. Un demi-faune a bien sûr plus de choix que moi. Mon père a été capable de se contrôler pendant plusieurs années, mais avec à chaque fois le constat de son échec. Les pulsions reviennent toujours, et ne pas les assouvir peut littéralement devenir une question de vie ou de mort tant les nerfs finissent à vif. Alors même un hybride peut sembler dégoûtant quand, selon les spécificités de notre espèce, il ne fait que réclamer quelque chose d'aussi vital qu'un verre d'eau après deux jours dans le désert.
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyMer 11 Juil - 13:15

– Je suis parti de Londres avec un ami qui avait quelques contacts à New-York. Il m'a aidé à me repérer au début. C'est une belle ville. Je me sens plus en sécurité ici qu'à Londres qui est encore une capitale trop petite quand on a un besoin impératif de rester noyé dans la masse. Et puis, ça bouge beaucoup. La forêt devenait vraiment trop calme à mon goût !

Je compris subitement que mon père me cachait certainement l'existence de Merwyn dans le but de le protéger. Après tout, j'étais un demi-faune de qui il ne savait rien. Me révéler sa nature en gardant des réserves ne mettait personne d'autre que lui-même en lien avec moi. J'appréciais cette conclusion. Je faisais aussi de mon mieux pour protéger ma famille.

-Oui, difficile d'entrer dans la ville sans contacts privilégiés, en effet. Ce mur complique les choses… mais en même temps, l'isolation de la population permet justement une liberté qui n'existe pas au même niveau dans le reste du monde. En plus, qu'on les aime ou non, les dieux ont renversé l'ordre établi depuis trop longtemps, ce qui ouvre la voie pour tout le monde.

Ah non, j'avais encore mentionné les dieux. Je nous commandai d'autres verres pour faire oublier mon retour sur ce sujet.

-Et oui, en forêt, il y a pas mal moins d'action qu'ici. Eeeeet… j'aime draguer à New York, ajoutai-je en riant. Il y a pas mal de choix, et des gens très ouverts.

Je m'abstins de mentionner l'évidence: une partie de cette ouverture venait du traumatisme d'avoir vu disparaître la majorité de la population mondiale. Contre la peur, peu d'armes s'élevaient aussi bien que choisir de vivre au maximum. Avec le retour d'un ordre social similaire à avant la brèche, on offrait une structure à un peuple qui risquait de partir à la dérive… mais sans empêcher des bouleversements qui n'auraient pas eu lieu dix ans plus tôt.  Il n'y avait qu'à voir le climat politique, et pas seulement en ce qui concernait les dieux. De nombreuses créatures avaient infiltré des domains auparavant laissés aux humains par peur de se mettre en danger. Des alliances étonnantes se formaient. Pendant ce temps, la population se livrait aux habituels moyens de se donner du pouvoir: la débauche, les abus, la violence… C'était une époque fabuleuse!

– Je venais d'une famille assez nombreuse aussi, mais tous de la même branche. Ce n'est pas trop difficile d'être le seul demi-faune ? Mon père était un peu comme toi. Il a beaucoup lutté contre cette part de lui et a voulu transmettre à ses fils le plus d'humanité possible pour que nous puissions un jour nous intégrer en ville. Je ne suis pas complètement faune non plus, je le suis au 3/4 en fait. Si je l'étais complètement, mon adaptation avec les exigences actuelles des humains ne serait pas possible.

J'avais posé les yeux sur mon verre quelques secondes pendant qu'il me parlait de mon grand-père. Je voulais lui éviter mon expression probablement maniaque alors qu'il abordait un sujet qui éveillait mon intérêt. On me disait souvent que mon regard était terrifiant quand je m'enflammais, même positivement, et je ne voulais pas effrayer mon père.

- Je vis assez bien mon hybridation. Mon frère et mes sœurs sont tous des hybrides aussi, mais d'autres espèces. Nous sommes à la fois semblables et différents. Le plus difficile a été de ne pas connaître mon père. Ma mère tient à nous élever toute seule… Je n'ai su l'identité de mon père que dernièrement. J'ai naturellement voulu le rencontrer… mais sa forêt a été ravagée à cause de la brèche. Presque tout le monde qui y habitait est mort. J'ai… eu du mal à l'accepter.

Je passai une main dans mes cheveux. Je n'avais pas prévu lui en dire autant d'un seul coup, mais cette situation me chavirait. Je pris une longue gorgée en chassant la frustration que mes épanchements incontrôlables venaient de créer. Je n'arrivais pas à m'exprimer intelligemment. Mon père allait me prendre pour un demeuré qui pleurait sur son sort dès qu'il en avait l'occasion. Je déposai mon verre avec une douceur forcée, me retenant de l'exploser contre le comptoir.

- Mais ça va, maintenant, ajoutai-je avec le sourire le moins convaincant au monde, me sentant couler. Et toi, tu ne te sens pas trop seul?

Je venais de manquer l'occasion parfaite de lui révéler la vérité. Lâche, lâche, lâche. Il fallait que je me rattrape, sinon j'allais finir par quitter ce bar avec un nouvel ami qui ignorait que j'étais son fils. Après si longtemps à l'observer, je n'étais pas venu à sa rencontre pour me ridiculiser et retourner chez moi en me demandant encore si mon père voulait me connaître.

