Les Dieux de New York
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Je préfère quand ma conscience dort [Terminé]

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Blue_Krait
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MessageSujet: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyMar 26 Mar - 20:36

J'avais longuement hésité à aborder ce sujet avec Lenny. Après tout, il était probablement au courant, et j'allais peut-être susciter sa méfiance envers moi sans l'aider. Sa relation avec Ezra Colfer ne me regardait pas. Les choix de Lenny ne me concernaient pas non plus. Mais je m'inquiétais. Je n'étais pas profondément attaché au jeune homme, mais je ne souhaitais pas qu'il lui arrive du mal si je pouvais l'empêcher. De manière générale, je préférais éviter la souffrance aux autres. N'allez pas m'imaginer un trait de personnalité glorieux! Je ne me jetais jamais au-devant du danger par bonté d'âme pour sauver les plus faibles; j'essayais juste de me montrer décent dans un monde chaotique.

Je ne prenais pas mes interprétations pour des certitudes mais, avec ce que je connaissais des dieux, je ne me permettais pas de laisser Lenny partager le lit d'un dieu maléfique sans le savoir. Quand il avait eu le choix, il m'avait mis au courant du danger que représentait la déesse Proserpine. Il aurait été injuste de ne pas lui rendre la pareille. C'était pourquoi je l'avais invité chez moi aujourd'hui pour lui dire ce que je savais.

Comme il était de nature très directe, j'allais vite être fixé sur ce qu'il pensait de mon intervention dans sa vie. Je ne craignais pas de le fâcher, pas après tant de fois à jouer sur sa patience par curiosité. C'était son petit ami qui m'effrayait. Si Lenny lui rapportait mon implication dans leur relation, il était possible que je me retrouve avec un dieu maléfique sur le dos. Mon pouvoir d'autoguérison avait ses limites, malgré mes entraînements pour le développer, et je me voyais mal créer un poison assez puissant pour neutraliser un dieu en colère. Contrairement à Loki, Tezcatlipoca - mais quel nom de merde - n'était pas entouré d'ennemis. Je ne pouvais compter sur personne pour m'en débarrasser. Et je n'avais plus d'amis puissants pour le dissuader de m'éliminer.

Je n'avais pas tenté de rapprochement avec Gabrielle depuis sa demande de délation pour condamner les pirates qui menaçaient les dieux. Comme il n'y avait eu aucune attaque informatique majeure contre nos dirigeants secrets, j'en déduisais qu'ils avaient été localisés sans mon aide et éliminés. Mon ancienne amie me boudait probablement toujours, mais j'avais franchi une autre étape. Je n'acceptais ni ce qu'elle m'avait demandé de faire ni la conclusion des événements. Plus que la colère, la résignation me gardait à distance. Le comportement de Gabrielle prouvait son mode de pensée, lequel plaçait les humains à un stade inférieur à celui des dieux. Je n'avais pas la prétention de comparer la puissance et la durée de vie des divinités à celles des mortels, mais se baser sur ces seuls critères pour déterminer la valeur d'une personne m'apparaissait limitatif. Au-delà de la triste simplicité de son raisonnement, Gabrielle m'avait prouvé qu'elle me traiterait en pion dès que la situation le demanderait. Je m'en voulais d'avoir placé ma confiance en elle, mais aussi d'avoir donné l'impression qu'on pouvait me dominer.

J'avais passé ces dernières semaines à faire la fête. Je n'arrivais pas à être seul et je n'avais envie de voir personne, donc m'enivrer avec des inconnus m'offrait l'étourdissement dont j'avais besoin. Ma découverte de l'identité du petit ami de Lenny avait bouleversé ma relation avec Ethan et je m'en distrayais parce qu'il n'y avait aucun problème à affronter. Que des conclusions désolantes. Je devais avoir hérité du don de ma mère pour mal choisir mes relations. Même en évitant d'être en couple, j'avais réussi à me compliquer la vie. Je devais avoir ramolli avec les années; auparavant, je gardais mes amis à une distance assez sécuritaire pour que leur trahison ne me fasse pas souffrir.

Je fis entrer Lenny, le saluai et lui offris à boire. Il y avait aussi des biscuits directement dans la plaque de cuisson, sur la table de la cuisine, que je lui désignai en lui disant qu'il pouvait se servir. La solitude me faisait redécouvrir mes dons en cuisine. J'avais acheté un mélange à biscuits déjà préparé; les limites de mes talents se trouvaient rapidement.

J'avais laissé de côté les t-shirts débiles pour mon rendez-vous avec Lenny et j'avais opté pour un haut noir qui ne laissait pas transparaître la braise magique sous la peau de ma poitrine. Habituellement, j'en choisissais un spécialement vulgaire quand je le voyais, juste pour m'amuser de son air ennuyé. Il y avait maintenant quelques années que nous étions… pas vraiment amis, mais nous nous voyions de temps en temps pour nous user les nerfs mutuellement. Je l'avais d'ailleurs embêté à propos de son petit ami quand je pensais encore qu'il s'agissait d'une personne normale.

J'évitai de soutenir le regard de Lenny trop longtemps en feignant la bonne humeur malgré mon angoisse. En dehors des fêtes, je m'étais occupé à faire du ménage, et mon appartement m'apparaissait un peu vide. La grande bibliothèque de mon salon, bien que plutôt remplie, me semblait dépeuplée. Je l'avais vidée des livres d'Ethan, que j'avais sortis de mon décor pour arrêter de les voir, mais j'avais été incapable de les jeter. Ils étaient au fond d'un placard, mais gardaient leur fantôme sur les tablettes qu'ils avaient occupées.

-Alors, du nouveau? demandai-je en m'installant dans mon moelleux sofa.

Avec de la chance, il allait m'annoncer qu'il avait rompu avec le dieu maléfique.
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyMar 14 Mai - 7:06

- Alors ?
La quinquagénaire échevelée le fixait avec un regard halluciné.
- Alors, rien du tout.
Il aurait dû se douter qu’une femme avec des cheveux partiellement teints en roux - là où la teinture placée aléatoirement avait bien voulue se mettre - et accoutrée d’un pantalon trop ample pour avoir été élégant un jour, dans quelque culture que ce fût, n’avait que des fables à lui raconter. L’e-mail qu’il avait reçu la veille laissait déjà deviner un esprit assez délirant. Mais il lui avait accordé le bénéfice du doute. Les réels cas de possession ou de maison hantées n’avaient pas de profils type. Une personne fantasque, propre à s’imaginer toute seule des contacts avec l’au-delà pouvait en recevoir par accident. Il ne pouvait pas deviner à l’avance. Au pire, Lenny avait songé qu’une personne prête à payer un exorciste sur Internet pour satisfaire ses délires était assez naïve pour avaler n’importe quoi. Mais, sur le moment, ça avait été plus fort que lui. Il ne pouvait pas approuver cette femme dans ce grand n’importe quoi, même si la décoration de sa maison pouvait laisser supposer que tout avait été disposé par une sorte de monstre qui n’avait rien d’humain.
- Comment ça ? Vous ne ressentez pas l’aura malsaine de cette pièce ?
- Ah si, je la ressens. Mais si vous voulez mon avis, vous devriez plutôt faire appel à un conseiller feng-shui qu’à un exorciste pour régler votre problème.
- Vous pensez qu’une réorganisation de mon espace pourrait m’aider à en chasser les mauvaises ondes ? demanda-t-elle sans relever l’insulte, comme souvent avec ce genre d’énergumène.
- Sans aucun doute ! Bonne continuation !
- Mais attendez…, dit-elle en clignant bêtement les paupières sans serrer la main qu’il lui tendait. Et votre exorcisme ?
- Je viens de vous dire qu’il n’y avait pas le moindre esprit frappeur ici.
- Mais je vous ai fait venir pour un exorcisme, je sais qu’il y a une présence chez moi qu’il faut chasser !
- Je rêve où vous m’avez payé tout en vous pensant plus compétente dans le domaine que moi. Etes-vous aussi stupide ?
La dernière question lui avait échappé. Il avait tiré ses conclusions tout haut. Mais ce n’était pas grave. Ce n’était jamais grave avec ce genre de personnes. Elles n’existaient pas vraiment. C’était toujours comme si tout glissait sur leur esprit, comme si rien ne pouvait avoir de prise réelles sur elle et la manière, discutable, dont elles avaient été programmées le jour maudit de leur naissance.
- Mais vous n’allez rien faire de plus ?
- Que voulez-vous que je fasse au juste ? Une danse de marabout pour vous rassurer ? Une incantation en latin ? demanda-t-il en haussant un sourcil.
Pour l’incantation en latin, ça aurait été assez facile. En récitant quelques passages d’un auteur antique qui lui restaient en tête, il aurait pu faire illusion sans grande difficulté. Les gens étaient prêtes à payer pour des choses qu’elles ne comprenaient absolument pas tant qu’elles avaient l’air convaincantes et au-delà de leurs compétences. C’était d’ailleurs ce qui l’avait motivé à tenter de se faire de l’argent de poche en proposant ses services dans un domaine non-reconnu par le moindre diplôme sérieux que ce soit. Néanmoins, même s’il existait assez d’âmes crédules pour s’autoriser de la malhonnêteté et qu’aucune preuve dite scientifique ne pourrait prouver son honnêteté, par ailleurs, c’était au-dessus de ses forces de faire l’imbécile devant du vide, aussi invisible que soit l’hôte indésirable quand il était bien présent.
- Mais je n’en sais rien moi ! s’agaça la femme. Faites ce que vous avez à faire enfin !
- Je vous ai déjà dit que je n’ai rien à faire, car la seule personne tordue qui hante cette maison, c’est vous !
- Sortez tout de suite de chez moi ! Venir chez les gens pour les insulter ! Non mais vous vous prenez pour qui ?
On nageait décidément en plein délire. Cette discussion n’avait plus aucun sens.
- J’aurais bien dû me douter avec votre jeune âge que vous n’aviez pas la moindre compétence.
Il lui jeta un regard furieux mais se retint de s’énerver en retour.
- Bon… Vous voulez une maison hantée ? Vous en aurez une dès ce soir. Je vous assure que vous allez regretter de ne pas m’avoir cru quand je vous ai juré que vous m’avez demandé de me déplacer pour rien.
- Comment ? Que voulez-vous dire ?
Le ton de sa voix, ou quelque chose dans son expression, avait dû radicalement changer car sa “cliente” semblait de nouveau le prendre au sérieux et s’inquiétait de ce qu’il n’allait faire. Mais il ne répondit pas et ferma la porte un peu plus violemment qu’il ne le voulait. Son activité n’en était qu’à ses débuts mais il n’était pas certain de la tenir s’il devait enchaîner d’autres expériences de ce type. Les gens étaient épuisants, et ce n’était pas comme s’il tenait absolument à les aider. Il voulait surtout que ces imbéciles lui donnent de l’argent. Il avait aussi son mémoire de littérature à terminer. Mais il le faisait pour la beauté du travail bien fait. Il avait commencé des études, il les terminerait, même s’il ne se voyait plus vraiment d’avenir dans le domaine. Ses préoccupations étaient trop éloignées de celles qui l’avaient poussé à viser l’enseignement universitaire. Et, maintenant qu’il arrivait à la fin de la fac, il ne voyait pas du tout comment il pourrait partager ses connaissances avec tous les futurs imbéciles qui suivraient. Il avait déjà eu bien assez de mal à supporter ceux de son âge pendant ces cinq années, alors comment ferait-il avec des êtres plus jeunes et ignorants que ceux qu’il avait eu à subir ?

