Les Dieux de New York
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Nos solitudes se repoussent [Merwyn]

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Nichole HarvelleNichole Harvelle


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MessageSujet: Nos solitudes se repoussent [Merwyn] Nos solitudes se repoussent [Merwyn] EmptyMer 15 Mai - 13:33

Il y avait maintenant plus de deux ans que Nichole avait terminé ses études de médecine. Sans avoir récolté les mentions d'honneur de son programme, elle avait obtenu des résultats nettement supérieurs à la moyenne grâce à ses efforts soutenus. Elle travaillait maintenant comme médecin à l'hôpital de New York. Les changements dans les normes des programmes d'études pour les professions en demande après l'ouverture de la brèche en 2007 lui avaient permis d'intégrer le marché du travail assez rapidement. Le gouvernement Laufey avait au moins eu de bon la rapide remise sur pied de la société New-Yorkaise. Il y avait maintenant presque douze ans que les événements catastrophiques étaient survenus et la ville paraissait en pleine forme si on ne portait pas attention aux comportements parfois révélateurs des gens. Comment avancer avec certitude après des bouleversements mondiaux subits dont les conséquences avaient touché tout le monde?

Nicky avait commencé à douter de son choix de carrière en découvrant les possibilités que lui offraient sa relation avec Merwyn. Elle avait persévéré et achevé ses études, et oeuvrait maintenant dans le domaine qu'elle avait crû le sien toute sa vie, mais elle ne s'y sentait pas à sa place. Soigner les gens lui apparaissait comme dépassé dans un monde peuplé de créatures, de dieux… et de guérisseurs magiques. Et dans la ville avec la meilleure qualité de vie de l'époque. Elle appréciait l'aide qu'elle apportait à ceux qui passaient à l'hôpital, mais l'envergure de ce qu'elle accomplissait la décevait. Elle avait proposé plusieurs programmes d'aide psychologique à l'hôpital, avec des groupes secrètement identifiés pour les créatures et les sorciers. Le vrai mal de New York n'était pas physique; c'était le malheur, la peur.

En tant que fiancée d'un ministre, elle avait rencontré toutes sortes de figures importantes de la ville lors d'événements mondains. Avec sourires et mots gentils, elle s'était frayé un chemin dans les bonnes grâces de presque tous ceux qui avaient croisé son chemin. Elle avait essayé de s'impliquer dans les projets de son mari et avait accepté de l'aider dans tout ce qu'il l'avait laissée toucher. Puis, il était devenu maire et avait eu moins de temps pour elle et moins besoin d'elle. Elle lui avait plusieurs fois souligné son envie, son besoin, de participer à sa vie sur tous les aspects et de partager des projets avec lui, mais il l'avait ignorée. Enfin, il lui avait chaque fois offert des prix de consolation: des projets dont la réussite ou l'échec ne changerait rien pour lui, quelques jours ou même quelques semaines à l'inviter à plus d'événements avant de reprendre ses distances et des promesses vides.

Nicky avait accepté d'être reléguée au second plan, dans une certaine mesure. Elle comprenait qu'un poste de pouvoir venait avec son lot de responsabilités et d'obligations, et qu'inclure sa fiancée par affection pouvait être mal vu tant qu'on n'avait pas fait ses preuves. Elle s'était justifié le comportement de Merwyn d'autant de façons que nécessaires pour contourner la vérité: il n'avait ni besoin d'elle ni envie qu'elle se mêle de ses projets. Il ne voulait pas faire d'efforts pour qu'elle se sente bien. Il ne l'aimait pas. Après un an en tant que maire, il ne lui avait toujours pas offert une meilleure place dans sa vie, alors qu'elle avait tout fait pour lui plaire. Elle avait multiplié les apparitions dans des talk-shows, les entrevues et les séances photos même quand il n'était encore que ministre, et bien que ces implications l'avaient empêchée d'obtenir les meilleures notes à l'université, elle n'avait formulé aucun reproche à son fiancé. À ses yeux, le soutenir en valait la peine. Aujourd'hui, elle ne regrettait pas ses actions, même si ses motivations lui revenaient avec amertume. Elle avait tiré de ses apparitions dans la sphère médiatique une image positive dans le regard du public et une possibilité d'action unique.