- Tu crois qu'un faune aurait été heureux de se découvrir un fils inconnu? Enfin… À la place de mon père, tu aurais trouvé ça comment?

[i]Pourquoi n'arrivais-je pas à cracher le morceau? Je lissai ma chemise - une de mes plus jolies - en contenant difficilement mon agacement. Où était passée ma confiance? Rien ne se déroulait comme prévu et je n'arrivais pas à reprendre un contrôle satisfaisant de la situation. Je m'enfonçais à chaque réplique[/i.]
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyDim 5 Aoû - 13:49

Encore les dieux. Pourquoi accordait-il une si grande importance à la question des dieux ? En même temps, Talfryn ne pouvait qu'approuver avec un sourire le fait que leur présence puisse permettre aux créatures de réinvestir la ville. C'était une bonne chose pour lui, pour les hybrides comme ce jeune homme, que ne plus être obligé de suivre un destin tout tracé, dans le secret du monde, sur un terrain délimité avec la peur constante d'être découvert, ou de tout perdre en subissant l'expansion humaine. Cependant, il fallait relativiser. Malgré toutes les craintes des créatures des forêts, les humains avaient causé moins de dégâts sur leur espèce que la grande tempête et, même s'il n'était pas juste qu'ils vivent en reclus, il n'était pas non plus juste de priver tous ces êtres de la vie qu'ils s'étaient bâtis. Son père aurait certainement rétorqué qu'ils vivaient ainsi parce que les créatures avaient la gentillesse de les laisser et que le monde suivrait un chemin plus logique si la plus faible des espèces retrouvait un rang plus humble, mais, toute l'estime qu'il avait pour son père, ne lui faisait pas perdre de vue l'idée que des individus plus faibles devaient être protégés plutôt qu'écrasés par les plus forts. C'était pourtant une posture intenable, avec laquelle il ne savait pas vraiment composer. Il était un monstre dangereux en ville, et il voulait pouvoir y rester, s'y faire accepter. Mais, si on suivait ce raisonnement, pourquoi lui et pas d'autres faunes ? Et les autres faunes sauraient-ils traiter les humains avec le respect qu'ils réclamaient, déjà que lui-même éprouvait des difficultés ? Il faudrait pour cela changer beaucoup de chose dans la mentalité des Hommes. Mais, avec assez de travail de fond, de discussions, c'était peut-être envisageable. Il ne voulait pas ennuyer Alistair avec ses pensées confuses. Mais sa déclaration qu'il voulait complice à propos de la drague en ville l'y ramenait inévitablement.

– J'y ai croisé des créatures dont j'ignorais carrément l'existence, dit-il afin de lui donner une réponse aimable. Tu dois bien t'amuser, les humains à New York sont vraiment fascinants, et très intéressants. Mais j'évite de les toucher, quand on est un faune à part entière, c'est malheureusement le genre de chose qui vire à la catastrophe. L'esprit des humains est trop fragile pour nous. Tu as beaucoup de chance d'être un hybride, crois-moi !

On ne savait jamais qu'il prenne mal le fait qu'il lui rappelle son hybridation. Les gens avaient parfois des attitudes étranges par rapport à ça. Ils voulaient « briller » par rapport à l'autre, ils craignaient d'être méprisés de n'être pas assez ceci ou assez cela. Donc, il préférait bien lui confirmer qu'il avait beaucoup de chance de ne pas être à 100 % comme lui, et que ce n'était pas parce qu'il l'avait mentionné qu'il y trouvait quelque chose de négatif. Ce qui l'amena d'ailleurs à s'intéresser à cette question. Heureusement, Alistair lui confirma qu'il vivait très bien sa particularité. Ce sujet l'amena néanmoins à parler de sa famille, au fait qu'il n'avait pas connu son père et, qu'une fois son identité découverte, il lui est apparu qu'il était probablement mort pendant l'ouverture de la brèche. Ses sentiments vis-à-vis de la famille était très proche de ceux des humains. Talfryn comprenait par conséquent très bien que ce devait être difficile pour lui.

– Tu sais la forêt ? demanda-t-il aussitôt. Les faunes vivent dans des communautés assez petites, je le connais peut-être, ou je l'ai peut-être connu. Si je peux t'aider, j'aimerais pouvoir le faire.

Il avait ajouté ce dernier propos avec plus de douceur, en posant par réflexe une main sur la sienne, car le jeune hybride semblait vraiment bouleversé.

– Si, je me sens souvent seul, répondit-il en lui rendant un sourire un peu triste. J'ai un peu de sang humain, et il est toujours là pour me rappeler que je ne suis pas totalement à ma place où que j'aille. Ça me plairait de vivre comme les humains, mais c'est impossible... J'essaye de faire avec !

Cette conversation continuait d'être compliquée, mais ce n'était encore rien. Alistair lui posa la question la plus embarrassante possible. Il voulait savoir si, au moins, un faune aurait aimé se découvrir père, et ce qu'il en aurait pensé à sa place. Fallait-il être honnête et risquer de le vexer, ou mentir un peu ? Un peu des deux sans doute. Il fallait souvent dire des demi-vérités pour ne pas vexer les gens.