A peine sorti, il envoya un message à Ezra pour lui dire combien sa “dernière cliente” lui avait tapé sur les nerfs. Franchement, 80 dollars, ce n’était vraiment pas assez pour ce qu’elle lui avait imposé. Il devait penser à augmenter ses tarifs de visite, déjà que cette conne s’était étonnée de le voir débarquer en jeans et T-shirt clair, sans il ne savait quel accessoire débile pour l’apparat. Il écrivit ensuite à Drake pour le prévenir qu’il aurait finalement 30 mn d’avance, si c’était possible. C’était possible. Tant mieux. De toute façon, qu’est-ce que Drake pouvait avoir de mieux à faire ? ça faisait cinq ans que ce type le “harcelait” et ne semblait avoir rien d’autre de particulier à faire de sa vie que s’intéresser à la sienne. Après, il avait beau le critiquer, il n’avait jamais refusé l’un de ses rendez-vous. Il ne savait pas vraiment déterminer la relation qu’il avait avec le jeune homme, mais c’était, étrangement, sa seule relation proche de l’amitié qui soit durable et stable depuis qu’il avait quitté le lycée. Drake était une sorte de témoin vivant de son évolution, de toutes les étapes qu’il avait passé depuis l’adolescent timide de dix-sept ans qu’il avait rencontré, même s’il était très loin aujourd’hui de tout connaître sur son compte. Mais chacun ses secrets, et Drake en avait de très nombreux aussi, à n’en pas douter.

Cependant, le rendez-vous de ce jour était assez inhabituel. Drake n’avait jamais été jusqu’à l’inviter chez lui. Et il eut un autre indice qu’il se passait un truc anormal quand il remarqua qu’il était habillé aussi sobrement que lui, cette fois. Petits fous et verres déjà préparés sur la table de son séjour. Que se passait-il ? Était-ce bien Drake ? Il allait lui faire une déclaration ou quoi ? Lenny suivit son invitation pour s’installer en gardant un air méfiant. Il n’aimait pas ça. Trop d’éléments anormaux pour que ça ne soit pas une sorte de traquenard… Mais il ouvrit néanmoins une bière qui était laissée à sa disposition. C’était précisément le genre d’attention qu’il attendait après sa visite catastrophique, même si Drake ne pouvait pas avoir la moindre idée de ce qu’il venait de vivre. Il le lui expliqua vaguement comme ce dernier lui demandait ce qu’il y avait “de nouveau”.

- Bof, rien de spécial. Je viens de me farcir une gogole persuadée de voir des fantômes à travers ses lampadaires à fleurs et j’ai toujours mon mémoire à finir. Mais après, j’arrête. ça me gonfle. Et toi ?

Il soupira avec une expression blasée rappelait qu’il n’avait, au fond, pas tant changé depuis ses dix-sept ans, et but une longue gorgée de bière.
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyLun 8 Juil - 21:22

Depuis mon éloignement avec Ethan, je ne manquais pas d'occupations. Nous passions beaucoup de temps ensemble, mais j'avais toujours mené une existence bien remplie, donc c'était presque naturel de palier son absence avec plus d'activités que ce que mes temps libres me permettaient. Comme tout le monde, il n'avait fait que passer dans ma vie. Je n'avais pas besoin de lui pour être heureux. Je ne regrettais pas son départ; je ne regrettais que la confiance que je lui avais sacrifiée. Les gens finissaient toujours par révéler leurs côtés décevants. Je m'y habituais avec le temps. Et la solitude qui venait avec ma résignation était facile à assommer de petites fêtes ou de longues lignes de code sur mon ordinateur.

J'avais toujours aimé le changement. Je valsais d'un cercle d'amis à un autre selon les occasions, je jonglais les emplois comme des passe-temps et j'avais quitté mon pays sans garantie de retour simplement par envie d'une existence plus excitante. J'accumulais des expériences dont on m'avait reproché le manque de cohérence, mais qui m'offraient une évolution stimulante. Ma vie était une suite de souvenirs disparates et je ne craignais pas d'y ajouter de nouveaux tournants. Ces dernières semaines, je m'efforçais de dénicher le plus de promesses de nouvelles occasions excitantes possibles pour contourner l'absence d'Ethan. Les fêtes restaient une solution facile: il y en avait toujours une quelque part avec de nouvelles personnes. Deux jours plus tôt, j'avais d'ailleurs fait la connaissance d'un cinéaste débutant qui m'avait offert un rôle dans son film. Et ce n'était même pas un porno!

Lenny n'était pas vraiment un ami, et ce n'était pas par dévouement envers lui en particulier que je prenais tant de risques. Il aurait simplement été injuste de faire autrement : je pouvais le prévenir. Au départ, j'avais été intéressé par ce blondinet parce qu'il m'intriguait. J'avais toujours du mal à résister à l'envie de provoquer les gens et je l'avais rapidement classé comme une sorte de défi. Ses réactions me surprenaient souvent. Je le traitais un peu plus comme un personnage que comme une personne et, même si les gens n'existaient pas que dans le but de me divertir, sa présence dans ma vie me distrayait. Il était comme un de ces cousins qu'on voyait de temps en temps pour prendre des nouvelles sans vraiment regretter une complicité plus profonde. Lenny était ma famille éloignée de consolation : sa présence ne voulait rien dire, mais le perdre m'aurait fait bizarre.

À l'air méfiant de Lenny, je me demandai s'il avait peur de ma cuisine ou plutôt de mes intentions, mais je ne commentai pas. Les gens s'étonnaient toujours quand je m'éloignais de leurs perceptions. Je cultivais joyeusement ma réputation d'égoïste parce que j'appréciais la simplicité des relations avec des attentes basses, mais il m'arrivait tout de même souvent d'avoir des petites attentions pour les autres. Elles étaient toutefois plus souvent du registre informatique et, dans tous les cas, je les justifiais rapidement par mon propre plaisir. J'avais envie de cuisiner, j'avais été excité par le défi de créer cette application de téléphone cellulaire, j'avais suivi l'impulsion d'acheter ce truc, etc.

Je me détendis à la vague description de la cliente de Lenny parce que son ton et sa manière de la décrire me comblaient de cette sécheresse qui me plaisait tant chez lui.

-Tu dois quand même avoir ton lot d'illuminés avec ce genre de service!

Je n'avais pas été choqué en apprenant que Lenny utilisait ses dons de médium pour se faire un peu d'argent. Plus jeune, j'avais moi-même vendu le poison que mon corps générait - enfin, le sérum de vérité seulement. Depuis l'ouverture de la brèche, la fortune que j'avais volée me permettait de ne travailler que si j'en avais envie sans m'inquiéter au sujet de mes finances. J'avais été espion par plaisir et par défi. J'avais dansé au Velvet Dream pour les deux mêmes raisons. Ces dernières années, je m'étais tenu plus tranquille, en partie à cause de mes conflits avec Loki, Héra puis Vénus, mais j'enquêtais tranquillement à mon propre compte sur les dieux et les autres êtres puissants en ville. Mes services d'informaticien me servaient plutôt d'excuse pour voir des gens et fouiller en direct dans leurs données personnelles.

-Tu arrêtes quoi? Les études? Mais je pourrai plus me moquer de toi si tu n'es plus un petit geek littéraire! Enfin... je trouverai bien un truc! Tu vas faire quoi? Exorciste à plein temps?