La jeune femme avait chargé trois grosses valises dans le coffre de la voiture d'Anthony. Celui-ci était ensuite parti se garer plus loin pour attendre son texto pour venir la chercher. Ses possessions étaient maigres lorsqu'elle avait emménagé chez Merwyn - cet endroit n'était jamais vraiment devenu chez elle, même après plus de quatre ans - et elle n'avait pas accumulé grand-chose en dehors de tenues très chères qu'elle avait portées pour des sorties publiques. De son ancienne garde-robe, il ne lui restait presque rien. Elle avait procédé à beaucoup de changements, ces dernières années.

Elle attendit Merwyn au salon, essayant de rester calme, mais chaque minute qui passait lui volait un peu de sa patience. Il arriva tard, comme d'habitude.

-Bonsoir, M. le maire. J'aurais dû prendre rendez-vous.

Elle inspira profondément pour se calmer.

-Désolée, je n'avais pas prévu t'accueillir aussi brusquement. C'est juste que… Enfin, je ne sais pas comment bien te le dire.

Elle lui désigna vaguement le sofa pour qu'il s'asseye et se tordit une mèche de cheveux en soupirant. Elle avait initialement prévu lui laisser un peu de temps avant d'attaquer le sujet, mais sa nervosité l'empêchait d'avoir l'air naturelle en gagnant du temps et elle choisit de se lancer rapidement.

-Ça fait longtemps que je te parle de comment mon exclusion de ta vie et de tes projets me blesse. Et rien ne change vraiment. Chaque fois, tu me rassures et tu me fais des promesses, mais on revient toujours au point de départ… Tu me fais sentir que je n'ai pas d'importance à tes yeux.

Sa voix manquait d'assurance. Faire ses bagages, projeter la rupture et même demander l'aide d'Anthony lui avaient demandé des efforts, mais l'impression de chute imminente qui l'assaillait rendait la scène floue et la faisait douter.

-Notre couple n'est pas du tout comme je l'avais imaginé. Plus le temps passe, plus je suis certaine que ça ne peut pas continuer. Je ne suis plus heureuse avec toi.

Doucement, elle retira sa bague de fiançailles avec l'impression de s'arracher un membre. Elle en avait été incapable avant ce moment. Elle la tendit à Merwyn d'une main tremblante.
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MessageSujet: Re: Nos solitudes se repoussent [Merwyn] Nos solitudes se repoussent [Merwyn] EmptyJeu 18 Juil - 18:00

Encore un soir où il ne voulait pas rentrer après le travail. Encore un soir où il avait réussi à se donner une excuse valable pour s'attarder : une réunion qui s'était prolongée, la décision avec ses associés de dîner ensemble. Son « chez lui » perdait le statut de refuge qu'il avait à ses débuts à New-York, quand il s'était appliqué à recréer au mieux les conditions de sa vie passée. C'était certainement qu'il avait lui-même passé une étape dans sa reconstruction. La grande capitale ne lui était plus étrangère. Il s'y était si bien intégré qu'il avait réussi à en devenir le dirigeant. Il contrôlait ce territoire, il en était le maître. Retourner dans sa maison à l'extérieur de la ville devenait une sorte d'anachronisme, de retour dans un passé factice qui ne serait jamais plus, et qui ressemblait à une parodie ridicule de ce qui avait été, de son obstination à vouloir faire comme si tout pouvait reprendre à zéro, à l'identique. Autrefois, il régnait sur une forêt. A présent, il devait s'occuper d'une ville. Et sa maison au milieu des bois américains n'avait aucun sens. Ses alentours étaient vide. Sa vie de couple souffrait, elle aussi de ses illusions. Il avait cherché une femme qui puisse l'aider à récréer la relation qu'il avait perdue, une femme qui se plierait à son univers avec le sourire. Nichole était ainsi. Nichole était prête à le suivre dans tous ses projets, à le soutenir, à l'épauler. Et ils avaient parlé de longues heures, pleines de réelle complicité, sur tout ce qu'ils pouvaient améliorer à New-York. Mais Nichole n'était pas Eileen. Il n'avait jamais eu de prise réelle sur sa relation avec Eileen. Eileen s'était imposée dans sa vie, Eileen l'avait, en quelque sorte, emprisonné dans la forêt. Il s'était adapté à son monde en renonçant à toutes ses ambitions de se faire une carrière en Angleterre. Aujourd'hui, Eileen n'était plus là pour lui imposer son mode de vie, et il avait décidé. Il était retourné à la ville, et avait emprisonné Nichole dans une vie qu'il pensait être la sienne. Nichole qui, par essence, n'avait pas du tout le même tempérament que son ancienne épouse. Merwyn l'avait certainement réalisé plus tôt qu'il ne voulait l'admettre, car il avait été incapable d'aller jusqu'au bout de son projet de l'épouser et d'avoir des enfants avec elle. Il trouvait toujours une excuse, à laquelle il croyait lui-même, pour repousser le moment. Et leurs fiançailles s'éternisaient depuis trois ans. Depuis trois ans, ils n'allaient nulle part.