– En toute franchise… Je ne sais pas ce que tu sais des faunes mais… Ils n'ont pas une culture de la paternité. Les enfants sont ceux de la communauté. Ils connaissent leur mère, mais elle a souvent trop de partenaires pour être capable de déterminer leur père… Cependant, tous les partenaires de la mère aimeront ses enfants comme les leurs ! Enfin, j'imagine que c'est un peu compliqué à comprendre. Je sais que des humains ce sont essayés à ce genre de mode de vie, les hippies je crois, mais ça ne semble pas tellement leur réussir. Après, même si nous avons des caractéristiques propres à notre espèce, qui feraient dire d'un regard extérieur que nous sommes tous semblables, ce n'est pas le cas. Je ne peux pas prédire ce qu'aurait précisément pensé un faune en se découvrant ton père. Mais il aurait été heureux oui, donner la vie est toujours une belle chose pour nous. J'ai eu deux enfants avant de venir à New-York. Je le sais parce que je voulais essayer de vivre en couple humain avec une dryade à l'époque. Je suis heureux d'être leur père, même s'ils sont loin de moi. Donc, ça me ferait plaisir d'en découvrir un troisième, oui.

En réalité, ça lui ferait aussi plaisir que si on lui annonçait qu'on l'emmenait au restaurant à dîner mais, ça restait un « sentiment de contentement », non ? Alistair attendait de toute manière qu'on lui dise que son existence avait un minimum de sens pour son père, il interpréterait ses déclarations comme cela devait l'arranger. Et puis, avec tout ce qu'il lui avait déjà dit, son regard assez avide quand il parlait, sa nervosité, se formait de plus en plus l'idée dans son esprit que ce fameux père, c'était peut-être justement lui et que, si c'était le cas, il allait devoir assurer pour ne pas décevoir tous ses espoirs de retrouvailles familiales dignes des séries américaines, en l'idéologie desquelles il semblait croire.
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyLun 6 Aoû - 19:53

– J'y ai croisé des créatures dont j'ignorais carrément l'existence. Tu dois bien t'amuser, les humains à New York sont vraiment fascinants, et très intéressants. Mais j'évite de les toucher, quand on est un faune à part entière, c'est malheureusement le genre de chose qui vire à la catastrophe. L'esprit des humains est trop fragile pour nous. Tu as beaucoup de chance d'être un hybride, crois-moi !

J'étais effectivement convaincu que l'hybridation apportait de nombreux avantages. Mes possibilités s'étendaient bien plus loin que celles des faunes et des démons. Je m'étais spécialisé en certains aspects de chacune des espèces, mais rien ne m'empêchait d'en approfondir d'autres. On craignait le lot de surprises qui venaient en affrontant un hybride, ce qui m'offrait une sécurité particulière quand je ne cherchais pas les ennuis.

– Tu sais la forêt ? Les faunes vivent dans des communautés assez petites, je le connais peut-être, ou je l'ai peut-être connu. Si je peux t'aider, j'aimerais pouvoir le faire.

-Hm.


Je préférai ne pas répondre en me ridiculisant encore et j'essayai de me calmer. Je n'avais rencontré aucun démon faisant preuve d'une maturité remarquable dans le domaine des émotions. Beaucoup d'entre nous se rapprochaient plus des adolescents déprimés humains que de monstres terrifiants. Les Enfers accueillaient et voyaient disparaître un flot remarquable d'âmes en souffrance. Je trouvais que le désespoir forgeait le caractère, mais d'autres se laissaient submerger. Ces faibles finissaient généralement par mourir aux mains de plus forts; j'en avais moi-même éliminé plus d'un. Néanmoins, même les plus puissants d'entre nous se perdaient parfois dans un caprice, un accès de colère ou une passion dangereuse. Dans mon cas, il s'agissait souvent d'un sentiment d'incompétence ou de stupidité qui me faisait perdre mes moyens.

J'avais beaucoup de mal à gérer mes émotions et mes sentiments. Ils ne prenaient jamais la place que je voulais leur accorder. Soit ils m'envahissaient, comme ce soir, soit je ne ressentais rien en particulier. Il m'arrivait aussi de passer rapidement d'un état à l'autre, ou de m'effondrer longuement dans le drame. En tant que démon, je disposais de beaucoup de temps libre pour criser. Quand l'enthousiasme me portait, je ne m'inquiétais pas, mais je devenais assez impatient quand la tristesse ou la colère me détournaient de mes buts.


– Si, je me sens souvent seul. J'ai un peu de sang humain, et il est toujours là pour me rappeler que je ne suis pas totalement à ma place où que j'aille. Ça me plairait de vivre comme les humains, mais c'est impossible... J'essaye de faire avec !

-Ma sœur Irene dit que le monde essaie de te faire croire que ta place n'est nulle part, mais que c'est juste pour t'empêcher d'avoir envie d'essayer de la prendre. Ta place est celle que tu décides d'avoir. En tant qu'hybrides, nous avons la difficulté, mais aussi la chance, de ne pas avoir de place déterminée.

Irene avait raison, comme d'habitude. Je savais sa réflexion motivée par sa propre solitude. Tout comme moi, elle avait fait ses preuves pour notre famille, mais aucun d'entre nous n'avait de réelle place garantie en ce monde. Mais le défi que présentaient nos différentes existences m'apparaissait comme une richesse: les interdictions nous permettaient d'imaginer des solutions supérieures, d'ouvrir des portes plus intéressantes.