Je ne savais jamais si Lenny prenait de mes nouvelles par simple politesse ou par curiosité. Il se déplaçait tout de même pour me rencontrer; il devait avoir une forme d'intérêt pour ma vie.

-Rien de tellement nouveau… Je continue à me mêler de ce qui ne me regarde pas, dis-je en essayant de sourire.

J'avais prévu faire un peu la conversation pour ne pas bombarder mon invité dès son arrivée, mais je n'arrivais pas à contourner mon impatience habituelle. Lenny était assez observateur pour remarquer que je n'agissais pas avec naturel, et assez susceptible pour s'en vexer avant que je m'explique. Il nous arrivait souvent de petites frictions accidentelles. Je manquais parfois de finesse, mais Lenny s'exprimait avec la sensibilité d'une arme automatique.

-J'ai justement découvert une information… étonnante, en discutant avec une charmante demoiselle à une fête - tu l'aurais détestée avec son tutu bleu et sa brassière à paillettes.

Je pris une gorgée de ma bière pour donner l'impression que je laissais planer le suspense avec amusement.

-Tu comptais me cacher longtemps que ton copain est un dieu?
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyMar 3 Sep - 17:01

– Ouais, j'ai plus de cas psychiatriques que de vraies personnes possédées. Mais vu que les illuminés le sont souvent parce qu'ils s’ennuient dans leur vie, ils ont de l'argent à balancer pour la trouver plus palpitante…

La remarque de Drake l'avait presque déjà lancé sur toute une conversation au sujet de sa nouvelle activité, de tous les débiles qu'il y croisait et du fait que ça reste un domaine lucratif, sans qu'il soit nécessaire d'avoir le moindre pouvoir. Les prétendus « prêtes exorcistes » étaient surchargés par la demande, et l’Église elle-même avait fait passer des lois pour séparer les réels cas de possession des délires schizophrènes afin de limiter les abus. Il ne voyait pas très bien de quelle manière des personnes sans aucun dons, mais convaincues d'en avoir, pouvaient faire la différence, mais il y avait une conscience générale que le déchaînement soudain de démons et mauvais esprits en tout genre sur ce monde n'avait rien de très crédible. Mais, peu importait. Une personne convaincue de son histoire et avec les moyens de l'être était prête à payer les services de n'importe qui pour se donner raison, pour justifier à sa manière étrange sa place dans le vaste jeu de l'existence. Drake lui demanda s'il comptait faire cette activité à plein temps, après avoir essayé de le chambrer, comme d'habitude. Néanmoins, tout en haussant un sourcil dédaigneux, Lenny voulait bien lui accorder le point cette fois. Et si ça pouvait lui retirer par la même occasion une raison de se moquer bêtement de lui, ça lui convenait très bien.

– Ok, les élèves de lettres craignent. T'as raison, allez, c'est un truc de poseur. Et quand on sait que seule la surface de ce qui existe dans ce monde se trouve dans les livres officiels, j'ai pas l'impression que la littérature universitaire ait grand-chose à m'apporter. Donc exorciste à plein temps, pourquoi pas. Mais je réfléchis à des aménagements. Je sais que les tarés sont ceux qui paient le mieux, mais faut pouvoir se les supporter à temps plein, et là j'ai des doutes.

Comme toujours, Drake lui répondit très vaguement quand il lui retourna la question. Lenny s'y attendait. Il ne savait même pas pourquoi il lui avait demandé des nouvelles de sa vie. Par réflexe, plus que par politesse. Cela faisait longtemps qu'il ne s'attendait pas à recevoir de grands détails sur l'existence de Drake Varner, et il l'avait accepté. Non qu'il ne serait pas intéressé d'en apprendre davantage, mais il n'avait pas non plus d'intérêt à se battre pour obtenir ce genre d'information. Drake était le genre de personne qui se satisfaisait de manière malsaine de la vie des autres. Il lui donnait ce qu'il souhaitait parce que c'était toujours flatteur d'avoir une personne qui s'intéresse à vous sans que vous n'ayez fait le moindre effort pour. Et on avait vite à se dire que c'était sans doute parce que cette personne ne vivait rien de très palpitait de son côté. Drake l'encourageait encore dans cette conclusion. Ceci dit, sa dernière remarque interrompit un instant sa gorgée d'alcool. Il continuait à se mêler de ce qui ne le regardait pas. Si on ajoutait la situation un peu particulière dans laquelle ils se trouvaient, il s'attendait au pire. Qu'est-ce que cet imbécile curieux avait à lui sortir cette fois ? Il avait découvert une information. Le regard de Lenny redevint définitivement méfiant. En plus, il prenait un malin plaisir à faire durer le suspens en mentionnant la tenue débile de la nana avec laquelle il avait eu une conversation. Et il laissa encore planer un silence. Lenny laissa quand à lui échapper un soupire. Ce qu'il pouvait être agaçant. Et tout ça pour lui sortir quoi ? Que son copain était « un dieu ». Là, sa mine se renfrogna. Ça voulait dire quoi encore ? Et qu'est-ce qu'il avait à le fixer avec son air entendu ?  

– C'était qui cette conne ? lâcha-t-il sans trop y réfléchir. Le genre de meuf torchée qui traîne dans des soirées déguisées débiles et se vante de ses conquêtes d'un soir ? Laisse tomber, t'auras pas ce genre de détails Drake.

Il était sérieux de l'avoir invité pour essayer de parler de sa vie sexuelle ? Il devait bien s'y attendre, c'était bien son genre. Déjà à l'époque, il essayait toujours de savoir avec ses expressions dérangeantes s'il avait un petit ami. Il fallait vraiment qu'il se calme. Et puis, il allait devoir discuter avec Ezra de cette histoire de fille alcoolique qui racontait à n'importe qui en soirée qu'il était un dieu. Même si ça ne lui plaisait pas beaucoup, Ezra lui avait avoué avoir eu des aventures avant lui. Malgré son statut d'handicapé, il savait se débrouiller apparemment. Normal quand on était aussi mignon après tout. Il avait donc fini par l'accepter, parce qu'il n'avait pas vraiment le choix et puis, de toute façon, ça appartenait au passé. Il ne savait pas ce que Drake essayait de faire, mais il n'arriverait certainement pas à lui faire douter de la fidélité de leur couple. Qu'il se trouve une vie personnelle satisfaisante à la fin !
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyMer 9 Oct - 20:29

Ces derniers temps, je me relevais souvent d'une fête pour me préparer à aller à une autre. J'alternais les soirées privées, les événements mondains et les nuits de débauche. Je buvais sur place, modérément ou beaucoup selon l'occasion, et je finissais souvent de m'enivrer une fois chez moi. Je restais plus sage à ce niveau quand je revenais avec une conquête, mais le résultat était le même: je pouvais me coucher bien assommé. J'avais aussi passé deux bonnes semaines, à coups d'environ cinq jours à la fois sans faire d'autres activités, devant mon ordinateur à coder, à chercher et fixer l'écran sans bouger. J'alternais ainsi tornade et inertie, privilégiant le mouvement parce qu'un trop long arrêt menaçait de s'éterniser. Ainsi, après quelques jours sans bouger, je fonçais vers la première raison que je trouvais de sortir m'étourdir.

J'avais repoussé ma rencontre avec Lenny même si elle était inévitable. Je n'avais pas ruiné ma relation avec Ethan pour finalement me replier et lui donner satisfaction.

Lenny ne parlait pas de ses nouveaux projets d'exorcismes comme d'une passion mais plutôt comme d'un moyen de profiter des riches gens chiants. Ça me plaisait. À l'époque, je n'avais eu aucun scrupule à vendre mon sérum de vérité à n'importe qui. Si les gens ne savaient pas comment contourner les questions auxquelles il ne voulaient pas répondre, ils n'avaient qu'à assummer leurs mensonges. Je n'avais offert à aucun client mon poison. Je ne voulais pas qu'on remonte jusqu'à moi s'il y avait une enquête sur un meurtre. Comme il existait beaucoup de moyens d'empoisonner une personne ou de lui faire du mal, je n'aurais pas pu vendre mon poison bien cher la pièce. C'était pareil pour l'option hallucinogène: les gens faisaient déjà affaire avec des dealers normaux. Le sérum de vérité me garantissait une clientèle assez sournoise pour éviter les problèmes et un revenu intéressant. Avec tout l'argent que j'avais détourné à l'ouverture de la brèche, je ne me faisais plus chier aujourd'hui à utiliser mon pouvoir pour les autres. Je m'en servais presque exclusivement pour m'amuser.

Mon travail d'informaticien n'était pas non plus lié à des besoins financiers. Je l'exerçais surtout pour le plaisir de fouiller dans les données personnelles des autres et pour me distraire. Aller effacer des photos de gens nus d'un site de partage pendant qu'ils attendaient, gênés, faisait partie des petites joies de la vie. Je profitais aussi de mon accès à certains appareils et réseaux pour m'ouvrir des portes plus facilement vers des sources d'information. Pirater la mairie n'avait plus de secrets pour moi, mais notre gouvernement immédiat n'était que l'un de mes sujets d'intérêt variés.