Aimait-il toujours Nichole ? Il restait attaché à elle. Il la respectait en tan que personne. Elle avait misé beaucoup d'espoirs sur lui et il ne voulait pas la décevoir. Il lui avait fait des promesses. On ne revient pas sur une promesse. Alors, il avait trouvé une autre manière de croire en la réussite future de leur couple. Il avait actuellement trop de choses à accomplir pour être serein, pour s'engager à temps plein dans une vie de famille. Nichole était une bonne compagne. Il pourrait lui offrir tout ce qu'il lui avait promis quand ses projets politiques aboutiraient. Il suffisait d'être patients, quitte à se voir un peu moins souvent. Mais ils avaient bien plus d'une vie humaine devant eux. De son côté, il n'en était qu'à sa deuxième vie.
Quand il rentra ce soir là, sa compagne l'accueillit très froidement, comme s'il était un inconnu. Apparemment, il faudrait avoir une autre discussion sur son impression d'être abandonnée. Elle s'excusa presque aussitôt. Ce genre de sortie ne lui ressemblait pas. Elle ne savait pas s'énerver très longtemps.

– Je suis désolé aussi, enchaîna-t-il. Je ne voulais pas rentrer si tard. Je ferai plus attention demain si tu le souhaites.

Il voulut s'approcher d'elle, et tout lui faire oublier par des caresses, comme à son habitude, mais elle lui fit signe de s'asseoir plus loin. Il n'insista pas. Elle n'avait pas souvent cette attitude décidée, donc elle l'avait probablement assez travaillée, réfléchi, pour qu'il soit vain de lui faire renoncer à parler et entamer une discussion pénible. Et, d'ailleurs, que pouvait-il dire à ces éternels reproches. Ils en avaient déjà parlé trop de fois.

– Tu te trompes, nous en avons déjà parlé, répondit-il calmement.

Leur couple n'était pas comme elle l'avait imaginé ? Il en était le premier désolé. Il s'était trompé, lui aussi. Il aurait souhaité à ce qu'elle n'ait pas à s'en rendre compte, mais il n'avait pas su préserver assez bien les apparences. Quand à savoir s'il était heureux avec elle ? Il y avait les premiers émois, bien sûr. Mais aujourd'hui, elle ou une autre, qu'est-ce que cela changerait vraiment ? Il considéra la bague de fiançailles qu'elle lui tendait sans émotion. Merwyn n'était pas célèbre pour sa capacité à exprimer des sentiments intenses en général, mais, cette fois, il semblait particulièrement fermé. Il n'essayait même pas de sourire.

– Elle est à toi. Que veux-tu que j'en fasse ?

Son ton avait été plus sec qu'il ne l'aurait voulu. A quoi rimait ce petit jeu ? Il soupira profondément, avec un agacement visible, lui aussi exceptionnel.

– Nichole… Pourquoi te comportes-tu comme une humaine qui n'a plus que vingt ans de jeunesse devant elle ? M'aurais-tu menti au sujet de ton immortalité ? As-tu si peu de capacité de projection que tu es incapable de l'envisager ? J'ai vécu plus d'un siècle. J'avais espéré de toi que tu n'aurais pas besoin d'arriver à cet âge pour comprendre que quatre ans ne constituent pas un sacrifice énorme pour se créer les meilleures conditions de vie possible, et trouver un bonheur plus grand que celui que tu voudrais immédiatement. Celui-là ne dure pas ou, en tout cas, tu auras le temps de le voir disparaître. Les considérations des humains ne valent rien pour nous, tu devrais le savoir.