Je ne finis pas d'articuler ma question détournée avant de la regretter. J'étais stupide. Non seulement Talfryn pouvait me répondre n'importe quoi juste par gentillesse, mais il était aussi possible que la situation lui apparaisse totalement différemment en réalisant qu'il était le principal concerné.

J'allais tuer mon père s'il me rejetait. Cette certitude que j'avais essayé de refouler causait probablement ma perte de contrôle et mon incapacité à me lancer. Cette conclusion à tant d'années de mystère serait décevante. Le temps passé à observer Talfryn n'aurait servi à rien. Ni les questions à ma mère ou encore les discussions avec Olivia. Je détestais perdre mon temps. Je ne voyais cependant pas d'autre issue s'il ne se montrait pas à la hauteur. Le monde ne pouvait pas compter un membre de ma famille s'il ne faisait pas réellement partie de celle-ci. C'était très simple à mes yeux: en cas de doute, ma famille devait triompher. Même quand Lydia me hurlait de la laisser tranquille pour toujours, je revenais. J'avais secrètement tué un ami chasseur de créatures magiques de Tristan par prévention. J'avais risqué ma vie en combattant aux côtés de Irene. J'avais pardonné les pires injures à Olivia. Ils étaient ma famille. Nous nous aimions. Dans un monde où il me fallait sans cesse surfer sur le chaos, je pouvais revenir à une sorte de point d'équilibre. Je ne pouvais pas douter.

Soit j'avais un père, soit je n'en avais pas. Aucun compromis, aucune discussion. Ce n'était pas très juste pour Talfryn qui n'avait rien demandé, mais je ne lui laisserais aucune chance. Et j'avais éliminé des créatures beaucoup plus puissantes que lui. Peu importait comment allait se terminer notre rencontre, j'aurais obtenu ce pourquoi je m'étais enthousiasmé: des réponses. Au mieux, ma famille gagnerait un nouveau membre. Enfin, après de multiples tests de confiance. Sinon, j'allais probablement être triste un temps, mais je n'avais pas besoin d'un père. J'avais passé l'âge où sa présence aurait comblé un vide. En venant à la rencontre de Talfryn, je ne recherchais pas une figure paternelle, mais plutôt une sorte de frère d'une origine différente du reste de ma famille. Je n'avais pas la patience de tenir tête à un aîné s'attendant à un respect indiscutable. S'il me décevait, je ferais une croix sur le reste de cette famille et je passerais à autre chose.


-Oui, je me suis informé sur les faunes, répondis-je en espérant que mon inattention sur plus de la moitié de ce qu'il venait de dire était passée inaperçue. De toute manière, je n'ai plus vraiment l'âge de chercher un père pour m'élever. C'est gentil. Ta réponse est… gentille.

Je soupirai. J'avais tout fait de travers.

-Écoute, je suis désolé. Je suis… intense, et je ne fais pas beaucoup de sens, ce soir.

Le moyen le plus efficace qui me venait de reprendre le contrôle de la situation était de tout risquer. De toute manière, Talfryn finirait par se rendre compte qu'il ne m'apprenait rien à son sujet - ou, s'il était trop con pour le remarquer, je me lasserais de lui, ce qui n'était pas vraiment mieux.

- Je reprends du début. Je me présente: Alistair Keating, hybride faune-démon et ton fils. Je sais qui tu es, je sais à propos de Merwyn… à propos de tout le monde. Parce que je me suis informé avant de venir te voir. Je ne voulais pas avoir affaire à n'importe qui. Comme j'ai dit, je ne recherche pas une figure paternelle. Je voudrais juste te connaître.
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyVen 7 Déc - 19:14

La nervosité de l'hybride était vraiment anormale. Deux solutions possibles : le mélange d'espèce avait créé un être particulier jusque dans sa structure mentale, ou les enjeux de cette discussion lui échappaient en partie. Partie qui risquait d'être rapidement complétée si ses soupçons venaient à se confirmer. Mais il avait pris l'habitude de se méfier de ses conclusions. Pour une qui touchait juste d'autres étaient à côté de la plaque simplement parce qu'il oubliait de traiter plusieurs éléments essentiels en chemin. Ou, en tout cas, il se reprochait toujours son manque d'attention lorsque cela arrivait. Ceci dit, les détails alarmants commençaient à se rejoindre. Tout d'abord, le demi-faune se referma quand il lui proposa de l'aider à trouver des informations sur son père. Or, la réaction attendue aurait plutôt été de la reconnaissance. Autre possibilité, il était le fils d'un autre membre de sa famille. Son propre père ? Peu probable qu'il ait jamais trompé son épouse. Ce n'était vraiment pas son genre, et ça ne le serait sans doute jamais, surtout avec une démone ! Se serait-il seulement laissé approché ? Son frère Macsen ? Les probabilités étaient presque aussi faibles. Macsen avait certes de nombreuses conquêtes mais il était prudent. Ses choix étaient, pour ainsi dire, à l'exact opposé des siens. Il préférait les humains sur lesquels il avait une emprise absolue et, comme Merwyn, n'aurait sans doute jamais pris le risque de se perdre avec une démone. Non, décidément, il était sans aucun doute le seul imbécile de sa famille à s'être laissé séduire sans vraiment réfléchir aux conséquences, pour le simple plaisir d'expérimenter la sexualité avec une nouvelle créature. Et ce n'était certainement pas avec ce genre de révélation qu'il allait monter dans l'estime et la confiance de son père.