Je souris avec un peu d'arrogance quand Lenny exposa son dégoût pour les étudiants de lettres. Il y avait quoi… une minute qu'il avait abandonné ce programme?  Néanmoins, il avait raison. Tout le système scolaire passait volontairement à côté de la magie. Il ne servait à rien de s'accrocher à un cadre qui servait à limiter plutôt qu'à structurer. Je n'imaginais pas les bases de notre société changer bientôt. Même les dieux craignaient le chaos que la révélation de la magie risquait de créer, et ils étaient les plus puissants êtres magiques de notre monde. Les quelques vagues qui avaient été faites dans ce sens ces dernières années avaient été étouffées par l'envie de s'aveugler qui caractérisait une bonne partie de la population. Les gens n'étaient pas difficiles à informer, ni à convaincre dans une certaine mesure, mais ils repoussaient les changements.

Je m'attendais à ce que Lenny réfute la vérité, mais sa manière de le faire me surprit. Je mis quelques secondes à comprendre ce qu'il s'était imaginé dans sa petite tête. Ce n'était pas injuste de sa part, puisque j'avais l'habitude de lui passer des commentaires sur ce thème pour l'ennuyer. Mais c'était inattendu. Je lui répondis en souriant, mais je ne ris pas: j'étais beaucoup trop stressé par la situation générale pour rire.

-C'était une belle brune qui travaille comme serveuse pour un traiteur et qui écoute toutes les conversations dans les soirées mondaines. Bon, je dis pas que c'est impossible qu'elle se soit tapé ton petit copain - vu ce que tu tires comme conclusions, il doit être un débauché qui couche avec n'importe qui… mais c'est pas de ça que je veux te parler.

Je perdis mon sourire. Le piquer un peu m'avait un peu détendu, mais je continuais à paniquer. S'il fallait qu'il me force à lui prouver les origines des son copain, je risquais de perdre patience. J'avais déjà fait beaucoup d'efforts pour lui. Même s'il ne le savait pas. Il avait quand même intérêt à être un minimum reconnaissant.

-J'ai bien vérifié l'info avant de t'en parler, évidemment. Que ce soit une rumeur venant d'une fille qui a bu ou d'un ministre à une partie de poker, je fais mes recherches avant de croire quelque chose. J'ai jamais perdu mes compétences d'espion.

Je pris une gorgée de bière pour lui laisser le temps de bien enregistrer que je ne blaguais pas.

-Ton copain est Tezcatlipoca, le dieu aztèque de la nuit, la discorde, la providence… Bref, c'est le dieu le plus craint de sa mythologie. Je me suis dit que tu aimerais le savoir.
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyMar 22 Oct - 11:03

Pourquoi Drake s'acharnait-il à lui donner des informations sans intérêt ? Il ne lui avait pas demandé comment était cette fille mais son identité. On s'en fichait qu'elle soit brune, blonde ou chauve, jolie de son point de vue, de son travail de prolétaire ou de ses passions dans la vie. Lenny attendit avec ennui, en manifestant son impatience en tapotant du bout du doigt sur son verre. Drake cherchait à l'embrouiller. Sa parole était confuse. Il n'affirmait pas qu'elle ait pu coucher avec Ezra mais n'en avait pas la certitude pour autant. Donc, que signifiaient ses histoires de dieu ? Qu'est-ce que cette fille venait faire ici ? Mais, au lieu d'apporter des réponses, il préféra suggérer que ses conclusions lui permettaient donc de traiter son copain de débauché. Lenny fronça les sourcils avec contrariété. Pourquoi fallait-il encore qu'il se fasse avoir par cet imbécile pénible ? Toujours à prétendre lui avoir fait dire ce qu'il n'avait pas dit.

– ça n'a rien à voir ! s'emporta-t-il en renonçant à s'expliquer davantage.

Aucune argumentation valable ne lui venait, ce qui était d'autant plus agaçant, alors que les accusations de Drake étaient totalement injustes. Néanmoins, dire qu'il ne pouvait pas connaître dans le détail toutes les relations de son partenaire pourrait faire dire à Drake qu'il semblait décidément bien peu renseigné sur Ezra, même s'il était évident qu'il n'allait pas lui demander d'établir une liste et que même une liste pourrait comporter des lacunes volontaires. Et qu'il était parfaitement normal d'estimer qu'une fille qui se permettait de dire des choses ambiguës sur son copain était une potentielle conquête, surtout quand l'information venait de Drake qui fréquentait, lui, des milieux de débauche et n'aimait que les informations qui pouvaient le mettre mal à l'aise. Bref, sa réaction à lui était justifiée, et il n'avait par conséquent aucune raison de s'en défendre. Le regard de Lenny s'assombrit encore. Étrangement, alors que la situation semblait idéale pour continuer à le provoquer, Drake sembla y renoncer. Il abandonna son sourire. Il lui parla maintenant de sources qu'il avait vérifiée. Quelle information ? Encore cette histoire de dieu ? Voulait-il réellement parler d'un dieu au sens propre, ou juste de sa capacité à fouiller la vie privée des gens ? Lenny défronça un sourcil pour le hausser doucement, quitta sa contrariété pour un air blasé. Sa nouvelle expression ne bougea pas d'un cil quand Drake lui lâcha toute la révélation. Son copain était quoi ? C'était quoi ce nom à coucher dehors ? Un dieu aztèque, voilà autre chose. Ah pour faire des recherches, il en avait faites. Ezra avait une gueule de mexicain peut-être ? Le sérieux du jeune homme ne l'alertait pas particulièrement. Il imaginait très bien Drake rester sérieux si son but était de lui faire une blague pour l'inquiéter.

– T'as passé combien d'heures à répéter ce nom débile pour me le sortir aussi naturellement ? lança-il sans s'émouvoir en reprenant une gorgée de bière.

Mais Drake continuait de le fixer avec sa tête sérieuse, comme s'il attendait une meilleure réaction de sa part. Il voulait quoi ? Qu'il se mette à hurler de terreur parce qu'il lui avait parlé, en gros, d'une divinité issue de la mythologie considérée comme la plus sadique du monde ? Il le sous-estimait franchement s'il voulait l'émouvoir avec la promesse d'un scénario digne d'un film d'horreur bien naze.

– Merci pour l'information, je sais maintenant comment faire plaisir à Ezra en égorgeant des humains pour son anniversaire.

Il était vrai qu'il avait déjà averti Drake qu'une déesse dangereuse le suivait quelques années plus tôt. C'était une chose qu'il avait quasiment oubliée depuis. Il était vrai aussi que Drake n'avait pas mis sa parole en doute quand il l'avait averti que Proserpine avait tendance à tuer les humains qui sympathisaient de trop près avec elle. Mais, en même temps, ce n'était pas son genre d'inventer de telles blagues. Était-ce le genre de Drake ? Sans doute. Mais le rappel de ce souvenir lui fit un instant reconsidérer les choses. Franchement, ce ne serait pas du tout correct de la part de Drake de se moquer de lui alors que ses avertissements concernant Proserpine n'avaient rien d'élucubrations et qu'il avait pu en avoir la confirmation. La démarche de Drake était peut-être sincère, ce qui ne l'empêchait pas d'être absurde. En devenant plus sérieux à son tour, Lenny posa son verre et reprit d'une voix très calme :

– Je connais Ezra depuis des années. Je sais qu'il est plus ancien qu'il en a l'air, mais je ne vois pas pourquoi il m'aurait caché ce genre de chose.

Son ton même se voulait rassurant. Si Drake s'inquiétait, il s'inquiétait pour rien. La situation était différente. Quand il s'était agit de Proserpine, Lenny avait vu sa plus récente victime, il lui avait parlé. Mais de simples informations n'étaient pas des preuves tangibles. On pouvait être un bon enquêteur mais se perdre quand on cherchait la confirmation d'une chose précise. Il fallait bien qu'il comprenne que ça n'avait aucun sens. Sa relation avec Ezra était parfaitement stable et sérieuse. Ezra lui avait suffisamment parlé à cœur ouvert pour qu'il n'ait pas de doutes concernant ses sentiments et sa volonté de construire quelque chose de durable avec lui, ce qui semblait compliqué avec un mensonge aussi énorme. Et puis, franchement, qu'est-ce qu'un dieu maléfique aztèque irait faire avec lui ? Il arrivait certes aux dieux de s'amouracher d'humains, ce n'était pas impossible, mais la statistique était tellement ridicule qu'il ne lui semblait pas pertinent de la considérer, surtout le concernant.
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyMer 23 Oct - 16:50

Me mêler des affaires des autres comportait toujours un certain danger. Surtout quand ces autres étaient des dieux puissants. Loki avait failli me tuer, et je n'avais pas survécu grâce à ma puissance mais grâce à l'intervention d'un autre dieu. Un dieu à qui je devais aussi le pouvoir qui me tenait en vie, jeune et à l'abri de la plupart des attaques physiques. Si la longévité éternelle m'avait d'abord angoissé, elle me détendait désormais. J'avais tout le temps devant moi pour me lancer dans des projets et profiter de ce que ce monde avait à offrir sans craindre de vite devenir un vieillard épuisé et esseulé.

En général, je me tenais loin des affaires des dieux. Je m'informais, mais je n'agissais pas directement. Il aurait été plus prudent de rester à l'écart de l'anonymat volontaire de Tezcatlipoca, mais je n'avais pas pu résister à l'envie de voir éclater tout le bordel potentiel, surtout après la réaction d'Ethan. Je ne souhaitais pas faire du mal à Lenny - je voulais d'ailleurs le protéger - mais ça me plaisait de nuire à un dieu qui profitait d'un humain. De la même manière, je me réjouissais d'avoir refusé à Gabrielle une faveur qu'elle exigeait.