Nichole lui semblait trop déterminé pour qu'il vaille le coup de la rattraper. C'était certainement possible. En cherchant encore à lui parler, elle lui accordait une chance. Mais sa seule démarche l'avait blessé dans son orgueil, et il ne voyait par conséquent pas l'intérêt de s'humilier pour elle, de redoubler ensuite d'efforts pour la garder. Il était fatigué, lui aussi, même s'il ne le reconnaîtrait pas et que, plutôt que discuter calmement de ses erreurs et de leurs dysfonctionnements, il préférait encore lui faire porter tout l'échec de leur relation.
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Nichole HarvelleNichole Harvelle


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MessageSujet: Re: Nos solitudes se repoussent [Merwyn] Nos solitudes se repoussent [Merwyn] EmptyMer 7 Aoû - 14:47

Nicky s'était engagée dans ses études de médecine à la fois par intérêt pour une profession noble dans un monde chaotique et cruel et parce que ce domaine lui assurait un avantage social. Les gens admiraient les médecins. Elle n'avait jamais eu de mal avec les études, les longs travaux et les efforts soutenus. L'université lui avait d'ailleurs posé moins de défis que le secondaire. Les études supérieures étaient un monde plus adulte où on ne pouvait pas rejeter les autres aussi directement. Elle avait pu s'intégrer et développer sa confiance, et elle avait même obtenu de l'admiration avec ses bons résultats scolaires, son implication et sa relation avec un ministre apprécié de la population.

La jeune femme avait d'abord envisagé d'obtenir un diplôme couvrant la psychologie, mais quelques soirées mondaines l'avaient ramenée à la réalité. Les ouvriers ne faisaient pas de différence; les décideurs faisaient changer le monde. New York ne s'arrêtait jamais. On pouvait influencer son activité, peu à peu, par les bons moyens. De sa place à l'hôpital, Nicky avait amélioré les structures des ressources de psychologie. Sa visiblité sociale, grâce à sa relation avec Merwyn, lui avait permis de chanter aux bonnes oreilles pour attirer l'attention sur ses projets.

Même en sachant que sa relation avec son fiancé coulait doucement, Nicky avait été tentée de rester. Les années passées auprès de Merwyn lui avaient permis de voir plus grand et de mieux croire en elle-même. Il lui arrivait encore régulièrement de douter de ses capacités, et même de ses accomplissements, mais elle parvenait à avancer. Elle avait d'abord attribué ces changements à l'influence de Merwyn, mais ils venaient davantage du rythme de vie qu'il lui avait imposé. Leur éloignement la faisait souffrir, mais pas régresser.

Leur séparation lui promettait de nouvelles opportunités. En tant que fiancée du maire, Nichole choisissait prudemment ses fréquentations et les événements auxquels elle participait. Elle n'aurait plus besoin de se demander ce que chacun de ses gestes aurait comme répercussion sur l'image de Merwyn, ou même sur celle de leur couple. Ses ambitions avaient toujours été assez modestes et ses implications, réfléchies. Le célibat ne la lancerait pas vers de folles aventures, mais il la libérerait de toujours agir en quête d'approbation de celui qu'elle aimait. Il lui avait de toute manière longtemps prouvé qu'il n'avait pas besoin de la sienne.

Les gens qui sortaient de la vie de Nicky y laissaient des trous. Quand elle pensait à eux, c'était toujours avec une impression de chute. L'absence d'une personne qui avait eu de l'importance n'était pas naturelle. Parfois, il lui revenait un souvenir très vif d'un moment en compagnie d'un ancien ami et, même en sachant comment leur relation s'était dégradée et terminée, elle ressentait le besoin de chercher pourquoi cette réalité n'existait plus. Sa mémoire la trahissait en lui rappelant le bonheur, en lui donnant envie de le retrouver. Mais les occasions passent et les gens changent.

Les excuses vides de Merwyn et sa promesse de faire un minuscule effort temporaire donnèrent à Nicky un peu plus de force pour aller au bout de la discussion. Elle n'insista pas avec la bague. C'était un symbole plus qu'autre chose, et la rendre à Merwyn était une manière à ses yeux de tout laisser derrière. Elle la mit dans la poche de son pantalon, préférant éviter une théâtralité déplacée. Elle irait en faire don à un organisme de charité.
Nichole s'était attendu à un minimum de tristesse de la part de Merwyn. Elle aurait eu besoin qu'il la prenne dans ses bras une dernière fois et qu'ils se désolent ensemble de ce qu'ils avaient laissé disparaître. Si elle avait envisagé de sa part le type de méchanceté qu'il lui affichait, elle se serait imaginée en train de pleurer. Toutefois, ce qu'elle ressentit à mesure que les jugements sévères s'accumulaient dans le discours de Merwyn était brûlant.