Pour éloigner la gêne, le jeune hybride essaya de poursuivre la conversation sur des réflexions qui n'engageaient rien, tout en signifiant beaucoup. Oui, il fallait faire sa place dans un monde où rien n'était spécialement prévu pour vous. Il le regrettait parfois, mais il n'était pas non plus certain de vouloir renoncer à tout ce que lui permettait de comprendre son quart humain, ou sa nature de faune. Ce serait comme accepter de se faire crever un œil, détruire plusieurs neurones… Alors, même si c'était parfois difficile, c'était aussi le prix de la connaissance. Et son existence valait peut-être bien mieux qu'une autre de ce point de vue. Il eut un sourire réjoui.

– C'est vrai aussi. Avoir vue sur deux côtés nous permet de comprendre le monde avec une plus grande acuité, et d'être parfois moins sévère envers les autres espèces. S'enfermer dans un moule peut aussi devenir une prison. L'essentiel est de ne pas chercher à prendre une place qui ne pourra jamais nous correspondre.

Il avait ajouté ces mots en songeant à son frère Pryderi qui aurait voulu s'amputer toute sa nature de faune, les 3/4 de son identité. Il s'était forcé à entrer dans une place qui n'était pas la sienne en souffrant chaque jour jusqu'à sa mort. Même si sa première volonté était d'approuver son interlocuteur qui partageait visiblement des choses importantes pour lui, il était dangereux de ne pas apporter de nuance. On ne prenait pas n'importe quelle place selon ses désirs profonds. Il fallait aussi accepter cette réalité. Lui aussi d'ailleurs, parlait de son expérience. Macsen et sa sœur Brynn avaient fait leur chemin avant de mourir, en composant à leur façon. Ils n'auraient sans doute pas mis en avant les mêmes avantages, mais tous dans la fratrie avaient gardé de l'affection pour l'espèce humaine. La réponse qu'il lui donna ensuite sur le sens de la paternité pour les faunes sembla perdre le jeune hybride. Il n'en demandait peut-être pas tant. Mais Talfryn s'emballait un peu trop quand il n'était pas certain de ce qu'on attendait de lui, et il sentait bien qu'il devait satisfaire une attente importante. Quand il se contenta de lui dire que sa réponse était « gentille » à deux reprises, il en conclut qu'il l'avait déçu. Peut-être aurait-il simplement dû lui présenter ses conclusions ? Lui dire qu'il avait compris, au risque de se ridiculiser ? Comment ferait-il un bon détective s'il n'était pas capable de s'affirmer comme un vrai Sherlock Holmes ? Mais ces déductions impliquaient autre chose. Ce n'était pas gentil vis-à-vis de son potentiel fils, mais il avait aussi envie de les repousser au maximum. Il ne pouvait pas affirmer avec certitude qu'il le rattrapait s'il décidait simplement de partir. Il était décidément horrible, mais qu'allait-il faire ? Pour demi-faune et Caerwyn qu'il était, ce fils n'en était pas moins un étranger, avec une histoire différente, une espèce différente, des intentions différentes aussi. Il était un élément inconnu dangereux pour les plans de son père, qui surgissait par sa faute et pouvait tout anéantir.

– Ne t'excuses pas, il est normal que ce soit une discussion difficile. Je suis désolé de ne pas t'aider comme je le voudrais.

Ces derniers mots étaient presque à double sens. Au regard de la conversation, il était désolé de ne pas être un meilleur soutien, mais il était aussi navré de ne pas lui tendre la moindre perche pour le guider vers les aveux. Pourtant, il décida de se jeter à l'eau, et il fallait affronter ce ras-de-marée de révélation. Trop tard pour tout arrêter maintenant, impossible d'éviter l'inévitable. Alors il devrait composer avec. Il ne pouvait pas rejeter son propre fils s'il désirait aussi vivement le connaître. Ses enfants faunes n'avaient aucun besoin d'attention particulier, les faunes avaient un esprit de groupe assez marqué. Mais, de ce qu'il en savait, les démons avaient une conscience individuelle encore plus marquée que celle des humains. Pour ses frères, sa sœur et lui-même, avoir des parents avait un sens, faire la fierté d'un père aussi. Et, d'un autre côté, l'esprit du faune avait le dessus s'il devait considérer sa paternité. Mais s'il se reportait sur ses sentiments à l'égard de son père, il comprenait. Il pouvait essayer d'être le père qu'il aurait attendu, bienveillant et encourageant. En agissant ainsi, il ferait peut-être d'Alistair un réel allié. Son mélange le rendait sans doute puissant. Les Caerwyn auraient un allié puissant qui évinceraient les réserves de son père. Et, enfin, ne soupirait-il pas seul dans ce bar sur sa solitude juste avant cette rencontre imprévue ? Ne l'avait-il pas invoqué inconsciemment ? Alistair était apparu, il devait saisir ce tournant que la vie lui offrait alors qu'il se sentait en pleine impasse.