En apprenait mon implication - je comptais sur Lenny pour ne pas m'épargner en le confrontant -,  Tezcatlipoca risquait de vouloir s'en prendre à moi. Selon Ethan, il n'était lié à aucun dieu important et il ne se mêlait ni de politique ni de la grande vie sociale de New York. Puissant ou non, il n'était pas de taille contre Thot et Vénus qui étaient à la fois magiquement redoutés et populaires auprès des autres dieux et de la population. D'un œil extérieur, j'étais assez intouchable. J'étais le jouet de deux divinités puissantes! Dans les faits, Vénus ne se porterait jamais à ma défense, mais notre amitié flétrie suffisait à faire de moi sa petite possession aux yeux des autres divinités. On n'avait pas envie de lui déplaire et briser ce qui lui appartenait. C'était le même principe pour Thot, et même davantage si on considérait que la plupart des dieux ignoraient probablement notre éloignement. Et parce que nous avions été plus proches. On pouvait aussi ajouter au compte mes liens flous avec Hel, avec qui j'avais été vu à différents événements mondains. Dix secondes de recherche sur moi prouveraient aussi que j'avais survécu à Loki quand il dirigeait encore la ville. Mes liens et mon passé avec plusieurs dieux me rendaient gênant à tuer. À moins d'être particulièrement impulsif, Tezcatlipoca ne risquait pas de m'éliminer; et si on se fiait à comment il passait sous les radars depuis des siècles, il ne semblait pas manquer de subtilité. Je me mettais en danger en paniquant, mais je n'aurais pas agi si je n'avais pas eu ces conclusions de mon côté.

Je soupirai au commentaire de Lenny sur le nom réel de son petit copain. Je comprenais sa méfiance parce que j'avais tendance à me moquer de lui de manières originales, mais je voyais mal comment il pouvait croire que j'avais inventé un truc aussi tordu juste pour rire. Nous connaissions tous les deux l'existence des dieux, et il s'agissait d'un sujet sérieux qui pouvait nous mettre tous les deux en danger. J'aimais tout tourner à la blague, mais je n'avais pas l'habitude de crier au loup. Je ne comprenais pas l'attitude de Lenny. Je m'attendais à une brusque argumentation contre la vérité, voire même des accusations parce que je me mêlais de sa vie. Mais il refusait juste calmement la réalité.

Je baissai les yeux sur mon verre à son explication de l'improbabilité d'un mensonge de son copain. Il n'avait pas de mal à croire à la possibilité d'être lié à un dieu: c'était un mensonge de celui qu'il aimait qu'il n'arrivait pas à imaginer. Je ne m'étais pas préparé à ce type de réaction. Je n'avais pas envisagé une telle confiance de sa part.

-Je suis désolé… articulai-je rapidement avant de relever les yeux de mon verre. Les gens cachent souvent des choses. Les dieux…

Les dieux mentent mentent aux mortels et les manipulent. Je ne pouvais pas dire ça. Même si c'était vrai, il n'était pas prêt à l'entendre.

-Il y a beaucoup de dieux en ville et ils sont prudents avec leur identité. Tez… Ezra a peut-être préféré attendre de mieux te connaître avant de te révéler son identité, au départ. Et après… quand ça fait longtemps qu'on ment ou qu'on cache un truc, il n'y a plus de manière naturelle d'en parler, et on s'enfonce.

Je me retrouvais à défendre son petit dieu maléfique. C'était ridicule. D'un autre côté, je ne connaissais de lui que sa réputation et sa nature réelle. Ses motivations à mentir n'étaient pas obligatoirement mauvaises. Il restait détaché de la micro-société des dieux modernes, et il avait quitté sa propre mythologie. Il ne se comportait pas comme la majorité des divinités.

-Il t'a quand même laissé savoir qu'il est plus ancien qu'il le paraît. Il t'a peut-être laissé d'autres indices?
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyLun 4 Nov - 18:36

Drake avait baissé les yeux sur son verre. Drake lui avait présenté des excuses d'un air réellement gêné et sincère. Si c'était une blague, elle n'était absolument pas drôle. Enfin, Lenny n'avait jamais beaucoup rit aux plaisanteries de Drake, mais il en comprenait l'intention et le mécanisme. Là, les choses étaient différentes. L'humeur n'était donc pas à la plaisanterie. Il était vraiment persuadé de lui livrer un scoop, et cela commençait franchement à l'agacer. Son « je suis désolé » eut droit à un regard contrarié. Ne venait-il pas de lui dire que ses soupçons étaient très certainement infondés ? Mais Drake persista en essayant même de lui proposer une explication plausible au silence d'Ezra sur sa prétendue nature divine. Il le forçait à considérer la possibilité. Si Ezra était un dieu qui souhaitait construire une relation sur un plan d'égalité avec lui, dire qu'il était un dieu aztèque aurait pu mettre d'assez grandes barrières entre eux. Il aurait pu craindre de ne pas être aimé pour ce qu'il était et ce genre de bêtises que l'on trouve dans les romances. Mais, en même temps, quand on débutait dans la vie, on avait pas forcément envie de s'engager avec un être millénaire très puissant pour qui il était très possible de n'être qu'un passe-temps. Et même si le passe-temps durait une dizaine d'année, c'était une perte énorme quand il fallait refaire sa vie à un âge plus avancé, après s'être fait abandonner sans aucune explications. Ezra avait-il ce genre de projet en tête ? Ne rien dire pour se donner la possibilité de disparaître vers une herbe plus verte ? En même temps, Lenny ne lui avait pas non plus facilité de potentielles révélations avec ses réactions quand il avait appris son âge ancien, ses nombreuses existences depuis la Renaissance. Il s'était déjà beaucoup inquiété de n'être qu'un visage de plus dans sa très longue vie et c'était quelque chose qu'il pouvait facilement remettre sur le tapis quand il était en colère contre lui, souvent parce qu'il se sentait négligé et entrait dans une sorte de phase parano à cause de ce qu'il savait de lui. Or, même très âgés, Ezra restait un humain. Or, s'il fallait ajouter une dimension divine, ses peurs seraient bien plus justifiées et il avait pu avoir de vraies raisons à ne pas aller plus loin dans les aveux.

– On voit que tu connais bien le sujet…, lança-t-il acerbe, sans faire d'efforts, malgré ses réflexions.

Ce n'était pas parce que Drake le forçait à considérer la chose qu'il y songeait avec sérieux et lui accordait plus de crédit. Voilà qu'il s'accrochait à l'ancienneté d'Ezra pour lui signifier qu'il lui avait pourtant donné des indices, et il insista encore, pour savoir quels autres indices auraient pu filtrer.

– Sérieusement, Drake, commença-t-il agacé, qu'est-ce qu'un prétendu dieu du mal aztèque peut me laisser comme preuves éloquentes ? Son dernier costume d'Halloween ? Une sonnerie de portable mariachi ? Une passion pour le chocolat ? Un amour inconditionnel pour l'or ?

Ou alors… Son regard perdit un instant de sa dureté. Non, c'était ridicule, Drake le forçait tellement à considérer ses idioties qu'il allait finir par l'inciter à se convaincre tout seul. Il détestait cette impression de se faire manipuler. On trouvait toujours des biais de confirmation quand on cherchait à justifier un sujet précis, c'était même pour cette raison qu'une grande partie des études universitaires étaient totalement bidons, et leurs élèves avec, sauf lui, bien entendu. Mais… Pourquoi Ezra s'était-il intéressé à lui ? Il ne s'en était pas caché, il aimait toujours le lui rappeler et le complimenter à ce sujet. Il avait aimé sa noirceur qui le plaçait, selon ses propres mots, au-dessus du reste des humains qu'il avait pu rencontrer. C'était ainsi, d'ailleurs, qu'il le rassurait lorsqu'il s'inquiétait de l'importance que pouvait bien avoir leur relation pour un sorcier de plusieurs siècles. Au-dessus des humains… Et ne lui avait-il pas offert un spectacle sacrificiel pour le séduire, avec l'intuition profonde que c'était la meilleure façon de gagner toute son estime ? Il l'avait embrassé pour la première fois dans des toilettes pleines de sang, à côté d'une jeune fille hagard et meurtrie, et cela avec une passion brutale, loin de toute la réserve qu'il lui avait montré auparavant et qui avait souvent manqué de le décourager. Il aimait jouer à malmener toutes les personnes qui le contrariait, à élaborer des plans raffinés et sadiques pour les faire souffrir. Lenny ouvrit une bouche hésitante, et la referma presque aussitôt. Il n'y avait rien dans tous ces « indices » qui ne puisse être oralisé. Drake n'était certainement pas prêt à entendre ce genre de choses et il était trop imprévisibles pour que ce soit prudent de lui révéler que ses pouvoirs dépassaient la simple connexion avec des esprits. Actuellement, il semblait vouloir l'aider. S'il savait ce qu'il faisait de son temps libre, il était aussi bien capable de changer l'idée et chercher à lui nuire. On ne savait jamais avec lui. Enfin, oui, Ezra était certainement une personne que l'on pouvait qualifier de maléfique. Mais ça ne justifiait pas toutes ces accusations. Il rouvrit la bouche pour demander sur un ton plus mesuré :

– Tu dis que tu as fait des recherches. Donne moi un indice qui t'a incontestablement permis d'arriver à cette conclusion.

Après tout, c'était Drake qui arrivait avec ses soi disant informations dont il ne lui disait rien, pas lui.