- Je pense que tu sais très bien que je ne reproche pas des compromis temporaires. Je tire la juste conclusion que tu me fais porter tous les sacrifices dans cette relation. Il n'est toujours question que de toi, que de tes buts, que de ce que tu veux. Même quand je te demande, te supplie, de me laisser une vraie place.

Son ton était dur, mais elle n'élevait pas la voix.

-Quatre ans à te regarder tout décider tout seul, ce n'est pas une question de temps ou de standards humains: c'est une suite de preuves pour en arriver à la conclusion qu'il n'y aura jamais mieux avec toi.

Elle s'était longuement fait du mal en se questionnant sur l'amour qu'il lui portait, mais elle réalisait aujourd'hui que même l'amour ne pouvait racheter la manière dont il la traitait. Comme il le disait, quatre années n'étaient rien sur une existence comme la leur. Elle avait l'éternité pour être aimée, elle n'avait pas besoin de s'accrocher à lui en particulier.

-Mais ne te gêne pas pour me blâmer entièrement si ça te fait te sentir moins minable.

Il n'y avait plus rien à dire à ses yeux. Enfin, Nicky aurait encore pu parler longtemps, mais Merwyn n'allait pas l'écouter. Il faisait toujours la sourde oreille quand elle exprimait un avis qui le dérangeait. Elle se dirigea vers la porte d'un pas allégé par la certitude d'avoir pris une bonne décision. Elle douterait, plus tard, toute seule dans son lit, mais à cet instant, elle marchait vers la libération.
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MessageSujet: Re: Nos solitudes se repoussent [Merwyn] Nos solitudes se repoussent [Merwyn] EmptyMer 11 Sep - 16:43

Il avait aimé la gentillesse de Nichole et son humilité. Elle avait été une présence rassurante quand il se sentait encore seul et perdu à New-York, une jeune femme avec laquelle il avait pu discuter loin de toutes les mondanités que le milieu qu'il envisageait de conquérir lui imposait. C'était rafraîchissant. Elle était de bonne volonté. Elle voulait l'aider, et il avait vraiment cru, au début, qu'ils pourraient accomplir de belles choses ensembles. Mais les non-dits avaient fini par s'accumuler. Lui retourner qu'elle se comportait comme une humaine n'était pas une simple mesquinerie pour la blesser. Il le pensait sans le dire depuis trop longtemps. Il avait cru qu'ils pourraient arriver à une entente entre êtres magiques. Au lieu de quoi, elle l'avait toujours contraint à la traiter en humaine. Son besoin maladif de se faire intégrer à une société qu'il désirait détruire, à « oublier » ses dons pour se fondre dans la masse, avait été une première déception, un désaccord profond qu'elle ne percevait pas. Jamais, en quatre ans, il n'avait été possible de lui parler en toute transparence car il fallait préserver sa délicatesse. Toutes ses tentatives d'approche s'étaient soldées par la conclusion qu'elle n'était pas prête à entendre la vérité sur lui, sur ses objectifs, qu'elle n'en avait pas envie. Il avait dû la ménager pour lui permettre de vivre la « relation merveilleuse » qu'elle attendait avec lui. Et, puisqu'il l'avait choisie, il s'était la moindre des choses que la lui offrir. La conclusion à ce genre d'histoire était toujours la même. Peu importaient les efforts que l'on pouvait fournir, les gens ne les voyaient pas. Ils vous en voulaient simplement de ne pas avoir rendu l'illusion meilleure. S'il n'en voulait pas à Nichole d'avoir été aveugle, il lui en voulait en revanche de chercher à lui décerner le mauvais rôle comme si elle avait été la seule à faire des efforts. En avait-elle seulement fait ? De quels sacrifices osait-elle parler ? C'était franchement risible. Avait-il ricané en entendant ces mots. Peut-être. Ce qu'il entendait était juste incroyable. Le plus grand sacrifice n'était-il pas de ne pouvoir parler librement même chez soi ? Et le faire par empathie réelle pour préserver la candeur si chère à sa compagne, en la laissant fouler du pieds une grande partie de ses valeurs ? S'il ne lui avait jamais rien dit clairement, il estimait lui avoir donné toutes les pistes de compréhension si elle l'avait seulement voulu, si elle avait pu aimer l'homme qu'il était derrière l'image idéalisée qu'il lui servait. Elle savait pour sa famille, pour la forêt, pour sa mère, et même tout ce qu'il avait enduré pour faire payer le prix du sang versé. Et elle continuait à lui parler gentiment d'égalité avec les humains en méprisant son statut magique, en pensant qu'il s'épanouissait certainement à feindre la normalité en société comme elle.