– Je suis heureux de te connaître, et ennuyé que tu aies eu à te donner tant de mal pour me trouver, dit-il en retrouvant son plus beau sourire après quelques instants de trouble. Écoute, j'ignorais tout de ton existence, je ne veux pas que tu penses que j'aurais pu t'abandonner. Si je l'avais su plus tôt, tu aurais pu passer du temps avec moi autant que tu le souhaitais. J'aurais été ravi de te présenter le domaine des Caerwyn, Alistair, et je regrette que tu ne puisses pas profiter du bel héritage de ta lignée après tout ce qui est arrivé… Nous avons commencé avec des humains, puis le peuple des forêts, et maintenant des démons, nous ne sommes plus à une hybridation près, ajouta-t-il en riant doucement.
Puis, son regard s'assombrit légèrement. Tout cela était très bien, mais il ne devait pas lui cacher quelques difficultés. Il baissa d'un ton :
– Comme tu le sais, ton grand-père est une personne très influente à New-York. Notre lien de parenté et nos origines doivent rester un secret absolu pour lui. Autrement, nous pourrions être en danger. Désolé de devoir aborder ce genre de sujet aussi vite, mais nous ne nous retrouvons malheureusement pas dans un contexte de paix. Je suis prêt à t'expliquer beaucoup de choses, mais il faudra aussi que tu me dises ce que tu sais exactement… Cela étant, oublie ce que je t'ai dit au sujet des faunes juste avant. J'ai vécu dans une structure familiale très humaine, alors je suis sensible à l'importance des liens du sang, ça ne m'a juste pas particulièrement réussi quand j'ai essayé de la reproduire parmi les faunes.

Il était cruellement partagé entre les deux mondes. Il ne se voyait pas vivre selon un modèle humain traditionnel. En même temps, quand il avait vécu parmi les faunes, il lui avait été difficile d'adhérer complètement à l'idée de semer des enfants au hasard dans le groupe. Il l'avait peut-être fait mais, en tout cas, il s'était assuré que certains seraient bien de lui. Ensuite, les petits faunes et les petites dryades réclamaient peu d'attention. Ils n'avaient pas besoin d'un père le temps du sevrage, puis allaient gambader au milieu du groupe sans plus de soucier de qui s'occupait d'eux. Il avait fait de son mieux pour les connaître et sympathiser avec eux, mais aucun ne l'avait vraiment considéré comme un père. Il était un membre du groupe comme un autre, peut-être même qu'ils en préféraient un autre. Et ce n'était pas très grave, puisque le fonctionnement de cette espèce était ainsi et il était souvent nostalgique de cette simplicité quand il se sentait en échec avec les codes humains.
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyLun 15 Avr - 20:40

Je conservais un sourire que je ne ressentais pas. Être moins sévère envers les autres espèces? Ne pas s'enfermer dans un moule? Je cherchais en quoi mes paroles motivantes avaient pu susciter ce genre de conclusions. La cruauté de ce monde était un outil; les parias avaient de l'avance sur les autres pour trouver la volonté de rejeter les systèmes oppressifs. J'avais essayé d'exprimer la sagesse de la rage de ma sœur, et mon père avait saisi l'occasion pour me sortir des morales sur l'estime de soi. J'étais dérouté. Tenait-il ce genre de discours par gentillesse, pour se montrer ouvert aux autres ou parce qu'il s'aveuglait de considérations pour les faibles? Ceux qui ne pouvaient évoluer que dans un espace sécuritaire faisaient partie de cette catégorie. Le monde n'était pas bâti pour correspondre aux attentes et aux petits besoins de chacun; il fallait s'adapter.

Je restai silencieux, ce qui n'était pas dans mes habitudes. Lui dire ma façon de penser n'allait pas bien se terminer, et je ne voulais pas lui mentir par politesse. J'avais envisagé la possibilité de ne pas m'entendre avec mon père, et même celle de le détester. Enfin, j'avais même établi le meurtre comme conclusion possible de nos retrouvailles! C'était presque avec sérénité que j'avais conclu qu'assouvir ma curiosité ne m'apporterait rien de plus grandiose qu'une conclusion à mes origines, une fois passé le moment d'émotion - ce qui ne diminuait en rien la panique qui m'habitait à l'idée de ruiner ce moment -,  mais je n'avais pas pensé que j'allais me retrouver socialement inapte. Il était très rare que je me retrouve avec un inconnu dont l'avis à mon sujet m'importait. Toute cette situation était ridicule.

Je ne me sentis pas mieux après mes révélations. Ceux qui disent que les aveux sont une libération n'ont probablement jamais dévoilé que petits crimes et mensonges d'adolescence. Plus que mes origines, je venais de confesser à Talfryn mon incompétence pour cette opération de rencontre. Ce qu'il allait en penser ne me dérangeait pas autant que la certitude personnelle de m'être planté.