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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyLun 6 Jan - 18:29

La confiance que Lenny avait en son petit ami me troublait. Beaucoup de gens n'attendaient que la bonne excuse pour prêter de mauvaises intentions aux autres. Je faisais partie de ces gens. J'avais toujours maintenu une certaine distance dans mes relations, et j'étais quand même arrivé à être déçu plusieurs fois. Un ami finissait toujours par se montrer sous son vrai jour; il fallait être préparé à sa trahison. Mais elle faisait toujours mal.

Je ne m'étais pas préparé à ce type de réaction. Exposer le mensonge de Tezcatlipoca dans ces conditions se révélait beaucoup plus délicat. Blesser Lenny était inévitable, mais je voulais l'épargner un minimum. Toutefois, la délicatesse n'avait jamais été mon fort. Je m'accrochais à mes doutes sur la nature des intentions du dieu. Il ne servait à rien de le couler s'il traitait Lenny comme un égal plutôt qu'avec le mépris que les dieux normaux avaient pour les mortels. Il se tenait à l'écart des autres divinités, il n'était pas passé par la brèche, il avait quitté ses disciples… Plusieurs éléments l'isolaient. Je mentais trop souvent moi-même pour le condamner entièrement sur un secret, et je me surprenais à essayer de convaincre Lenny d'adopter ce point de vue.

Mon attitude pouvait paraître incohérente en parallèle de celle que j'avais avec Ethan, mais il m'était beaucoup plus facile d'accorder un pardon dans lequel je n'étais pas impliqué, tout comme de nuancer mon avis à distance. J'aurais pu argumenter les différences entre les deux situations, mais la seule qui comptait était le détachement qui me manquait au sujet d'Ethan. Avoir conscience de cette faiblesse ne m'y rendait pas imperméable, et je continuais à accumuler les torts que je trouvais à mon ancien ami.

Je soupirai à la réponse sèche de Lenny et fixai mon verre. Il n'avait pas envie de chercher d'indices. Il ne voulait pas me croire. Envisager ce type de secret de la part de son copain le terrifiait probablement. Être en couple avec un dieu amenait son lot d'inquiétudes potentielles. Les divinités n'avaient pas l'habitude de rester longtemps liées aux mortels et revenaient souvent vers leurs semblables après avoir joué avec leurs inférieurs. Il fallait être aveuglé d'amour ou d'orgueil pour se croire assez unique pour vraiment charmer un dieu. Leur attention était souvent facile à gagner, mais encore plus à perdre.

J'avais rempli la responsabilité que je m'étais fixée : j'avais prévenu Lenny. Son déni me stressait. J'avais envie de le laisser se débrouiller tout seul avec son petit ami bombe à retardement. Mais même si ma patience s'amenuisait, je n'arrivais pas à lâcher prise. Ma dispute avec Ethan rendait cette victoire essentielle.

-Tu t'attends à quoi? Que je pirate une source sous tes yeux? Que je te montre un artefact à  l'effigie de ton copain?

J'avais compris qu'il n'essayait pas de me coincer, mais il ne m'offrait pas une réelle opportunité de le convaincre. Je lui avais exposé les faits. J'avais même fait des efforts de finesse pour qu'il ne se sente pas trop stupide de n'avoir rien vu, même si c'était assez triste qu'il connaisse ce dieu depuis des années en n'ayant rien remarqué.

-Tu ne me crois pas en sachant que je suis lié à plusieurs dieux et que je suis un espion assez menaçant pour que Loki ait essayé de me tuer, et échoué, et qu'ensuite personne n'ait osé s'en prendre à moi. Je ne vois pas quelle preuve je peux te donner – tu trouveras un angle pour douter.

Il voulait que je lui donne un indice, mais c'était lui qui vivait avec un dieu : il devait en avoir eu des tas, mais il avait chaque fois fermé les yeux. Je ne pouvais pas faire le travail de déduction à sa place, et il n'avait visiblement pas envie de le faire. L'occasion qu'il me donnait de m'expliquer davantage était certainement plutôt une voie pour réfuter davantage la vérité.

-Enfin, même sans faire de recherches, certains trucs sautent aux yeux. Tu connais beaucoup de mortels magiques coincés en fauteuil roulant? Ils vont voir des guérisseurs. Pourquoi penses-tu qu'Ezra ne trouve personne pour l'aider? Quand on s'attire une punition si puissante que la magie humaine n'y peut rien mais qu'on n'en meurt pas, c'est pas un signe de normalité. Et depuis la brèche, il n'aurait trouvé aucun dieu pour l'aider?

J'en avais marre de marcher sur des œufs. La douceur ne fonctionnait pas, de toute manière.

-Et tu ne trouves pas que ça ressemble au genre de conneries que les dieux se font entre eux parce qu'ils sont trop difficiles à tuer?

Il connaissait différentes mythologies. Même avec mauvaise foi, il ne pouvait pas ignorer cette catégorie de comportements.

-Ton copain ne dissimule pas magiquement son identité, donc il doit s'attendre à être démasqué.

En se choisissant un petit ami magique côtoyant un espion lui aussi magique, Tezcatlipoca aurait été plutôt stupide d'imaginer rester longtemps anonyme. Vu son habituelle subtilité, je n'attribuais pas ce comportement à un manque de réflexion. Il devait patiemment laisser Lenny le découvrir peu à peu. Je n'avais peut-être qu'accéléré les choses.

-Je ne t'ai pas prévenu parce que je veux vous nuire, mais parce que tu m'as averti quand tu as vu le danger potentiel de Proserpine. Ça me semblait juste.

Ce n'était pas seulement Lenny que je voulais convaincre de mes bonnes intentions, mais aussi son copain s'il était mis au courant de mon implication.
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyVen 24 Jan - 19:13

Les défenses de Lenny s’effondraient peu à peu, même s’il n’en laissait rien paraître. Il avait considéré avec sérieux la révélations de Drake. Il admettait que son insistance et que son attitude agacée ne convenaient pas du tout à une mauvaise farce. Et, en y réfléchissant bien, il y avait peut-être, hélas, une possibilité que ce fût vrai. Mais ce n’était pas suffisant. Pour le moment, tout relevait encore de l’interprétation pure et simple. Drake lui présentait sa version de la réalité, il n’avait aucune preuve pour l’opposer à tous les contres-arguments possibles. Lui donner raison, comme il semblait le réclamer, n’était donc pas envisageable. Quand il lui demanda avec un agacement visible s’il s’attendait à ce qu’il pirate une source fiable sous ses yeux ou lui montre un objet magique à l’image d’Ezra, Lenny ne saisit pas très bien où se situait l’ironie. Il leva les sourcils, l’air de dire « Oui, évidemment ! » comme s’il était confronté à un parfait imbécile. Ce serait, en effet, quelque chose qui pourraient constituer des preuves irréfutables. Ce n’était pas qu’il cherchait à éviter la confirmation, mais l’annonce était assez grave pour mériter d’y mettre les formes. Qu’allait-il faire autrement ? Comment pouvait-il revenir vers Ezra sans rien pour le confronter ? S’il ne voulait rien dire, il pourrait toujours retourner la situation. Si Drake se trompait, ou s’il parvenait à lui faire croire que Drake se trompait, il ne pourrait pas argumenter du contraire et se sentirait profondément idiot. Nous n’étions pas dans un procès mais c’était tout comme. Et le système juridique était régi par certaines règles implacables pour de bonnes raisons, n’en déplaise à Drake-dont-la-parole-était-sacrée. Quel numéro lui jouait-il au juste ? Et moi je suis tellement important que je peux me passer de preuves, et moi je suis une célébrité dans le milieu, et blablabla. Ce fut au tour de Lenny de prendre une expression plus ennuyée. Il ne pensait même plus au problème de son petit ami qui lui avait potentiellement caché sa nature divine. Toutes ses pensées étaient tournées vers l’attitude absurde de Drake.

– Mais où as-tu vu que l’on croyait les gens simplement parce qu’ils étaient importants ? C’est de la manipulation de discours ça. Je peux estimer que tu es sincère, et ensuite ? As-tu raison parce que tu es sincère ? Sans preuves, rien n’est jamais vrai.

Où allait-on autrement, je vous le demande ? Si un jour quelqu’un soutenait avoir vu une personne en tuer une autre, il fallait la croire sur parole ? Et si elle se trompait malgré sa parfaite sincérité ? Ce n’était pas recevable. Drake pouvait se tromper sans preuve du contraire, et il ne l’aurait pas avec ses petits tours sentimentalistes. En plus, c’était tout de même lui le plus embarrassé par cette histoire. Il ne voyait pas de quel droit l’oiseau de mauvaise augure qui avait décidé d’être essayait maintenant de jouer les victimes. Un instant, Lenny songea qu’il était curieux comme les choses avaient changé en quelques années. Quoiqu’il advienne, sa relation avec Ezra l’avait rendu bien plus sûr de lui qu’avant. Il était réellement en train de tenir tête à Drake comme un égal, voire, à le traiter comme un enfant capricieux à qui il était nécessaire de rappeler le fonctionnement des choses. Jamais il n’aurait pu imaginer un tel revirement.
De bien mauvaise grâce, Drake essaya de développer ses propos, même s’il restait toujours dans le domaine de l’interprétation. S’il connaissait beaucoup de mortels magiques en fauteuil roulant ? Disons qu’il ne connaissait pas beaucoup de mortels magiques tout court, ce n’était pas franchement ce qui courait les rues. Bien sûr, ils avaient déjà évoqué le problème du handicap d’Ezra. Pensait-il qu’il se fichait à ce point de la situation de son petit ami ? Qu’il n’avait pas déjà longuement discuté des solutions possibles avec la magie ? Ezra lui avait parlé d’une malédiction puissante. Pourquoi maudire plutôt que tuer ? Mais parce que les dieux étaient sadiques, bien sûr ! C’était attesté dans à peu près toutes les mythologies.