– Je crains que tu n'aies jamais voulu d'une vraie place dans ma vie, Nichole, répondit-il avec une pointe de pitié. Si tu avais voulu comprendre mes buts, tu y serais arrivée. Tu ne sais même pas quels sont les tiens. Je pensais que tu voulais être médecin.

Il l'avait accompagnée tout au long de ses études mais, il avait sans doute fait l'erreur de lui faire goûter à une vie plus intéressante. La politique n'avait rien d'un jeu, n'avait rien d'amusant et elle se trompait entièrement sur ses motivations à tenir la ville. Il avait préféré lui cacher la vérité pour la préserver, en estimant qu'une fois que ses objectifs aboutiraient, elle l'accepterait sans avoir jamais rien compris à ce qu'il avait fait. Mais il avait fallu qu'à la fin de ses études, elle lui annonce que ça ne l'intéressait plus tant que ça, qu'elle voulait, en quelque sorte régner à ses côtés. Il ne l'avait pas choisie pour ça. Pour être complices, il fallait commencer par partager les mêmes opinions, ce qui avait peu d'importance tant qu'elle continuait à être médecin. Maintenant qu'elle avait bien profité de la tranquillité qu'il lui avait apportée pour finir ses études, des contacts qu'il lui avait amené et de tout son soutien, elle pouvait partir avec quelques rangs sociaux gagnés grâce à lui et la certitude de s'en sortir. C'était bien typique. De quels sacrifices osait-elle encore parler ? S'était-il d'ailleurs amusé, lui, à l'écouter pleurnicher sans cesse sur toutes les personnes qui la faisaient se sentir insignifiante et incompétente ? Il avait passé des heures à l'aider à prendre confiance en elle, à lui demander d'arrêter de se dévaloriser sans cesse.

– J'étais arrivé à cette conclusion depuis deux ans au moins te concernant mais, vois-tu, j'étais prêt à faire des efforts pour me mettre à ton niveau et t'apprécier malgré tout. Je n'ai jamais douté que tu m'avais donné ton meilleur.

Pour finir, Nichole essaya de partir sur une réplique cinglante. Il la blâmait parce qu'il était minable. Oui, il avait été minable de lui accorder autant d'attention, c'était indéniable. Il aurait dû admettre bien plus tôt qu'elle ne convenait pas à ses projets, et il le regrettait, même s'il avait trouvé confortable de ne pas avoir à s'embêter à retrouver une compagne. C'était une perte de temps plus grande encore pour ses ambitions.

– Je vais décliner l'invitation. Je suppose que me sentir minable m'aidera à mieux te comprendre, même si je n'aurais pu à te consoler. Tu t'es qualifiée bien assez souvent par ce mot et ses synonymes.

Il ne pensait pas être capable d'aller aussi loin dans la méchanceté. Mais, après tout, ce n'était qu'une maigre compensation contre tous les efforts de gentillesse qu'il avait fourni inutilement toutes ses années. Peut-être qu'il se libérait d'un poids, après tout, d'un rôle absurde qui lui pesait sans qu'il veuille l'admettre. Est-ce que Nichole lui manquerait ? Il n'en savait rien. La colère était retombée aussitôt qu'elle était venue, et il se sentait contrarié, non du départ de Nichole, mais de la destruction de son rythme de vie. Sans routine, il retournait au vide. Il allait devoir concevoir sa journée du lendemain différemment, et il n'avait pas le temps pour se lamenter. Il devait vite trouver comment combler ce vide autrement.
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