J'écoutai et observai attentivement ses réactions. Je m'étais autorisé suffisamment d'erreurs, ce soir. M'être ridiculisé m'avait rendu réceptif aux signaux que laissait voir mon père. Je m'étais attendu à plus de surprise, positive ou négative, et son attitude posée, même dans le cas où il ne s'agissait que d'une façade, m'inquiétait. Ses paroles me faisaient un effet bizarre. Leur gentillesse parfaitement dosée tranchait avec ce que je qualifiais de manque d'enthousiasme: aucune exclamation, ni émotion déplacée, ni gêne, ni même parole de travers… En quelques mots, il m'avait couvert d'acceptation à la fois en tant qu'individu et en m'incluant parmi son peuple. Talfryn démontrait une finesse de laquelle je n'avais pas hérité.

- Je suis heureux de te connaître aussi, dis-je en laissant échapper un soupir de soulagement calculé. Ma mère m'a laissé comprendre que tu ne connaissais pas mon existence. Je ne me sentais pas abandonné, et j'ai eu une éducation très complète. Ce n'est pas par manque que je t'ai cherché, mais plutôt par curiosité.

Et parce que je ne me contente jamais de ce que j'ai, mais tu n'as pas besoin de le savoir, Papa.

-Oui, ça me semble sage concernant ton père.

Il voulait déjà me faire taire. Pour l'instant, je n'avais aucune raison de le décevoir. Si on s'entendait bien, il finirait par avoir envie de me présenter des gens, ou Merwyn s'intéresserait à ses fréquentations et me remarquerait. S'il me décevait, je n'aurais pas besoin de respecter ce qu'il me demandait. La situation s'annonçait intéressante.

-Je ne sais pas grand-chose sur le contexte exact… Enfin, je comprends que le type d'implications de ton père vient avec des ennemis, et que l'origine de ceux-ci peut être impressionnante, dis-je en faisant référence aux dieux, mais sans plus.

Je restais détaché, mais son intérêt à cacher mon existence et l'évocation de graves dangers éveillaient grandement ma curiosité. Je m'étais évidemment informé sur le contexte politique de la ville, première puissance mondiale, ainsi que sur les dieux, les sorciers les plus puissants… Sans avoir accès à des sources privilégiées, j'avais mené ma petite enquête. L'arrivée des dieux dans ce monde était l'événement le plus excitant depuis des siècles. Impossible de ne pas s'en passionner!

-Je peux me contenter d'explications de base; je n'ai pas besoin des détails, surtout si tu penses que c'est risqué pour toi.

Les gens laissaient échapper les informations importantes seulement quand ils ne se méfiaient pas. Si je n'avais pas l'air intéressé par ses secrets, me faire confiance lui viendrait plus naturellement.

Depuis que la conversation avait pris un tournant moins personnel, je me sentais revivre. J'étais beaucoup plus à l'aise à me méfier de Talfryn et à essayer de percer ses mystères qu'à chercher le meilleur moyen de me présenter comme son fils. D'ailleurs, son retour sur la paternité chez les faunes s'alignait parfaitement avec la stratégie que je voyais se dessiner avec le reste de sa réaction: me donner une impression positive et aimante, mais en me tenant à distance. Ça se jouait à deux.

-Chez les démons non plus, le modèle familial humain n'a pas la cote. Ma mère est particulière à ce sujet, mais beaucoup de démons accordent plus d'importance aux âmes qu'ils pervertissent qu'aux enfants qu'ils engendrent. J'imagine que j'avais juste besoin de plus, comme je ne suis pas entièrement un démon, dis-je en baissant les yeux sur mon verre.
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MessageSujet: Re: Être cool, c'est héréditaire [Terminé] Être cool, c'est héréditaire [Terminé] EmptyJeu 20 Juin - 7:41

Comment retrouver, à l’âge adulte, un parent qui ne vous connaissait pas, et qui ne vous avait pas vu grandir ? Et, inversement, comment retrouver un enfant dont on ignorait jusqu’à l’existence ? Les humains étaient parfois confrontés à ce problème. Quand on travaillait dans la police, ce genre de cas était moins rare qu’ailleurs, car les structures familiales éclatées étaient plus fréquentes chez les délinquants, elles semblaient favoriser la violence. Beaucoup d’humains dans cette situation ne souhaitaient pas retrouver leur parent disparu. C’était un vide douloureux, de ce que j’avais pu en constater. Mais la peur d’être déçu, de ne rien trouver à se dire, de rendre accessible quelqu’un qui resterait finalement inaccessible, était plus grande. Au final, on se construisait des liens avec ceux qui étaient là depuis votre naissance et il s’agissait souvent des parents. Même si l’entente n’était pas idéale, les intérêts communs rendaient souvent la cohabitation acceptable. Mais, si la personne qui vous avait donné ses gènes redevenait un inconnu à découvrir, les gènes communs importaient assez peu, finalement. Vous vous retrouviez devant un être nouveau, qui pouvait ne pas vous correspondre. Car, j’en savais quelque chose, parents et enfants se ressemblaient assez rarement. Il y avait sans doute un intérêt de la nature à cela. Dans un même groupe, pour la survie d’une espèce, il était important de pouvoir réaliser des tâches différentes. Mais cette logique évidente ne satisfaisait pas l’idéalisme égocentrique de l’être humain. Car les humains, à la fois éveillés mentalement et très fragiles, redoutaient la mort et ne voyaient pas leur enfant comme le prolongement de l’espèce, ainsi que le souhaitait la nature, mais comme le prolongement d’eux-mêmes. Je pouvais comprendre ce point de vue, parce que mon père nous l’a imposé. Il lui fallait quelqu’un capable de poursuivre “son” plan, avec des qualités requises proches des siennes, qui semblaient les seules valables en ce monde pour accomplir ses objectifs. Avec les faunes, j’ai aussi éprouvé quelque déception en réalisant que mes enfants partageaient moins de complicité avec moi qu’avec d’autres. Mais ces autres, plus proches de ce à quoi ils aspiraient, leur étaient aussi plus utiles pour évoluer. Je l’avais compris. Et je le comprenais d’autant mieux face à Alistair. Il était sans doute ridicule de se dire que nous devions absolument nous trouver des points communs parce que nous étions du même sang. Je n’attendais pas d’Alistair qu’il me ressemblât, mais s’il voulait trouver son rôle au sein de notre famille, il était le bienvenu de droit.