– Oh, je ne sais pas, commença-t-il d’une voix cassante. Est-ce que je dois vraiment faire la liste de tous les simples mortels qui ont été maudits par des dieux pour satisfaire leur ego blessé ? On pourrait presque énumérer tous les chapitres de la Bible, et ce n’est qu’un seul exemple. Alors oui, bien sûr que ça ressemble à des "conneries" de dieux. Comment en douter ?

Etait-il possible de faire disparaître la malédiction avec l’aide d’un autre dieu ? Selon Ezra, c’était une chose compliquée à cause des lois même de ce genre de pratique magique. Souvent, une malédiction ne pouvait être annulée que selon les règles établies par son porteur, certaines étaient même prévues pour durer éternellement. Alors il était toujours possible de trouver des failles, mais il fallait beaucoup de puissance magique et qui disait aide considérable d’une entité magique puissante signifiait aussi être hautement redevable. Le point de vue de Ezra restait parfaitement défendable à son sens. Quoique puisse en dire Drake pour le déstabiliser, il ne voyait pas en quoi cela remettait en question tout ce qu’il savait déjà. Ezra pouvait être un sorcier qui avait contrarié fortement un dieu. Rappelons tout de même que certains humains et magiciens avaient été maudits éternellement pour des histoires de jalousie dont ils ne pouvaient parfois absolument rien, juste pour avoir eu le malheur d’attirer l’attention d’un certain Zeus, ou pour avoir refusé de se prosterner. Ça ne faisait donc pas nécessairement de Ezra quelqu’un de profondément dangereux pour les dieux, juste un individu qui avait pu contrarier l’un d’eux à un moment donné et qu’il était satisfaisant de voir diminué sur le long terme. Quand Drake se calma avec ses preuves évidentes qui n’en étaient pas, il obtint enfin une information plus intéressante. Apparemment, Ezra n’avait jamais cherché à cacher son identité. Il lui rappela ensuite sa bonne volonté, mais ce n’était, une fois encore, pas le problème. Lenny hocha doucement la tête. Il sentait que c’était maintenant à lui de ménager un peu Drake et son orgueil, même si c’était tout de même un comble.

– Je te l’ai dit, je ne mets pas en doute la sincérité de ta démarche, dit-il sans aucune agressivité, et même avec une certaine douceur qui contrastait avec le reste de son attitude. Pourquoi est-ce que t’aurais demandé des preuves si je n’étais pas prêt à t’écouter ? On dirait que tu pars du principe que je ne suis au courant de rien mais, comment suis-je censé faire la différence entre quelqu’un qui se présente comme un sorcier puissant et un dieu si on ne me dit rien ? J’ai eu connaissance de l’identité de Proserpine parce qu’on me l’a donnée. Tu savais que je pouvais voir des fantômes, je t’ai transmis un message, tu connaissais la situation qui m’avait amené à t’alerter. Mais, toi, tu me demandes de te croire, alors que je ne sais même pas d’où tu détiens l’information.


Dernière édition par Lenny Pinsker le Mar 24 Mar - 18:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyJeu 12 Mar - 21:29

Que Lenny ne m'ait d'abord pas pris au sérieux était assez normal. Je me moquais souvent de lui, et je ne me lançais que rarement sur des sujets de conversation graves. Même lors de nos discussions les plus intéressantes, je finissais par alléger l'ambiance en blaguant un peu. M'investir me mettait mal à l'aise. J'avais fait une exception pour le prévenir du danger potentiel que représentait sa relation, mais je ne me serais certainement pas avancé sur ce terrain s'il ne m'avait pas déjà prouvé sa loyauté en m'avertissant au sujet de la déesse Proserpine, mais surtout si les choses s'étaient passées autrement avec Ethan. S'il n'avait pas réagi de manière aussi fermée, j'aurais essayé d'écouter son point de vue et j'aurais pris du recul. Mais la situation telle qu'elle s'était présentée demandait que je fonce en ligne droite, pour éviter de réfléchir, reculer et donner raison à celui qui m'avait déçu.

Lenny ne me facilitait pas les choses. Sa résistance tapait dans ma motivation déjà fragile. Son aide passée ne me contraignait pas à le protéger en retour, j'aurais pu le laisser se débrouiller. Il était celui qui ne s'était pas méfié de ses fréquentations, celui qui avait fermé les yeux sur les côtés sombres de la personne avec qui il passait le plus de temps, celui qui s'était investi dans une relation sans se poser les bonnes questions. Avais-je fait preuve du même aveuglement en laissant Ethan prendre autant de place dans ma vie? J'avais vite su à qui j'avais affaire, mais je ne m'étais pas assez méfié; il était parvenu à me décevoir durement. À quel point en étais-je responsable?

Je soupirai quand Lenny me souligna que mes arguments n'en étaient pas. Manipulation de discours! Il me sortait ses belles expressions, comme dans un texte de petit étudiant universitaire. Ça ne changeait pas qu'il commençait à bien me faire chier à s'attendre à ce que je lui mâche tout le travail.

-C'est pas une question de sincérité, mais de crédibilité. Je te donne des infos, je vois pas en quoi j'ai besoin de te fournir mes méthodes détaillées pour les obtenir.

Plus il exigeait, moins j'avais envie de donner. Qu'est-ce que j'en avais à faire, de toute manière, qu'il se tape un dieu dangereux? Il n'était pas le seul dans cette situation depuis l'ouverture de la brèche. Je l'avais averti et, malgré le doute, ça ne semblait même pas l'inquiéter. Si sa confiance en son petit ami m'avait d'abord déstabilisé, elle m'énervait maintenant franchement.

Évidemment, il trébuchait sur mon simple exemple de truc louche chez son copain plutôt que sur le concept global. Bien sûr que chaque élément pouvait trouver une justification séparément. Mais une explication ne devenait pas vraie juste parce qu'elle était arrangeante.

-Bravo pour avoir justifié tout seul un élément isolé. J'imagine que tu as fait ce beau travail pour chaque truc qui sort de l'ordinaire pour éviter qu'ils s'accumulent et que ce soit plus difficile de les ignorer. Tu me demandes des preuves, mais en as-tu pour tout ce qu'il t'a raconté sur son passé ou sur ses capacités?

Je n'avais plus envie d'argumenter, mais je n'allais pas non plus le laisser m'insulter en sous-entendant que je ne me basais que sur une interprétation pour poser mes conclusions, surtout quand il utilisait exactement cette méthode pour motiver sa confiance en son copain. Je ne lui avais pas souligné plus tôt ma place dans la société pour lui donner le matériel pour se lancer dans la voie des accusations de la validité de mon discours. Il n'était pas question de ce qu'il avait appelé mon importance, mais bien de ma place privilégiée pour avoir accès à des informations. Je ne pouvais pas revenir sur ce point, car le souligner une nouvelle fois risquait d'amener Lenny à la bonne déduction: un dieu m'avait mis au courant. La liste de dieux que je côtoyais régulièrement n'était pas longue. Le coupable était facile à identifier.

Je ne remis pas en question sa comparaison, mais j'aurais pu douter de la sincérité des fantômes qui avaient dénoncé Proserpine à l'époque si j'avais à ce moment fait preuve du niveau obstination de Lenny aujourd'hui. Ses sources étaient plus valables à ses yeux que les miennes, je ne pouvais pas argumenter contre ça. Des fantômes anonymes dépassaient les contacts et méthodes d'un espion professionnel, c'était connu. Lenny me fatiguait.

-Je comprends tes doutes, mais je ne peux pas t'offrir plus.

La vérité l'aurait probablement convaincu : le dieu de la connaissance m'avait mis au courant. Celui qui savait tout et avec qui je couchais depuis des années. Mais même avec notre relation en ruines, je ne pouvais me résoudre à risquer d'attirer l'attention d'un dieu du chaos sur Ethan.

-Mais justement, tu ne peux pas voir avec tes fantômes? Ou même des démons? Si j'ai raison, il doit être craint autant sinon plus que Proserpine.

Ils avaient tous plus de chances de le convaincre que moi, apparemment.
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyMar 24 Mar - 20:45

Cette conversation devenait d’un pénible sans fin. Drake se mettait à tenir des discours dignes d’un mauvais élève qui se plaignait de ne pas avoir eu tous les points parce qu’il avait donné une réponse  inattendue sans la moindre justification. « J’ai pas besoin de te fournir mes méthodes, m’sieur, wallah ! » était une réplique assez fidèle de ce que Lenny avait l’impression d’entendre quand il se récriait ne pas voir la nécessité de lui donner des preuves, ce qui, d’ailleurs, puisque nous parlions de preuves et de mauvaise foi, pouvait ramener à cette histoire de procès. Drake pouvait devenir ce genre témoin douteux qui savait que telle personne allait commettre tel crime « parce que » et ne semblait pas avoir prévu qu’on allait lui demander avec sérieux et insistance la source de ses informations. Généralement, il fallait en déduire que la source était plutôt louche et risquait de le mettre en porte-à-faux. Lenny fronça les sourcils. Il était plutôt étonnant de constater que Drake avait fait preuve de naïveté et cherchait désormais par tous les moyens possibles à fuir son insistance. Il résistait avec acharnement, changeait de stratégie et d’affirmations de manière chaotique sans plus se soucier de sa cohérence. D’abord, il lui pointait comme exemple absolu que le fait que Ezra soit maudit aurait dû le surprendre mais, maintenant qu’il l’avait contredit, il revenait en arrière pour l’accuse de n’avoir fait que justifier un « élément isolé ».

– Tu as pointé cet ‘élément isolé’ comme un élément crucial et irréfutable il y a genre... trente secondes, répondit-il d’une voix assez blasée.

Puis, il se réfugia derrière l’attitude supposée d’Ezra, qui ne lui avait sans doute pas donné de preuves de tout ce qu’il affirmait non plus. Pourquoi devenait-il aussi idiot ? Le raisonnement par son extrême n’avait jamais été quelque chose de très intelligent, juste l’arme parfaite pour mener à une dispute et faire perdre tout son sens à la conversation. Mais Lenny n’allait pas lui faire ce plaisir. Évidemment qu’il n’allait pas demander à tout le monde et tout le temps de lui donner des preuves de ce qu’ils affirmaient. Mais le cas de Drake était différent. Drake se braquait d’une façon inhabituelle depuis qu’il lui avait simplement demandé d’où il tenait une information surprenante, parce qu’il restait volontairement vague sur ce sujet. Il donna la réplique à son ton sarcastique en croisant les bras et en lui retournant :

– Eh bien, je ne sais pas moi, tu pourrais avoir une histoire crédible à me raconter sur la manière dont tu as fait ta découverte. C’est en général ce que font les gens qui veulent éviter qu’on leur pause des questions, s’arranger pour qu’il n’y ait pas des trous évidents dans leurs explications. C’est peut-être bien ce que fait Ezra.

Les derniers mots étaient une petite pique tout à fait gratuite. L’attitude déraisonnable de Drake lui permettait de garder un certain calme, mais il n’en était pas moins lassé et vexé de toutes les attaques qu’il essayait de faire pour essayer de lui faire lâcher prise en le traitant d’idiot, et ça n’avait rien d’agréable ni de loyal. Mais Lenny savait aussi qu’ils n’arriveraient à rien en restant sur le jeu de la mauvaise foi et des attaques personnelles. Ils semblaient tous les deux particulièrement doués dans ce registre. Il essaya donc d’apaiser la situation avec un discours qui se voulait plus compréhensif. Drake admit clairement qu’il ne « pouvais pas » lui en dire plus, il y avait donc un vrai danger à ce qu’il parle ? Lenny avait donc eu juste en le comparant à un témoin douteux. Puis, enfin, il envisagea quelque chose d’intéressant. S’il ne pouvait pas lui donner ses « méthodes », il était cependant assez certain de ce qu’il affirmait pour lui suggérer de poser une question à un fantôme ou… un démon.

– Proserpine réduit les esprits dont elle a provoqué la mort en esclavage, c’était assez simple de rencontrer l’un des leurs en l’approchant. Et tu crois que je vais m’amuser à invoquer un démon juste pour lui poser une question ? Ce n’est pas le genre de chose que l’on peut faire à la légère. En plus, ils ne sont pas célèbres pour donner facilement les informations fiables.

Il avait quelques contacts avec des démons, des démons qui pourraient être assez fiables, puisqu’ils se rendaient mutuellement service. Mais Drake n’était pas censé être au courant de ses pratiques. Cependant, l’idée faisait son chemin dans sa tête et il ne voyait donc plus l’intérêt de s’acharner sur cette cause perdue qu’était Drake. Il fallait qu’il aille mener son enquête tout seul, mais parte de manière à le lui cacher, ce qui ne serait pas évident étant donné qu’il n’avait pas du tout masqué le fait que les propos de son ennemi juré d’un instant l’avaient fait cogiter. Il termina son verre, et dit d’une voix offensée :

– Je vois que tu es prêt à me suggérer des rituels qui me mettraient en danger moi-même juste pour garder tes petits secrets. Bel esprit.

Il se redressa et passa son manteau pour partir.

– Je te préviens, si Ezra me prend pour un fou parce que je lui demande, sans aucun préambule logique, s’il ne serait pas une divinité sortie du fin fond du Mexique, je vais vraiment te détester. Et merci pour le verre.

Bien que cassants, ses derniers mots rattrapaient les précédents. Il concédait à Drake qu’il allait considérer avec un minimum de sérieux cette discussion, et le remerciait pour sa démarche potentiellement bienveillante. Lui non plus ne « pouvait pas faire plus ».
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MessageSujet: Re: Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] Je préfère quand ma conscience dort [Terminé] EmptyMer 25 Mar - 18:13

À un concours de mauvaise foi, je trouverais en Lenny un compétiteur féroce. J'aurais probablement trouvé son attitude amusante si la situation n'avait pas été aussi stressante. J'avais l'habitude de voir les gens abandonner les argumentations contre moi soit devant ma manipulation des éléments du discours soit devant mon obstination. Lenny ne laissait pas tomber. Et je me retrouvais à être celui qui ne voulait plus continuer. Je voyais de moins en moins l'intérêt de le convaincre. Il ne voulait pas mener d'enquête ou même simplement réfléchir : il voulait un raccourci vers la confirmation inébranlable qu'on avait abusé de sa confiance. Tout ce que je pourrais lui fournir comme indices ni tout ce dont il avait pu être témoin n'avait de valeur parce qu'on pouvait encore en réfuter le sens.

Je ne répondis rien à sa remarque sur mon exemple isolé. Tant pis s'il pensait que ça lui donnait raison. Je l'avais présenté théâtralement comme une preuve, mais il s'inscrivait parmi d'autres trucs ne tournant pas rond chez son petit ami. Si on l'isolait, on pouvait évidemment lui donner un autre sens. Lui-même venait de le transformer en argument pour soutenir son point de vue erroné.

Il me reprocha encore de ne pas lui donner de détails sur mes sources. Je roulai les yeux pendant qu'il parlait. En quoi imaginait-il que son attitude hostile allait m'inciter à lui révéler ce que, depuis le début, je refusais de lui dire? Je m'étais donné la mission de le mettre en garde, mais ce n'était pas par devoir, et je n'allais rien risquer de plus que ce que j'avais déjà perdu pour l'aider.

-Bah mes félicitations à Ezra qui a trouvé comment te convaincre!

J'avais retenu à la dernière seconde ''manipuler'', pas par envie de me montrer subtil, mais parce que si je l'attaquais davantage, la conversation risquait de déraper. Et tout ce que je souhaitais maintenant, c'était qu'on en finisse. Ni l'un ni l'autre ne serait satisfait, c'était évident. Lenny ne voulait pas comprendre et je n'avais rien de plus à lui sortir pour m'expliquer.

-Très difficile de rencontrer des fantômes quand les gens te contactent pour venir chez eux constater la présence de fantômes, oui.

Sa volonté de s'aveugler était telle qu'il refusait les sources qui s'offraient à lui. Je ne lui avais aucunement suggéré d'invoquer un démon pour poser ses questions, mais c'était intéressant de voir qu'il allait directement à cette conclusion. Il me cachait probablement certaines occupations sur ce thème, mais je n'étais pas d'humeur à le questionner. Qu'il se contente d'exorciser des démons ou qu'il passe des marchés avec eux, ça restait moins bizarre et dangereux que coucher avec un dieu ancestral du chaos.

-Tu parlais il y a cinq minutes de devenir exorciste à plein temps. Tu es au courant que les exorcistes s'attaquent aux démons? demandai-je en le traitant comme un demeuré, avant de reprendre un ton sérieux. Tu n'as pas besoin de moi pour chercher le danger.

Triste tentative de me faire sentir coupable, Lenny. Je suis déçu.

-On repassera pour questionner ma moralité, dis-je avec lassitude.

En le voyant mettre son manteau, j'eus presque envie de le retenir un peu. J'allais recommencer à m'ennuyer. Notre petite altercation m'avait distrait. Toute cette mission m'avait tenu occupé. J'allais devoir trouver autre chose pour éviter de m'arrêter.

-Si Ezra te prend pour un fou, ça sera pas plus grave. La base de l'amour, c'est accepter un peu la folie de l'autre.

J'avais forcé un ton humoristique pour que Lenny comprenne que je le laissais partir sans mauvaise humeur durable. Je ne lui en voulais pas directement, et nous avions l'habitude des désaccords. Nous avions rencontré assez de conflits au fil des ans pour connaître l'étendue de nos différences.

-Tu me détestes toujours, je ne serai pas trop dérouté.

Une fois seul, je restai immobile plusieurs minutes. Quoi faire maintenant? Un dieu maléfique risquait de m'éliminer à cause de mes conneries. Et c'était si Lenny ne revenait pas m'étrangler si son petit ami le convainquait que j'avais tort. Pour quelqu'un d'assez angoissé en général, je n'avais pas spécialement peur. Le risque de mort ne me faisait rien, comme la plupart des choses, dernièrement. Mon regard effleura ma bibliothèque.

Je me levai, me versai un verre et allai m'installer devant un de mes précieux ordinateurs. Encore l'immobilité. Aucun projet ne m'intéressait.

Je retournai au salon. À la cuisine. Sur mon balcon. Je détestais cet appart. Un, deux, trois verres. Je n'avais pas envie de sortir. Ni de rester ici. Ni de me coucher. Je me versai un autre verre.[/color]
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