Evoquer ce rôle possible était plus réaliste, plus concrêt. Je n’étais plus obligé de satisfaire aux attentes inconnues de Talfryn, de sentir peser le poids de son jugement, de ses comparaisons sur moi dès que j’ouvrais la bouche pour m’exprimer, en risquant à chaque instant de le décevoir parce que mes propos ne trouvaient pas grâce à son coeur. Nous avions chacun nos existences propres, et nous pouvions cohabiter sans avoir l’obligation de fusionner. Alistair ne montre pas de signe de vexation en entendant mes avertissements concernant la famille qu’il s’apprête à intégrer. Pouvais-je pour autant lui parler des buts précis de mon père ? En même temps, pouvais-je affirmer avec certitude connaître le fond de toute sa pensée ? J’en avais une idée. Mais Merwyn Caerwyn n’était pas du genre à donner toutes ses intentions dans le détail. Il savait toujours présenter les choses d’une manière acceptable, en occultant ce qui ne l’était pas, mais qu’il ferait tout de même avec l’apparence de votre accord. J’opine doucement. Je lui tourne un sourire compréhensif lorsqu’il m’explique, pour renforcer l’échange sans doute, que les démons n’ont pas plus de raisons que les faunes de se montrer attachés à la famille. Etre, dans tous les cas, de deux espèces différentes accentue le besoin de retrouver et comprendre ses origines. Je ne suis pas convaincu que l’hybridation soit réellement une bonne chose de ce point de vue. Elle propose des mélanges intéressants, de nouvelles manières de voir le monde, mais vous laisse sans place réelle quelque part. Si j’apprécie les richesses de la mienne, je ne suis pas certain de la souhaiter pour quelqu’un d’autre.

- Je ne crains pas d’être mis en danger, mais je ne voudrais pas que tu le sois parce que tu n’as pas été éduqué avec l’idée de poursuivre le projet de notre famille. Pendant un millénaire, les Caerwyn ont veillé sur une forêt peuplée de créatures magiques en la préservant de toute intrusion humaine. Cette forêt ayant été détruite, et les lois de ce monde ayant été perturbées, mon père souhaite désormais protéger toutes les créatures au sein de cette ville. Et je pense, récréer la paix qui a été la nôtre dans cette forêt. Mais les êtres les plus puissants de ce monde ne partagent en effet pas toujours cette vision et tiennent à protéger les humains comme le secret magique. Je me permet de te le dire en ignorant quelle est ton opinion à ce sujet. Tu appartiens à deux espèces, donc le choix est tien. Ce que je peux faire, c’est te donner le point de vue de notre famille partagée entre sorcellerie celtique et faunes.

Oui, tout ce que je peux faire, c’est lui donner accès à la vision de “notre monde”. Je suppose que sa curiosité sera essentiellement satisfaite ainsi, avec ces connaissances qu’une mère démon n’a pas pu lui donner. Il trouvera peut-être notre culture inintéressante et ne verra pas d’intérêt à rejoindre la cause de mon père, ou trouvera, à l’inverse, intéressant de l’aider s’il est à la recherche de lutte et combats nouveaux. S’il est intéressé, je lui dirai, bien sûr, que mon père sera certainement ouvert à le rencontrer pour lui présenter les choses à sa manière. Moi, je ne peux décider de rien. Je peux me contenter de faits qui seraient accessibles à tous ceux qui s’intéresseraient à nous. Pour le reste, pour les actions à mener, la décision revient au maire après tout. Je ne sais pas tout ce que fait Merwyn, mais je sais certaines choses qui ne devraient pas tomber dans les oreilles de nos “ennemis”. Il faut d’abord s’assurer que Alistair ne pourrait pas en devenir un si prêter allégeance à un dieu ne l’intéresse pas davantage qu’à notre famille car nous ne lui donneront pas nécessairement la puissance, par contre, s’il décide de s’intégrer, il obtiendra un clan, un soutien qui dépasse les simples intérêts politiques et stratégiques. A lui de choisir, à lui de lire entre les lignes que je ne peux exprimer aussi. Car un monde qui attache de l’importance aux créatures magiques et souhaite les révéler au monde, n’est fatalement plus un monde où l’humain est mis au premier plan, et un monde où les dieux ont moins de pouvoir de décision. Un monde plus juste, selon mon père, mais un monde chamboulé dans toutes ses fondations traditionnelles.

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Être cool, c'est héréditaire [Terminé]

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